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EAN : 9782724622751
180 pages
Les Presses de Sciences Po (03/05/2018)
4/5   5 notes
Résumé :
"Chacun comprend aisément qu'une croissance infinie dans un monde fini est impossible, tout en agissant comme si cela n'était pas vrai. Nous sommes collectivement affligés d'une dissonance cognitive : pour assurer notre confort psychique, nous renonçons à considérer la vérité qui nous embarrasse en espérant que, finalement - mais sans trop savoir comment - tout finira par s'arranger. ".
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Malgré le titre, la tragédie de la croissance est un essai rafraichissant. Il donnerait presque le sourire. On se sent moins seul. En effet ce petit essai de 150 pages explique clairement et sans détours l'impasse du monde libérale. Il cite même Proudhon. Pas d'idéologie de clocher donc, juste du bon sens… En quelques lignes ce qui semble évident pour qui ne vit pas sous cloche est expliqué, décortiqué, démontré.
En introduction Gilbert Rist le dit clairement. “ Nous sommes rentrés dans l'âge des ruptures”. Nous voilà prévenu. Voilà qu'un professeur d'IHEID et qui a collaboré avec l'université des Nations Unies se retrouvent à dire la même chose que des Altermondialistes, que certains anarchistes, que certains mouvements de gauche. Rafraîchissant. Et effrayant. Effrayant d'entendre un homme qui connait son sujet mettre en garde, s'aligner idéologiquement et affectivement sur le rapport Meadows, avoir des affinités avec Jean-Marc Jancovici, Pablo Servigne, Paul Jorion et j'en passe…
Comme le dit page 68 Gilbert Rist: “ Il faut prendre acte de la finitude. Et commencer à penser autrement car cette vision enchantée d'un monde toujours plus prospère n'est désormais plus recevable : elle est devenue suicidaire.”
La première partie explique l'idée de croissance et la naissance de l'économie. Pour ma part n'étant ni universitaire, ni même un fin connaisseur de l'économie, l'historique de cette science sociale est une bonne piqure de rappel. Je découvre même quelques principes. Comme celui de l'alignement de l'économie sur le modèle de la mécanique newtonienne. Et Rist d'expliquer que l'économie “a maintenu ce modèle sans tenir compte de la seconde loi de la thermodynamique qui aurait contraint les économistes non seulement à distinguer entre eux les facteurs de production (la Nature, le capital et le travail) et à ne pas considérer comme substituables, mais aussi à inclure dans leurs modèles les effets, ou les coûts, de la dégradation irréversible de l'énergie-matière.”
Tout au long des pages on lit, relit certains passages et page 90 “… Pour des raisons institutionnelles et politiques – la croissance est considérée comme nécessaire. Mais il faut immédiatement ajouter que sa poursuite est impossible.”
Le titre est clair. Tragédie. En reliant cet essai à d'autres, (le grand bond en arrière de Serge Halimi/ le triomphe de la cupidité de Joseph Stiglitz… Pour ne citer qu'eux), en faisant des liens, on ne peut que se rendre compte que sans le prisme néolibéral qui focalise sur uniquement la croissance, la réalité qui est la notre est bien plus que catastrophique. L'économie moderne conduit à l'extinction des espèces, à toutes les pollutions, à toutes les formes de profit au détriment de nos espaces de vies, de la vie, de nos structures sociales, de la biosphère et conduit irrémédiablement à des effondrements.
Ce qui est rafraichissant pour revenir à mon introduction est certaines des solutions envisagées.
Comme celle du commun. Une idée développée dans certains éco-village, dans certaines ZAD.
La fin de l'essai donne des pistes. L'entraide, la redistribution, un éclaircissement sur le fonctionnement de la dette, et évoque un nouveau paradigme. Humaniste. C'est rafraichissant de lire un essai écrit par un professeur qui doit probablement enseigner pour de futurs élites, revenir aux fondamentaux du vivre ensemble. Qui remet à sa place l'économie qui devrait être avant tout sociale.
Un essai qui nous éclaire la situation et que Macron devrait avoir sur sa table de chevet. Et dire que ça vient de Science Po Presses… Comme quoi il faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain et sans la masse critique de Babelio et l'envoie généreux de Science Po presses, je n'aurais jamais ouvert ce livre, je n'aurais, faut être franc, même pas accordé du crédit à un livre écrit par un économiste enseignant. Comme quoi les aprioris ont encore de beaux jours devant eux. Et justement. Ce sont les dogmes qui nous foutent dans la merde. Ce sont les chapelles et les clochers qui enfoncent le clou. Notre monde est sur la tangente. Appels multiples de scientifiques, d'économistes, ce livre en est clairement un, de biologistes, de citoyens, de marins, de rêveurs pour que nous changeons de paradigme, pour que nous changeons de système de valeur. Non au profit d'une minorité, mais bien pour le bien commun. Commun. Ce mot revient énormément du début à la fin de cet essai. On dirait du Gail Giraud dans le texte, chef économiste de l'AFD, ancien trader devenu prêtre et qui tout en étant prêtre développe une idée de l'économie raccordé à l'humain. Qui développe également une idée du commun et qui est critique sur le système dette. Notre monde change. Malheureusement des fous sont au volant et ils se droguent en appuyant sur l'accélérateur pour paraphrasé Bernard Maris.
Je remercie grandement Babelio et masse critique ainsi que SciencePo presse pour cette découverte et lecture passionnante.
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J'ai reçu cet essai dans le cadre de la masse critique de Juin, merci à Babelio et aux Editions sciences Po, de m'avoir sélectionnée et mis à disposition ce texte très instructif (pour moi au moins).
Je suis assez étonnée de l'aisance avec laquelle j'ai menée cette lecture. je craignais que ce ne soit complexe à comprendre, mais pas du tout, cet essai est pour moi, plutôt une vulgarisation d'un très bon niveau, accessible à tous (enfin surtout à tous ceux qui sont ouverts à ce type d'analyse), et avec une multitude de référence.
La première partie du livre est un long exposé de raisons (je ne suis pas sûre que ce soit exhaustif) pour lesquelles le modèle économique dominant, en place depuis plus de deux siècles, nous mène à la catastrophe. J'ai trouvé ce chapitre très intéressant, me permettant de mieux comprendre certains phénomènes.
La seconde partie, qui a priori se veut plus optimiste, présente des moyens pour changer de direction, et ne pas foncer dans le mur de la catastrophe écologique annoncée (depuis les années 70). Alors que j'aurais plutôt une approche assez pragmatique, là le point de vue est évidemment plus économiste et encore une fois cela m'a ouvert les yeux sur certaines approches que je ne comprenais pas et que donc je ne jugeais pas forcément utiles.
Alors, oui ce chapitre se veut optimiste : il y a des solutions, et certaines sont déjà expérimentées à petite échelle. Mais malheureusement, j'ai le sentiment que ces expérimentations à petites échelles, sont loin d'être généralisées fautes de volonté de ceux qui détiennent le pouvoir de prendre ce type de décision et aussi les bénéfices du système économique en place. Et la conclusion, n'éclaircit pas particulièrement ma vision de l'avenir.
C'était donc une bonne lecture de documentation, cela peut aussi être un point de départ d'actions individuelles. Mais très clairement, ce texte me pousse à me poser encore plus de question sur mon mode de vie et ce que je peux en faire.
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Gilbert Rist, professeur à l'Institut de hautes études internationales et du développement de Genève partage le constat que les sociétés modernes s'obstinent dans la voie de la croissance tout en niant ses conséquences sociales et environnementales qui conduisent à la destruction des conditions de la vie humaine sur terre. « Chacun comprend aisément qu'une croissance infinie dans un monde fini est impossible tout en agissant comme si cela n'était pas vrai. » Il dénonce et critique le paradigme économique dominant responsable de l'engouement universel pour la croissance puis propose d'anticiper la société de l'après-croissance, afin d'échapper au découragement ou au repli sur soi.
(...)
Très clairement Gilbert Rist défend une vision régulatrice qui ne manquera de faire débat, n'en doutons pas. Il croit, sans interroger d'autres voies, à la toute puissance de l'État pour réformer. Son état des lieux n'en demeure pas moins un modèle de vulgarisation, à la fois abondamment nourri et extrêmement accessible.


