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Yves Gauthier (Traducteur)
EAN : 9782742738205
273 pages
Actes Sud (07/05/2002)
4.1/5   139 notes
Résumé :
Une jeune ethnographe russe débarque en 1947 à Ouelen, petit village au bord du détroit de Béring, dans le but de nomadiser dans la toundra avec une tribu tchouktche d'éleveurs de rennes.

Séduite et fascinée par un jeune Tchouktche rencontré dès son arrivée, elle l'épouse et part vivre avec lui au sein de sa tribu...

Roman d'amour pour un peuple à jamais perdu, destin fascinant d'une scientifique rattrapée par sa passion, constat luci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
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Ce roman a pour théâtre le Territoire national des Touchkches, une tribu nomade d'éleveurs de rennes à l'extrême-Orient de la Russie, au bord du détroit de Béring, peuple qui avant la révolution russe avait des contacts réguliers avec l'Alaska..
J'avoue n'en avoir jamais entendu parler avant ce livre.

En juin 1947 y arrive une jeune doctorante, Anna Odinsova, mandatée par ll'Institut d'ethnographie de l'Acadamie des sciences de Leningrad pour y étudier le peuple tchoukche.
Elle est énergique et a décidé de s'y consacrer à fond, elle veut vivre comme une vraie autochtone et ce, malgré tous les avertissements qu'on lui donne car cela implique de vivre sous des températures polaires, sans confort, sans se laver.

Elle épouse rapidement un Tchoukche et part avec lui rejoindre sa famille dans la toundra.
En 1947, la seconde guerre mondiale a pris fin depuis peu et le pouvoir soviétique entend à tout prix mettre fin aux exploitations privées pour créer des kolkhozes.

le roman nous relate donc comment s'opère l'intégration d'Anna, prétexte à une profonde analyse ethnographique : au cours de la lecture, de très nombreux mots tchoukche s'imprègnent dans notre mémoire à force d'être répétés (Tanguistan, yaranga, polog...), tout nous est dit sur leurs coutumes, leur manière de survivre dans des conditions difficiles, leur rapport avec les rennes et enfin le chamanisme.
Youri Rytkhéou est Tchoukche lui-même et son père était chaman
le sachant, cela m'a amené à me défaire quelque peu de mon cartésianisme sinon je reconnais que certains épisodes m'auraient rebuté davantage.
C'est un roman, c'est en même temps une description ethnologique de ce peuple, c'est une description du chamanisme, c'est enfin une plongée dans l'histoire, dans la vaine lutte de ce peuple pour garder son mode de vie, c'est aussi un témoignage sur un monde qui hélas n'est plus.
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En 1947, Anna Odintsava, jeune étudiante en ethnologie se rend à Ouelen, ville de Sibérie, avec l'ambition de rédiger une thèse sur le peuple tchouktche.
Elle y rencontre Tanat, un jeune tchouktche, sur le point de rejoindre sa famille dans la toundra avant de partir faire ses études supérieures à Anadyr.
Anna va se marier avec lui et s'acclimater à sa nouvelle vie. Son beau-père, Rinto, chef de clan et chaman, va même l'initier au chamanisme. N'oubliant pas son objectif de départ, elle note tout consciencieusement dans ses carnets afin de rédiger sa thèse.
Toutefois, le régime stalinien souhaite sédentariser ce peuple et les éleveurs de rennes doivent mettre en commun leurs biens dans les tristement célèbres kolkhozes.
Anna et Rinto vont devoir se battre pour garder leur indépendance.
Un récit magnifique, une véritable ode au peuple tchouktche qui nous permet de vivre un beau voyage en Sibérie et de nous faire réfléchir.
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Dès l'amorce de la fonte des glaces, Anna vient d'être débarquée sur la banquise d' Ouelen, petite ville côtière sur la presqu'île des Tchouktches en bordure du détroit de Béring. De là, son ambitieux projet en bandoulière, elle compte surpasser les travaux des précédents ethnographes pour mener à bien une mission scientifique sur le peuple des éleveurs de rennes, leur langue, leur folklore, leurs coutumes.
Ses yeux bleus fascinants, ses cheveux d'or et sa farouche détermination à vivre de l'intérieur la vie de ce peuple nomade font fondre le coeur de Tanat, natif de la toundra et fils d'éleveur.
Il renonce à la poursuite de ses études, à ses rêves d'horizons lointains et épouse très rapidement Anna, oubliant la jeune fille qui lui était initialement destinée.

