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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'avais lu ce livre au moment de sa publication et je viens de relire. Un auteur dont les romans m'ont tous énormément touchés. Asmara et les causes perdues de Jean-Christophe Rufin nous emmène en Erythrée en 1985 à travers un roman historique mais aussi politique, sur fond de famine et de crise humanitaire. Un récit à la fois douloureux, emprunt d'une grande réalité mais aussi parfois très poétique, parsemé de magnifiques descriptions de paysages.

Jean-Christophe Rufin, tout d'abord médecin, devient l'un des pionniers du mouvement humanitaire Médecins sans frontières et dirige de nombreuses missions en Afrique de l'Est et en Amérique latine*. Sa première mission humanitaire est menée en 1976 en Érythrée, alors ravagé par la guerre ; directeur médical d'ACF en Éthiopie en 1985 ; . Après une carrière politique dans les ministères et la diplomatie (Ambassadeur au Sénégal de 2007 à 2010). Il devient ensuite écrivain** à part entière et membre de l'Académie française.

Vous serez tout de suite immergé dans le roman grâce au personnage le plus important, Hilarion Grigorian, Arménien d'Afrique, né au début du XXe siècle, dans une famille installée depuis plusieurs générations en Érythrée et qui est le narrateur de ce récit par l'intermédiaire de son journal… Il est aussi marchand d'armes « à la retraite » !!! intrigant, possédant tout un réseau de de renseignements… mais attachant, généreux et, détail important, de culture française. Bref, un personnage qui ne laisse pas indifférent.

Le second personnage important est Grégoire qui vient d'arriver pour diriger une équipe humanitaire dont le terrain d'action se déroulera en dehors d'Asmara. En 1985, la famine et la crise politique expliquent l'arrivée de cette mission humanitaire française.

Ce livre est un excellent témoignage sur la relation entre ce groupe d'humanitaires et le gouvernement éthiopien dont l'incapacité et la mauvaise volonté de gérer la crise, ont été fortement dénoncées à cette époque par la communauté internationale. le gouvernement entreprend des déplacements massifs de populations sous la contrainte des militaires et les organisations humanitaires vont participer à cette décision à leur insu, phénomène très bien décrit dans le livre. le groupe de Grégoire va d'ailleurs être victime de ces manipulations politiques et des querelles internes vont apparaître entre les membres, des avis opposés et des décisions difficiles à prendre. Ce livre extrêmement bien écrit, démontre parfaitement combien il est difficile, dans ces conditions, de gérer et mener à bien une mission humanitaire. Ne vous attendez pas à assister au travail de la mission humanitaire auprès des populations, car nous sommes ici dans un récit, écrit de main de maître, passionnant sur le problème de l'engagement et parfois la lassitude face à l'inertie et l'impossibilité de réaliser ce pour quoi on s'est engagé. C'est pour cela que j'ai énormément aimé ce livre qui nous tient en haleine jusqu'au bout !
Lien : https://mesailleurs.wordpres..
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Premier livre que j'ai lu de Jean-Christophe Rufin . Je l'avais fait étudier à ma classe de troisième du collège Europa de Montélimar et , à cette occasion nous avions reçu l'auteur . L'homme comme le livre m'avaient impressionné . Dans ce dernier il met à profit son expérience d'humanitaire en Ethiopie. le texte se présente comme le journal intime d'un vieil homme, arménien , ex-trafiquant d'armes qui réside à Asmara en pleine famine. C'est par lui que nous vivrons l'aventure de cette mission humanitaire française venue au secours des populations locales. Il narre leurs démêlées avec les autorités locales , leurs problèmes de conscience , leurs relations . On voit également apparaître ces européens qui sont venus s'échouer là au fil de l'histoire comme les italiens . A noter que les dernières lignes annoncent un autre livre de Rufin « L'abyssin » .
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Bonsoir,

