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3,88

sur 343 notes
Depuis « Attention fragile », « Les encombrants », ou « La tête en friche », adaptée au cinéma par Jean Becker, on ne compte plus les critiques élogieuses qui fleurissent sur les sites littéraires autour des oeuvres de Marie-Sabine Roger.
Il est vrai que les livres de cette ancienne institutrice ont le pouvoir de nous mettre du baume au coeur, on en sort ragaillardi et le sourire aux lèvres, rassasié de bons sentiments, les sens assouvis d'humeur allègre, la poitrine gonflée d'optimisme comme si on avait pris une large bouffée d'air frais.
Le genre de lecture antimorosité, qui fait du bien comme un bon grog avalé par temps froid.
Ses histoires sont pourtant loin d'être douceâtres ou sirupeuses, les résumer exclusivement aux bons sentiments qu'ils inspirent serait incorrect.
Bien campées dans le réel, elles traitent des problèmes courants de notre société dont elles pointent les failles, les fractures et les maux. Histoires d'aujourd'hui, prenant pour cadre des environnements industriels, dans la proximité des grandes villes, dans des bleds perclus d'ennui où le plus souvent c'est le gris qui domine.

Les mots simples de Marie-Sabine Roger racontent la vie des plus modestes, des gagne-peu, des êtres en marge ; toute cette tranche de la population qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, à trouver un emploi stable, à croire encore en ses rêves quand l'horizon se borne à un poulailler industriel, un canal vaseux ou des pylônes sur une nationale.
Ouvriers, chômeurs, paumés, handicapés, tous ces gens ordinaires noyés dans la masse de la banalité, la romancière les met en scène avec la gouaille d'un parler populaire, avec la verve de la France d'en bas, avec une volubilité et un entrain qui sont un régal d'humour tendre, d'ironie fine et d'observation lucide et aiguisée.

Avec « Vivement l'avenir » l'auteur nous donne sa vision du nord de la France, lieu de déperdition, de grisaille et de pluie, ensemencé d'usines, de pavillons sans âme et de terrains-vagues.
Vision bien sombre au demeurant, mais l'auteur ne s'en laisse pas conter et, par cet art du portrait et des dialogues dont elle a le secret, transforme ces climats sombres en ambiances lumineuses, crée de la chaleur en milieu austère et génère de l'espoir là où bourdons et cafards se partageaient la place.

C'est ainsi qu'au fond de « ce trou du cul du monde avec vue sur la zone », l'on suit l'échappée belle d'une bande de trentenaires au grand coeur qui nous offrent, le temps d'une balade en side-car, une jolie définition des mots amitié et solidarité, entre Alex, la bourlingueuse androgyne ; Cédric, qui attend depuis 28 ans que la vie lui fasse un signe ; Olivier, « maître ès arts » de canettes de bière érigées en barrage ; sans oublier le couple de « bof » pur jus que représentent Marlène et Bertrand - sans qui « Vivement l'avenir » ne serait pas aussi loufoque - et l'inénarrable Roswell/Gérard, l'attardé mental qui va générer autour de lui un formidable élan de sympathie et de fraternité.

Marie-Sabine Roger aime ses personnages. Ils sont vrais, ils sont justes, ils sont authentiques, dans leurs qualités tout autant que dans leurs défauts, et c'est la grande force de ses romans. Cette tendresse qu'elle exprime pour eux, cette vie qui les anime comme s'ils sortaient tout droit de l'immeuble d'en face, nous les rend infiniment proches et criants de vérité, si bien que même les plus antipathiques finissent par nous devenir attachants.

On a tous connu une Marlène, plus bête que méchante, cachant sous le fard et les cheveux peroxydés une âme de midinette.
On a tous croisé un Roswell, un handicapé au « sourire de monstre » dont la bienveillance du regard illumine l'apparence de gnome et embellit du même coup une journée qui s'annonce morose.
On a tous rencontré des paumés à la dérive, trainant leur mal-être avec un brin d'indolence et beaucoup d'autodérision, en attendant que la vie démarre enfin.

