J'ai lu ce livre - ce recueil de textes autobiographiques- parce que
Yasmina Reza signalait l'importance qu'il avait pour elle lors de son passage à La Grande Librairie le 7 avril 2021.
Nulle Part rassemble tout d'abord des portraits de ses enfants, Alta et Nathan, dans de courtes scènes, des "photos écrites" : "Et sa mère sur le balcon qui voit cette forme adorée et qui l'inonde de baisers soufflés [...] le coeur étreint de voir la petite s'éloigner comme elle s'éloignera dans le temps". Des textes d'une densité presque douloureuse dans lesquels chaque mot est essentiel, chaque phrase une épure : "elle brille de joie, lustrée par l'eau". Il est très difficile de prélever des fragments de phrases et de les amputer du reste du texte.
Après trois titres qui sont des prénoms (Moïra renvoie à Moïra Paras, une artiste), le suivant, "Le lieu sûr de l'oubli", est une autre façon de nommer l'enfance.
Dans "
Nulle part", qui donne son titre au recueil, la narratrice évoque l'absence de racines, d'origines, de traditions. Elle se souvient de photos ou films sur lesquels elle ne se voit pas elle-même mais le rôle qu'elle joue, à un moment précis. Quelle est notre véritable image?
"Rien à tirer de l'enfance." écrit-elle. "Je ne retourne
nulle part, il n'y aurait
nulle part à retourner."
Une réflexion, un dévoilement qui percutent le lecteur, qui manifestent, selon moi, la primauté de l'écriture. N'est-elle pas, en définitive, la seule place que nous ayons?