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Oui, mais ceux dont il est question ici sont mille fois plus attrayants. Loin d'être figés dans la froidure danoise, ils animent les rues poussièreuses de Yungay, petit village minier du nord du Chili qui subsiste tant bien que mal alors qu'alentour les mines ferment les unes après les autres.

C'est là que vit Malarossa, gamine d'une dizaine d'années, lucide, têtue, et un brin farouche. Elle veille sur Saladino Robles, son flambeur de père, seule famille qui lui reste, et le suit comme son ombre dans ses déambulations éthyliques et pugilistiques. Les tripots et les bordels n'ont plus aucun secret pour elle, ses amis sont ceux de son père ou les prostituées du Pancho Déchiré, quartier général où se retrouve toute une clique de personnages truculents en quête d'un avenir meilleur tout en usant leurs vies à coup de pocker, à coup de poing et à coup de gnôle. Quand elle ne prend pas soin de son petit papa, Malarossa retrouve les objets perdus, maquille les morts, va à l'école quand il y a une institutrice et dessine des oiseaux en rêvant.

Un arrière-fond nous brosse un aperçu de la situation sociale et politique du pays, et plus précisément de la lutte des mineurs qui voient leurs villages disparaître aussi vite qu'ils ont été construits, c'est à dire à la va vite pour alimenter les fûts des canons de l'Europe alors en guerre. Les années de paix et la crise de 29 aidant, le salpêtre n'intéresse plus personne et l'exode vers les villes de la côte s'intensifie.

Voilà, ça pourrait être sordide, misérabiliste, glauque, etc, etc mais comme ça se passe en Amérique du sud, forcément c'est cocasse, pittoresque, démesuré voire surnaturel... On côtoie les morts et les putains, ça picole et ça castagne à toutes les pages mais... re-forcément puisqu'on est en Amérique du sud, c'est magique et poétique.

En digne héritier des ses aînés, Hernan Rivera Letelier est un merveilleux conteur de la vie et de l'éphémère.
A ranger dans la catégorie réalisme magique sud-américain et à découvrir donc.

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Yungai, petit village du désert d'Atacama, a longtemps été prospère grâce aux mines de salpêtre qui ont fait vivre toute la région. Mais ces temps sont révolus, la demande de salpêtre s'est amoindrie, les mines ferment tour à tour et Yungai se désertifie. C'est dans ce contexte que grandit Malarrossa, l'héroïne du roman. Elevée par un père buveur invétéré et joueur de poker malchanceux, la petite fille suit son bonhomme de chemin entre l'école du village, les maisons closes où se déroulent les parties de carte, les rings improvisés où combat Tristesburnes, l'ami de toujours et les veillées funèbres où elle exerce ses talents de maquilleuse des morts.


Les mots me manquent pour dire à quel point j'ai aimé ce roman! J'ai aimé les personnages hauts en couleur, aux surnoms farfelus et surtout Malarrossa, petite fille si mature, tellement attachée à ce père blessé par la vie. J'ai aimé Yungai qui survit malgré le vent et le sable, malgré les rues désertes, malgré la crise. Et puis j'ai aimé cette histoire, faite de multiples anecdotes, qui se lit comme un conte. Tragique et drôle à la fois, ancré dans la réalité sociale et politique du Chili des années 30, ce roman a le souffle des grands romans d'Amérique du Sud. J'ai souvent pensé en le lisant à Cent ans de solitude de GARCIA MARQUEZ.
Il faut le lire ABSOLUMENT! Cela me chagrine qu'il risque de passer inaperçu alors qu'il mérite le même destin que le coeur cousu de Carole MARTINEZ.


Un grand merci à Babelio et aux éditions Métailié pour ce coup de coeur.
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Dans le désert d'Atacama, le salpêtre, qui est la richesse du pays est moins recherché. Les exploitations ferment ; les mines ferment, faisant fuir les uns, et laissant les autres désoeuvrés, livrés au jeu, à la boisson et aux femmes de petite vertu.

Malarrosa est une gamine débrouille, intelligente. Orpheline, elle vit avec son père Saladino, joueur, buveur, castagneur, autour duquel tournoient quelques personnages peu recommandables, hauts en couleur dans une ville fantôme du désert d'Atacama.

C'est l'histoire de Malarrosa que nous suivons tout au long de ce court roman au déroulé épique et pittoresque.

Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, ni l'inverse d'ailleurs. J'ai juste été un peu surprise par le rythme un peu surprenant, et l'aspect se rapprochant davantage du conte que du roman.
Sans doute n'était-ce pas par cet ouvrage qu'il fallait faire connaissance avec l'auteur vers lequel je reviendrai.

