AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,06

sur 419 notes
5
22 avis
4
21 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« En Charles-Joseph se réveillaient les vieux rêves puérils et héroïques, qui, aux vacances, sur le balcon paternel, l'envahissaient et le comblaient de bonheur, aux accents de la Marche de Radetzky. Le vieil empire défilait sous ses yeux, dans toute sa puissante majesté. Le sous-lieutenant pensait à son grand-père, le héros de Solferino, à son père, dont l'inébranlable patriotisme était comparable à un petit mais solide rocher parmi les hautes montagnes de l'omnipotence habsbourgeoise. »

Les Trotta doivent tout à l'empereur d'Autriche, François-Joseph : un coup d'éclat du grand-père à la bataille de Solferino aura pour conséquence l'anoblissement de cette famille d'origine paysanne. le fils du héros sera préfet et le petit-fils, Charles-Joseph, sous-lieutenant dans la cavalerie puis dans l'infanterie, aura un destin certes moins brillant, mais tout aussi contraint par cette loyauté attendue et voulue, dont il ne s'échappera pas, malgré ses désirs.

Toute la société austro-hongroise du règne finissant de François-Joseph est terriblement figée dans un passé qui se veut glorieux. Mais même les empires ne durent pas. Et c'est bien à un effondrement attendu qu'il nous est donné d'assister à la lecture de ce roman profond et pourtant accessible.

L'écriture de Joseph Roth m'a semblé exemplaire pour évoquer ces personnages corsetés et malheureux. Autant dire qu'il n'y sera pas beaucoup question de sentiments et encore moins d'amour. Les personnages féminins y sont rares, mais les deux plus importants m'ont marqué par leur liberté de vie. le ton hésite entre nostalgie d'une époque révolue et description foisonnante d'une mécanique mortifère : sens des convenances et de l'honneur avant tout, esprit de caste poussé à l'extrême, antisémitisme des élites. Et pourtant l'auteur donne le sentiment de regretter cette époque.

Ce roman je pense le relire dans quelques années : il est du genre dont ont ne découvre jamais toutes les beautés à la première lecture.
Commenter  J’apprécie          350
J'ai lu ce roman dans le même cadre que le Guépard, pour le cours de l'agrèg sur les romans de la fin du monde... Et donc, malgré son statut de chef d'oeuvre de Joseph Roth, et toutes ses qualités indéniables d'écriture, il a pour moi souffert de la comparaison avec le chef d'oeuvre de Lampedusa. Les deux oeuvres partagent ce thème crépusculaire de l'Histoire, passant d'une époque à une autre, phénomène terrible dont sont victimes les personnages, habitués à servir un régime qui s'efface, ce qu'ils refusent d'accepter... Ici, il s'agit de la mort de l'empire austro-hongrois et de l'avènement de la première guerre mondiale. En attendant, on suit la famille Trotta sur trois générations, et vu la vie très austère, militaire, qu'ils mènent, on peine (mais cela finit par arriver) à ressentir quelque sympathie pour eux.

Je pense surtout à François von Trotta, comble du fonctionnaire austère, froid, enfermé dans sa routine, dans le protocole... Heureusement, les choses changent suite à un évènement venant bouleverser l'armure de son coeur, et il nous apparaît alors beaucoup plus sympathique, émouvant et humain. Mais jusqu'à lors, tout résidait dans le non-dit, dans des proportions gênantes, voire irritantes. Son fils, par contre, soldat médiocre, qui sombre dans une déchéance absolument pitoyable, ne prenant jamais en main sa destinée à temps, n'atteint notre affect que lors de son adolescence et sa liaison avec Mme Slama (superbes passages et descriptions rurales, et à ce propos, l'apothéose à ce sujet vient lors de toute la présentation de la frontière austro-russe en début de deuxième partie, où l'on respire littéralement cette nature marécageuse qui vit, où le temps s'arrête!) ainsi qu'à la toute fin.

