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Bon sang, c'est bon de s'immiscer dans des vies achevées. de faire ressurgir du papier le relief d'existences éteintes tellement décalées de soi que l'on peine à concevoir leurs desseins tourmentés, leurs parcours sinueux.
Merci à cet écrivain à l'érudition charpentée et à la documentation blindée qui permet de soulever le voile, que dis-je la couverture, la chape de pans d'Histoire qui me sont méconnus :

- La colonisation par l'Italie d'un pays que j'aimerai visiter : l'Ethiopie, racontée par un vieil Arménien d'Afrique, au grand-père secrétaire du Négus, reclus dans sa solitude et captif de ses photos souvenirs jaunis à dents de timbres. Hilarion a été également un redoutable marchand de canons, véritable chef d'orchestre de la destinée de ces peuples mêlés et emmêlés.
« Nous, marchands d'armes, ne cherchons pas à influencer le cours des événements. Nous n'avons jamais eu ni protégé, ni idéal, ni ambition propre. Nous sommes au coeur de l'Histoire, sans la faire. Comme les humanitaires. »

- La lutte contre la famine de 1985 par la mise en place d'une action humanitaire politiquement controversée, menée par Grégoire, un français à la vie torturée et son équipe bigarrée, véritable mosaïque de l'âme humaine. « J'ai l'impression d'être un combattant ; je sauve et je tue en même temps. Je me bats et j'ai choisi ma cause…Ce n'est pas une cause universelle comme la révolution ou une des grandes épopées auxquelles j'ai toujours rêvé ; c'est une cause humble et personnelle, comme celle du chevalier qui dédit son combat à sa dame. »

Ce livre est comme la vie, il oscille de moments exaltants comme de moments un peu ternes.
Parfois touchant, souvent révoltant, Rufin connaisseur nous fait savourer la délicatesse de princesses déchues noyées dans la détresse se livrant à la débauche dans des bras colonisateurs. Nous partageons le malheur de familles décimées, rongées par la malnutrition dans un pays dévasté par des guerres interminables. « Chaque sillon des champs, dans ce pays, est abreuvé de larmes. »

Malgré tout ça, rien ne m'empêche de pressentir à ce pays un charme fou impénétrable et énigmatique nimbé d'un parfum ténébreux qui lui conserverait toute sa dignité.

J.C Rufin je quitte tes lignes aériennes…Bientôt peut-être, Ethiopian Airlines, bienvenue sur nos lignes…Amsara et les causes, toujours, m'intéresseront. Rastaman vibration, positive…. Yeah !!

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C'est à une plongée dans les missions humanitaires que nous convie l'auteur. Peu de souvenirs de l'intrigue en elle-même mais comme souvent, il m'en reste une ambiance. J'ai peu de difficultés à imaginer ce qu'il reste des ruines de l'empire colonial italien en Erythrée. Visions de palais neo-vénitiens décrepis sous l'action du temps et de l'incurie de ses nouveaux habitants. Je me souviens du "madamisme" décrit par l'auteur. Cette union forcée des femmes locales aux colons italiens pour palier à la solitude de ces derniers. Me reste en mémoire également la difficile action des humanitaires face aux différentes factions en oeuvre. C'est dans le train de Budapest à Oratrea à la frontière roumaine que j'ai parcouru une revue italienne consacrée à l'empire colonial de ce pays que j'ai pris conscience de l'absurdité et de la futilité de cette démarche coloniale. Ruffin a le mérite de savoir mettre en fiction ce pan de l'histoire oublié. L'illusion de pouvoir , d'une part s'approprier le territoire d'un peup!e jugé inférieur et d'autre part, pour les humanitaires, d'espérer apporter un secours aux plus démunis, en dehors de toute notion de différence culturelle. A ce sujet, revoir le magnifique fim de Ridley Scott "La chute du faucon noir". Marco Ferreri avait egalement abordé le sujet controversé de l'aide humanitaire dans un film un peu oublié "Y'a bon les Blancs". le livre de Ruffin a le grand mérite de croiser toutes ces données pour nous offrir une bonne réflexion sur ce thème.
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En plus d'être un excellent romancier, Jean-Christophe Ruffin a d'abord été un "French Doctor" et connait donc parfaitement le sujet de l'humanitaire.
Il démontre ici avec une implacable logique l'inanité de certaines causes humanitaires..., les motivations incertaines des travailleurs humanitaires, quelquefois animés par une générosité discutable et les résultats calamiteux de cette opération, bref un regard sans illusion sur l'ingérence de l'occident sur les cotes erythréennes !
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Environ 300 pages qui se lisent facilement, d'une seule traite … et qui traitent de manière très résumée de la famine en Ethiopie et de l'aide apportée par les Organisation Non Gouvernementales, notamment au travers des Européens en charge de cette aide et en confrontation avec une réalité où ils ne sont que de simples pions sur un échiquier dont toutes les pièces sont forcément sombres. Sur ce jeu se trouvent également les populations affamées qui ne sont même pas des personnages, tout juste un élément du paysage, les militaires loyalistes contre les rebelles, et surtout Asmara, ville décrépite fondée par les colonisateurs italiens et condensant toutes les architectures présentes dans la Botte. Dans cette ville coquille vide ne subsistent que des souvenirs qui se referment sur ceux qui n'ont pas su partir à temps. L'arrivée des Européens apporte un vent frais qui peu à peu s'étiole et disparaît dans la chaleur torride des hauts plateaux. le seul réconfort envisageable se trouve auprès des jeunes filles fières et mystérieuses. Mais là aussi la chair chasse l'illusion et on ne retient en fin que le triste catalogue des vanités balayées et des causes perdues.
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Par le biais du journal d'un d'un très vieil Arménien d'Asmara en Erythrée, une très intéressante découverte de l'Ethiopie et de sa colonisation par les Italiens au temps de Mussolini. Ceux qui sont restés sont les "ensablés", une thématique à approfondir
c'est également et plus encore une saisissante réflexion sur les missions humanitaires : les manipulations politiques et les motivations pas toujours idéalistes des volontaires
Ecriture tès fluide et vivante ce qui est un plus pour une lecture pas du tout anodine
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Ma première rencontre avec Jean-Christophe Rufin s'est déroulée, il y a quelques années, avec la lecture de le grand coeur, roman que j'avais énormément aimé. Une intrigue passionnante et trépidante avec un style léger et fluide. Ne comptant pas m'arrêter en si bon chemin, je me suis plongée ce mois-ci dans Asmara et les causes perdues. Ne souhaitant pas en dévoiler trop sur ce roman très court, cet avis sera très certainement bien plus succinct que ce que je produis habituellement.

