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EAN : 9782234093973
234 pages
Stock (24/08/2022)
3.42/5   39 notes
Résumé :
« L’histoire du soir est votre grand moment d’amour, ta mère y met tout son cœur de professeur, tu te régales du soin extrême qu’elle porte à l’intonation, elle te lit La Chèvre et les biquets, la chèvre blanche, avant de partir au marché, fait ses recommandations à ses trois petits biquets, ils ne doivent pas ouvrir la porte avant qu’elle ait prononcé le sésame Ouvrez biquets et foin du loup ! ni avant d’avoir reconnu sa patte blanche sous la porte, mais le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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En France, dans les années 60, une étudiante française rencontre un étudiant sénégalais. Pendant quelques temps, ils auront une relation amoureuse, puis la jeune femme tombe enceinte. L'avortement n'est pas au programme, le mariage non plus (« Ciel, qu'en diraient les gens ? »), elle n'imagine pas d'aller vivre au Sénégal, ni lui de s'établir en France.

Ils rompent, il rentre dans son pays et ne donnera plus signe de vie, elle élèvera seule sa fille métisse, Ndiolé. La petite fille grandit, bataillant avec le regard des autres et le racisme ordinaire, bête et méchant, mais sans trop souffrir apparemment de l'absence de son père.

Devenue jeune adulte, la voix de la petite fille privée de papa se fait pourtant entendre de plus en plus fort en elle, et la pousse à entreprendre des recherches. Elle découvre que son père est un universitaire reconnu dans son pays, où il occupe une position sociale importante. Ndiolé met le cap sur Dakar, mais la désillusion sera grande. Elle reprendra encore contact quelques années plus tard, pour essayer d'enfin apaiser la petite fille en elle, qui continue de réclamer son papa.

« Dans un royaume lointain » est un roman sur la quête d'identité, des racines, et le besoin d'être reconnue par elles, en l'occurrence par un père qui n'a jamais fait aucun cas de votre existence. Une quête encore compliquée ici par la distance et la différence de cultures.

C'est un texte très touchant et sensible, original en ce qu'il est écrit à la deuxième personne du singulier (un risque, parce que cela s'avère parfois lassant pour le lecteur, mais ici, cela fonctionne bien sur la longueur). Il décrit avec beaucoup de finesse psychologique le questionnement et les hésitations de Ndiolé, entre oublier ce géniteur qui ne s'est jamais comporté en père, et avoir besoin d'être reconnue par lui pour pouvoir avancer, entre continuer tranquillement sa vie en tant que Française quitte à renier la moitié de ses origines, et la curiosité de se découvrir une autre famille sur un autre continent. Jolie découverte que ce très bon premier roman.

