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3,67

sur 2236 notes
Un million d'exemplaires vendus, un prix, une série télé, ♫ et moi, et moi, et moi ?♫
Il m'a fallu beaucoup de temps pour rentrer dans cette histoire d'amour et d'amitié - suis-je normale ? ;-).

La narration est particulière. Un peu plate. Les dialogues ne ressortent pas du texte, ils sont noyés dans les paragraphes. Ce roman censé se passer en Irlande, dont Dublin, pourrait se dérouler n'importe où. Il est comme aseptisé, privé d'identité, d'ADN....

Connell et Marianne vont dans le même lycée, ils sont tous les deux extrêmement intelligents, et tout indique qu'ils auront une mention très bien au bac .
Là s'arrêtent leurs points communs et commencent leurs différences.
Il est très beau , pas elle..
Le père de Marianne est mort , celui de Connell est absent du paysage depuis sa naissance, sa mère travaille comme femme de ménage chez celle de Marianne, laquelle habite un immense manoir.
Il est bon en foot, a pleins d'amis, est parfaitement intégré ; elle, pas du tout. Elle est froide distante, subit de la maltraitance chez elle et au lycée où elle n'est proche de personne.
Et pourtant, un jour, ils se rapprochent : attirance intellectuelle ? attirance sexuelle ?
Un peu des deux ,mais aussi parce que Connell ne se sent pas aussi à l'aise avec les autres filles qu'avec Marianne. Mais le garçon impose à la jeune fille, le secret, car il a du mal à assumer cette relation devant ses amis.
Grace à Marianne, il visera haut pour le choix de son université et il se retrouveront à Dublin tous les deux, seulement voilà , leur relation a pris fin avant la fin des cours à cause de ce secret, et à la fac, tout a changé, Connell se sent emprunté, pas à sa place au milieu des gosses de bourgeois. Marianne, grand seigneur, lui tendra la main...

Quatre ans d'amitié, de relations amoureuses interrompues , souvent pour incompréhension, d'autres partenaires, de dépression...
C 'est que ces deux là sont compliqués...
C'est en cela que ce roman d'apprentissage est loin d'être universel car peu de gens se reconnaîtront dans ces portraits... Ils se reconnaîtront dans les hésitations, dans le manque d'assurance, dans les balbutiements, dans le fait de vouloir faire partie d'une bande, d'un tout. Etre normal : qu'est ce que ça veut dire ?

J'ai trouvé que les portraits psychologiques des deux personnages étaient inégaux. Autant l'évolution, les errements les doutes, de Marianne s'expliquent par sa famille ( les rapports entre elle et sa mère, elle et son frère) , autant j'ai eu plus de mal avec l'évolution de Connell. J'ai bien compris que c'était un taiseux, qu'il y avait un gouffre financier entre lui et ses nouveaux "collégues", mais ses qualités intellectuelles, le plaisir qu'il pourrait tirer de l'enseignement, de se retrouver avec des personnes qui le tirent vers le haut, la stimulation intellectuelle devrait être vécue comme quelque chose de positif.
L'auteure a oublié cet aspect là de la vie estudiantine, de même qu'elle a oublié en route qu'il était très sportif (foot au lycée) , il me semble qu'il aurait dû continuer à faire du sport dans le post bac, cela aurait contribué à son bien-être (endorphines) et à sa côte de popularité . Comment a-t-elle pu oublier cela en route ? La construction de ce personnage n'a aucune logique, aucune continuité.
Mais sans doute avait-elle besoin de faire monter la sauce au niveau névroses, ses personnages ne savent pas comment se faire du bien en dehors d'un lit, Attirés l'un par l'autre mais se fuyant toujours, s'aimant mais voulant n'être que des amis...
Mais que ces deux là sont compliqués !

La morale de l'histoire, c'est qu'ils seront toujours là l'un pour l'autre. Reste à savoir si les deux entendent ce "là" de la même façon, au même moment et avec autant d'intensité...
Ce roman a fait un carton, je ne comprend pas pourquoi un tel engouement !
Je ne pense pas regarder la série.
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« Normal People » est le deuxième roman d'une jeune auteure irlandaise, Sally Rooney, dont le premier livre, « Conversations entre amis », esquissait le portrait doux-amer de la génération des millennials.