J'ai trouvé cet ouvrage fascinant. Je l'ai lu car il m'entraînait en Ethiopie et en 1985, j'avais eu la chance de cohabiter à PARIS avec le dernier survivant de la dynastie des empereurs d'Ethiopie, le petit-neveu du Négus. Il avait échappé aux balles en se cachant sous son lit, de passage dans sa chambre les soldats communistes avaient oublié d'y regarder !
Ce qui m'y plait, c'est le ton contemplatif de l'ouvrage, les descriptions, les rappels de l'histoire et plus particulièrement l'épopée conquérante des chemises noires de Benito MUSSOLINI, la manière dont JC RUFIN raconte ce peuple, sa fierté, la beauté des femmes, le goût des armes, puis la difficulté qu'ont les associations humanitaires à agir sans renier leurs objectifs, ballotées qu'elles sont entre les difficultés de leurs missions, leur fragilité parce que ce sont les hommes et femmes qui les animent, et qu'ils sont fragiles, proies faciles à manipuler...
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Une plongée dans les aléas de l'action humanitaire, dès lors qu'elle devient un enjeu politique qui la dépasse. Jean-Christophe Rufin, avec sa maestria habituelle, nous conte les gloires et déboires de Grégoire, vingt-sept ans, chargé de mettre sur pied à Asmara, aujourd'hui capitale de l'Érythrée, une mission humanitaire destinée à accueillir les milliers d'Éthiopiens victimes d'une terrible famine. Nous sommes sous la dictature "communiste" de Mengistu, aux prises avec un effondrement total de l'économie du pays et incapable de faire face à la situation. L'occasion est trop bonne pour profiter de l'aide internationale, que la junte au pouvoir destine en réalité à financer la déportation massive de la population. Croyant maitriser la situation, avec l'aide d'un ancien marchand d'armes devenu son mentor, Grégoire va se trouver pris en otage dans une sombre machination qui va voir s'effondrer tous ses espoirs. Ce roman, avec ses personnages attachants, jamais tout noirs ni tout blancs, et ses multiples péripéties, se lit comme un polar politique alors qu'il s'agit d'un pamphlet acerbe, basé sur l'expérience personnelle de l'auteur et des sources très sérieuses, citées en fin d'ouvrage. On ne ressort pas indemne de sa lecture, même si l'actualité a fait depuis son chemin et largement redistribué les cartes dans cette partie de la corne de l'Afrique. Au travers de la narration d'Hilarion Grigorian, l'ex-marchand d'armes, c'est toute la complexité du comportement humain, partagé entre de multiples ressorts souvent contradictoires, qui nous est dévoilée, atteignant à l'universel.
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Asmara et les causes perdues./J.C.Rufin
Ce court roman est une chronique fort intéressante relatant les péripéties et hocquemelles rencontrées par une organisation humanitaire en Éthiopie, un pays en déshérence et livré à la guerre civile.
Le personnage principal est le narrateur. Hilarion, résident de vieille souche arménienne, est un observateur avisé et c'est son journal qu'il nous livre comme trame de ce récit. Il évoque avec nostalgie la colonisation italienne et ses hauts faits historiques, dont il ne reste que des vestiges architecturaux abandonnés aux blessures du temps et des guerres. Commerçant à Asmara, trafiquant en tout genre, usurier à ses heures, Hilarion est un personnage haut en couleur, riche mais désabusé, investigateur curieux et clairvoyant, un véritable espion avec son réseau de renseignements. Il a tissé au fil du temps un lacis de relations éclectiques qui lui sont très utiles et dont il sait faire profiter ses amis.
Hilarion est sans illusion par devers lui, tant sur la nature humaine que sur l'utilité et l'efficacité des « humanitaires », mais il joue le jeu. « L'âme est ainsi faite que vous vous habituez à toutes sortes d'injustices lorsqu'elles paraissent constituer la trame même de la vie. » Et plus loin : « Nous sommes habitués ici à ce que la famine fauche les rangs des hommes ; c'est un des faits constants de la nature. Mais vu par les Européens, tout cela paraît insupportable. »
Disons que ce roman a une valeur documentaire. N'y cherchez pas le grand Rufin de « Rouge Brésil » par exemple. Il s'agit, comme je l'ai dit, d'une manière de reportage à valeur documentaire. Et très instructif, dans un style parfaitement maîtrisé comme toujours chez Rufin. La beauté des femmes éthiopiennes y est omniprésente.
L'auteur ne donne pas dans la sensiblerie, et les « affamés » occupent peu de place dans le récit contrairement aux « ensablés » (européens installés dans le pays de longue date) qui occupent le devant de la scène.
A lire donc pour savoir.
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Non seulement Asmara et les causes perdues est un roman plein de sensibilité, mais c'est aussi un témoignage très fort sur l'Ethiopie (aujourd'hui Asmara est en Erythrée, mais le pays n'existait pas en 1985) et la terrible famine qui a ravagé le pays à l'époque.
Ayant moi-même vécu en Ethiopie, je trouve que tout sonne juste dans ce livre, conséquence sans doute de l'expérience de Jean-Christophe Rufin dans l'humanitaire et de sa parfaite connaissance de la région.
Un roman qui sonne comme un véritable témoignage
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En 1985 pendant le Derg et la terrible famine en Ethiopie, un jeune humanitaire français, Grégoire, débarque à Asmara (à l'époque l'Erythrée est toujours sous la domination de son voisin et en lutte pour l'indépendance) pour diriger une équipe et installer un camp à la ville frontalière de Rama. Il fait rapidement la connaissance d'Hilarion Grigorian, un Arménien d'Erythrée né en 1900, ancien marchand d'armes et véritable mémoire vivante qui est le narrateur de ce roman en forme de journal. Grégoire, idéaliste et n'ayant pas encore trouvé ses marques va se faire aider par Hilarion qui n'attendait que cette arrivée miraculeuse pour occuper ses jours et va se faire un malin plaisir à conduire l'humanitaire, pour qui il se prend d'affection, selon ses fantaisies et peut-être quelques divins mensonges. Il va lui trouver quelques singuliers autochtones pour l'aider dans ses démarches, notamment un étrange et jeune adolescent : Efrem, un orphelin vif d'intelligence qui semble doté d'une préscience en communiquant avec les esprits. Mais au camp de base, tous les humanitaires ne sont pas venus avec la seule motivation philanthropique et un changement important intervient lorsque Esther, l'amie de Grégoire, une Erythréenne rencontrée sur place, va être enlevée…

