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sur 1172 notes
J'ai lu ces Rêveries juste après avoir lu le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes. Eh bien m'en a pris car cet ultime opus livre sans doute l'explication fondamentale de la « matrice morale et politique » que fut le deuxième Discours.

Au fil des pages et des rêveries – il y en a dix au total -, finit par apparaître, parfois très clairement, parfois en filigrane, deux traits de caractère puissants et peut-être inconscients de l'ami Jean-Jacques :

1. Une paranoïa consommée : ses contemporains sont des ennemis qui lui en veulent, à lui personnellement, partout et tout le temps.
2. Une détestation franche et massive du genre humain dans lequel il vit.

C'est la conjugaison de ce double biais cognitif qui guide la plume de Rousseau dans ces ultimes Rêveries. C'est elle encore qui l'a amené 20 ans plus tôt à écrire le Discours et à imaginer un genre humain déchu, puis perdu, le monde du « Bon sauvage ». Dans son esprit, cet homme « Bon » a été éliminé de la surface de la Terre par « l'homme civilisé ». C'est cette faute originelle qui à ses yeux rend ses contemporains infréquentables et justifie pleinement sa détestation et son retrait du monde.

Ce sont ces biais, il n'est peut-être pas interdit de parler de pathologies, qui l'amèneront à penser que la suppression du péché originel commis par l'homme civilisé en inventant la propriété pourra rétablir le Paradis perdu.

Cette anthropologie de Rousseau, si présente dans les Rêveries, dresse en fait un portrait eschatologique de l'homme : il fut bon, mais il fut perverti en créant la propriété et il fallait qu'il fût puni pour sa faute…

Toute ressemblance avec un autre récit fondateur ne serait que pure coïncidence.

Faute de pouvoir changer le monde, parvenu au grand âge, la rêverie solitaire est sa solution à lui pour recréer l'homme Bon, loin de ses contemporains. JJR refuse, encore et toujours, c'est-à-dire jusqu'au bout de sa vie – sa dernière rêverie sera écrite deux jours avant sa mort – que les faits puissent être autres, que l'homme puisse être bon Et mauvais. D'ailleurs, lui sait de quel côté il se trouve : et se considère particulièrement bon !
C'est d'ailleurs le trait marquant de ces écrits de fin de vie : un narcissisme achevé. Rousseau parle de lui, de lui et encore de lui. Et lorsqu'il parle des autres, on y trouve tous les persécuteurs qui le haïssent et qui complotent et quelques paysans du lieu, derniers vestiges vivants du Bon sauvage tant regretté.

Ce qui fait de ce livre un récit parfois touchant, d'un intérêt limité et parfaitement narcissique. A ne lire que dans la perspective d'une compréhension historique de sa pensée.