Asmara et les causes perdues est un roman qui traite de l'action humanitaire en Érythrée. Une chose est sûre, l'auteur connaît bien le sujet puisqu'il tire ce récit de sa propre expérience personnelle. Médecin humanitaire, sa première mission le porte en 1976 dans ce pays où il y rencontrera d'ailleurs sa seconde femme. On sent à travers ces descriptions claires et passionnées, l'attachement émotionnelle de l'auteur pour cette région du globe.

Plus qu'un roman d'action, Asmara et les causes perdues est avant tout un roman d'ambiance où l'auteur à travers les yeux de ses personnages tentent de dénoncer les travers de l'action humanitaire et les manipulations politiques qui s'y attachent mais aussi les ravages de cette guerre d'indépendance.

J'ai particulièrement aimé les descriptions de ces paysages désertiques, des vieilles villes à l'abandon où l'on sent encore à travers l'architecture et sa population notamment, le colonialisme italien passé. C'est un peu comme si de vieux fantômes hantés ces lieux. Il y a comme un doux parfum d'exotisme et une beauté pure qui se dégage de tout cela.

Asmara et les causes perdues est aussi l'histoire d'un vieil arménien qui m'a fait l'effet d'être le gardien de ces lieux et des événements qui s'y sont déroulés. C'est l'Ancêtre avec un grand A, celui qui connaît, que l'on doit écouter, que l'on doit respecter. Au fil du temps, entre les lignes de son journal intime (le roman est uniquement composé de morceaux de ce journal), on sent que c'est un homme qui souffre de la solitude et c'est pourquoi il s'attache tant aux acteurs de cette action humanitaire en Érythrée: enfin il peut se rendre utile et être l'objet d'attention. C'est le personnage qui m'a vraiment le plus touché. J'aurais aimé rester plus longtemps avec lui.

J'en ai également appris beaucoup sur l'histoire de l'Érythrée que je connaissais très peu au final. Ce roman est, selon moi, une excellente porte d'accès pour ceux qui souhaitent en apprendre davantage sur ce pays sans passer par d'ennuyeux ouvrages universitaires illisibles… D'ailleurs l'auteur cite à la fin du livre, quelques ouvrages sur les sujets qui y sont abordés, cela mérite un petit coup d'oeil.



Asmara et les causes perdues est un petit bijou qui mérite d'être découvert. Dans un décor dépaysant qui vous fera véritablement voyagé, l'auteur dresse une fine dénonciation des dessous de l'action humanitaire et des manipulations politiques qui en découlent. Sous la plume du personnage principal, le vieil arménien Hilarion, le lecteur découvre l'histoire de ce pays qui a gardé les traces passées du colonialisme italien et qui est menacé par ces luttes intestines. Belle et sincère déclaration d'amour de l'auteur pour cette région d'Afrique qui a souffert de la guerre et qui subit encore de nos jours de nombreuses répressions gouvernementales… Si vous vous intéressez à l'action humanitaire et à l'Érythrée, ce roman est parfait pour vous.


Lien : https://uneplumesurunparchem..
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J'avais lu ce livre au moment de sa publication et je viens de relire. Un auteur dont les romans m'ont tous énormément touchés. Asmara et les causes perdues de Jean-Christophe Rufin nous emmène en Erythrée en 1985 à travers un roman historique mais aussi politique, sur fond de famine et de crise humanitaire. Un récit à la fois douloureux, emprunt d'une grande réalité mais aussi parfois très poétique, parsemé de magnifiques descriptions de paysages.