Le roman nous narre les années charnières qui marquent la fin de l'adolescence et le début de la vie adulte de Connell et Marianne, qui ont grandi ensemble à Carriklea, une ville de province irlandaise. Son titre est teinté d'ironie, tant les failles de Marianne sont béantes, et tant la normalité de Connell n'est qu'apparence. On peut également y lire l'aspiration sincère de ses deux héros à entrer dans la ronde, à intégrer le cercle des « gens normaux ».

Issue d'une famille aussi aisée que dysfonctionnelle, Marianne est une lycéenne introvertie et un peu hautaine qui n'a jamais intégré les codes que maîtrise à la perfection Connell, beau jeune homme en vue du lycée, footballeur et élève émérite. Ce dernier est élevé par Lorraine, mère célibataire employée comme femme de ménage par la famille de Marianne.

L'alchimie improbable entre Connell et Marianne est une évidence, et les deux adolescents deviennent rapidement amants. S'ils partagent d'indéniables facilités intellectuelles ainsi qu'un goût sincère pour la littérature, le gouffre qui sépare leurs classes sociales et leurs réputations lycéennes respectives semble immense. C'est d'ailleurs pour respecter les codes implicites qui régissent la vie des lycéens que le couple ne s'affiche pas, et que Connell n'invitera pas Marianne au bal de fin d'année.

Il décidera néanmoins de suivre cette dernière au Trinity College de Dublin pour y étudier les Lettres. Les jeunes amants vont rompre, devenir amis et les rôles vont s'inverser. Tandis que Marianne évolue enfin comme un poisson dans l'eau parmi les étudiants aisés de la célèbre faculté, Connell cherche sa place dans ce milieu particulier où des étudiants discourent sans fin sur des livres qu'ils n'ont jamais lus.

Les mois, les années passent, Connell et Marianne vont continuer à s'aimer à leur façon, à évoluer en miroir inversé. Ils affronteront l'un et l'autre les fêlures tapies dans l'ombre depuis le début de leur histoire, et pourront compter sur le lien intangible qui les relie depuis la fin de leur adolescence.

« Normal people » permet à Sally Rooney de disséquer au scalpel cette période clé qui va de la fin du lycée aux premières années passées à l'université. L'auteure dévoile avec une finesse étonnante l'importance du qu'en-dira-t-on, la cruauté inouïe qui s'abat sur celui ou celle qui sort un tant soit peu de la norme, la nécessité presque vitale de faire partie des « Normal People ».

Au fur et à mesure des revirement successifs qui marquent l'évolution de la relation entre Marianne et Connell qui oscille inlassablement entre amour et amitié, l'intrigue devient à la fois plus sombre et plus lointaine. L'auteure approfondit les non-dits, les fêlures, les failles qui menacent d'emporter ses héros. le roman glisse ainsi sur une pente psychanalytique en explorant les méandres de la dépression qui frappe Connell et les pulsions masochistes qui hantent Marianne.

« Normal People » séduit par la facilité déconcertante avec laquelle l'auteure instaure une atmosphère, une forme d'intimité entre le lecteur et ses héros, ainsi que par l'acuité parfois cruelle du regard qu'elle porte sur une certaine jeunesse irlandaise.

Et pourtant, les trop nombreuses oscillations de la relation entre Connell et Marianne, le développement aussi sombre que psychologisant de l'intrigue m'ont davantage décontenancé qu'ému. A l'instar des héros du roman, je suis resté à distance, je ne suis pas parvenu à entrer dans la ronde, à intégrer le monde un peu froid des « Normal People ».
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L'histoire de Connell et de Marianne, c'est une histoire d'amour mais aussi celle du chat et de la souris. On les rencontre en janvier 2011 alors qu'ils sont encore lycéens. Connell est un jeune footballeur, aussi bon et populaire dans ses études que dans ses activités sportives et qui bénéficie d'un certain succès. Marianne, bien que riche, est une jeune fille solitaire, qui – malgré sa réussite scolaire – ne parvient pas à se faire des amis. Tout porterait à croire que rien ne les pousserait à se fréquenter à part Lorraine, la mère de Connell qui travaille pour la riche famille de Marianne. Vient ensuite l'université, ses codes mais aussi le renversement de popularité.