L'image du Père, figure d'autorité impressionnante et effrayante, qui pousse chaque fils dans de mauvaises directions, engendre également le destin funeste de la famille. Les moments où François ouvre les yeux à ce propos sont d'autant plus touchants. La Mort est l'autre grande instance récurrente dans le roman, effroi voulu initiatique pour chaque membre de la famille (surtout Charles-Joseph qui voit plus d'un cadavre), mais c'est d'autant plus frustrant que Charles ne se décide jamais à agir, sans doute parce que le destin des Trotta était effectivement lié à l'empereur, la lignée devait logiquement s'éteindre avec l'empire comme il est dit à la fin... La Marche de Radetzky, qui donne son titre à l'oeuvre, rappelle à chaque fois un passé révolu, idéalisé, d'insouciance militaire, de dévotion aveugle à l'empereur sans se poser de questions, sans voir l'horreur réelle de la guerre qui doit arriver et la chute de l'édifice historique.

Un beau roman donc, mais qui fait selon moi pâle figure face au Guépard, et qui est parasité par tout le fatras détaillé du monde militaire dans lequel nous sommes plongés... Il n'est certes pas mis en valeur, mais on l'ingurgite à dose assez conséquente. Je dirais également que le roman aurait gagné à être un peu élagué, même si souvent, les actions s'enchaînent assez rapidement.
Commenter  J’apprécie          234
« Toutes ces marches se ressemblaient comme des soldats. Pour la plupart, elles commençaient par un roulement de tambour, comportaient un air de retraite aux flambeaux, au rythme accéléré pour les besoins de la marche militaire, un sourire éclatant des gracieuses cymbales et s'achevaient sur le tonnerre grondant de la grosse caisse, ce bel orage de la musique militaire. »
Sur l'air de la Marche de Radetzky, pièce instrumentale de Johann Strauss père, qu'il écoutait enfant, Charles-Joseph von Trotta, sous-lieutenant des uhlans de l'empire vieillissant austro-hongrois, aurait ardemment souhaité s'illustrer sur les champs de bataille, à l'instar de son grand-père Joseph Trotta, un paysan slovène. En 1859, à Solferino lors de la campagne d'Italie, ce dernier sauva effectivement la vie de l'empereur François-Joseph 1er d'un tir mortel, ce qui lui valut sur-le-champ un anoblissement inespéré. Mais en temps de paix, difficile de s'épanouir dans l'armée. Dépendance au jeu, alcoolisme, amours adultérines, le petit-fils s'ennuie et se divertit comme il peut, loin de la surveillance de son père François, préfet d'une petite commune.
« À travers les jalousies vertes, le soleil dessinait de minces rayures sur le tapis grenat. Une mouche bourdonnait, l'horloge faisait tic-tac. » L'empire multiforme incarné par son vieil empereur vivait sans le pressentir ses derniers instants avant le déclenchement de la Grande Guerre et c'est dans ce contexte particulier que Joseph Roth a campé son récit. L'histoire d'une famille liée aux Habsbourg par un acte héroïque qui pèsera obstinément sur la génération suivante. La Marche de Radetzky, c'est une lancinante progression vers l'anéantissement d'un monde connu, l'éclatement d'un empire cerné par le progressisme et les mouvements révolutionnaires émergeants.
C'est à Stefan Zweig que j'ai pensé après avoir refermé ce roman. Principalement pour l'intense nostalgie émanant du texte et pour l'implacable sentiment de perte liée au changement.
Commenter  J’apprécie          181
Récit de la fin du glorieux Empire austro hongrois à travers la ridicule famille Trotta.
En sauvant le jeune empereur François Joseph à la bataille de Solférino, le jeune lieutenant von Trotta est anobli et propulsé dans un monde dans lequel ni lui ni ses descendants ne seront à l'aise. Hommes médiocres, sans humour, leur horizon indépassable est la figure de l'ancêtre, le "héros de Solférino".
Peinture d'un monde qui se désagrège, de destins d'hommes médiocres, ridicules où tout est réglé par avance et où les apparences comptent plus que tout.
Quelques acteurs plus perspicaces de cette société ont conscience de cette désagrégation, d'autres agissent de façon immuable comme si leur monde devait durer toujours.
Beaucoup d'humour à travers les détails, personnages et situations.
Le roman se termine avec la mort de François Joseph.
Le roman rappelle "le monde d'hier" de son ami Zweig en moins factuel et moins personnel.
Commenter  J’apprécie          150
Découvert par hasard grâce à ma liseuse (roman téléchargé gratuitement car "tombé" dans le domaine public...), ce roman ne me serait jamais passé dans les mains sans ce hasard, justement... L'histoire ne m'attirait pas plus que ça (l'empire austro-hongrois avant la guerre de 14-18, vu par une famille de bourgeois de province...), et pourtant ce roman m'a beaucoup plu !
C'est l'histoire de la famille von Trotta, ou plutôt des hommes de la famille von Trotta, avec pour point de départ le grand-père qui sauve l'Empereur de la mort à la bataille de Solferino. Geste héroïque qui aura des répercussions sur ses descendants, son fils, devenu préfet, et son petit-fils, devenu militaire par obligation paternelle. Mais chacun a un peu "loupé" sa vie, leur monde se délite en même temps que l'Empire...
C'est ceci qui est très habile dans ce roman, le parallèle discret entre une certaine forme de décadence dans la société et la fin du monde du XIXème siècle, avec la guerre de 14 qui arrive et va changer le monde... le style est excellent, certes classique mais efficace, une belle langue, cela fait plaisir à lire !
Une belle découverte d'un classique pas si austère qu'il n'y paraît...
Commenter  J’apprécie          150
La marche de Radetzky est une oeuvre musicale de Johann Strauss que vous avez probablement entendue, au moins une fois. Militaire, martiale, elle rythme le livre de Joseph Roth dont il lui donne le titre.