Jean-Christophe Rufin, tout d'abord médecin, devient l'un des pionniers du mouvement humanitaire Médecins sans frontières et dirige de nombreuses missions en Afrique de l'Est et en Amérique latine*. Sa première mission humanitaire est menée en 1976 en Érythrée, alors ravagé par la guerre ; directeur médical d'ACF en Éthiopie en 1985 ; . Après une carrière politique dans les ministères et la diplomatie (Ambassadeur au Sénégal de 2007 à 2010). Il devient ensuite écrivain** à part entière et membre de l'Académie française.

Vous serez tout de suite immergé dans le roman grâce au personnage le plus important, Hilarion Grigorian, Arménien d'Afrique, né au début du XXe siècle, dans une famille installée depuis plusieurs générations en Érythrée et qui est le narrateur de ce récit par l'intermédiaire de son journal… Il est aussi marchand d'armes « à la retraite » !!! intrigant, possédant tout un réseau de de renseignements… mais attachant, généreux et, détail important, de culture française. Bref, un personnage qui ne laisse pas indifférent.

Le second personnage important est Grégoire qui vient d'arriver pour diriger une équipe humanitaire dont le terrain d'action se déroulera en dehors d'Asmara. En 1985, la famine et la crise politique expliquent l'arrivée de cette mission humanitaire française.

Ce livre est un excellent témoignage sur la relation entre ce groupe d'humanitaires et le gouvernement éthiopien dont l'incapacité et la mauvaise volonté de gérer la crise, ont été fortement dénoncées à cette époque par la communauté internationale. le gouvernement entreprend des déplacements massifs de populations sous la contrainte des militaires et les organisations humanitaires vont participer à cette décision à leur insu, phénomène très bien décrit dans le livre. le groupe de Grégoire va d'ailleurs être victime de ces manipulations politiques et des querelles internes vont apparaître entre les membres, des avis opposés et des décisions difficiles à prendre. Ce livre extrêmement bien écrit, démontre parfaitement combien il est difficile, dans ces conditions, de gérer et mener à bien une mission humanitaire. Ne vous attendez pas à assister au travail de la mission humanitaire auprès des populations, car nous sommes ici dans un récit, écrit de main de maître, passionnant sur le problème de l'engagement et parfois la lassitude face à l'inertie et l'impossibilité de réaliser ce pour quoi on s'est engagé. C'est pour cela que j'ai énormément aimé ce livre qui nous tient en haleine jusqu'au bout !
Lien : https://mesailleurs.wordpres..
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Asmara, Ethiopie, province d'Erythrée, mai 1985. Dans ce cadre éloigné de tout,un groupe de jeunes humanitaires français débarque pour porter secours aux victimes de la famine.
Cette mission humanitaire va connaître des états d'âme, des querelles intimes, et parfois le désarroi face aux manipulations politiques orchestrées par le gouvernement local.
Un témoignage fort et poignant d'un témoin de cette génération qui a perdu le goût de l'engagement et qui cherche de nouvelles valeurs du côté de l'humanitaire.
Et surtout l'évocation d'une Ethiopie sauvage, mystérieuse, empreinte de spiritualité.
Un très beau moment de lecture..
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En 1985, alors que la guerre civile fait rage en Ethiopie, un groupe d'humanitaires français débarque en Erythrée pour s'installer à Rama afin de porter secours aux victimes d'une invisible famine. C'est Hilarion Grigorian, un vieillard originaire d'Arménie et habitant Asmara depuis bien longtemps, qui est le narrateur de l'histoire. Enigmatique, il suit jour après jour les évènements qui se trament autour et au sein de la mission, grâce à son employé Kidane qui joue avec plaisir ce rôle de rapporteur et s'immisce dans la vie personnelle de Grégoire, le responsable des opérations humanitaires, d'Esther, aimée de ce dernier, ainsi que des autres membres de l'équipe. Querelles internes, passions intimes, manipulations politiques, rien ne lui échappe...
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L'auteur très finement a su dépasser le témoignage pédagogique sur les paradoxes de l'action humanitaire pour produire un véritable roman, grâce à une galerie de personnages complexes et (plus ou moins) attachants.
Malgré le poids du sujet principal, le récit ne manque pas d'humour et est sans cesse enrichi d'éclairages annexes qui donnent matière à apprentissage (pour ma part ;-) et réflexion. Assez étonnamment, le personnage central du roman -ce peuple affamé, objet de toutes les attentions- n'est qu'évoqué, à travers les affrontements des uns et des autres. de sorte que nous, lecteurs, ne pouvons ressentir aucune empathie par manque d'images ; c'est assez déroutant. L'écriture, quant à elle, comme toujours chez Rufin est d'une fluidité et d'une précision remarquables.
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