C'est tout un pan de leur vie que nous conte Sally Rooney jusqu'en février 2015, aux travers des moments de bonheur mais aussi de leurs failles. D'abord au sein du lycée puis à l'université où les chamboulements se multiplient pour cette jeunesse qui n'est pas encore prête à affronter sa vie d'adulte. Ayant connu aussi cette période de l'université où, à peine âgée de 18 ans, toutes nos certitudes s'effondrent et qu'on quitte doucement les chemins de l'enfance pour l'âge adulte, j'ai pu ressentir les émotions et sentiments que l'auteure a souhaité condenser dans ses personnages.

Sally Rooney nous conte une histoire contemporaine d'amitié et d'amour, dans laquelle Connell et Marianne se perdent pour parfois mieux se retrouver mais aussi parfois mieux se quitter. C'est un récit sensible, sans pourtant tomber dans le mièvre que cet apprentissage de la vie. Très actuelle, l'histoire parvient à attirer le lecteur qui ne peut que se demander si les chemins des deux personnages principaux arriveront à devenir plus qu'un seul.

Souvent le lecteur pourra être frappé par la justesse des émotions, par l'essence des échanges. Écrit avec un style assez direct et clinique, c'est alors parfois malaisé de s'attacher aux protagonistes. le fait que le regard des autres importe beaucoup pour ces deux jeunes ne fait que nous renvoyer à notre société actuelle où on étale sa vie sur les réseaux sociaux, cherchant en quelque sorte l'approbation de nos concitoyens.

Une petite originalité dans la forme de ce livre est que les dialogues ne sont pas édités comme les livres traditionnellement, ce qui ne permet pas de les distinguer clairement par rapport au reste. Cela m'a quelque peu déstabilisée au départ car j'ai dû m'y habituer et je pense que ce style risque de rebuter plus d'un lecteur.

Pour les aficionados de films et séries, sachez que ce livre « Normal people » a déjà été adapté sous le format d'une série irlandaise de 12 épisodes d'une trentaine de minutes chacun. Je compte bien la regarder très prochainement et vous ferai part de mon ressenti quant à cette adaptation.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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J'ai eu une curieuse expérience avec ce roman, reçu de mon fils en 2019.

Je ne l'avais pas aimé, lui attribuant deux étoiles et demi mais, faute d'arriver à développer mon ressenti, ne l'avais pas critiqué ici.

J'ai néanmoins éprouvé le besoin de le relire récemment - bizarre me direz-vous pour un livre que je n'avais pas aimé.
Durant près de quatre ans, Il est resté à portée de main, je ne pouvais me résoudre a le ranger tant que je n'aurais pas rédigé mon avis…
Ma seconde lecture entérinait toutefois mon opinion initiale, ce livre n'est pas pour moi, ne ressentant aucune empathie avec les deux personnages principaux dont les chemins ne font que se croiser et se séparer: suis-je à ce point en décalage avec cette jeune génération ?

Lors de la rédaction de ce billet, j'ai entamé une troisième lecture et là, surprise : j'ai été charmé par cette dernière lecture tout d'abord par l'écriture de Sally Rooney, très fluide, parsemée de nombreux dialogues, et avec de touchantes descriptions des lieux ou des sentiments :

« Il y avait dans tout quelque chose de sensuel : l'odeur de renfermé des salles de classe, le timbre métallique de la sonnerie de fin de cours, les arbres sombres et maussades qui se dressaient telles des spectres autour du terrain de basket.”

“Parfois, il a l'impression que Marianne et lui sont des patineurs artistiques, improvisant leurs discussions avec une adresse et une synchronisation si parfaite qu'ils s'en étonnent tous les deux.”

