Le type propre aux Allemands est bien caractérisé, quoiqu'il soit peut-être difficile à définir. La forme du crâne est généralement arrondie; le tronc, resserré (peut-être par une disposition naturelle) à la région lombaire, refoule nécessairement les intestins dans le bas ventre et le rend proéminent; le corps est cambré et sa ligne de contour est sinueuse. Les articulations, plus volumineuses, impriment aux extrémités un changement de direction qui donne particulièrement aux pieds, presque toujours larges et courts, une disposition peu favorable à la beauté.
Tout cela fait une opposition presque complète avec les figures italiennes dont le corps est souvent tout d'une venue.
Les femmes allemandes ont proportionnellement le bassin très-large, ce qui fait paraître les épaules plus étroites et rapproche les genoux; leurs pieds et leurs jambes ont rarement une forme agréable.
Depuis quelques années, les écrivains allemands,non contents de rechercher avec la persévérance et l'érudition qui les distinguent tout ce qui pouvait contribuer à faire mieux connaître les artistes de leur pays et à faire valoir leurs productions, ont voulu attribuer d'une façon spéciale à la nation allemande le mérite d'avoir introduit en Europe un style, un art nouveau qu'ils nomment art germanique lequel aurait dû sa naissance à la disposition particulière des Allemands pour les choses surnaturelles et mystérieuses, à leur aptitude à saisir le véritable esprit du Christianisme qui, chez eux, peuple encore vierge, se développa pur de tous les mélanges, de toutes les altérations qu'y avait produits l'antique civilisation des contrées où il s'établit d'abord.
Cet art ou style germanique n'est du reste que ce qu'on appelait jadis style gothique, dénomination prise depuis longtemps en mauvaise part et d'ailleurs historiquement inexacte. C'est aussi ce que certaines personnes qualifient exclusivement chez nous d'art chrétien, et qu'ils appliquent surtout aux monuments religieux élevés dans le Nord de la France et en Angleterre du douzième au quatorzième siècle, et qui diffèrent de tous les autres par des caractères bien tranchés.