Cet air musical est représentatif d'une période de l'empire austro-hongrois victorieux et resplendissant de la chute de Napoléon Ier en 1815 à la perte de l'Italie, autour de 1860, qui lui vaudra sa première amputation territoriale.

Le roman débute lors de l'une des défaites autrichiennes, celle de Solferino, qui fut l'une de nos victoires. On y découvre un officier d'infanterie du nom de Trotta qui s'illustre en sauvant la vie du jeune empereur François-Joseph. La scène est représentative du sujet du livre. Pour sauver l'empereur d'une balle qui lui était destinée, Trotta bascule sa majesté de son cheval pour le jeter à terre, prenant à sa place la dite balle. Pour le récompenser, Trotta sera anobli.

Alors que cet acte héroïque aurait du apporter une conséquence favorable à la famille Trotta, la vie du héros de Solferino, de son fils qui sera préfet d'une ville provinciale empêché par son père de s'engager et du petit-fils au contraire forcé de devenir officier de l'armée impériale ne sera que désillusion et déconvenue. Ce sera à l'image de l'empire qu'ils tenteront de servir peu ou prou.

Car Roth fait le parallèle entre le destin de la famille Trotta, de la défaite de Solferino au début de la Grande guerre, et celui de l'empire austro-hongrois. On découvre que la monarchie viennoise et ses serviteurs somnolent, indifférents ou ne prenant pas conscience des bouleversement en cours en Europe. Sans les comprendre, ils se trouveront emportés par l'ouragan de la Première guerre mondiale. le livre de Roth a donc cet intérêt historique.

L'écriture de Roth est agréable. On y trouve des ressemblances avec Flaubert ou des écrivains russes. Il y a des longueurs, aussi. C'est un roman que je conseille pour bien comprendre l'état d'esprit de cette monarchie millénaire des Habsbourg, derniers empereurs romains germaniques dont la devise était A.E.I.O.U (toutes les voyelles de l'alphabet sont présentes volontairement !) pour Austria erit in orbe ultima (L'Autriche sera l'ultime nation du monde).
Commenter  J’apprécie          142
Nous sommes là en présence d'un roman "fort", comme on les écrivait autrefois: personnages exigeants, complexes, sensibles, mais non sans faiblesses. Joseph Roth l'a publié en 1932. Il s'agit de l'histoire de 3 hommes d'une famille Autrichienne: le grand-père, le père, le fils von Trotta. Pour avoir sauvé l'empereur François Joseph sur le champ de bataille de Solférino, le grand-père sera une référence absolue pour les deux générations suivantes. Mais, quels que soient leurs mérites, ces héritiers comprennent qu'ils ne pourront pas faire aussi bien, ni signer leur existence d'un acte aussi héroïque. Le premier sera Préfet, son fils officier. Et leurs tourments familiaux, révélateurs d'une certaine décadence, trouvera son parallèle dans l'histoire de l'empire Austro-Hongrois, dans celle de l'empereur, qui, jeune à Solférino, connaîtra une longue vie, beaucoup de douleurs, et mourra en plein milieu de la grande guerre. Nous assistons donc au vieillissement des hommes et à celui de l'Empire: fin d'une époque, fin des illusions, craquements d'un Etat, et craquements du monde. La "petite" histoire des Von Trotta alimente le récit, et la "grande" histoire est là, en filigrane. Ce livre a toutes les composantes d'un grand roman, d'un beau livre. Ce n'est plus un livre à la mode: c'est une bonne raison pour s'y plonger.
Commenter  J’apprécie          121
Les mesures de la marche militaire de Johann Strauss sont entraînantes et renvoient de la guerre une image triomphante. C'est sous le signe de cette douce nostalgie du si puissant empire autrichien, capable d'écraser les révoltes nationales des marges de son territoire sous la houlette de vieux généraux, qu'est écrit ce roman. Pourtant, le roman débute en 1859 lors de la bataille de Solferino, où les Sardes aidés des Français défont les Autrichiens, et durant laquelle bataille le jeune sous-lieutenant d'origine slovène, le dénommé Trotta, sauve l'empereur François-Joseph d'une mort certaine et stupide. Aussitôt fait baron, il entre même dans les livres d'histoire et fonde une tragique dynastie. Mais, les années passent et le nouveau baron découvre un jour, dans un manuel d'histoire de son fils, l'histoire du sauvetage de Solferino. le récit déforme la réalité, fait de l'empereur un héros tout comme le baron von Trotta ; ce dernier ne supporte pas le travestissement, et demande à être retiré du livre : prélude à la lente décrépitude, aussi bien de la famille von Trotta que de l'empire.