J'ai eu un véritable plaisir de relire le livre en entier au point de totalement changer de point de vue !

J'ai pu dépasser mes réticences devant les moments de parfaite symbiose entre Connell et Marianne suivis de ruptures dues à une mauvaise communication entre eux, le roman va en effet plus loin et aborde de nombreux thèmes tels l'opinion des autres, la soumission et le consentement dans les relations sexuelles, les violences familiales, l'alimentation, la santé psychique, la dépression et les envies suicidaires et bien évidemment le capitalisme, l'argent et les différences de classe sociale.
“Tout le monde fait semblant de ne pas savoir que leur vie sociale obéit à une hiérarchie où certains sont tout en haut, où d'autres se bousculent à mi-hauteur, et où les derniers se débattent tout en bas”.

Les deux protagonistes sont cultivés, lisent Proust, Baldwin, Mao, Salter, Austen,…, s'intéressent à la politique, à la Syrie, à Gaza et la crise souveraine en Europe.

le roman se structure en chapitres donnant tour à tour un regard sur les pensées des deux jeunes, avec des intervalles de quelques mois. Et se livrent à des introspections

Bref, ce fut au total un renversement total de mon opinion et je passe à quatre étoiles !

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«  Elle a passé la plupart de son enfance et de son adolescence à élaborer des plans sophistiqués pour s'épargner les conflits familiaux » .

«  À l'école , les garçons avaient tenté de la briser à force de cruauté et de mépris » .
Deux extraits de ce roman qui conte les années charnières marquant la fin de l'adolescence , puis le début de la vie adulte de Connell et Marianne .

Ils ont grandi dans la même ville d'Irlande .

Elle , la solitaire plutôt intello, assez maladroite : les garçons avaient tenté de la briser, à l'école comme à la fac soit par le mépris et l'irrespect soit , à la fac à l'aide du sexe et de la popularité , tous dans le but commun de dompter sa force de caractère .

Sans cesse , le bouc émissaire ..
Personne ne lui adresse la parole , elle a peu d'amis
Connell , au contraire est le joueur de foot , en vue, très populaire.
L'étincelle se produit : le fils de Lorraine , femme de ménage , et l'intello sophistiquée connaissent ensemble leur premier amour .

Un an plus tard , Marianne s'épanouit au Trinity Collège de Dublin , Connell lui , a beaucoup de difficultés à s'adapter à la vie universitaire .
Entre eux, le jeu commence : un jour tout va bien , le lendemain ,le drame pointe et les sentiments vacillent ….

Deux personnalités différentes, deux milieux sociaux opposés , les deux personnages sont indécis, compliqués .

Ils intellectualisent trop : d'où des relations tourmentées , des allers et retours tissés de hauts et de bas.

On suit leur histoire d'amour de janvier 2011 à février 2015, : leurs espoirs , leurs doutes , leurs errances affectives et intellectuelles , leurs complexités mêlées , leurs tourments ,leurs indécisions .
L'auteure nous livre un roman d'apprentissage , sur l'humain , le devenir, .le sexe , la jeunesse, l'amitié .
Le style me paraît plat …
Je vais décevoir les inconditionnels …
Je n'ai pas été vraiment convaincue , trop de longueurs , de mollesse , je me suis ennuyée ….à suivre le première amour entre Marianne, la solitaire, et Connell le taiseux .