L'écriture très actuelle et expressive de la romancière, sa plume argotique et populaire, donnent l'impression que ce qu'on lit se passe en bas de chez soi, nous faisant spectateurs de scènes pittoresques et témoins de réparties jubilatoires.
Tous ces petits ridicules que l'acuité de l'auteur souligne en piquants traits d'esprit, cette misère sociale qu'elle aborde sans apitoiement, c'est un peu de la vie de tous les jours, de celle que nous menons parfois en rechignant et qui, par la grâce d'un roman humain et drôle, nous devient soudain plus légère.
Et parce que la solidarité, l'amitié et l'amour peuvent changer la donne et apporter un peu de couleur dans un univers gris et uniforme; et parce que malgré tout l'espoir pointe au bout du chemin, alors on dit : oui…« Vivement l'avenir »…
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Alex, tout juste la trentaine, s'est installée pour quelques mois, le temps de son CDD, dans un poulailler industriel, chez Marlène et son mari Bertrand qui proposaient une chambre à louer peu chère. Mais, voilà, Marlène n'est pas vraiment du goût d'Alex. Forte tête et grande gueule, elle n'arrête pas de la ramener et aime plus que tout emmerder son mari et son beau-frère handicapé physique et mental, Gérard, surnommé Roswell. A croire que ce dernier lui pourrit la vie puisqu'elle doit s'en occuper tout le temps et ne semble pas avoir de patience. Alex s'est donc prise d'affection pour ce jeune homme qui clame des poèmes à tout bout de champ et adore faire cramer le pop-corn. Elle va jusqu'à lui fabriquer une sorte de chariot pour pouvoir l'emmener près du canal.
Le Mérou et Cédric sont deux amis d'enfance. La trentaine tous les deux, ils passent leur temps le long du canal à pêcher et surtout boire de la bière. Il faut dire que le Mérou a le projet extraordinaire de faire un barrage avec ses canettes qu'il jette dans le canal! Sans boulot, Cédric fait le désespoir de ses parents, quant au Mérou, il en a plus qu'assez de devoir aider son père à la quincaillerie. Ils rêvent d'espace et de liberté...
C'est le long de ce canal que ces quatre jeunes trentenaires vont se rencontrer, se lier d'amitié et vivre tout simplement...

Une ville au nord de la France sous la grisaille, un trentenaire androgyne, un au chômage et un peu paumé, un autre porté sur la bière et obèse, un handicapé répétant des sschhuper! à qui veut l'entendre et qui se bave dessus, une femme sans ambition et sans avenir et un homme qui semble regarder les autres vivre... Pas bien gai tout ça ! Et pourtant, Marie-Sabine Roger a su tirer parti de chacun d'entre eux pour finalement nous livrer un roman tout en douceur, poésie, finesse et plénitude. Elle déroule une galerie de personnages tous attachants et terriblement humains, qui se dévoilent au fil des pages, nous les rendant encore plus généreux et attendrissants, surtout Roswell.
Alternant la narration, ce roman maintient un certain rythme et une intrigue encore plus émouvante. Les mots sont joliment perçus, les sentiments sont des plus honnêtes, l'amitié en ressort grandie. Marie-Sabine Roger a le ton juste et poétique, pose les mots juste là où il faut et sait nous attendrir ou nous faire sourire là où on ne s'y attend pas.

Vivement l'avenir... 'erschi ! ch'était sschhuper !
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Cool, un nouveau Roger entre les mains.
Nan mais Roger c'est une fille hein, Marie-Sabine en l'occurrence, Roger de son petit patronyme.
Et Marie-Sabine je l'aime bien. Elle a l'art de la galerie de portraits qui décoiffe et de la formule qui tue.
Cela dit je ne m'avance pas trop encore car ce n'est là que mon deuxième Roger voyez, mais comme dans Bon rétablissement (qui m'avait tant fait glousser), Marie-Sabine accumoncelle à nouveau ici personnages burlesques et situations improbables avec un talent audiardesque qui décidément me régale.

Un titre empli d'espérance pour un roman positif, tendre, comique et bienveillant (tout ça à la fois), et c'était pas gagné vu le sujet.

Ssschhuper, comme dirait Gérard – pour les initiés – et vivement le prochain Roger.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Surprise par ce roman différent des autres déjà lu de l'auteure. Au début, pas très emballée mais, au fur et à mesure j'appréciais de plus en plus, mon rythme de lecture s'accélérait emportée par l'histoire des personnages :
Alex, jeune femme androgyne de trente ans qui ne se fixe jamais longtemps au même endroit, elle parcourt le monde, ses emplois sont fonction du lieu où elle se trouve, elle loge chez Marlène, épouse de Bertrand dont le frère Gérard surnommé Roswell, trente-deux ans, est différent, son handicap résulte d'un accouchement problématique ; Tobby le vieux chien de la famille ; Olivier et Cédric, deux copains qui sont eux aussi trentenaires, voilà pour les principaux.

