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EAN : 9782352841708
127 pages
Editions du Jasmin (29/02/2016)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Poète visionnaire se vouant à l’errance, maître en spiritualité condamné en 922, à Bagdad, au supplice de la croix, Hallâj est sans doute l’une des figures les plus attachantes du mysticisme soufi.
Au Français Massignon, il inspire une somme monumentale et à l’Égyptien Abdel Sabour un drame en vers libres qui compte parmi les plus beaux textes du théâtre moderne en langue arabe.
Projeté dans ce nouvel espace, qui donne à sa parole une extraordinaire ré... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
A l'heure où le monde musulman est en pleine interrogation sur ses positionnements face à ses différents courants, à l'heure où en Egypte un attentat est perpétré au sein même d'une mosquée liée au courant du soufisme, un de mes choix s'est naturellement portée lors de la dernière Masse critique sur cet ouvrage évoquant le destin de Hallaj, figure emblématique du soufisme des premiers temps de l'Islam. (Merci d'ailleurs à Babelio et aux éditions du Jasmin pour m'avoir sélectionné lors de cette MC).

J'avoue que je pensais avoir plutôt affaire à un essai qui m'expliquerait le destin de cet homme face à son époque. Je fus donc surpris, mais plutôt agréablement pour un homme de scène comme moi, de voir qu'il s'agissait en fait d'une pièce de théâtre se basant sur des ouvrages savants pour les retranscrire en texte poétique et dramatique.

Le résultat est plutôt convaincant. On ne peut totalement juger de la qualité poétique de base, puisque chaque langue a ses règles de rythme qui constituent sa poésie. Salah Abdel Sabour est plutôt adepte du vers libre et il explique dans sa postface comment il a combiné différentes formes de poésie classique en les adaptant à la scène. C'est cependant le travail de la traductrice qui seul peut nous guider vers la musicalité de ces vers. Les mots parviennent en tout cas à chanter à nos oreilles malgré le filtre qu'impose un passage par une autre langue.

En passant, petit manque pour moi: l'absence totale du féminin dans les personnages décrits, et même quasi-totale dans l'évocation (seul un des personnages secondaires évoque sa femme et pas par un biais valorisant...) Il est évident que le sujet, l'époque décrite par l'histoire comme l'époque de rédaction n'étaient pas propices à une mise en valeur des femmes. Mais cette particularité ne peut que sauter aux yeux dans le moment de l'Histoire que nous traversons... et elle est aussi frustrante pour quelqu'un qui envisage de monter une telle pièce et ne voit aucun rôle à confier à une femme !

Passé ce petit point gênant, l'oeuvre est vraiment intéressante avec les parallèles qu'elle dresse entre les religions (entre la figure de Jésus et celle de Hallaj, de façon évidente notamment dans le titre de la pièce, même si c'est un choix de la traductrice). L'auteur, même s'il s'intéresse à un personnage empreint de religion, insiste surtout sur son aspect rebelle, sa défense des opprimés face à un pouvoir dédaigneux et injuste. La peinture des différents personnages emblématiques ayant croisé la route de Hallaj (frère en religion, disciples, gens du peuple, juges, compagnons de cellule) donne à voir la réaction d'une société accueillant en son sein une figure décalée et sa difficulté majeure à l'accepter totalement comme sienne.
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Hallâj met le doigt là où ça fait mal : dénoncer les injstices faites aux plus pauvres par les grands, qui sont pourtant considérés désignés par Allah. Et devant donc faire charité, tout ça tout ça.
Pourtant, ce n'est pas ce qui le fait finalement condamné à mort. Non, c'est encore-déjà-toujours (faites votre choix) l'intolérance religieuse. Hallâj est soufi, de ce fait, il pratique un peu différemment l'islam que les autres mouvements. Pour lui, Allah est partout présent, il n'est pas seulement au-dessus de nous, mais également en nous et de ce fait, chacun de nous est une parcelle d'Allah. Autant dire qu'un tel discours est considéré comme hérétique. C'est toujours le cas. Il ose remettre en question, interroger le texte plutôt que de l'accepter tel quel. Ce qui aujourd'hui encore n'est pas sans risques pour les soufis, persécutés et emprisonnés. Les médias occidentaux ne distinguent pas réellement les différents mouvements qui traversent l'islam, sauf lorsque l'actualité leur met crûment la réalité sous les yeux, comme l'attaque d'une mosquée en Egypte.
Pourquoi ? Sans doute parce que c'est un mouvement qui remet en cause une certaine tradition de pensée et des dogmes religieux, qui propose de fait des changements sociétaux qui vont vers plus de prise en compte de l'individu, qui fait de la religion aussi un acte individuel, en plus de collectif. Des personnes moins faciles à diriger et à soumettre parce qu'elles auront appris à voir les choses autrement en réfléchissant sur le sens profond du texte. Ce mouvement quiétiste (pacifique) s'oppose à la violence aveugle des islamistes. Violence brute de la guerre et violence de dogmes imposés pour une société uniforme.
Merci à Babelio et aux Éditions du Jasmin pour l'envoi de cet ouvrage.