En effet, le roman suit cette famille von Trotta dans la deuxième moitié du 19ème siècle et jusqu'au déclenchement de la Première Guerre mondiale, à l'issue de laquelle éclata l'empire austo-hongrois. le fils du héros de Solferino, François, devient préfet en Moravie. le petit-fils, Charles-Joseph, embrasse la carrière militaire, d'abord chez les uhlans dans la cavalerie puis, à la suite d'une sombre affaire de duel due à une aventure amoureuse, dans l'infanterie (ce qui constitue une dégradation certaine). Posté d'abord en Bohême, il est ensuite muté dans les frontières orientales de l'empire, près de la Russie.

Tandis que le préfet adopte très vite un mode de vie bourgeois, sévère, et fait preuve de toute la rigueur nécessaire à sa position, Charles-Joseph s'ennuie rapidement dans cette armée sans guerre. Il trompe l'ennui dans l'amour, l'alcool et bientôt le jeu.

Publié en 1932, La marche de Radetsky est tout aussi bien un roman familial qu'un roman historique qui montre un empire moribond, dont on sait qu'il ne survivra pas à une nouvelle guerre. Car malgré les sonorités des grandes marches militaires résonnent également les chants des nations multiples qui composent l'empire (les Tchèques, les Moraves, les Polonais, les Galiciens, les Serbes, les Croates, les Slovènes, les Ruthènes, les Roumains, les Italiens et, bien-sûr, les Hongrois) et l'Internationale, qui préside même à une grève d'ouvriers que le sous-lieutenant von Trotta sera obligé de mater dans le sang. L'histoire de l'empire autrichien, puis austro-hongrois, est marquée par les concessions politiques et les défaites. Cependant, l'étiquette est constamment sauvegardée. de grandes fêtes sont données dans des châteaux de Galicie, on danse la valse à Vienne et on se promène sur le Ring. Les militaires ne se battent plus ; ils décorent des sous-bois pour fêter le centenaire de leur régiment.

La dynastie von Trotta est un symbole de cette lente décrépitude. Si le grand-père accède aux honneurs grâce à un acte de courage, il abandonne bien vite les armes pour revenir à une vie plus simple. le préfet, François, représente cette administration qui, quotidiennement, expédie les affaires courantes et, plein de sa morgue bourgeoise, oublie ses origines slovènes et se dit pleinement autrichien. le sous-lieutenant, lui, est le représentant de cette armée, force vive en apparence de l'empire aux multiples facettes où se fondent toutes les nationalités, mais qui meurt de son inaction. L'histoire le confirmera : l'Autriche-Hongrie sera vaincue et implosera dans le traité de Trianon (1920).