En partenariat avec les Editions Stock via Netgalley.
#Dansunroyaumelointain #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
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Un roman à côté duquel je serai passé si une collègue enseignante ne me l'avait pas conseillé et prêté. C'est la première fois que je lisais un roman écrit par une collègue professeure documentaliste ! Ma collègue a bien fait les choses puisque sur le temps de pause du repas - au milieu d'une obscure journée de travail - nous en a lu le premier chapitre et ainsi donné envie à toutes de le lire ! Quelle belle entrée en matière que ce premier chapitre ! On y comprend la place centrale que le goût de la lecture et des histoires va avoir et dans les derniers mots du chapitre, le thème principal : le métissage et la quête identitaire.
Une fois hameçonnée, je suis rentrée sans difficulté dans le récit de cette femme morcelée narratrice de l'histoire, à la fois « je » et à la fois « tu », beaucoup d'ici mais aussi tellement de là-bas, en tout cas bien plus que ce qu'elle croit.
Née d'une mère blanche et d'un père étudiant sénégalais, la narratrice va grandir en région parisienne seule avec sa maman, son père reparti en Afrique pour endosser le rôle tout tracé de chef de famille. Elle grandit sans figure paternelle, la place occupée seulement par un petit portrait noir et blanc d'un beau jeune homme fier mais timide et de quelques souvenirs écornés racontés par sa mère. La maman elle-aussi abandonnée par son grand amour va élever son enfant en la berçant de contes fabuleux et en lui promettant monts et merveilles. Toutefois, naître métisse dans les années 70 en France dans une petite bourgade franchouillarde ne passe pas inaperçue. Bien vite, la petite fille prend conscience de sa couleur de peau et de son importance pour les autres. En quête de réponses et de modèles, l'identité de l'enfant se fracture pour donner voix à son pendant africain qu'elle nomme Ndiolé. En grandissant, la quête du père et des racines sénégalaises, de cette famille qu'elle a là-bas et qui lui ressemble, devient une priorité de plus en plus pressante. Un voyage au Sénégal devient une évidence. Renouer avec le père et l'obliger à la connaître - voir à la reconnaître – une question de survie.
Mais entre rêve et réalité, Ndiolé se heurte vite à la fuite du père, bouleversé par ce passé qui fait irruption dans sa vie bien rangée d'universitaire estimé.
Ce roman m'a emportée dans le tourbillon impérieux de cette jeune femme qui a tellement besoin de savoir d'où elle vient avant de pouvoir décider du sens à donner à sa vie. En tant que fille d'abord puis en tant que mère, on ressent l'urgence pour un individu d'asseoir sa construction identitaire sur des bases stables et fiables, même si la vérité du passé de nos parents sera toujours imprégnée d'une part de mystère. Il manque un bout de mon histoire paternelle, de lointaines origines espagnoles volontairement oubliées, amputées du récit familial et je n'aurais eu de cesse que de venir m'y fracasser à plusieurs reprises. On a un tel besoin avide de comprendre que même les quelques réponses glanées ne suffisent jamais à combler le gouffre originel. Un roman qui touche avec beaucoup de justesse et de délicatesse cette dure réalité.
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Dans un royaume lointain vivait un père absent et fantasmé, un père dont la seule trace qui perdure est une photo cornée et une couleur de peau bien loin de celle des héroïnes des contes et comptines adorés par la narratrice dans son enfance.
Elle a grandi en France, élevée seule par sa mère qui dans les années 60 fut rejetée par sa famille pour avoir choisi d'élever seule l'enfant née d'une union avec un étudiant sénégalais rentré au pays avant sa naissance. Elle aura une enfance heureuse, subira finalement peu le racisme, mais toujours la petite fille qui sommeille en elle, N'Diolé comme voulait la prénommer sa mère, se sentira différente et aura envie de retrouver ses origines. Elle sautera le pas à l'âge de 30 ans quand le désir d'enfant naitra, « car comment donner naissance à un enfant complet sans l'être soi-même, comment écrire un récit entier à partir d'une moitié d'histoire ».

J'ai dévoré ce livre et j'en ai savouré chaque page. Encore un livre sur la quête des origines, penserez-vous peut-être, mais un livre particulièrement réussi, et extrêmement réaliste. Parce qu'on est loin du conte de fée et parce que la petite fille ne recevra pas un retour à la hauteur de ses attentes, ce cheminement est passionnant. Choc des cultures, choc des générations, tout est dit avec tendresse et dans une langue sublime, riche, faisant de chaque page un bonheur de lecture. Amina Richard a du mettre beaucoup d'elle dans ce premier roman et son regard sur le métissage est passionnant. J'ai beaucoup aimé aussi sa vision de la paternité et sa lucidité sur la lâcheté des hommes. Enfin, c'est un très beau voyage au Sénégal que l'on fait avec elle. Un pays chamarré, métissé, complexe aussi tant il compte d'ethnies, un pays où la famille est une valeur cardinale et où pourtant elle peine à intégrer la sienne.
Un roman de contrastes, un roman de réconciliation avec son histoire, un très beau coup de coeur.
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Editions Stock. A paraître le 24 Août 2022

Ndiolé est née en France d'une mère blanche et française et d'un père noir et sénégalais. Tous deux étaient étudiants au moment de leur rencontre. C'est peu de dire que l'annonce de la grossesse n'a pas été accueillie avec joie par les futurs grands-parents maternels.

» Elle tombe enceinte d'un Noir, c'est l'automne 65, elle n'est pas mariée, ses parents, terrifiés par le qu'en-dira-on, tentent de conjurer le sort sur l'air d'On te l'avait bien dit, ça fait trois ans qu'on te le dit !, comme si des reproches pouvaient remonter le temps, et au moment où le mariage s'annonce, on cherche à se rassurer sur la personnalité du futur gendre (…) »

Mais de mariage, il n'y aura point et la mère de Ndiole décide d'affronter son destin du mieux qu'elle peut, tout en finissant ses études. Après la séparation du couple, le père retournera au Sénégal et ne donnera jamais plus signe de vie.

L'enfance de Ndiole ne fut pas malheureuse mais la petite fille métis manque de figures auxquelles s'identifier physiquement.