Merci à Babélio qui m'avait offert ce livre lors d'un pique-nique il y a quelques années.
Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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C'est un livre dans le pur style de cet auteur chilien qui a toute mon admiration parce que il est autodidacte. de plus, il a vécu son enfance dans les mines de nitrate de la pampa chilienne et il a travaillé comme adulte dans quelques unes.Cet homme sait de quoi il parle, mais aussi il est en train de constituer toute une oeuvre autour de ce nord brûlé par le soleil et il va sauver tout ceci pour la mémoire collective d'un passé volatilisé à jamais.
Ce livre est un vrai "western" à la chilienne où les colts sont remplacés par les poings des machos de la pampa.
Il y a tous les ingrédients de la saga "à la" Rivera Letelier: personnages truculents, saloons, maisons de tolérance, soleil implacable, descriptions du désert chilien absolument fantastiques.( Il faut rappeler que l'auteur est aussi poète, plusieurs fois primé.)
C'est la triste histoire de Malarrosa, une jeune fille orpheline de mère qui veillera sur son père telle une mère, car le père est un joueur de poker et un alcoolique. Cela va mal finir, comme souvent dans les histoires de l'auteur, mais que voulez-vous, nous sommes dans la vraie vie.
La narration se passe à la mine de salpêtre Yungay vers les années 1930, quand les "officines", comme on les appelait, fermaient les unes après les autres, non à cause de la moindre utilisation du nitrate de sodium que à cause de la trouvaille du nitrate de sodium de synthèse par les allemands Haber et Bosch. le prix du nitrate chilien chuta alors de 90% ! Et les officines commencèrent leur mort lente et définitive.
Le livre est par moments tellement drôle que je souhaite lire la version française, distribuée sous le titre de "Malarrosa", rien que pour voir si le côté irrésistiblement rabelaisien passe dans la version française...
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Avec Malarrosa de Hernan Rivera Letelier, on plonge au coeur des villages miniers du désert d'Atacama au Chili riche en salpêtre.
Le salpêtre entre dans la composition de la poudre et des explosifs, abondamment utilisé au XIXème et au début du XXème, son emploi se fait plus rare au lendemain de la première guerre. La chute de la demande en salpêtre conduisent à la fermeture progressive des mines et parallèlement à la disparition et l'abandon des communes ouvrières.
On découvre dans ce roman la vie difficile des ouvriers des mines de salpêtre, on assiste à la vie puis à la mort d'un de ces villages miniers, victime des contraintes naturelles extrêmes et du cours de l'Histoire.
On accompagne ainsi Malarrosa, fille d'un de ces ouvriers victime de la fermeture de sa mine. Privée de mère, elle suit son père dans les bordels où ce dernier ne pense qu'à jouer le peu d'économies qu'ils ont et à assister à des combats de boxe clandestins.
Je pensais lire le récit de la vie entière de Malarrosa mais le roman se cantonne à la période de ses 13 ans avec quelques évocations de son enfance. le reste de sa vie n'est que superficiellement évoqué (présenté sous forme de simples rumeurs) dans le tout dernier chapitre (qui ne fait qu'une page).
J'ai donc été déçue, je m'attendais à autre chose. En fait, il ne se passe pas grand chose dans ce roman, les évènements sont relativement insignifiants (d'un autre côté, comment pourrait-il en être autrement au fin fond du désert ?) et j'ai parfois eu l'impression de me retrouver en plein western. Tous les éléments rappelant le western sont réunis : le désert, le bordel qui évoque le saloon où on joue au poker, où ceux qui gagnent trop se font descendre, où les filles se déhanchent avec leur boa en plumes, le policier du village qui évoque le sheriff, sans oublier le croque-mort fidèle à sa caricature : vêtu de noir, aux allures de vautour etc…
L'auteur nous présente également un aperçu de la politique du pays à l'époque, il dénonce les épisodes très durs des massacres des ouvriers de San Gregorio qui avaient voulu se révolter contre la fermeture de leur mine et les exactions commises par l'armée et approuvées par les dirigeants au pouvoir.

Le roman est trop court pour qu'on puisse s'attacher aux personnages malgré les figures sympathiques de Oliverio Trebol et Morgano, et j'ai trouvé ça dommage. L'histoire en elle-même m'a paru trop fade pour m'émouvoir et, malgré le nombre restreint de pages, j'ai eu beaucoup de difficulté à avancer dans ma lecture. Je lisais une dizaine de lignes et reposais le livre. Ma lecture s'est donc étalée sur plus d'une semaine alors qu'elle n'aurait du me prendre qu'à peine 2 jours. le style est pourtant simple, le langage courant. J'ai apprécié les passages descriptifs sur le soleil et son ardeur, sur le vent et le désert. J'ai trouvé ces passages très bien écrits, avec de jolies métaphores, l'ensemble est assez poétique. Les oiseaux sont un élément récurrent tout au long du récit. Tout comme les oiseaux dans leur cage, les hommes sont prisonniers du désert :
« Voilà ce que le désert était pour eux - et pour tous - une sorte de prison ouverte. »
La figure du mirage revient souvent aussi symbolisant la disparition prochaine du village.
Au final, une lecture qui ne m'a forcément déplu, j'ai beaucoup apprécié certains passages …trop rares hélas, mais je ne l''ai pas trouvée exaltante non plus.
Je souligne enfin que l'objet livre en lui-même est très beau avec une magnifique couverture ( tout comme Malarrosa j'adore aussi les oiseaux).

