Le temps d'apprendre à vivre : La bataille des retraites

En partant de témoignages de personnes ayant des difficultés à joindre les deux bouts, depuis quelques années, François Ruffin développe son argumentation autour du modèle capitaliste qui exige toujours plus de nous, provoquant stress, burn-out et manque de disponibilités pour des besoins élémentaires tels que la vie familiale, le soutien et tout simplement le temps de respirer et profiter.
Il en vient enfin à cette réforme qui fait l'actualité, fruit de ce modèle capitaliste qui va à l'encontre de notre bien-être mais aussi, plus largement, de l'environnement, un manque de discernement, ou de préoccupation, qu'il reproche au gouvernement actuel.
François Ruffin explique de manière claire, simple et compréhensible ce vers quoi devraient se tourner nos élus avant de penser à cette réforme et propose un autre modèle.
J'ai trouvé ce court essai très intéressant et convaincant, donc merci à Babelio pour cet envoi; j'ai constaté aussi que Ruffin avait déjà écrit pas moins de 24 autres ouvrages dans lesquels j'ai bien envie de me plonger.

C'est un ouvrage qui se lit très vite.
Je le recommande car il explique clairement ou nous sommes actuellement.
Il nous montre dans les grandes lignes l'histoire des retraites en France.
Merci Ambroise Croizat qui n'est pas assez connu du grand public.
Monsieur Balladur pourquoi avoir voulu arrêté sur la belle ligné de Ambroise Croizat.
Il pose la question du rapport au temps dans nos sociétés.
La question des répartitions est aussi présente dans se manifeste.
Au début du livre, il y a des témoignages sur des personnes proches de l'âge de la retraite.
Celui de l'aide à domicile m'a beaucoup touché.
Je recommande cet essai de François Ruffin surtout à l'heure ou on veut nous faire travailler plus longtemps.
Merci à lui et son équipe pour avoir fait ce document

François Ruffin est un journaliste, réalisateur et politicien français. Il est surtout connu pour son rôle politique et sa création documentaire. En effet, "merci patron" gagna le césar du meilleur film documentaire en 2017. Il a aussi créé le journal "Fakir" et fut longtemps journaliste, notamment chez France Inter. C'est grâce à cette popularité qu'il obtint en 2017 et en 2022 un siège à l'assemblée nationale. le parti dont il est président arbore des idées antilibéralistes, écosocialistes et populistes.

Cet ouvrage de 65000 caractères (donc plutôt court) propose une contextualisations ainsi qu'une présentation des enjeux de la question de l'augmentation du temps de travail. Parallèlement, Ruffin nous confronte au système de fonctionnement capitaliste et sa non-soutenabilité. En effet, ce livre est ouvert par une courte contextualisation historique des enjeux de la question du temps de travail. Puis, de la critique des incohérences du système d'un point de vue social, écologique et éthique, à travers la question des retraites. Ses dires prennent de l'ampleur car ils sont souvent croisés par des témoignages poignants.

D'un coté, je trouve cet ouvrage très intéressant. En effet, nous voyons que François Ruffin s'est informé sur le sujet car il cite plusieurs fois des économistes ou philosophes. Sa connaissance des idées de certains scientifiques ou encore de l'histoire du mouvement ouvrier est passionnante aussi. de plus, sa plume est très poignante grâce aux témoignages qui rajoutent de l'ampleur à ses idées. En effet, je me rappelle avoir été touché par la deuxième page de son ouvrage. Je vous en donne un extrait: "J'ai insisté pour rencontrer sa mère: lorsqu'on devient un "représentant", comme moi, l'accès à la réalité, à une réalité populaire, se fait rare, compliqué. L'agenda se remplit avec des porte-parole, des associations, des "représentants", aux propos pesés, aux points de vue bienvenus, mais qui ne transpirent pas la chair et la sueur. Alors, il faut du réel comme des piqûres de rappel. "Vous avez quel âge, si je puis me permettre ? -61 ans. Je souffre de polyarthrite... -Ca veut dire quoi ? -J'ai mal au dos. J'ai mal au genou. J'ai mal au bras. Parce que, pendant près de vingt ans, j'ai porté, porté, porté.""