Devenue adulte, la jeune femme est toujours consciente de la voix de la petite fille qu'elle a été, petite fille qui veut absolument connaître et être reconnue par son père. Ndiole tentera de rentrer en contact avec celui-ci, devenu un universitaire reconnu au Sénégal jouissant d'une position sociale importante.

Sa quête de reconnaissance ne sera pas facile, bien au contraire. Elle se heurtera à un homme qui ne veut rien entendre ni savoir d'elle.

» La sidération dans laquelle te plonge le niveau de son impudence t'empêche de te concentrer sur la suite de son babil touristique, d'où émerge régulièrement le nom d'une des curiosités mentionnées dans tous les guides (…) il parade maintenant, profitant de ton apathie, souriant, charmeur, il s'apprête à quitter la scène, sincèrement désolé d'être professionnellement trop pris les prochains jours pour une nouvelle rencontre, et il finit par t'endormir en te demandant ton numéro en France, tout disposé à te faire signe à l'occasion un jour où ses affaires le conduiraient à nouveau dans le pays. (…)

« mais redevenant soudain très sérieux, il te fait savoir que c'est à dessein qu'il a utilisé le conditionnel, car après tout, qu'est-ce qui prouve que tu sois sa fille ? »

Malgré tout, Ndiole n'aura de cesse de rencontrer sa famille sénégalaise, ses nombreux demi-frères et soeurs ainsi que ses oncles et tantes paternels.

Le cheminement sera douloureux mais pour guérir sa petite fille intérieure, puis pour que ses propres enfants sachent d'où ils viennent, Ndiole ira jusqu'au bout.

J'ai été beaucoup touchée par ce premier roman que j'ai trouvé très fort. J'en ai apprécié la construction, la finesse des portraits psychologiques des personnages, notamment celui du père.

Je remercie les Editions Stock et Cultura pour cette découverte.

Pour ceux que le sujet de la quête d'identité intéresse, je recommande le formidable documentaire sur Netflix, réalisé par Alex Pitstra, métis néerlandais par sa mère et tunisien par son père, qui part à la recherche des racines de son père, absent pendant toute son enfance, et de sa propre identité multiculturelle.
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La petite Ndiolé nait en 1965, et elle métisse. Élevée par sa mère seule car son père est retourné au Sénégal sans l'avoir épousée, la petite fille va devoir affronter toute son enfance le racisme ordinaire, le vulgaire, le très con, celui qui blesse et fait pleurer les petites filles, à travers des réflexions malsaines faites pour humilier, et des situations stupides faites pour blesser.
La petite Ndiolé - que la sage femme a déclaré vite fait sous son deuxième prénom, celui qui était bien chrétien - grandit avec tout l'amour de sa mère mais demeure pleine d'interrogation dans ce pays qui lui fait sentir sa « différence » à tout moment: à l'école, dans la rue… à dix ans, elle souffre en silence mais à vingt ans elle commence à poser des questions sur ce père absent qu'elle rêve protecteur et aimant et plus tard, elle se rend au Sénégal pour le rencontrer. Elle va découvrir un pays qu'elle ne connait pas, qui ne la reconnait pas non plus, et va enfin rencontrer son père, l'éternel absent.
Ce roman est bouleversant de bout en bout. D'abord par l'histoire de cette petite fille qui grandit seule contre tous - qui subit le racisme et l'ostracisme sans avoir les moyens de se défendre, puis qui va à la rencontre d'un père et d'un pays rêvés, qui ne l'attendent pas et ne l'accueillent pas à bras ouverts non plus. L'autrice Amina Richard, a un style ultra contemporain et ne tombe jamais dans le misérabilisme, ce qui est à mon sens les deux atouts de ce livre poignant et d'une très grande force morale - chose assez rare de nos jours.
J'ai tout aimé dans ce livre, qui mérite une belle place dans vos lectures de rentrée…
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Regardant ma fille sauter au cou de Djibril, en remerciement de la série de pitreries qu'il vient d'exécuter pour elle, je m'avise, pour la première fois, que l'amour que je n'ai pas reçu de mon père m'a peut-être moins manqué que celui que je n'ai pas eu l'occasion de lui donner, un amour inconditionnel d'enfant, celui avec lequel on cherchera toute sa vie à embrasser le monde, celui à travers lequel on voudrait savoir se regarder soi-même, celui que nous sommes tous destinés à redécouvrir, au terme d'une longue quête, là où il s'est toujours trouvé, dans la salle au trésor de notre palais
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