Cette histoire est contée dans une langue fluide et simple, rappelant par beaucoup de points la littérature du 19ème siècle. Cette douceur enrobe le roman dans le halo des tendres souvenirs, et notamment dans celui d'un empire qui fut une utopie politique, victime de son siècle.
Commenter  J’apprécie          120
La marche de Radetzky retrace à travers la famille Trotta dont le grand père est un héros de l'empire (il a sauvé l'empereur François Joseph à la bataille de Solférino) et le petit fils un militaire par effraction (qui mourra cependant en héros pendant la première guerre mondiale), la fin de l'immense empire Austro-hongrois et avec lui un monde multiculturel tout a fait étonnant.
Un empire qui s'étendait de la Pologne, à la Russie à la Croatie actuelle, avec ses provinces mystérieuses, ses peuples diverses, ses langues multiples, son mélange surprenant de religions et sa ville impériale somptueuse et éternelle… Vienne.
A la veille de la première guerre mondiale, Vienne était à son apogée. Elle réunissait en son sein de nombreux artistes, scientifiques, architectes : Gustav Klimt, Gustav Mahler, Stephan Zweig, Sigmund Freud, et bien d'autres.
Mais, l'empereur a vieilli. Vienne s'ennuie. Sa domination s'effrite, son génie s'enfuit, son administration rigide s'immobilise, son armée s'effondre, les nationalismes se réveillent, le prolétariat se lève…
La puissance de Vienne et l'immensité de l'empire ainsi que son mode de vie particulier prennent fin avec la première guerre mondiale, la mort de « Jacques » précède celle de l'Empire Austro-Hongrois.
J.Roth a réussi avec beaucoup de talent à dresser l'inventaire d'un monde disparu, celui qu'il aimait car il pouvait faire de lui un Autrichien, un juif et un citoyen du monde.
C'est un des livres que les nazis brûleront lors de leurs fameux autodafés de livres en 1933. Joseph Roth mourra à Paris en exil en 1939. Il ne verra pas la guerre et l'extermination.
Commenter  J’apprécie          90
Durant tout le roman, l'auteur va s'évertuer à mettre en avant la puissance de l'empire, enfin plutôt, la puissance de l'empereur qui est l'empire, à l'image des Trotta qui le sont tout autant.
Cette façon de lier L Histoire à une famille est passionnante. L'auteur parvient à nous faire saisir tout un tas de détails qui sonneront la fin de ce monde.
Néanmoins, que l'on ne s'y trompe pas, si l'auteur est nostalgique de ce monde révolu, il sait pertinemment que celui-ci n'était pas parfait, il s'évertue d'ailleurs à le prouver. C'est par le biais de l'ironie que l'on comprend les travers de l'empire, que l'on comprend que l'empereur et tous ses sujets se voilent la face.

Dès le début le contraste est frappant, le roman débute lors de la bataille de Solférino (1859), la première d'une longue série de défaite. Néanmoins, tout au long du roman (quasiment) il n'est fait mention que de cet héros, celui qui a sauvé l'empereur, j'ai nommé Joseph Trotta.

Ce sauvetage est en réalité le début de la fin. L'anoblissement va conduire les Trotta à la ruine autant que l'Empire lui-même. Car c'est aussi de cela dont il est question, du déclin d'une famille dès lors qu'elle a grimpé les échelons. de simples fils de paysans, Joseph Trotta von Sipolje devient quelqu'un, une personne de renom, respectée et admirée.
Oui, mais rapidement celui-ci se rend compte des machinations de l'Empire, de ses défauts et de là, la déception pointe le bout de son nez.

Puis c'est au tour du fils de Joseph, François de devenir quelqu'un. Dans l'impossibilité de devenir soldat (son père le refuse) il deviendra en quelque sorte un double de l'Empereur, incapable de lui survivre en tout cas.
Finalement, le personnage que l'on suit véritablement, c'est bel et bien Charles-Joseph, petit-fils du héros de Solférino, soldat moyen qui représente assez bien la dégradation de l'Empire.

Finalement, L Histoire se joue beaucoup entre eux, le père et le fils. C'est à travers eux que l'on va suivre les événements jusqu'au déclin. L'Histoire en elle-même est présente en filigrane, il y est parfois fait mention explicitement d'autres fois, de manière assez discrète. On observe des dialogues sur la chute, le déclin à venir - surtout par le biais du personnage de Chojnicki, sorte de prophète fou - mais au-delà de ça, c'est dans l'intimité des personnages que tout se joue.


Mon avis en intégralité :
Lien : http://allaroundthecorner.bl..
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (1244) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}