Marie-Sabine Roger est une auteure que j'apprécie, je la trouve réaliste dans ses analyses de la société, elle allie à la perfection les sentiments et l'humour.

Challenge Atout Prix 2016-2017 - Prix des Hebdos en région, Prix Handi-Livres et Prix Marguerite-Audoux.
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En lisant la quatrième de couverture, je m'attendais à entrer dans une histoire drôle où l'humour dominerait mais si ce roman fait sourire parfois, il amène également les larmes aux yeux. J'ai trouvé ce livre très touchant et c'est ce côté émouvant, cette tendresse que je retiendrai principalement.
Alex, 30 ans loue une chambre chez Marlène et Bertrand. le frère de celui-ci, Gérard alias Roswell vit également chez eux car lourdement handicapé. Alex va se prendre d'affection pour ce dernier et va lui faire vivre ses plus beaux jours. Il faut dire que ce n'est pas avec Marlène, sa belle-soeur, qu'il peut s'épanouir. Il est traité de neuneu, débile et ne reçoit aucun signe d'amour ou tout simplement un peu d'affection.
Alex va également au cours de ses promenades faire la connaissance de Cédric et Olivier dit le Mérou. Une amitié va naitre entre ces deux compères, Alex et Roswell. Une solidarité sans calcul, sans a priori va se créer et va apporter une lumière à ces jeunes gens qui n'ont jusqu'à présent pas eu, pas su surmonter la crise, le chômage, l'ennui.
Dans ce décor plutôt sombre, sans réel avenir à l'horizon, j'ai par moment pensé à Joel Eglof lorsqu'il dépeint une fresque sociale dans la grisaille, criante de vérité mais terriblement anxiogène, ce qui n'a bien sûr pas été pour me déplaire.
Marie-Sabine Roger a un véritable talent pour faire sourire tout en touchant la corde sensible. J'avais déjà été séduite dernièrement par « bon rétablissement » et avec « vivement l'avenir », je suis complètement conquise malgré un début qui ne m'accrochait pas.
Je me suis vraiment régalée ! c'est un livre qui fait du bien. Et si la fin est un peu comme un conte de fée et bien tant mieux, j'avais envie d'une fin de ce style !!!
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J'étais partie en quête de "Trente-six chandelles" qui m'avait fait de l'oeil après la lecture de quelques alléchantes critiques de mes confrères et consoeurs de Babelio. C'est un autre titre de Marie-Sabine Roger qui m'est tombé entre les mains dans ma petite bibliothèque de quartier:"Vivement l'avenir", tout un programme!
J'avais besoin d'une histoire qui parle à mon coeur, avec des personnages attachants:je ne suis pas déçue!
J'ai tout d'abord beaucoup apprécié la construction narrative, une histoire à deux voix où tour à tour deux personnages se relaient pour nous embarquer dans leur quotidien. Une vie pas toute rose pour certains: dur dur d'aborder la trentaine en sachant seulement ce qu'on ne veut pas: faire comme papa maman par exemple ou se jeter sur le premier boulot venu juste pour faire plaisir aux auteurs de nos jours.
Le Mérou, grand échalas obèse a deux passe-temps dans la vie: jeter des canettes dans le canal après les avoir vidées dans sa margoulette et discuter avec son pote Cédric, complètement déprimé depuis qu'il s'est fait plaquer par sa petite amie et qui se la joue "Tanguy" chez ses parents.
Ces deux gars, gentils mais paumés croisent la route d'Alex, petit bout de femme de passage dans leur ville et qui vit de CDD en CDD sans se poser plus de question, elle roule sa bosse et voit du pays.
Alex est une belle personne, belle de l'intérieur: sa relation avec Roswell, le beau frère de sa logeuse en est la plus belle illustration.
Roswel ou plutôt Gérard est la pépite de cette histoire. Pour ceux qui ont lu le superbe roman pour enfant intitulé "Le Jobard" ou pourrait le mettre dans cette même catégorie: du marginal attachant. Mais Roswell a vraiment un petit quelque chose qui le rend unique: il faut juste savoir gratter la surface et regarder sa superbe.
C'est une belle rencontre entre quatre originaux un peu marginaux sur les bords et qui nous donnent une sacrée leçon d'humanisme et de fraternité!
Vivement le prochain roman de Marie-Sabine Roger, j'ai encore plein de lumières et des bisous coeurs dans les yeux alors j'vous dis pas si j'ouvre trente-six chandelles!
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Après la lecture de nombreuses critiques positives, je me suis enfin décidée à sortir ce livre qui prenait la poussière en haut d'une bibliothèque.

