J'ai découvert les écrits d'
Armand Cabasson il y a quelques années, par ses nouvelles parues aux éditions de L'Oxymore (maison hélas aujourd'hui disparue). J'ai très vite été séduite, émue, frappée par ses textes où se mêlent la réalité, le fantastique, la légende, l'histoire et, surtout, les méandres de l'esprit humain. L'auteur est également psychiatre à la ville et cela explique pourquoi ses personnages semblent littéralement prendre vie devant nous, tant leur psychologie est bien construite, réaliste. Fragile.
Mais
Armand Cabasson, après deux recueils, s'est montré absent pendant plusieurs années. Mis à part deux ou trois nouvelles parues en anthologie, aucun signe de vie depuis 2007. Alors, lorsque j'ai su que les éditions ActuSF publieraient un recueil de nouvelles inédites, je me suis jetée dessus les yeux fermés !
À noter que cette parution s'inscrit dans le cadre d'un événement, la rentrée de fantasy française, lancée par un collectif d'éditeurs : les Indés de l'Imaginaire, composé des éditions ActuSf, Mnémos et les Moutons électriques. Chaque maison d'édition de ce collectif sort un titre d'un auteur phare à l'occasion de cette rentrée.
Pour ActuSF, donc, il s'agit de
la Chasse sauvage du colonel Rels, recueil de nouvelles inédites signées
Armand Cabasson.
Après lecture, une thématique me saute au yeux : la guerre. La guerre et son cortège de sang et d'esprits brisés. Après quelques nouvelles du même acabit, c'est-à-dire habitées de batailles sanglantes, j'ai crains que l'auteur dont j'appréciais tant la plume ait perdu quelque peu de son talent. Mais j'ai poursuivi ma lecture et j'ai bien fait : j'ai révisé mon jugement en lisant avec délices des nouvelles d'excellente qualité qui rehaussaient celles qui m'avaient moins plu.
Voyons donc ce que j'en ai pensé, texte par texte :
1348 nous entraîne dans l'année du titre, à Londres. le Roi Peste s'est mis en tête de conquérir la ville et y sème son cortège de mort et d'horreur. Une nouvelle bien noire, aux relents infernaux (ou plutôt : corrompus par la maladie) pour démarrer, voilà qui annonce la couleur ! Si l'évocation du Londres de cette époque m'a plu, le contexte pestiféré et en guerre, avec force descriptions macabres et peu ragoûtantes, m'a moins plu.
La Chasse Sauvage du colonel Rels nous entraîne dans une autre guerre, celle de Sécession, aux États-Unis. On suit la cavalcade du colonel Rels. En dire plus sur l'histoire serait un crime, car sa chute en donne toute la force. C'est une histoire sur les ravages psychiques de la guerre, sur la façon dont elle transforme les hommes, le tout mêlée de la légende de la Chasse Sauvage. Une nouvelle marquante.
L'Héritage nous emmène cette fois-ci au Japon, durant le Moyen-Âge. Un homme, seigneur du clan, tombe sur le champ de bataille, et son fils doit hériter plus tôt que prévu de sa charge. Une histoire empreinte de l'esprit japonais, intéressante et moins violente que les précédentes malgré un petite côté macabre. Ayant lu ce texte juste après un recueil de contes fantastiques japonais, j'y ai retrouvé avec plaisir la même ambiance spectrale, avec ce mélange de sérénité et d'horreur.
Le Roi Dieu-Loup nous convie à la suite des Vikings venus piller l'Angleterre. Nous suivons Knut, qui regarde avec mépris les beserker semer la désolation. Les berserker, ces hommes qui se croient transformés en bêtes lorsque la fureur divine les prend et qui, dès lors, ne se donnent plus aucune limite.
Armand Cabasson nous présente ici les berserker pour ce qu'ils sont : des bêtes sanguinaires. La violence de la nouvelle éclate de toutes parts et le pauvre Knut, pris au milieu, ne trouvera pas forcément son salut dans son profond désir de vivre. Un texte sans pitié, à l'instar des berserker. Inutile de dire qu'un tel déferlement de violence m'a laissée toute tremblante.
Arrivée à ce point du recueil, je me suis demandé où était passée toute la fine psychologie des personnages de l'auteur à laquelle j'étais habituée. Certes, ses écris précédents n'étaient pas dénués de noirceur, mais là, on nage en plein bain de sang ! J'ai néanmoins poursuivi ma lecture, histoire de laisser sa chance au recueil. Et j'ai bien fait ! [Lire la suite de la critique sur le blog]
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