Mais malheureusement, dans la globalité, ses raisonnements sont incomplets. Certes, le format de 65000 caractères qu'impose l'éditeur ne l'aide pas, mais cela n'empêche que ses raisonnements scientifiques ont un champ de vision restreint. En effet, il ne traite que des faits qui vont dans le sens de son idée. Par exemple, aux pages 51-52, il nous montre le lien entre l'espérance de vie et le revenu moyen. Nous en concluons qu'à partir d'un certain revenu, l'espérance de vie augmente beaucoup moins vite voire s'arrête. Cependant, nous pourrions facilement contredire son argument en affirmant que la physiologie humaine ne permet pas une espérance de vie proportionnelle au revenu. Un homme qui gagnera un million d'euros par mois ne vivra pas à 300 ans (pas encore ?). Ruffin donne certes d'autres données scientifiques mais globalement, son raisonnement est très incomplet. Il évoque vaguement un "taux de bonheur", qui ne serait pas non plus proportionnel à la hausse de la richesse, mais il ne fait l'objet que de quelques phrases et d'aucun chiffre. Et il ne parle même pas de la relation entre qualité de vie ou indice de développement et richesse du pays, ce qui est un élément pouvant déstabiliser son argumentation. de plus, je trouve certains raisonnements brutaux, notamment avec des statistiques données sauvagement entre parenthèses dans la phrase qui nous fait découvrir la conclusion même de ce raisonnement.

Bref, "Le temps d'apprendre à vivre", de François Ruffin pourrait plus être considéré plus comme un ouvrage de militantisme politique qu'un livre de réflexion socio-économique. Malheureusement, son manque d'objectivité qui restreint ses raisonnements décrédibilise certaines de ses idées. Toutefois, l'accessibilité de la plume de Ruffin est plutôt intéressante. Car, hormis dans les raisonnements économiques, les mots de l'auteur sont agréables à lire. de plus, les idées fondamentales que son ouvrage soulève sont aujourd'hui d'actualité et valables selon moi. Nous en témoignent la critique du GIEC de la soutenabilité de notre système de production, ou encore l'augmentation des maladies mentales en occident, que la hausse des richesses n'atténue pas. le livre de Ruffin m'a plutôt touché dans ses idées globales car je suis quelqu'un qui essaye de se détacher du matériel et de limiter mes désirs dans ce monde qui se précipite à l'opposé de ces idées.
A ce sujet, j'aimerais clore cette critique avec un extrait qui pourrait servir de thèse à cet ouvrage. "L'économie se porte bien, les habitants se portent mal", François Ruffin, le Temps d'apprendre à vivre, 2022.

Luc

Livre reçu dans le cadre de la Masse Critique Babelio de février. Merci aux éditions Les Liens Qui Libèrent pour l'envoi.

Ce petit ouvrage très court (moins de 60 pages) mais dense en informations se lit très facilement et donne à réfléchir à la réforme des retraites en cours, et plus généralement à nos futurs, à la vie que l'on souhaite pour nous et les générations suivantes. François Ruffin revient sur la mise en place du système des retraites et sur le fait qu'au départ, on n'a fait que l'améliorer avant de tout à coup commencer à faire machine arrière dans les années 80, sous prétexte de "développement économique". Et pourtant, comme il le montre très bien, le bien-être n'est pas corrélé à l'augmentation de la richesse d'un pays car le pays le plus riche aujourd'hui (les USA) est aussi celui qui souffre le plus de tout un tas de maux (obésité, burn-out, pauvreté). Et il n'est pas le seul exemple probant.

J'ai beaucoup apprécié le lien fait avec l'écologie (ou plutôt la destruction des écosystèmes) car il est un fait que le système actuel arrive à bout de souffle. Comme le dit très justement l'auteur, il est étonnant qu'un Président se saisisse de ce sujet sachant qu'il n'y a pas d'urgence à la faire, le COR ayant indiqué que le système de retraite est temporairement déficitaire et devrait être excédentaire d'ici 2040 à 2050 si l'on n'y touche pas. Mais il semblerait que l'État ait besoin de ressources... Et cela malgré une opposition massive des français à cette réforme.

Il revient aussi sur le productivisme, sur le fait qu'il faut aller toujours plus vite et que cette accélération permanente est au détriment de la santé mentale et physique des plus pauvres, puisque ce sont elles et eux qui sont les plus impactés. La sur-consommation, la sur-production sont des modèles qui ne peuvent perdurer en raison de leur impact écologique, de l'épuisement des ressources...

Lire ce livre ne fait que renforcer ma conviction que cette réforme est injuste, ne fera que rendre plus pauvres celles et ceux qui galèrent déjà tout en profitant à celles et ceux qui n'ont pas de soucis pour boucler les fins de mois et qui sont aussi celles et ceux dont la consommation affecte le plus l'environnement. Ses exemples sont concrets, basés sur des études sérieuses et sourcées. Il ne s'agit finalement pas tant de la présentation d'un point de vue d'un politique que d'une analyse fine d'un système économique, qui ne peut que nous questionner.

À lire pour comprendre la réforme des retraites ou pour se souvenir qu'un autre monde est possible.
Y sont abordés dans ce minuscule livre : le travail, les richesses et le lien avec l'écologie et la solidarité.
Ça donne envie de prendre le temps de vivre, d'entourer ses aieux et de continuer à se battre pour un monde plus agréable.