On nous dit que c'est un roman phénomène , il m'a plutôt déprimée !
Mais bon, ce n'est que mon humble avis , bien sûr.
Je ne suis pas le bon public .
Emprunté par hasard à la médiathèque .
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Le bandeau qui orne la couverture de Normal People et qui annonce un million d'exemplaires vendus peut servir de repoussoir à l'amateur de littérature exigeante (ou se croit tel). Qui plus est quand le livre est devenu matière à mini-série et que le premier roman de l'irlandaise Sally Rooney, Conversations entre amis, semblait, sans s'être donné la peine de le lire, du genre poids léger. Funeste erreur, mea maxima culpa, voici une auteure qui vous attrape par le col dès les premières lignes et ne vous lâche plus. Et d'abord, quel bonheur de lire un ouvrage qui ne cherche pas à imposer une construction tarabiscotée mais préfère progresser dans le temps, sur 4 ans, réservant les quelques flashbacks à l'intérieur même des différents chapitres, chacun séparé de plusieurs mois du précédent, entretenant un suspense constant. le livre traite exclusivement des relations entre Connell et Marianne, lycéens puis étudiants, entre amitié, amour et rejet. le livre est excitant parce qu'il exploite un thème universel, avec tous ses nombreux à-côtés, et riche d'une précision psychologique qui a quelque chose de presque effrayant. Les deux héros du livre sont loin d'être parfaits, soumis à un jeu social perpétuel et cruel pour lequel leurs armes ne sont guère affutées, les exposant à la dépression, voire à une dégradation de leur état mental. Marianne et Connell se sont trouvés mais ils se fuient sans arrêt, se frôlent, se touchent, s'éloignent, intimement convaincus qu'ils sont faits l'un pour l'autre mais pas assez mûrs ou trop peu sûrs d'eux-mêmes ou de l'autre pour avoir le courage de voir la réalité en face. Ce constant va-et-vient dessine une carte du tendre moderne et elle est infiniment complexe, rappelant, avec un éventail moins large, celle du formidable roman québecois La trajectoire des confettis. Par son style et par ses remarquables dialogues, Normal People fait aussi parfois penser à Philippe Djian, quand il est à son meilleur et nous déconcerte et nous séduit à la fois, par un côté direct et en même temps très travaillé et sophistiqué dans ses entrelacs. Un million d'exemplaires vendus, émois, émois, émois !
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Normal people raconte une histoire vieille comme le monde, celle de deux adolescents qui tombent amoureux, oui mais...Connell fait partie des élèves populaires du lycée quand Marianne, différente et solitaire, est rejetée par tous, oui mais... Connell est élevée par une mère célibataire qui fait le ménage dans la famille dysfonctionnelle et néanmoins richissime de Marianne, oui mais... quand les deux jeunes gens quittent leur petite ville de province pour aller étudier à Dublin, les rôles semblent s'inverser. Qu'adviendra-t-il de cet amour ?

Normal people m'a d'abord captivée par son ton à part, sa manière de raconter tant de choses si cruelles en quelques pages, sa narration résolument moderne qui ne perd pas de temps en description mais nous fait partager les pensées et actions des personnages. J'ai souffert avec Marianne de cet amour à sens unique, de tous ces espoirs déçus et des blessures profondes que lui inflige Connell sans même s'en rendre compte. Je me suis attachée à ces personnages et ai continué à les suivre avec intérêt à leur départ pour Dublin et l'université, là où les rôles semblent s'inverser, là où les classes sociales, le patrimoine culturel et financier, la profession des parents commence à compter. L'auteur m'a fait partager le désarroi de Connell et la revanche (malgré tout amère) de Marianne, devenue une étudiante populaire et courtisée quand celui-ci n'arrive pas à s'intégrer.

