AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
2,78

sur 92 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
3 avis
2
7 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est la guerre en France. dans une époque post-houllebecquienne, des affrontements entre communautaires du Hezbollah, identitaires et loyalistes déchus sont arbitrés par l'ONU. le narrateur traverse la France, avec exactement les mêmes péripéties que celles narrées pendant la seconde guerre mondiale, ou la guerre du Liban. Oui, mais on est en France, aujourd'hui. L'auteur met en exergue l'ordinaire possibilité de ces 'Evènements' en donnant une atmosphère paysagiste au récit. A côté d'une voiture déchiquetée, un champs de coquelicot. Il en résulte une profonde réflexion sur l'ordinaire d'un affrontement presque tribal, et surtout un excellent livre, dans la mouvance d'Ormuz et de l'Explosion de la Durite, très influencé, à mon sens par le Nouveau Roman.
Commenter  J’apprécie          110
La France est en guerre, la plus cruelle, la plus sale : la guerre civile. On ne saura rien des tenants de ces « évènements ». La FINUF (Force d'Interposition des Nations Unies en France) est, théoriquement, garante de quoi, je n'en sais fichtrement rien. Les finlandais et Ghanéens qui la composent s'en moquent royalement et font un léger trafic (faut bien passer le temps). Qui sont les belligérants ? Plusieurs factions de l'ultra droite à la gauche révolutionnaire en passant par les salafistes.
Le narrateur, on ne saura rien de plus sur lui, ni pourquoi il se trouve dans cette galère. Il tient une sorte de journal tout au long de la route qui le conduit jusque dans le sud.
« C'était un des petits plaisirs ménagés par la guerre, à sa périphérie, que de pouvoir emprunter le boulevard de Sébastopol pied au plancher, à contresens et sur toute sa longueur. Ainsi débute le voyage du narrateur au volant d'une Toyota en bout de course, muni de sauf-conduits idoines. Ce pourrait être déchirant, dur, cruel. Non, Jean Rolin manie l'ironie, la mélancolie, le rêve désenchanté. L'itinéraire, les paysages sont prépondérants dans ce livre avec une précision de carte routière ou de guide du routard. Les villes et villages sont déserts si l'on excepte les différentes milices. Un voyage du nord vers le sud par les petites départementales et de l'hiver vers l'été.

Le narrateur restera toujours à la périphérie de la guerre, pardon, des évènements. Pourtant, ce conflit en arrière-plan est omniprésent et je n'ai pu m'empêcher de penser à ce qui s'est passée en Yougoslavie ou, plus lointain, en Algérie.

Le narrateur raconte son odyssée avec, de temps à autre, les commentaires d'une tierce personne qui replace dans son présent les évènements. le récit tient plus du relevé toponymique des paysages, des villes et lieux-dits traversés que du récit de guerre. Aucun affect, rien qui ressort d'un sentiment quelconque. L'humain, hormis les belligérants en arrière-plan, est absent. Un livre très étrange où j'ai retrouvé la petite musique de Jean Rolin, ce décalage entre l'horreur des évènements et la permanence des paysages traversés où tout semble tranquille, les oiseaux chantent, l'Allier coule, seuls les villages traversés sont déserts.
Par contre, Port de Bouc, citadelle aux noms de rues fleurant bon le communisme d'après-guerre, est très agitée. Là, nous assistons aux combats entre milices d'extrême-gauche (temporairement unies) et al Quaïda dans les Bouches-du-Rhône islamiques (AQBRI). La guerre existe vraiment dans cette poche.

Un livre très étrange qui peut désemparer, voire plus, comme ma Comète. Cette distanciation, ce grand écart entre l'horreur que sous-tend une guerre civile et l'apparente tranquillité et le détachement du narrateur désoriente. L'absurde, la neutralité, le décalage, l'ironie, le désenchantement sont la marque de fabrique de Jean Rolin. On aime ou on n'aime pas. Moi, j'aime son écriture et son style.
Déjà lu : Chrétiens, Chemins d'eau, Ormuz

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
Commenter  J’apprécie          50
La France, notre France d'aujourd'hui, est dévastée par une guerre civile. Un vague cessez-le-feu a été prononcé, mais malgré les forces d'intervention internationale, diverses factions s'affrontent, terrorisent les populations, jouent au petit chef. Un narrateur, qui emprunte beaucoup à Jean Rolin, mais qui n'est pas lui puisqu'il conduit une voiture, nous relate un road movie désabusé dans ce pays furieux et dévasté, de Paris à Marseille en passant par Clermont-Ferrand, avec pour vague excuse la recherche d'un hypothétique fils inconnu. Quelques chapitres à la troisième personne nous offrent un point de vue extérieur, telle une voix off dans les films de la Nouvelle Vague.

C'est très rolinien. Comme toujours, il ne faut pas craindre les tours et détours des départementales , la laideur des zones commerciales, les chiens errants qui trainent. À ce détail près que cette fois, les McDonald's sont pillés, les habitants évacués, les façades déchirés par des impacts de balles, la terreur rôde. Mais si l'on devine le voyageur meurtri par ce spectacle, il n'est pas près de l'avouer, nonchalant, fataliste devant l'horreur, quasi indifférent.

Et puis tout au long du chemin, de magnifiques échappées sur la nature, des lumières, des couleurs, le froissement d'animaux qui passent, rappellent la vie qui ne demande qu'à rependre.

Rolin reste à distance : au final, au-delà de la fulgurance de l'instant, l'action l'indiffère. On n'a aucune maîtrise sur rien, la compréhension est floue, le doute total. Il est l' élément central du récit tout en restant un élément totalement négligeable auquel arrivent quelques aventures, quelques rencontres, il faut bien que la vie continue.

" Mais comment savoir ?
Et d'ailleurs quelle importance ? "


L'élégance est dans l'enchaînement harmonieux de ses phrases à tiroirs, la capacité à évoquer le détail, à conserver l'ironie. L'humour affleure sous le drame (l'Acropole est une boîte de nuit enterrée, Rolin adore les Pailles d'or). L'absurde est roi.
Commenter  J’apprécie          30
Ce roman décrit la france engluée dans une guerre civile, dont on ne connait pas les causes. le narrateur traverse le pays de Paris à Marseille (comme celui de Christian Oster dans "rouler" !) dans le vague but de retrouver un possible fils dont il apprend l'existence. Rolin reste un peu en deça des événements qu'il relate, son narrateur préférant souvent porter son attention sur les paysages et la flore des régions traversées plutôt que sur les exactions commises... le style est maîtrisé. Bref, une lecture pour une fois assez brève et réussie dans son genre.
Commenter  J’apprécie          20
Dans les décombres d'une guerre civile française, une curieuse et mélancolique poésie du désastre.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/05/04/note-de-lecture-les-evenements-jean-rolin/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
Commenter  J’apprécie          10


Lecteurs (176) Voir plus



Quiz Voir plus

Les titres de Jean Rolin

Chemins...

...de terre
...d'eau
...de feu
...d'air

10 questions
7 lecteurs ont répondu
Thème : Jean RolinCréer un quiz sur ce livre

{* *}