Je dois dire qu'au début je n'ai pas été très emballée par cette énième histoire de cabossés de la vie, qui plus est s'expriment en " jeune argotique ". Mais bon, je me suis dit que si certains babeliotes dont je partage souvent les goûts avaient apprécié, il fallait persévérer.

Résultat : Marie-Sabine Roger réussit à parler de solidarité et d'amitié sans trop de bons sentiments. Avec humour et tendresse, et c'est déjà pas si mal, elle brosse un portrait plutôt réaliste d'une société de laissés pour compte, qui souvent font partis du paysage sans que l'on ne se souciât beaucoup d'eux.

Note : 3 ⭐️
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Dans Vivement l'avenir Alex, presque 30 ans une jeune fille au look androgyne, sans vraie racine, avance dans la vie d'une façon assez autonome, elle trouve une chambre, le temps d'un CDD, chez Marlène et Bertrand ainsi que le frère de ce dernier Gérard, très handicapé qu'elle va vite surnommer affectueusement Roswell. L'équilibre fragile va basculer avec l'attitude de Marlène qui accepte de moins en moins la présence de Gérard qu'elle rend responsable de l'absence de projets dans leur couple. Lors d'une balade Alex et Roswell sont sauvés par Cédric et son pote obèse le Mérou, deux trentenaires un peu paumés qui vivotent grâce à des petits boulots. Contre toute attente, la magie va opérer entre ces quatre-là, les transformant et leur offrant une chance d'exister et de se réaliser.

En se saisissant du problème du handicap, Marie-Sabine Roger évite intelligemment les écueils liés à ce type de sujet : le pathos, l'évitement, la caricature, le malaise...Bien au contraire, elle affronte directement toute une série de problématiques actuelles : outre le handicap, elle aborde les difficultés économiques, le suicide, l'isolement, les relations parents enfants, la solitude le tout avec naturel et humour, des répliques drôles et très fines à chaque page, qui font mouche, d'autres politiquement incorrectes et pertinentes, et quelques moments de grande émotion. Vivement l'avenir est un cocktail réussi, très vivant qui donne la pêche.
Une magnifique découverte.
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Vivement l'avenir ! ou comment l'espoir peut présenter tous les visages, même ceux d'un groupe de paumés désoeuvrés ou d'un sschhuper-attardé...

J'ai retrouvé les bons sentiments, la tendresse et l'optimisme de Bon rétablissement, et totalement adhéré au message de tolérance envers les handicapés mentaux et même envers les idiots qui ne pensent pas plus loin que leur nombril.

Et pourtant, cette histoire m'a un peu déçue : trop naïve, trop lisse, trop convenue, trop facile à deviner. Autrement dit trop de Bisounours (ou de motos, ça revient au même) et pas assez de vérité... Les seuls personnages auxquels j'ai vraiment pu croire et m'attacher (ou régulièrement m'agacer) sont Marlène et Bertrand, surtout dans leurs expressions impressionnantes et leurs souffrances parfois ridicules mais bien réelles.

Challenge Multi-Défis 6/52
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C'est l'histoire de jeunes adultes un peu paumés dans une société sans espoir.
Alex, androgyne, indépendante
Olivier, qui n'en à rien à cirer
Cédric, fragile, qui se remet mal du départ de Lola
Gérard, handicapé mental, optimiste et rieur
Marlène est ses formules approximatives
Bertrand, qui a capitulé devant Marlène
Le décor n'a rien d'exaltant : une banlieue triste, une usine à poules, un canal triste dans une région sans avenir..
Mais quelle fraîcheur de style pour décrire cette désespérance.
C'est triste et drôle à la froid. C'est chaleureux.
Les personnages sont tous attachants, même Marlène
C'est très vivant et très visuel. Il pourrait en être fait une très belle adaptation cinématographique.
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