Rinto, le père de Tanat, est satisfait que son fils revienne au métier des ancêtres, mais il est plus que méfiant vis-à-vis de cette tanguitan, cette étrangère. Comment sa délicatesse et son instruction pourront-elles s'adapter au mode de vie dans une yaranga, tente en peau de rennes, en plein coeur de la toundra désertique ? Pour lui, c'est impensable qu'une jeune fille de Leningrad désire, de son plein gré, affronter la rudesse des conditions climatiques et l'inconfort de leur vie nomade.
En cet après-guerre, alors que la collectivisation doit s'étendre sur tout le territoire, Rinto soupçonne qu'Anna a été envoyée là afin de les rallier à un kolkhoze et de céder leur troupeau de rennes aux bolchéviks.

Très proche d'un documentaire romancé, cette lecture nous plonge au coeur d'un peuple dont la liberté et l'intelligence d'adaptation face à son milieu furent sacrifiés au nom du progrès et du communisme.
Anna se plie à toutes les coutumes pour vivre pleinement le quotidien de ces nomades. Des passages de ses écrits nous livrent ses descriptions plutôt scolaires qu'elle mêle avec ses impressions toutes personnelles. Il en ressort son enthousiasme initial, sa spontanéité communicative.
L'évolution de ses pensées scientifiques est absolument passionnante lors de ce périple avec cette famille qui tente de fuir les directives absurdes de collectivisation.

L'intérêt historique et ethnographique de ce roman se fond dans les paysages désertiques où la neige s'épand sur la toundra, où les rivières et les lacs se figent sous le gel avant que le printemps ne ramène les premières fleurs, la première verdure et la naissance des nouveaux rennes qui viendront, sous les prières du chaman, agrandir le troupeau, objet de toutes les attentions.
Les coutumes, surtout celles liées au chamanisme, sont parfois bien surprenantes !

Notre instruction sur ces Tchouktches est complète et passionnante. Tenues vestimentaires adaptées aux froids les plus intenses, habitudes alimentaires faites de viande de renne bouillie avec pour succulent dessert la moelle de patte de renne, rites chamaniques…
Les leçons tirées de ces éleveurs de rennes n'auraient pas dues être annihilées et dénigrées par le pouvoir bolchévik. Elles sont pleines de bon sens, sont intelligemment adaptées à ces contrées polaires et abondent d'humanité.

La richesse du récit, la découverte, le dépaysement, le contexte historique, l'hommage à ce peuple nomade, ont contribué à me faire vivre une belle évasion littéraire.
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Dans le pays des Tchouktches, près du détroit de Béring, une jeune femme ethnographe Anna Odintsova arrive de Léningrad en 1947. Prête à tout pour connaître les tchouktches, elle épouse Tanat, le premier homme qu'elle a rencontré.
Tanat veut continuer ses études, mais Anna va le convaincre de travailler avec son père éleveur de rennes depuis des générations. "Ce que je veux c'est vivre comme eux sans rien leur imposer".
La famille partira très loin sur des terres hostiles . Elle luttera pour empêcher les bolcheviks de confisquer les milliers de bêtes élevées avec soin depuis des générations et que celles-ci ne finissent mal soignées, à l'abandon dans un kolkhoze.
Anna passionnée, veut tout connaître de l'intérieur, elle travaille durement, s'habille, vit comme une tchouktche et note tout dans des cahiers.

Ce roman d'un auteur tchouktche est magnifique parce qu'il fait vivre ce qui est perdu à jamais : un peuple courageux, travailleur, accueillant.