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Je m'intéresse depuis un moment à toutes les problématiques de type écologisme, surconsommation, et j'ai eu l'occasion de découvrir ce livre de Sciences Po Presses via la Masse Critique Babelio de juin : il s'inscrivait parfaitement dans ma démarche, d'autant que n'ayant jamais étudié les sciences économiques, j'étais désireuse d'en apprendre davantage !
La lecture du résumé et de l'introduction présageait cependant de ne rien m'apprendre de bien nouveau, les arguments étaient très généraux, malgré le côté plus calé en termes de connaissances économiques que j'attendais. Mais la suite de ma lecture a su me rassurer !

Côté contenu, j'ai beaucoup aimé le côté convergence des luttes (enfin ce n'est pas dit ainsi dans le livre, mais c'est comme ça que je l'interprète), c'est-à-dire le fait que notre système économique a une influence sur l'écologie, le social, et que donc lorsqu'on lutte pour une cause, en réalité on lutte pour tout ce que ça implique également ! Ces mécanismes de cause à effet, et leur genèse, étaient très bien expliqués ! Gilbert Rist se montre très pédagogue !
Sont aussi bien détaillés tous les mécanismes psychologiques à l'oeuvre dans notre désir de croissance économique : l'influence de notre passé historique, l'influence des politiques… Ce côté « débunkage » est pour moi très important, ce sont des choses auxquelles nous devons faire attention car elles influencent de manière inconsciente nos choix de vie !
Mais outre cette partie critique, des solutions sont proposées dans la deuxième partie de l'ouvrage, ce que j'ai beaucoup apprécié : ça évite le côté « tout va mal mais je ne propose rien de nouveau » que l'on retrouve dans pas mal d'ouvrages de ce type. de plus, ces solutions sont pragmatiques, réalistes : elles prennent en compte notre mode de vie actuel sans partir dans un délire utopiste, c'était très pertinent !

Quant à la forme, il s'agit d'un ouvrage très très bien structuré, ce qui est pour moi très important, ça me permet de mieux comprendre et ça rend les choses beaucoup plus claires ! J'ai toujours apprécié les argumentations qui ne partent pas dans tous les sens.
J'ai par contre trouvé l'auteur parfois un peu trop répétitif malgré le format court de l'ouvrage, et il ne pousse peut-être pas assez dans les détails : il manque peut-être des sources chiffrées… Cela dit, c'est parfait pour les novices comme moi qui veulent s'intéresser aux problématiques économiques sans s'y connaître, c'est un très bon livre d'introduction ! Je le conseille vivement !

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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
L’objet de l’économie ne concerne pas des transactions monétaires mais l’usage et la dissipation de l’énergie-matière.
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Chacun comprend aisément qu’une croissance infinie dans un monde fini est impossible tout en agissant comme si cela n’était pas vrai. 
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