Ce roman a pour théâtre le Territoire national des Touchkches, une tribu nomade d'éleveurs de rennes à l'extrême-Orient de la Russie, au bord du détroit de Béring, peuple qui avant la révolution russe avait des contacts réguliers avec l'Alaska..
J'avoue n'en avoir jamais entendu parler avant ce livre.
En juin 1947 y arrive une jeune doctorante, Anna Odinsova, mandatée par ll'Institut d'ethnographie de l'Acadamie des sciences de Leningrad pour y étudier le peuple tchoukche.
Elle est énergique et a décidé de s'y consacrer à fond, elle veut vivre comme une vraie autochtone et ce, malgré tous les avertissements qu'on lui donne car cela implique de vivre sous des températures polaires, sans confort, sans se laver.
Elle épouse rapidement un Tchoukche et part avec lui rejoindre sa famille dans la toundra.
En 1947, la seconde guerre mondiale a pris fin depuis peu et le pouvoir soviétique entend à tout prix mettre fin aux exploitations privées pour créer des kolkhozes.
le roman nous relate donc comment s'opère l'intégration d'Anna, prétexte à une profonde analyse ethnographique : au cours de la lecture, de très nombreux mots tchoukche s'imprègnent dans notre mémoire à force d'être répétés (Tanguistan, yaranga, polog...), tout nous est dit sur leurs coutumes, leur manière de survivre dans des conditions difficiles, leur rapport avec les rennes et enfin le chamanisme.
Youri Rytkhéou est Tchoukche lui-même et son père était chaman
le sachant, cela m'a amené à me défaire quelque peu de mon cartésianisme sinon je reconnais que certains épisodes m'auraient rebuté davantage.
C'est un roman, c'est en même temps une description ethnologique de ce peuple, c'est une description du chamanisme, c'est enfin une plongée dans l'histoire, dans la vaine lutte de ce peuple pour garder son mode de vie, c'est aussi un témoignage sur un monde qui hélas n'est plus.