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Citations sur Au-dessus de la mêlée (71)

L’un des thèmes majeurs qui frappe tout lecteur d’Au-dessus de la mêlée est le dégoût de la haine qui s’en dégage, alors même que celle-ci s’est imposée à toutes les plumes décidées à soutenir l’ardeur des combattants. Les épreuves corrigées révèlent que Rolland hésita entre deux titres, Au-dessus de la haine puis Contre la haine, avant d’opter finalement pour Au-dessus de la mêlée. Selon lui, on peut en effet traiter l’ennemi autrement qu’en l’accablant d’une haine conduisant à le rejeter hors de l’humanité. Rolland lui-même se trouvait en butte à la haine émanant d’adversaires – des « ennemis », écrit-il, qu’on peut imaginer prêt à l’occire – ne partageant point ses idées : « Je me suis trouvé, depuis un an, bien riche en ennemis. Je tiens à leur dire ceci : ils peuvent me haïr, ils ne parviendront pas à m’apprendre la haine », soutient-il fièrement au seuil d’Au-dessus de la mêlée. La résistance opiniâtre de l’écrivain se fonde en effet sur le rejet résolu d’un sentiment constituant le principal composant de la culture de guerre, à laquelle il est sans doute l’un des rares à échapper à peu près tout à fait.

Préface
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Dans son Journal, Rolland reproduit une lettre anonyme rédigée le jour même de la parution de l’article de Souday. Elle semble l’avoir beaucoup atteint, tant elle mettait à bas l’utopie conversationnelle de Rolland selon laquelle le désaccord, même profond, devait s’exprimer à l’exclusion de toute haine : « Sans patrie… Le journal Le Temps te dit tes vérités, espèce de crétin prétentieux, tu ne sais pas plus penser qu’écrire, quelle bouillabaisse (et encore sale) et mauvaise qu’un article de toi. Combien les massacreurs de femmes et d’enfants te paient-ils pour faire cette sale besogne ? Ton caractère, parle donc celui des autres, cela te va bien, cireur de bottes, c’est celui d’un lâche plat valet devant celui que tu crois le plus fort. On devrait te laver la figure dans les crachats que tu mérites, crachats d’honnêtes Français. J’ai lu tes livres idiots, mal écrits, incompréhensibles, tu as le style d’un échappé de Charenton. Le Temps te fait beaucoup d’honneur en te classant au nombre des intellectuels car tu n’es qu’un gâteux, candidat à la paralysie générale! »

Romain Rolland, Journal des années de guerre, 1914-1919, op. cit., p. 182-183.

Préface
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Adossé à une anthropologie dont l’homme ne sort pas grandi – « L’homme une fois déchaîné est pire que l’animal. Et tous les hommes se valent, une fois qu’ils sont des bêtes» –, Romain Rolland ne cessa plus de noircir les pages de son Journal, pour y consigner ses vues les plus sombres, ressassant son désespoir.

Préface
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La guerre surprit l’écrivain, âgé de quarante-huit ans, alors qu’il se trouvait en villégiature à Vevey, en Suisse. Il en fut immédiatement désemparé. L’assassinat de Jaurès, pour lequel il professait un mélange d’admiration (« pour sa bonté réelle, pour son humanité») et d’antipathie (« pour son opportunisme politique»), l’avait atteint comme le plus sinistre des présages. L’invasion du Luxembourg, puis l’ultimatum lancé à la Belgique par l’Allemagne, acheva de le désespérer. Dès le 4 août, les termes d’un pessimisme sans appel sont posés : « Je suis accablé. Je voudrais être mort. Il est horrible de vivre au milieu de cette humanité démente, et d’assister, impuissant, à la faillite de la civilisation. Cette guerre européenne est la plus grande catastrophe de l’histoire, depuis des siècles, la ruine de nos espoirs les plus saints en la fraternité humaine. »

Préface
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En une lettre adressée au poète et essayiste Marcel Martinet, engagé dans le combat syndical, il reconnaissait bien volontiers qu’il n’était en rien un « homme d’action », préférant se définir comme un « contemplatif qui aime à voir, à comprendre, à chercher le rythme et l’harmonie cachés». Attaché depuis toujours à la défense de l’Esprit, quel que fût son passeport – ce fut là toujours toute sa politique –, Romain Rolland s’éleva cependant avec une énergie peu commune pour claironner son indignation face au consentement général qu’entraînait le « grand égorgement» né de l’ouverture des hostilités au mois d’août 1914.

