Si l'histoire peut paraitre banale, à savoir un voyage initiatique en fantasy, cette impression est mille fois rachetée par le style de
Rothfuss qui mène le récit avec brio. Là ou l'on aurait arfois pu se plaindre de longueurs, j'ai savouré chaque phrase, chaque disgression.
D'habitude quand je commence une chronique, je me fait un petit tableau +/- pour trier et organiser mes idées. Pour la première fois, je n'ai rien trouvé à mettre dans la colonne des « - ». Alors certes, je ne suis pas très objective – c'est même le moins que l'on puisse dire – mais vous étiez prévenus !
Le style de
Rothfuss est lent, travaillé, superbe. L'histoire découle toute seule des mots qui nous bercent. Et cette impression est encore plus forte lorsque Kvothe joue du luth, notamment la superbe scène où il joue ce que l'on pourrait appeler une chanson d'amour courtois très connue dans l'univers mais réputée ardue. J'ai été subjuguée par la façon dont a été écrite cette scène, comme si j'avais été présenté (et l'on sait que j'aurais voulu !)
Le style de l'auteur n'a rien à voir avec celui d'un
Jaworski par exemple, tout en gouaille et en argot, mais il est tout autant remarquable. Je salue par la même occasion les talents de la traductrice,
Colette Carrière, puisque je l'ai lu en version française.
L'univers est aussi une merveille de détails. le monde y est vaste et cohérent. J'ai beaucoup aimé la magie assez peu présente et tenant plus de la science. L'Université, cette école ou l'on apprend à devenir Arcaniste – donc magicien – est aussi en soi un univers passionnant. Je tiens cependant à préciser une chose : non, ce n'est pas Poudlar ! Oui, c'est une école et oui on y apprend notamment la magie mais elle n'a rien à voir de près ou de loin avec l'école de notre cher Harry Potter. Par ailleurs, son nom – l'Université – donne une certaine indication sur la tranche d'âge de ses étudiants.
L'univers ou évolue notre protagoniste est un monde type médiéval qui regorge d'histoires, de mythes et de légendes dont nous régale l'auteur au fil de l'histoire. D'ailleurs on en découvre certaines qui sont liées à Kvothe, comme la quatrième de couverture nous le fait comprendre. C'est assez amusant de voir comment ce dernier prend conscience quand il est jeune de l'importance d'une réputation naissance. Très malin, il sait exactement comment lancer une rumeur et n'hésite pas à en jouer pour poser lui-même les jalons de sa propre légende. Ce qui ne l'empêche pas de se faire sérieusement malmener.
Kvothe est un personnage qui pourrait être agaçant tant il est parfois débordant de confiance en soi mais le narrateur qui est une version de lui plus âgée (et plus sage) est bien conscient de ces défauts en les tournant à la rigolade, ce qui ne le rend que plus attachant.
Ses amis Simmon et Wilem auraient certainement mérité un peu plus de développement mais ce bémol reste mineur. La palette des personnages est riche et variée ; de l'insaisissable Denna à la lunaire Auri en passant par Bast ou le détestable Ambrose… Les liens tissés entre chacun des protagonistes sont forts et complexes.
Au final, j'ai du mal à trouver les mots pour expliquer de manière cartésienne pourquoi j'aime autant cette série. Il est difficile d'expliquer pourquoi ce roman est LE roman de fantasy qu'il faut avoir lu. J'entends d'ici les admirateurs de
Tolkien ou de Martin hurler au scandale mais hé ! C'est mon blog, je dis ce que je veux ! Et c'est ce que je pense. Que vous lisiez de la fantasy ou pas, c'est une franche réussite, un voyage dont vous n'aurez aucune envie de revenir !
Deux tomes (le second est scindé en deux parties) sont parus aujourd'hui et je ne vis que pour le jour ou le troisième sortira enfin ! Un spin-off est aussi paru autour du personnage d'Auri, assez différent, particulier et poétique (j'ai ajouté la magnifique couverture aux autres).
Lien :
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