Jean-Christophe Rufin est une personnalité aux multiples facettes. Médecin, ayant travaillé pour Médecins sans frontières et à la Croix Rouge, il a également oeuvré en politique dans les ministères et les ambassades, tout en trouvant le temps d'écrire plusieurs romans primés (il a notamment gagné deux prix Goncourt). C'est donc avec curiosité que je me suis plongée dans
Globalia, qu'on m'a conseillé comme étant une « dystopie pour adulte« . (Si vous me suivez, vous vous serez rendu compte que je commence à saturer des dystopies pour ado, que je trouve en gros trop niaises et pas assez approfondies, alors que j'adore le principe de la dystopie. Je cherche depuis longtemps des textes dystopiques pour adulte).
En bref,
Globalia, c'est un monde dans lequel toutes les libertés individuelles sont autorisées, dans la mesure où elles ne remettent pas en cause la sécurité des uns et des autres ou le pouvoir en place. le monde est divisé en zones sécurisées (des villes sous globes de verre dans lesquelles la météo est régulée) et des « non-zones » dans lesquelles habitent les terroristes. Dans les zones régulées, la maladie a été éradiquée et la jeunesse est globalement mal perçue par les citoyens vieilllissants.
L'univers pensé par l'auteur est particulièrement bien trouvé. A contre-coutrant de tout ce que j'ai pu lire auparavant en dystopie, ici, les citoyens n'apparaissent pas privés de libertés mais au contraire encouragés à en profiter le plus possible. Bien sûr, ce n'est qu'un écran de fumée dans un monde où le pouvoir appartient à quelques-uns, qui tirent les ficelles des médias pour orienter l'opinion publique et standardiser au maximum les comportements vers une forme de pensée unique. Il est évident (et d'ailleurs, Rufin ne s'en cache pas) que ce sont les travers de la société consumériste actuelle qui sont extrapolés et poussés au maximum ici; on reconnait sans peine certaines tendances actuelles et l'ensemble fait froid dans le dos. L'écriture de l'auteur est fluide, c'est bien écrit, agréable à lire, rien à dire de ce côté-là.
Pour qui a l'habitude de lire des dystopies (pour ados ou non), certains éléments se retrouvent d'une oeuvre à l'autre. Par exemple, la quasi-toute-puissance des « vieux » qui méprisent les jeunes devenus minoritaires, c'est une idée qu'on retrouve dans La déclaration de
Gemma Malley (écrit après
Globalia). L'absence de papier, la méconnaissance de l'écriture « à la main », on l'a également dans Promise d'
Ally Condie (également écrit après). Il y en a pas mal comme ça.
Là où le bât blesse un peu pour moi, c'est qu'autour de ce contexte bien ficelé, l'intrigue et les personnages ne m'ont pas convaicue – en particulier la relation entre Kate et Baïkal, qui sous-tend tout le roman. Je n'ai pas réussi à m'attacher à eux et à leur idylle, trop vite écourtée au début du livre et qui pourtant va les porter pendant tout le récit. (Par contre, j'ai bien apprécié Puig, qui va s'inscrire dans une association de lecteurs et s'ouvrir l'esprit grâce aux livres :)). de plus, j'ai trouvé l'ensemble assez mou et monotone. Ca manque de rythme et c'est dommage.
En bref, si le contexte dystopique est vraiment solide et bien présenté (pour une fois, ça fait du bien!), les personnages et le rythme ne m'ont pas particulièrement emballée. Pourtant, je suis contente de l'avoir lu, le message délivré par l'auteur vaut le détour et le livre mériterait d'être découvert par les amateurs de dystopie!
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