Pour en savoir plus :
http://www.leconomistemaghrebin.com/2017/11/27/soufisme-salafo-djihadisme-egypte/
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On ne lit pas ce livre, on marche pas à pas à côté de lui comme dans un champ de plénitude, subrepticement. Saisi par les trames de toutes beautés confondues, le lecteur lit de l'or pur. Salah Abdel Sabour égyptien, est plus qu'un écrivain, un passeur de lumière. Cette poésie arabe née de sa plume est une traversée d'oies sauvages dans un ciel parsemé d'éclairs. Magistrale « La passion de Hallâj » poète condamné en 922 au supplice de la croix, est dans les ferventes proses de l'auteur en pleine résurrection verbale. Cette pièce de théâtre poétique est splendide. « le groupe : Nous avons pleuré d'en être séparés. Puis nous sommes réjouis au souvenir de l'avoir lié à ses paroles. Et dressé sur l'arbre avec elle. »Le lecteur pénètre dans chaque mot, s'échappe du temps présent, et se trouve dans cette force poétique, et n'ose plus bouger. Puissants, ces vers content l'ésotérisme de Hallâj, bousculent aussi les injustices, et douleurs d'un peuple opprimé. « Le boiteux : Il nous entretenait, laissant parler son coeur… Il n'a pu garder le silence, Il a tout avoué…. »Salah Abdel Sabour rend hommage au magnétisme du soufisme, à la force transcendante de Hallâj qui a reçu de son maître le manteau de laine écru si symbolique chez les Soufis. Le lecteur est foudroyé par cette sagesse, par ces senteurs philosophiques et engagées. Par toutes ces larmes et cette beauté qui survolent les lignes au risque de se poser en point final. Hallâj assassiné reste le gouffre du mot perdu. de l'éternité ensanglantée par l'oeuvre anéantie, ce livre est une merveille, cette passion le symbole du pur et du vrai. le lecteur sait qu'il est devenu riche d'une lecture cousue de grandeur et de vérité. « C'était le temps où j'aimais la sagesse, je hantais le matin tous les lieux de savoir, les boutiques des libraires, puis m'en retournais pour la surprendre avec des mots aussi brillants. »Traduit avec perfectionnisme par Randa Sabry « La passion de Hallâj » publiée par les Editions du Jasmin est un chef d'oeuvre incontournable. A lire et à relire, à offrir en multitude, tant le beau ne peut s'achever.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Les victimes...
Qui sont les victimes et qui sont les injustes ?
Aucune de ces victimes n'a-t-elle jamais commis d'injustice
Envers un voisin, un époux ou un enfant,
Une servante ou un esclave ?
Aucune d'elles n'a-t-elle jamais été injuste envers Dieu ?
Où trouver un glaive clairvoyant ?
Où trouver un glaive clairvoyant ?
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Hallâj :
La pauvreté est d'exploiter la pauvreté pour humilier l'âme
La pauvreté est d'exploiter la pauvreté pour tuer l'amour
Et planter la rancune
La pauvreté dit aux riches :
"Déteste tous les pauvres
Car ils ne rêvent que de voir ta prospérité ruinée"
Et elle dit aux pauvres :
"Si tu as faim, dévore la chair de ton frère"
Dieu nous dit :
"Soyez aimants, aimés"
La pauvreté nous dit :
"Soyez haïssant, haïs
Détestez, détestez, détestez"
Tel est le mot d'ordre de la pauvreté
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Ibn Sourayj :
La manière dont il croit
Voudrais-tu fouiller dans son coeur ?
Cela relève t-il des droits du prince
Ou de Dieu ?

Abou 'Omar :
Cela relève du droit des juges
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