Préface
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Avant de se brouiller avec lui, Rolland avait été des amis de Péguy. L’origine de la fâcherie ayant emporté l’amitié des deux hommes était éditoriale : elle concernait la publication d’un roman-fleuve, Jean-Christophe, que Rolland avait confié à Ollendorff, après une première édition étalée entre 1904 et 1912 dans les Cahiers de la quinzaine de Charles Péguy. Le roman avait contribué à propulser Romain Rolland sur la scène littéraire sans pour autant faire de lui un écrivain de premier plan. Se tenant à l’écart de l’agitation parisienne – c’est le thème de l’un des volumes de Jean-Christophe intitulé La Foire sur la place –, Rolland était, par certains côtés, l’anti-Zola par excellence, s’étant d’ailleurs tenu à peu près coi durant l’affaire Dreyfus, effaré par le tumulte et peu prêt à suivre un camp plus qu’un autre par indépendance d’esprit. Les circonstances firent pourtant de cet individualiste spiritualiste l’un des types répertoriés de l’intellectuel engagé : l’écrivain dissident.

Préface
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Avant de se brouiller avec lui, Rolland avait été des amis de Péguy. L’origine de la fâcherie ayant emporté l’amitié des deux hommes était éditoriale : elle concernait la publication d’un roman-fleuve, Jean-Christophe, que Rolland avait confié à Ollendorff, après une première édition étalée entre 1904 et 1912 dans les Cahiers de la quinzaine de Charles Péguy. Le roman avait contribué à propulser Romain Rolland sur la scène littéraire sans pour autant faire de lui un écrivain de premier plan.

Préface
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Au-dessus de la mêlée appartient à la famille des livres qui se confondent avec leur auteur. (...) Avant ce coup d’éclat, qui constitue l’un des événements les plus remarquables dans l’histoire des intellectuels européens, comparable au « J’accuse » d’Émile Zola, la notoriété de Romain Rolland ne dépassait guère un cercle d’amateurs, parfois fervents, mais au périmètre réduit.

Préface
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Faut-il que le plus fort rêve perpétuellement de faire peser sur les autres son ombre orgueilleuse, et que les autres perpétuellement s'unissent pour l'abattre ? À ce jeu puéril et sanglant, où les partenaires changent de place tous les siècles, n'y aura-t-il jamais de fin, jusqu'à l'épuisement total de l'humanité ?
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« Les hommes ont inventé le destin afin de lui attribuer les désordres de l'univers, qu'ils ont pour devoir de gouverner. »

« Le métier des intellectuels est de chercher la vérité au milieu de l'erreur. »

« L'homme cultive les vices qui lui sont profitables ; mais il a besoin de les légitimer ; il ne veut pas les sacrifier : il faut qu'il les idéalise. »

« Nous avons deux cités : notre patrie terrestre et l'autre, la Cité de Dieu. De l'une, nous sommes les hôtes ; de l'autre, les bâtisseurs. Donnons à la première nos corps et nos cœurs fidèles. Mais rien de ce que nous aimons, famille, amis, patrie, rien n'a de droit sur l'esprit. L'esprit est la lumière. Le devoir est de l'élever au-dessus des tempêtes et d'écarter les nuages qui cherchent à l'obscurcir. Le devoir est de construire, plus large et plus haute, dominant l'injustice et les haines des nations, l'enceinte de la ville où doivent s'assembler les âmes fraternelles et libres du monde entier. »
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