Entre les descriptions peintes à la plume de la beauté éthiopienne et érythréenne s'étend un long chemin sur les errances des causes humanitaires où les organisations doivent jongler entre secours aux populations et risques d'entretenir la manipulation des pouvoirs politiques. Avec parfois, un simple pont séparant altruisme et égoïsme, compassion et opportunisme chez les représentants des causes justes mais se transformant en causes perdues. Toute une dichotomie transcrite dans ce récit aux allures romanesques mais pigmentant la réalité par d' implacables métaphores.

Impossible de séparer l'histoire de l'abyssinie – si ancienne en cette corne d'Afrique qui loge la fameuse vallée du Grand Rift – de celle de l'Italie, tant sur le plan géopolitique que culturel, et le regard que pose l'écrivain sur l'architecture qui orne Asmara est un véritable tableau. Quant à la référence de l'opéra Aïda avec l'ensablé Ricardo, loin d'être fortuite. Point d'exotisme de façade mais des effluves chargés d'immensité, de spiritualité – même sans avoir foulé le sol d'Ethiopie comment ne pas penser aux églises rupestres bâties dans les falaises du Tigré oriental – et une réflexion sur le dilemme perpétuel entre sauver des vies et se voir transformer en des marionnettes actionnées par le machiavélisme de dirigeants impitoyables, font de ce roman une excellente et raffinée observation sur les conflits intérieurs des volontaires de l'engagement humanitaire face aux affres des noirceurs de la guerre, des dictatures et des desseins personnels des uns et des autres.

Dans un registre similaire, ô combien « Asmara et les causes perdues » m'a remémoré un autre roman de Jean-Christophe Rufin : « Check-point » ; de l'abyssinie on passe à la Bosnie et l'idéaliste Maud a quelques points communs avec Grégoire… avec la sempiternelle question sur comment apporter de l'aide aux populations des zones de guerre et autres infamies.
Lien : https://squirelito.blogspot...
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Un autre regard sur l'action humanitaire entre son instrumentalisation et la signification de la générosité face aux différences de cultures et d'histoires.
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Excellent comme toujours. Rufin nous dévoile le mécanisme impitoyable d'une manipulation diabolique par la famine. Fallait-il aider ou pas? Je me pose encore la question
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