Ce livre témoigne de l'absurdité de l'histoire. Je le garde précieusement.
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C'est sur le conseil de Manika que je viens de lire ce roman. Passionnant, on découvre la vie rude et décalée des nomades éleveurs de rennes dans la toundra Russe ainsi que la démarche absurde de la collectivisation Stalinienne, qui tente de donner un modèle économique unique et une façon de vivre (et de penser) commune à l'ensemble des peuples soviétiques. Cette folie est l'occasion d'un superbe roman, sur la liberté des peuples. Un sujet de réflexion sur la volonté d'une autorité politique qui tente d'imposer un modèle économique et une pensée unique. Finalement l'histoire aurait tendance à se répéter, seule les méthodes changent...Une belle découverte...
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Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
Les Européens n’ont qu’une pensée : instruire, civiliser, inculquer les manières et les habitudes de l’homme moderne, cet “être de culture”. Ce n’est là rien de plus que le désir d’un dresseur d’apprivoiser un animal exotique. Oui, c’est bien que cela !
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le propre de l'homme est de regarder d'abord devant lui, dit Rinto. Il n'a guère besoin du passé avec autant de détails. Les choses qui comptent restent gravées quoi qu'il arrive, et le reste se dissout dans le temps qui passe.
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Elle pensait de plus en plus à l’immense distance qui la séparait de Leningrad, de sa contrée natale. Distance physique, mais aussi temporelle. Parce que le mode de vie qu’elle partageait désormais avec sa nouvelle famille s’était conservé sous une forme presque intacte depuis le néolithique, plusieurs millénaires durant. Ainsi vivaient les hommes dans la vallée du Nil bien avant les pharaons, bien avant la naissance de Jésus-Christ, la fondation de l’Empire romain… C’était comme si elle avait inversé la marche du temps par sa propre volonté, en réalisant un vieux rêve de l’humanité, cela de la machine à remonter le temps.
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- Je lui fais confiance, prononça lentement Tanat. Il y a sûrement entre nous ce que les Russes désignent par le mot « amour »…
- L’amour ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- C’est un appel du cœur très fort envers une femme. De nombreux livres ont été écrits à ce sujet par les meilleurs écrivains.
- Ah ! ça vient des livres… s’étonna Rinto. Aurais-tu décidé de vivre maintenant d’après les lois de l’écriture ? Je doute que ça marche.
- Quand cette passion est réciproque, on n’est plus maître de soi. Il arrive même parfois que les tanguitan s’entretuent à cause ça, ou bien mettent volontairement fin à leurs jours… J’ai lu beaucoup de choses là-dessus.
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Quel long voyage elle avait dû faire pour arriver jusqu’à Ouelen ! Mais aussi quelle drôle d’idée que d’étudier la langue tchouktche et les coutumes anciennes dénoncées par les bolcheviks comme des survivances du passé entravant la marche du progrès ! Qui cela pouvait-il donc intéresser ? Car enfin, ni les Tchouktches ni leurs voisins proches (Esquimaux, Koriaks, Lamoutes…) ne pouvaient être comparés aux Egyptiens, aux Grecs ou aux Romains bâtisseurs de civilisations. Les gens d’ici n’avaient connu aucune dynastie. Ils n’avaient jamais construit de cités fortifiées, ni érigé de pyramides, ni mené de conquêtes… Même leurs morts, qui gisaient à ciel ouvert dans la toundra, ne laissaient d’eux qu’une poignée d’os blancs au bout de quelques années. Ce pouvait-il qu’on s’intéresse à ces yarangas où tremblotait la lueur d’une mèche à huile, à leur aménagement, à la construction des traîneaux et à l’attelage des rennes ? Ou encore au dépeçage des morses ? Au chant de Rinto ? Certes, il touchait le cœur de Tanat et des siens, mais comment pouvait-il émouvoir un être né ailleurs et parlant une autre langue ? Et cela quand on venait de cette terre lointaine et chaude qui, d’après les livres, les images et les rares films parvenus jusqu’ici, lui semblait si différent de la toundra déserte et du littoral glacé…
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