PS : On apprend dans une note de bas de page que Rousseau a abandonné ses cinq enfants en les plaçant à l'hôpital des Enfants-Trouvés…
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"Le miracle d'une prose poétique, musicale sans rythme et sans rime, assez souple et assez heurtée pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme, aux ondulations de la rêverie, aux soubresauts de la conscience", ce rêve réalisé du Baudelaire auteur de poèmes en prose, nous vient tout droit de Rousseau, en particulier du dernier Rousseau, l'auteur des Rêveries. Héritier de Fénelon, précurseur De Chateaubriand, il pose les jalons d'une libération de l'expression poétique, loin du vers et des contraintes formelles trop rigides de la poésie proprement dite. Il faut le lire à haute voix comme on ferait d'un beau poème.
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"Chaleur, mélodie pénetrante, voilà la magie de Rousseau. Sa force, comme elle est dans l'Emile et le Contrat Social, peut-être discutée, combattue. Mais par ses Confessions, ses Rêveries, par sa faiblesse, il a vaincu; tous ont pleuré." Jules Michelet, Histoire de la Révolution française 1847
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Cela m'arrive très rarement, mais voici un classique que je n'ai pas aimé. À la fin de sa vie, Rousseau rédige un ouvrage autobiographique et philosophique qu'il n'aura pas le temps de terminer. Une prétention insupportable, des contradictions, une paranoïa omniprésente sont les principaux motifs de ma déception. Je reconnais cependant quelques points positifs, mais j'ai vraiment eu du mal à terminer les Rêveries du promeneur solitaire. Dommage !
Lien : http://bibliblog.net/roussea..
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Lu il y a de nombreuses années pendant mes études, cet ultime ouvrage de Jean-Jacques Rousseau m'a laissé un agréable souvenir. Divisé en dix parties, appelées "promenade", ce texte inachevé porte sur de multiples thématiques (l'enfer, le plaisir de s'évanouir, le mensonge, le bonheur, la connaissance de soi, le rêve, la solitude...) et confirme la singularité de ce philosophe sensible mais critique et sévère envers lui-même et ses faiblesses. On ressent une certaine empathie pour cet écrivain qui a souvent été dénigré par ses contemporains. Un très beau texte à lire et à relire !
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Les Rêveries du promeneur solitaire est sans doute pour moi l'une des oeuvres les plus compliquées à juger. Disons qu'objectivement, ce livre apporte certaines idées nouvelles (pour l'époque) sur la société en règle générale. le problème étant que ces idées ne sauraient être purement crédibles du fait que Rousseau, à cette période, était autant narcissique que paranoïaque. Autant vous dire que quand celui-ci nous dit détester tous les hommes, on ne pourrait savoir si c'est du fait d'une réflexion ou de sa paranoïa. Je vous laisse maître de juger ce problème là.
En revanche, et c'est ce qui justifie les 5 grosses étoiles, je suis subjectivement époustouflé et remué par ces paroles. Quel effet bizarre que d'ouvrir un livre dans lequel l'ensemble de vos convictions les plus farouches sont rassemblées, comme si quelqu'un avait fait une liste de toutes vos idées. Ce à qui cela est déjà arrivé comprendront l'effet de malaise que cela crée un début de lecture.
Du fait, même si cette oeuvre fera désormais office de bible personnelle, je ne saurais dire qu'elle est indispensable et absolument à lire, mais elle reste très intéressante, tant au niveau des pensées déployées que du contexte dans lequel le récit est plongé.
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J'ai rencontré pour la première fois les Rêveries du promeneur solitaire dans Joseph Balsamo d'Alexandre Dumas, lorsque le jeune Gibert est recueilli par un homme seul qui herborise près de Paris, semble se complaire dans les champs et les bois mais fuit la compagnie des hommes, préférant écrire dans son appartement, seul - je répète le mot "seul" à dessein. Gibert s'aperçoit progressivement qu'il est hébergé par un philosophe qui comprend les hommes alors qu'eux ne le comprennent pas. Rousseau apparaît donc ici comme un personnage de roman rejeté de la société mais aimant la nature et la célébrant.
Et c'est cet aspect du personnage de Dumas que j'ai retrouvé dans ses Rêveries. Certes, il y a le misanthrope orgueilleux qui m'a exaspéré à l'étude des Confessions au lycée, celui qui souffre d'un délire de persécution. Mais il y a aussi le rêveur, celui qui annonce le romantisme dans son goût pour la nature, ses bois, ses paysages, ses scènes champêtres. Et c'est cet homme, ce poète, que j'ai apprécié lire ici.
Je ne me prononcerai pas sur le philosophe et ses maximes, je n'ai pas le savoir pour. Mais en tant qu'historienne, j'ai apprécié la description du Paris de la fin du XVIIIème siècle, avec ses faubourgs, mais surtout ses campagnes cultivées, y compris par des vignes. Imaginer ce qui est maintenant la banlieue parisienne comme des champs, des sous-bois, avec le chant des oiseaux... Oui, Rousseau peut être lu comme un poète puisqu'il nous évoque des images !
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Lecture décevante.
Attention aux lecteurs n'ayant pas encore lu cet ouvrage, il ne s'agit pas de contemplations et de méditations sur la nature, ni de pensées positives, ni d'une sorte de journal autobiographique. Je m'y suis laissée prendre !

L'écriture est riche et distinguée, du vrai Rousseau. Ce que je reproche à cette lecture, c'est que les pensées de Rousseau sont particulièrement négatives et lourdes. En résumé, j'ai vu Rousseau comme une personne particulièrement égocentrique, dépressive : à toujours se lamenter et croire que le monde est contre lui, très défaitiste et à l'âme torturée. Nous pouvons bien sûr le comprendre ; il a traversé de nombreuses périodes difficiles dans sa vie, s'est senti exclu et rejeté, humilié... Mais j'aurais voulu y voir plus de résilience dans ses pensées et moins de drama : il se plaint beaucoup trop ! On croirait presque à un complot du monde entier contre sa personne.
De même, on y retrouve toute la problématique du moi unique, ainsi que celle de la destinée, qui sont des éléments phares de l'époque romantique.

Cet ouvrage, découpé en dix promenades, est intéressant pour illustrer un exemple de l'époque romantique : l'artiste torturé, seul, à l'âme déchirée ; les pensées sur l'intériorité, sur un moi unique ; le destin...
Néanmoins, j'ai trouvé cette lecture bien lourde et pesante, loin de l'idée rafraîchissante que le titre et la couverture m'inspirait.
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Source d'inspiration et de sagesse.
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(Mauvais) Souvenir de lycée...

Jean-Jacques....Tu t'écoutes parler, tu fais semblant d'apprécier la simplicité et tu te plains tout le temps...En plus, tu es atteint de fausse modestie et - pire - de fausse bienveillance dont tu es tellement heureux de nous faire part...

En même temps...avoir le culot de faire des leçons d'éducation lorsque l'on est même pas capable de s'occuper de ses propres enfants...ça ne pouvait pas coller entre nous !

Bisous doux
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