Lien : http://booksandfruits.over-b..
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Il y est né, il y a grandi, il y a travaillé comme ouvrier, il y vit toujours, il s'en est fait le chantre en tant qu'écrivain. Hernan Rivera Letelier est un homme de l'Atacama, ce terrible désert au nord du Chili, avec sa chaleur à "coller les lézards contre les pierres." Monothématique, notre auteur ? Depuis plus de 20 ans, oui. Il est un artisan qui polit son ouvrage au burin et dont chaque livre reprend les mêmes paysages au gré d'histoires pittoresques baignées de fantastique. Malarrosa, jeune fille en fleur, donne son nom à son dernier roman paru en France (il en a publié deux autres depuis au Chili). Elle n'est pourtant que l'une des nombreux protagonistes d'une histoire épique qui raconte la lente agonie d'un village, au moment de la crise du salpêtre, aux alentours de 1920. Malarrosa ressemble à un western spaghetti avec ses combats dans la poussière, ses parties de poker homériques, ses morts violentes et, surtout, ses personnages hauts en couleur. A commencer par Tristesburnes, géant au coeur tendre, boxeur infatigable, qui tombe amoureux fou d'un travesti du dernier bordel encore en activité. le roman, qui évoque également en flashback les sanglantes luttes des mineurs contre l'autorité, se termine par l'extinction du village qui deviendra un fantôme parmi tant d'autres. Malarrosa se referme dans un sentiment de nostalgie amère, contrepoint d'une aventure picaresque narrée avec toute la verve d'un Rabelais chilien. Comment en vouloir à Hernan Rivera Letelier si son prochain livre a pour décor ..., le désert d'Atacama ?
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Pour ceux qui aiment les romans sud-américains, le genre de livres qui sait mêler le picaresque, le joyeux, le tragique, le magique, le poétique et l'anecdotique, ce roman est pour vous ! La petite Malarrosa y tient sa place au milieu d'un cercle de joueurs, de pugilistes et autres amateurs de bordels dans le petit village de Yungai, dans le désert d'Atacama. En effet, Malarrosa, élevée par un père insouciant de ses devoirs paternels, développe quelques qualités originales : elle maquille les morts comme personne et elle est capable de retrouver n'importe quel objet égaré. La petite fille fréquente tout de même l'école, dirigée par une institutrice dont le portrait est bien savoureux aussi. L'histoire n'est pas racontée du point de vue de Malarrosa, mais plutôt comme une sorte de légende, où d'autres événements ou anecdotes viennent s'intercaler. C'est ce qui m'a un peu dérangée au début, avant dans un deuxième temps, de me laisser faire, et de m'installer tranquillement dans le récit ponctué de beuveries et de bagarres, et même d'un prisonnier évadé.
On s'en doute, c'est plutôt loufoque, plein d'imagination, mais aussi ancré dans le réalisme social autour des mines de salpêtre du désert d'Atacama. de beaux passages poétiques ajoutent au charme du roman, dont je vous recommande la découverte.
Lien : https://lettresexpres.wordpr..
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C'est au Chili, dans le village de « yungay », près des mines de salpêtre (où travaillent bon nombre des personnages), que nous rencontrons Malarrosa. Dans ce désert où le soleil est ardent et la terre si sèche.
Dès le début du récit nous ressentons combien cette petite fille est mature du haut de ses 10 ans face aux souffrances endurées (décès des grands-parents, de ses frères jumeaux puis de sa mère adorée, Malva). Elle se retrouve vite seule, à veiller sur son père, Saladino, buveur invétéré et joueur de poker. Saladino et Olivério, son ami, l'entrainerons vers les « bordels » où se déroulent les parties de jeu, ainsi que les bagarres de rues, ou beaucoup misent leurs pécules. Malarrosa (déguisée en garçon par son père), vit donc au beau milieu des prostituées et des mineurs avinés, tous dotés d'un sobriquet vraiment risible !
Ça n'aurait pu être qu'une simple histoire dramatique, mais c'était sans compter sur le talent de cet écrivain, sa manière de raconter, légère et ironique. Il a aussi le pouvoir de nous faire voyager dans ces terres arides d'une façon indescriptible, et donc si réelle !
Certes cette histoire est tragique, mais allégé par la poésie, la tendresse, la musique des mots et un incroyable humour.
J'ai tout aimé dans ce livre, la fantaisie, la dérision, les personnages plus loufoques les uns que les autres, la découverte de ce pays, et le destin de Malarrosa.
Bref a lire absolument !!!
(le petit plus : merci Babélio j'ai découvert un nouvel écrivain !)
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Une histoire passionnante, teintée de poésie et très bien écrite, où l'histoire bien sombre des mines du Chili est évoquée à travers la vie d'une fille douée pour maquiller les morts et retrouver les objets perdus, de son père, un minable joueur de poker et de l'ami de son père, un excellent boxeur au grand coeur qui va s'amouracher d'un splendide travesti.
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J'ai vraiment apprécié.... je me suis presque retrouvée à...Macondo...
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