Et puis, et puis, j'ai commencé à être agacée par de petits détails. J'ai trouvé que l'auteur en faisait trop avec sa vision des rapports de force entre classes sociales, enfermait ses personnages dans un destin pré-tracé sans leur laisser aucune chance d'évoluer ou de changer. Connell, décrit comme extrêmement brillant et intelligent, ne peut-il pas s'en sortir par les études et la réussite scolaire ? Marianne, certes traumatisée par sa famille et sa jeunesse, ne peut-elle pas évoluer et est-elle obligée de se complaire dans des relations humiliantes et sans lendemain ? Au fil des pages ce livre m'a paru de plus en plus artificiel et convenu, comme une mauvaise pièce de théâtre où les personnages devenus des archétypes ressasseraient toujours la même scène pour servir le propos de l'auteur. Car c'est malheureusement aussi ce qui arrive avec Normal People, les glissements dans le temps successifs dont la narration se construit et qui avaient beaucoup de charme au début finissent par raconter toujours la même histoire en mode "je t'aime moi non plus" : les personnages sont toujours à contretemps, s'aiment et se blessent, se quittent et se retrouvent, le tout est de moins en moins crédible et de plus en plus lassant, surtout quand la dépression et les comportements border-line s'en mêlent. J'ai fini ce roman avec soulagement, passablement lassée et agacée, ne voyant absolument pas où l'auteur voulait en venir et nous emmener. Ma lecture m'a finalement fait l'effet d'un sous "Un jour" de David Nichols auquel elle me faisait irrésistiblement penser depuis le début, la banalité et l'absence d'intérêt en plus. Je ne comprends pas le succès de ce roman : tout ça pour ça ?
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Je ne comprends pas vraiment l'engouement pour ce roman. Déjà, je n'avais pas aimé le premier roman de cette auteure, là c'est clair. Ce n'est pas pour moi. Je ne dois pas être la cible pour ses romans.
J'ai trouvé banale et ennuyeuse cette histoire d'amour amitié entre Connell et Marianne. Ils sont indécis, compliqués, ils intellectualisent tout. Je ne me suis attachée à aucun des personnages et le style est plat et j'ai trouvé les dialogues indigents. Je l'ai terminé ouf et je passe vite à autre chose. Je ne lirai plus rien de Sally Rooney.
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J'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman. Les demi-sourires hésitants, les visages de lune, les réponses qui se veulent insolentes sans l'être, m'ont assez vite lassée. Ce n'est pas tant l'étrangeté des personnages qui m'a dérangée, mais je trouve cette étrangeté assez immobile dans le sens où les personnages stagnent et se complaisent dans une histoire qui s'englue, et la plume de l'auteur piétine aussi. Les personnages lunaires de Yoko Ogawa pour prendre une référence que j'apprécie particulièrement me plaisent pourtant énormément, car elle met en évidence des fêlures visibles à travers ces étrangetés. Cela donne à ses personnages une épaisseur qui ouvre le récit et donne une envergure à la trame qui s'épanouit, puis révèle des personnages complexes et attachants. Ce n'est pas le cas ici. Il y a une complaisance à vouloir s'engluer dans l'étrangeté d'une relation qui n'évolue qu'avec beaucoup de pas en avant et mêmes pas en arrière, rougeurs, remarques sibyllines. le tout sur une trame finalement assez banale qui oppose deux personnages : le taiseux, l'expansive. le pauvre, la riche. le beau, la moche. L'histoire d'amour mal engagée, se noue, se dénoue. Et on charge la barque des névroses, parce que ça va bien avec l'époque. Enfin ça allait bien avec l'époque, parce qu'après cette pandémie, je n'ai pas envie de lire ça ! Ensuite, nous les suivons dans leurs études, leur relation sans cesse remise en cause, leurs dialogues brefs et nerveux. Rien de galvanisant, d'excitant ne ressort de ce récit.

Encore un livre trop gonflé par la critique qui aime les écritures plates ou blanches tant elles prêtent à interprétation dans de multiples directions, peuvent suggérer une chose et son contraire et rallier ainsi un maximum de lecteurs. D'ailleurs, c'est ce que vend la couverture du livre : plus d'un million d'exemplaires vendus. Et puis, celà permet de sortir l'argument de vente infaillible : écriture au scalpel. Quelques traits de visage et d'expression sont bien décrits. Mais tout le reste ne m'a pas particulièrement touchée. Et pourtant les personnages de cette tranche d'âge et les problèmes abordés auraient pu me plaire car ils traitent de problèmes actuels, d'une période pas souvent explorée en littérature. Mais c'est abordé avec une telle envie d'être près d'existences banales (mais attention compliquées à souhait) que l'on se demande bien pourquoi raconter tout ça dans un livre. Je n'ai pas retenu grand chose de cette histoire si hésitante, si insistante à décrire les névroses de jeunes gens dont les complications semblent inventées de page en page pour rallonger le texte, sans but ni logique, ni plaisir.

