AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782070144990
128 pages
Gallimard (27/05/2014)
4.5/5   3 notes
Résumé :
Richard Rognet serait-il notre dernier poète élégiaque ? La tonalité tendre et mélancolique des poèmes de son nouveau recueil nous invite à le penser. Sa thématique tourne autour d'un promeneur solitaire dans la nature automnale où tout s'achemine, non sans beauté ni éclat, vers sa fin. C'est le temps des deuils (sa mère, le père, un ami) et des souvenirs, le temps des relectures (Jammes, Pessoa, Guyon) et des inventaires. Nul désespoir ici cependant, mais un appel ... >Voir plus
Que lire après Dans les méandres des saisons/Elle était là quand on rentraitVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avais découvert la poésie de Richard Rognet au travers de la lecture de son beau recueil Élégies pour le temps de vivre. Je reviens auprès de lui avec Dans les méandres des saisons et Elle était là quand on rentrait.

J'ai retrouvé dans ces deux livres réunis la même sensibilité, la même écriture lyrique tout en introspection et méditation.

Le regard du poète est celui d'un promeneur solitaire qui porte son regard sur le paysage forestier et montagneux où il est né et a vécu (les Vosges), traversé par les nuances colorées des saisons, les rumeurs de la lumière du soleil ou celles retenues par les étendues enneigées.
Entre impressionnisme et réalisme, en proie à ses souvenirs et à des sensations, le poète interroge son rapport au temps, à celui qui nous façonne et nous porte, avec lui toute notre enfance et les êtres chers disparus.
Traverser ces paysages, poser son regard, c'est comme aller au-devant de soi, de la vie qui nous traverse :


« […]
suis-je allé plus loin au-devant du monde ? Jamais.
C'est à ces lieux modestes et sacrés
que je dois l'infini qui m'obsède et les mots
fraternels qui hantent mes poèmes. »


Ce sont les mêmes paysages, les mêmes chants d'oiseaux, les mêmes couleurs de fleurs, la même maison devenue vide,… qui habitent les poèmes de Elle était là quand on rentrait.

Richard Rognet évoque ici le souvenir de sa mère disparue. Dans une émotion contenue avec peine, une pudeur qui touche la mémoire de celle qui dans ses derniers jours vivait encore de simplicité, de générosité, de peur aussi.
Les gestes lents, les promenades dans le jardin où l'on se rappelle du nom des fleurs, on échange des souvenirs, on parle encore, mais il se fait tard… La mémoire rappelle les derniers moments, le son de sa voix, sa silhouette, sa présence qui a quitté la maison, le silence insoutenable.


« Tu ne sais plus quoi faire, il pleut sur ta
mémoire, depuis que la mère s'est endormie
à jamais, et tu répètes ce fatal à jamais,
chaque fois que tu pousses la porte de sa

chambre où tu as rangé avec soin chaque objet
qui libère ce peu d'elle qui est resté, chaque
qui, selon les reflets du matin ou du
soir, s'allie avec l'amour qui erre dans la

maison, car l'amour, oui l'amour, demeure avec
l'odeur des vêtements qu'elle portait, la mère,
et quand tu ouvres son armoire, tu es comme

un enfant pris en flagrant délit, tu la sens,
derrière toi, qui t'observe en souriant, et
tu ne sais quoi faire, il pleut sur ta mémoire. »


Avec tout cet héritage de l'intime, l'auteur revient toujours vers la nature et ses paysages, immuables miroirs du temps qui passe. Les montagnes, les forêts, le chant des oiseaux, le soleil qui traverse les nuages,… Tout ce qui habite le regard et les sens, tout ce qui sera encore là après nous.


« le dernier jour n'était pas loin. Personne
ne l'attendait, personne. le silence, dans
la maison, fleurissait autour de nous. Les
plantes vertes touchaient, en secret, ce

qui de toi continuait à inventer des clartés
rassurantes. Derrière les rideaux, on sentait
que le ciel comprenait les tracas de la terre,
un rouge-gorge luisait sous les branches du

pin, la lumière se brisait sur les feuilles
froissées du tilleul, une pâquerette tardive
s'esclaffait au fond du jardin. le dernier jour

n'était pas loin. La montagne lâchait son ombre
noire sur la pente des prés. Un chien aboyait
au loin. On aurait voulu savoir où va la vie. »


.
Commenter  J’apprécie          282

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est en moi que tu es enterrée, non dans
ce froid caveau devant lequel je passe comme
une ombre que je ne connais pas. En moi,
tu es vivante, même ta mort est vivante,

les merles me le disent, les mésanges aussi,
et les premières pousses des cœurs de
Marie qui prendront le relais des crocus,
des anémones, des primevères. J'ai donné tes

habits, même les plus récents, quelques-uns
sont restés, dont je n'ai pu me séparer, j'ai
donné tes habits comme on offre des fleurs,

mais ils laissent dans ton armoire une place
infinie, parfois si douloureuse qu'il me
semble mourir encore plus loin que toi.


(extrait de " Elle était là quand on rentrait ").

.
Commenter  J’apprécie          222

Lire un extrait
Videos de Richard Rognet (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Richard Rognet
Lecure ac Richard Rognet. Episode3.
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1228 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}