Il avait si peur de la nuit
qu’il courut s’abriter
dans le verger
et la nuit le suivait.
Il sauta le ruisseau,
traversa la forêt
et la nuit le touchait.
Il se blottit dans le gîte d’un lièvre.
Tout près, tout près,
la nuit contre lui tremblait.
Il s’enferma dans le bleu d’une étoile,
dans le cri d’une effraie
et tendrement la nuit l’embrassait.
Alors, il ferma les yeux à demi
et la nuit fut en lui.
Pour connaître
les paroles du vent,
le secret des visages,
le masque de la nuit,
la couleur du silence.
Pour reconnaître
la voix de l'arbre et de l'ami,
le cri du sel, la main de l'ombre,
tu n'as pas besoin de leçons.
Tu es ton seul maître.
Voilà, tu descends au jardin,
en ton jardin.
Dis,est-ce que je peux te suivre?
Je te promets de ne pas faire de bruit.
J'écoute ...
Tu parles à voix tienne.
Tes mots ouvrent l'étoile.
( "Descendre au jardin")
L'aveugle traversant le jardin
a chanté une chanson
triste et douce.
Le refrain, je m'en souviens,
disait ainsi :
"Si le malheur frappe à ta porte,
accueille-le comme un ami."