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Citations sur Au-dessus de la mêlée (71)

Quant aux représentants du Prince de la Paix, prêtres, pasteurs, évêques, c’est par milliers qu’ils vont dans la mêlée pratiquer, le fusil au poing, la parole divine : Tu ne tueras point, et : Aimez-vous les uns les autres. Chaque bulletin de victoire des armées allemandes, autrichiennes ou russes, remercie le maréchal Dieu, (...). Car chacun a le sien. Et chacun de ces Dieux, vieux ou jeune, a ses lévites pour le défendre et briser le Dieu des autres.

Chapitre III. Au-dessus de la mêlée
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Ce ne sont pas seulement les passions de races, qui lancent aveuglement les millions d’hommes les uns contre les autres, comme des fourmilières, et dont les pays neutres eux-mêmes ressentent le dangereux frisson ; c’est la raison, la foi, la poésie, la science, toutes les forces de l’esprit qui sont enrégimentées, et se mettent, dans chaque État, à la suite des armées. Dans l’élite de chaque pays, pas un qui ne proclame et ne soit convaincu que la cause de son peuple est la cause de Dieu, la cause de la liberté et du progrès humains. (...)
Des combats singuliers se livrent entre les métaphysiciens, les poètes, les historiens. (...)
Et tous, les uns aux autres, se lancent le nom de « barbares ». L’Académie des sciences morales de Paris déclare, par la voix de son président, Bergson, que « la lutte engagée contre l’Allemagne est la lutte même de la civilisation contre la barbarie ». L’histoire allemande, par la bouche de Karl Lamprecht, répond que « la guerre est engagée entre le germanisme et la barbarie, et que les combats présents sont la suite logique de ceux que l’Allemagne a livrés, au cours des siècles, contre les Huns et contre les Turcs ».

Chapitre III. Au-dessus de la mêlée
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Ces guerres, je le sais, les chefs d’État qui en sont les auteurs criminels n’osent en accepter la responsabilité ; chacun s’efforce sournoisement d’en rejeter la charge sur l’adversaire. Et les peuples qui suivent, dociles, se résignent en disant qu’une puissance plus grande que les hommes a tout conduit. On entend, une fois de plus, le refrain séculaire : « Fatalité de la guerre, plus forte que toute volonté », – le vieux refrain des troupeaux, qui font de leur faiblesse un dieu, et qui l’adorent. Les hommes ont inventé le destin, afin de lui attribuer les désordres de l’univers, qu’ils ont pour devoir de gouverner. Point de fatalité ! La fatalité, c’est ce que nous voulons. Et c’est aussi, plus souvent, ce que nous ne voulons pas assez.

Chapitre III. Au-dessus de la mêlée
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À ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n’y aura-t-il jamais de fin, jusqu’à l’épuisement total de l’humanité ?

Chapitre III. Au-dessus de la mêlée
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Notre civilisation est-elle donc si solide que vous ne craigniez pas d’ébranler ses piliers ? Est-ce que vous ne voyez pas que si une seule colonne est ruinée, tout s’écroule sur vous ? Était-il impossible d’arriver, entre vous, sinon à vous aimer, du moins à supporter, chacun, les grandes vertus et les grands vices de l’autre ? Et n’auriez-vous pas dû vous appliquer à résoudre dans un esprit de paix (vous ne l’avez même pas, sincèrement, tenté), les questions qui vous divisaient, – celle des peuples annexés contre leur volonté, – et la répartition équitable entre vous du travail fécond et des richesses du monde ? Faut-il que le plus fort rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpétuellement s’unissent pour l’abattre ?

Chapitre III. Au-dessus de la mêlée
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J’ajouterai un seul mot. Je me suis trouvé, depuis un an, bien riche en ennemis. Je tiens à leur dire ceci : ils peuvent me haïr, ils ne parviendront pas à m’apprendre la haine. Je n’ai pas affaire à eux. Ma tâche est de dire ce que je crois juste et humain. Que cela plaise ou que cela irrite, cela ne me regarde plus. Je sais que les paroles dites font d’elles-mêmes leur chemin. Je les sème dans la terre ensanglantée. J’ai confiance.
La moisson lèvera.

Septembre 1915
Romain ROLLAND.

Introduction
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On apprend à l’enfant l’Évangile de Jésus et l’idéal chrétien. Tout, dans l’éducation qu’il reçoit à l’école, est fait pour stimuler en lui la compréhension intellectuelle de la grande famille humaine. L’enseignement classique lui fait voir, par-delà les différences de races, les racines et le tronc communs de notre civilisation. L’art lui fait aimer les sources profondes du génie des peuples. La science lui impose la foi dans l’unité de la raison. Le grand mouvement social qui renouvelle le monde lui montre autour de lui l’effort organisé des classes travailleuses pour s’unir en des espoirs et des luttes qui brisent les barrières des nations. Les plus lumineux génies de la terre chantent, comme Walt Whitman et Tolstoï, la fraternité universelle dans la joie ou la souffrance, ou, comme nos esprits latins, percent de leur critique les préjugés de haine et d’ignorance qui séparent les individus et les peuples.
Comme tous les hommes de mon temps, j’ai été nourri de ces pensées ; j’ai tâché, à mon tour, d’en partager le pain de vie avec mes frères plus jeunes ou moins fortunés. Quand la guerre est venue, je n’ai pas cru devoir les renier, parce que l’heure était arrivée de les mettre à l’épreuve. J’ai été outragé. Je savais que je le serais et j’allais au devant. Mais je ne savais point que je serais outragé, sans même être entendu.

Introduction
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Un jour, l’histoire fera le compte de chacune des nations en guerre ; elle pèsera leur somme d’erreurs, de mensonges et de folies haineuses. Tâchons que devant elle la nôtre soit légère !

Introduction
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Dès la lettre ouverte à Hauptmann, Rolland rappelle que, la « grandeur intellectuelle » de l’Allemagne s’imposant à lui, il orienta toute son œuvre dans le but de rapprocher les esprits des deux nations désormais en guerre. Jean-Christophe était la pierre apportée à cette démarche visant à renforcer le cœur battant de la « civilisation européenne ». Les atrocités commises, la destruction de Louvain, puis le bombardement incendiaire de la cathédrale de Reims ne condamnaient pas la culture allemande mais l’héritage prussien qui en est la part maudite. Comme chez d’autres intellectuels européens ne se résignant pas à renoncer à tout ce que la philosophie, la littérature ou la musique allemandes leur avaient apporté, Romain Rolland se réfugie dans une théorie des « deux Allemagnes », l’une appartenant à l’Europe des Lumières, l’autre expédiée dans le monde sauvage qu’incarnait le « militarisme prussien». C’est l’élite prussienne qui, dissimulant à son peuple et aux meilleurs des intellectuels allemands la réalité des actes commis, porte la responsabilité des atrocités de ces débuts de guerre. Les phrases accusatrices ne manquent pas.

Préface
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Tel est pourtant le rôle que s’est assigné Romain Rolland en proposant non pas d’abandonner la cause des Alliés, dont il espère la victoire, mais de ne pas haïr l’adversaire que l’on combat afin de préparer la paix dans la guerre. Il rappelle le sens de cette haute mission dans le texte (7 février 1915) précédant l’édition d’un manifeste émanant du Nederlandsche Anti-Oorlog Raad (Conseil néerlandais contre la guerre). Rolland y dit travailler à « maintenir la pensée européenne à l’abri des ravages de la guerre, et en ne cessant de lui rappeler son plus haut devoir qui est, même dans les pires tempêtes de passions, de sauvegarder l’union spirituelle de l’humanité civilisée ».

Préface
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