Spawn : De Sang et d'Ombre

Il est tout d'abord bon de préciser que cette histoire n'a absolument rien à voir avec la série régulière, que ce soit au niveau scénario ou au niveau du graphisme. Spawn n'apparaît d'ailleurs quasi pas dans ce tome où il est plutôt représenté comme une ombre, une entité aux frontières du réel. Cet album surprenant est composé de deux histoires.

«De Sang et d'Ombres» se déroule dans un immeuble délabré où vivent des gens qui ont tous quelque chose à cacher, qui ont tous un côté sombre. Un endroit qui semble attirer et concentrer les faiblesses humaines et où le fantôme de Spawn erre entre la vie et la mort, entre le bien et le mal, attiré par les angoisses et les sentiments enfouis de cette race dont il faisait jadis partie.

«Sauvés par le sang» se déroule dans un décor apocalyptique. le monde est réduit en cendres et Newhope constitue le dernier refuge pour ce qui subsiste de l'humanité. le Spawn y apparaît comme une entité qui oscille entre le bien et le mal, entre le Diable et Dieu, tout en étant jamais loin de ses humains qui souffrent et qu'il connaît si bien.

Au niveau du scénario, j'ai trouvé la première histoire très réussie. Par contre, je n'ai jamais réussi à véritablement rentrer dans la deuxième histoire : trop difficile d'accès, trop biblique, trop apocalyptique, trop céleste. Alors que dans la première histoire il y a encore une intrigue intéressante à suivre, j'ai vraiment eu du mal à trouver le fil rouge de ce deuxième récit.

Au niveau du graphisme, c'est par contre assez envoutant. Dans un style à mi-chemin entre celui de Dave Mc Kean ("Batman - L'asile d'Arkham") et de Ben Templesmith ("30 Jours de nuit", "Fell", "Criminal Macabre", "Silent hill"). On retrouve dans la première histoire d'ailleurs un peu de cette démence que dégageait l'Asile d'Arkham de Mc Kean. Une puissance graphique qui sort de l'ordinaire et accentue l'atmosphère oppressante et malsaine. Un dessin au caractère particulier, assez déconcertant, voire difficile d'accès, qui plante un décor approximatif, restituant parfaitement le côté angoissant du scénario. Une ambiance froide, un monde d'ombres qui semble filtrer la lumière et l'espoir.

Graphiquement, du grand art qui nous entraîne vers l'essence même du personnage de Spawn. Au niveau du scénario je suis par contre plus dubitatif, surtout pour la deuxième histoire.