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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après Bonjour tristesse, après Un certain sourire, Dans un mois, dans un an (1957) est le troisième roman de Françoise Sagan, qui a alors 22 ans, si j'ai bien calculé. Exactement comme les deux précédents, je l'ai gobé d'une seule traite, en un peu plus de 2 heures il me semble. Je ne m'y attendais pas forcément, mais je l'ai beaucoup plus apprécié que son second.

Cette fois, pas vraiment de protagoniste principal : on fait face à une tripotée de parisiens plus ou moins dépressifs, tous trompant et couchant les uns avec les autres. En ce sens, c'est un roman extrêmement moderne : ils ne croient en rien, ils sont futiles, ils n'ont pas grand-chose d'autre que leurs désirs amoureux et sexuels. Comme la relation intime est pour la plupart d'entre eux la colonne vertébrale de l'existence, ils sont définis par leurs tendances relationnelles. Il y a les cyniques fatigués de la vie avant d'avoir vécu, sans doute image de Sagan elle-même, il y a le jeune naïf qui va apprendre une leçon de vie, il y a celui qui à travers le rejet découvre sa faiblesse et l'attrait de l'alcool, il y a l'introverti solide comme un roc qui par cette intangibilité parvient à plaire à une jeune cynique, et il y a l'actrice qui fait des ravages avec son joli minois, mais pour qui l'amour n'est qu'un outil au service de son ambition. Celle-là "réussit", mais elle est vide.

Finalement, tout ça n'est pas follement original, mais c'est comme si Sagan en avait conscience, car elle va à toute vitesse. C'est court et dense, ce qui comme souvent n'est pas pour me déplaire : la forme va avec le propos, ces enfantillages relationnels sont d'une inévitable banalité, alors contentons-nous de les effleurer...

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Mon premier livre de Françoise Sagan. Écriture remarquable, bien qu'on sente encore des gaucheries, une belle jeunesse en fait tout le charme, avec ses assertions définitives. de grands élans d'absolu traverse les personnages, dont ils ne savent que faire. Ils s'encombrent d'eux même, se tournent autour. Quelque chose de Racinien (Béatrice citant Bérénice, et Phèdre).
Déjà des scènes théâtrales (elle y viendra rapidement). Il y a ce désoeuvrement blasé et citadin qui m'étonne: nous sommes en 1957, l'époque ne me semblait pas si désabusée. Les personnages sont pleins d'eux-mêmes, ou vide d'eux-mêmes, la vie c'est l'amour l'ennui, c'est beaucoup de solitudes, de gâchis. Et l'élégance, beaucoup d'élégance, cruelle parfois. Et enfin la recherche d'une liberté souveraine, la grâce. Tout le reste est sombre et médiocre.
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Le temps de quelques semaines, quelques mois, Françoise Sagannous entraîne dans les vies de Bernard, Josée, Nicole, Fanny, Alain, Edouard et Jacques, et au coeur de leurs aventures amoureuses. Il s'agit d'ailleurs d'une sorte de quiproquo romantique qui n'a rien à envié aux feuilletons télévisés actuels : Bernard est marié avec Nicole mais aime Josée. Josée « passe le temps » avec Jacques. Alain est marié avec Fanny, et a pour point commun avec son neveu Edouard une passion dévorante pour Béatrice, une comédienne. Celle dernière jettera finalement son dévolu sur Edouard avant de s'en lasser et de s'amouracher de Jolyau. Vous suivez ?

La première chose qui m'a marquée dans ce livre est sa construction. En le lisant, j'ai eu l'impression d'être catapultée, sans raison et sans but précis, au milieu d'un espace spatio-temporel choisi au hasard : l'action commence in medias res puisque nous sommes propulsés dès la première page aux côtés de Bernard, qui ne peut pas résister à l'envie d'appeler Josée à quatre heures du matin. le roman se termine de la même manière, au milieu d'une conversation et d'une soirée donnée par les Maligrasse. Entre les deux, la trame classique de la narration n'est pas du tout respectée : pas de schéma type « situation initiale, élément perturbateur, péripéties, résolution du conflit, situation finale ». Les événements s'enchaînent et se succèdent sans qu'aucun fil rouge ne semble leur donner du sens ou une direction. 

C'est à ce moment là qu'il faut se souvenir que c'est de l'amour que nous parle Françoise Sagandans ce roman. En effet, elle explore la façon donc le sentiment amoureux peut naître, s'exprimer, évoluer puis mourir afin d'essayer de le comprendre et de l'expliquer.

L'écriture apparemment décousue qu'elle utilise n'est donc pas choisie au hasard. Je pense qu'on peut d'ailleurs l'interpréter de deux manières. 

La première manière de comprendre comment cette écriture décousue et le thème de l'amour se mêlent est de penser que Saganécrit afin de comprendre l'amour. Comme un sociologue observerait des comportements, Saganobserve ses personnages et retranscrit en tant que romancière leurs gestes, leurs attitudes, leurs paroles et leurs sentiments afin d'essayer d'en tirer un sens. le roman n'est donc pas construit de manière rigoureuse puisque Saganne sait pas, avant de l'écrire, dans quelle direction elle va. Elle espèrerait ainsi que l'écriture de ce roman l'éclaire sur l'amour. L'écriture sans trame narrative et sans finalité symbolise ainsi une véritable quête de sens par rapport au sentiment amoureux. Avec elle, on est tentés de se demander à quoi ça rime, pourquoi l'amour, pourquoi eux, pourquoi à ce moment-là, pourquoi comme ça, etc.

L'écriture peut donc apparaître comme un moyen de comprendre l'amour. Dans cette vision des choses, l'écriture ne serait donc pas uniquement un moyen de retranscrire ses pensées, mais surtout de les comprendre.

La seconde de manière de voir la façon dont ces deux éléments s'entremêlent est de penser que Sagannous livre, grâce à l'écriture, sa propre vision de l'amour. Selon cette vision des choses, Sagana déjà sa propre idée et sa propre conception de l'amour, elle n'attend pas que le processus d'écriture l'aide à comprendre ce sentiment.

L'écriture vient alors l'aider à expliquer sa propre vision de l'amour. En écrivant de manière décousue, Françoise Saganpourrait ainsi vouloir nous expliquer que l'amour n'est pas logique : il ne s'explique pas, ne se prévoit pas et ne se construit pas de manière réfléchie. Elle nous proposerait ainsi une vision de l'amour comme un sentiment complètement opposé à la raison et à la logique, imprévisible et finalement presque incompréhensible. La relation entre Josée et Jacques en est, je pense, un parfait exemple : « Puis il était venu vers elle et, pendant qu'il faisait les trois pas qui les séparaient, elle avait su qu'elle l'aimait. » Qu'est-ce qui dans ces trois pas a convaincu Josée des sentiments qu'elle éprouvait pour Jacques ? Cette prise de conscience est inexplicable, et c'est ce que veut nous faire comprendre Sagan.

L'auteure de ce roman a donc un point de vue assez paradoxal : d'un côté, elle n'arrive pas à comprendre ce qu'est l'amour et utilise le processus d'écriture pour le comprendre, et de l'autre elle utilise l'écriture pour nous montrer que l'amour est justement incompréhensible.

Les personnages de ce roman sont quant à eux hauts en couleurs et en sentiments. Les caractères ne sont pas ultra développés dans la mesure où Saganne nous livre pas une multitude de détails à leur propos. On a plutôt l'impression de les attraper à un moment de leur vie, de les suivre pour quelques temps puis de les abandonner. Ce sont comme des fragments de vie que nous livre Sagan, à propos de personnages choisis au hasard.
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