J'ai mis 2.5/5 mais j'avoue que j'aurais mis 3/5 si la critique n'avait pas été si élogieuse. La déception est grande. J'accorde une plume plate à ce livre. Pas acérée ni au scalpel comme ça a été écrit partout dans la presse.

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Marianne et Connell.
Connell et Marianne.
Moi, je les ai trouvés émouvants, poignants.
Sensuels. Incandescents.
Et ce malgré ce style un peu plat, terriblement dépouillé; malgré cette écriture clinique, si loin de tout ce que j'aime habituellement et qui parvient avec une implacable précision à dire toutes les nuances du désir et de l'amour, toute sa complexité quand la difficulté d'être soi et de se construire s'en mêlent, quand le doute et la fragilité sont là.
"Normal People" est un roman troublant, intense et fulgurant, terriblement clairvoyant, doux-amer, et dont la force réside justement dans le contraste entre le dépouillement de l'écriture, si froid, et la brûlure du propos.

Marianne et Connell.
Connell et Marianne.
Ils se sont connus au lycée, dans la petite ville d'Irlande dont ils sont originaires.
Lui est un beau gosse, doux et taiseux, sportif et apprécié de tous. le jeune homme a ce quelque chose du quaterback de ces séries américaines avec lesquelles on a poussé dans les années 2000... L'amour des livres et le manque de confiance en plus.
Elle est arrogante et n'a pas d'amis, elle n'est pas très jolie non plus. Rebelle, weird, asociale…
Parce que la mère de Connell fait des ménages dans la demeure cossue de la famille de Marianne, les deux adolescents en viennent à se fréquenter. Rapidement, un sentiment qui ne dit pas son nom les pousse dans les bras l'un de l'autre et c'est ensemble qu'ils font l'apprentissage du désir et de la sexualité, avec une rare intensité. Leur liaison demeure néanmoins secrète, à la demande de Connell qui n'assume pas vraiment cette histoire, attaché comme il l'est à sa réputation au lycée.
Les mois passent, le lycée aussi: c'est l'heure de l'université et de Trinity College où nous retrouvons les deux personnages qui s'y retrouvent eux-mêmes. Comme par un effet du destin, les rôles s'inversent à Dublin: alors que Marianne s'épanouit et embellit dans ce nouvel environnement, Connell est en marge, rongé de mal-être et de solitude. Leurs retrouvailles, l'amitié amoureuse qui en résulte sont, pour un temps, la seule lueur qui perce le gris de son horizon, jusqu'au prochain coup de théâtre, car au fil des mois et des années, Marianne et Connell ne se quitteront jamais vraiment, embourbés dans une relation indéfinissable où désir et émulation intellectuelle se cherchent et se répondent sans jamais se comprendre vraiment… Un jeu du chat et de la souris où chacun apaise les démons de l'autre avant de disparaître happé par d'autres bras, d'autres rêves; où le timing n'est jamais le bon, surtout…

Dans cette histoire d'amour impossible, pétrie de grâce et de douleur ,de rendez-vous manqués et qui hésite entre désespérance et romantisme infuse aussi une bonne mesure de pessimisme, à peine éclairée par une fin qui fait battre le coeur un peu plus vite, sans mièvrerie aucune. Une fin qui n'en ai pas une.
C'est un voyage beau et éprouvant ce "Normal People", qui semble tendre un miroir à notre société désenchantée pour la mettre face à toutes ses contradictions, pour lui faire réfléchir à ses amours, ses doutes, ses rêves et ses fragilités. Pour lui dire que ça vaut peut-être le coup d'être soi, et d'y croire encore aussi. Malgré tout.

Et quelle acuité dans la réflexion de la part de Sally Rooney, quelle intelligence, quelle modernité aussi dans cette manière de détricoter sentiments et schémas de pensées… le texte en acquiert presque une dimension salvatrice en plus de sa beauté et ce, grâce à deux personnages d'une rare complexité dont les failles et la vulnérabilité constituent sans doute la plus belle part.



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