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EAN : 9782021531183
320 pages
Seuil (05/05/2023)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Avec la libéralisation économique des années 1980, les paradis fiscaux se sont placés au coeur du réacteur de la globalisation. Secret bancaire, trusts et évasion fiscale des multinationales ont coûté des centaines de milliards aux Etats et ont contribué à l'envolée des inégalités. Avec la crise financière de 2008, les gouvernements ont été contraints de réagir. Acculés, ils ont été capables, en agissant ensemble, de faire craquer le secret bancaire et de s'attaquer... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Un grand merci aux éditions Seuil et à la masse critique de Babelio sans qui je n'aurais probablement jamais découvert cet ouvrage. Trêve d'ambages, parlons peu mais parlons bien, du moins vais-je essayer.

J'ai découvert les premières pages avec appréhension : j'avais nourri une toute autre idée de ce livre. Je m'étais imaginée à tord qu'il allait retracé l'histoire/la naissance des paradis fiscaux jusqu'à aujourd'hui. Un récit historique relaté sur un ton objectif.
Il m'a fallu un temps d'adaptation à accepter mon quiproquo et plonger dans les péripéties de notre narrateur qui, pour le coup, emploie un point de vue subjectif puisqu'il s'agit de son combat acharné de plus de quinze ans pour repousser le secret bancaire et l'évasion fiscale internationale.

Je suis une non-initiée. L'économie et la fiscalité sont des domaines aussi complexes que le sont pour moi la physique quantique et la pétrochimie. Je mentirais si j'annonçais que j'ai compris toutes les subtilités, subterfuges et explications de l'auteur qui, soi dit en passant, ne nous met pas la pression puisqu'à travers son récit on perçoit la complexité de la fiscalité internationale comme un sac de noeuds à s'arracher les cheveux de la tête (j'extrapole mais à plusieurs reprises j'ai eu le sentiment que lui et ses collaborateurs ont dû surchauffer des cellules grises jusqu'à lors inconnues du genre humain tant la difficulté de la tâche était immense).

J'ai dû mettre mon côté «anti-capitaliste» sous clé pour plonger dans ma lecture et découvrir avec effroi les coulisses (pas toutes mais bien assez) du monde technocrate, politique et diplomatique aussi effrayant que stressant et souvent ahurissant. Quand je pense que certaines décisions qui impacteront le sort de tout un pays et son peuple se sont jouées à un seul coup de téléphone entre deux amis…
Il m'est impossible de relater toutes les choses qui m'ont fait rire, m'ont choquées ou saisies, sinon cette critique finira en nouvelle improvisée.

Il est indéniable que ce témoignage est intéressant. Dense et exigeant, mais intéressant (que j'apprécierai d'autant plus lorsque je le relirai une seconde fois je pense). Par dense et exigeant j'entends le nombre hallucinants d'informations et de contexte requis pour appréhender les enjeux de ce combat mené par l'OCDE et les intervenants extérieurs qui ont contribué à une fiscalité internationale et au progrès d'une législation pour que les multinationales ne fuient plus leurs impôts qui se comptent en centaines de milliards d'euros/dollars.

Le stress épouvantable des négociations transpirait entre les lignes au point d'en être contagieux, surtout au début et à la fin avec les conflits d'intérêts et la numérisation de l'économie. La diplomatie est loin d'être une partie de plaisir. Si ce récit m'a ouvert les yeux sur quelque chose, c'est entre autres sur la difficulté sous-estimée de mettre des Leaders (tous dirigés par leurs intérêts privés qu'ils mélangent avec des intérêts soi-disant généraux) tous d'accord à signer des directives et de s'y appliquer.
La frustration est elle aussi immense. Entre décisions contradictoires, revers de veste, hypocrisie, première puissance mondiale qui dit aux autres nations ce qu'elles doivent faire en se passant de l'appliquer elle-même, corruption et luttes d'intérêts, il y a de quoi se demander si notre système, ce bateau troué, mérite vraiment le mal que ces technocrates se donnent pour colmater les fuites, au lieu d'envisager de construire un tout nouveau navire… mais comment la diplomatie, cette danse sulfureuse de compromis, pourrait convaincre ces oligarques de détruire le navire du capital et du profit sur lequel ils ont bâti leur empire ?

Je doute d'ailleurs que notre narrateur croit qu'une autre économie mondiale soit possible. Mais je ne vais y émettre aucune critique. Car il m'a fait reconnaître qu'un homme d'action ne peut pas être comparé à un homme de fervent discours. Pascal Saint-Amans a agi, corps et âme (mettant jusqu'à mal sa santé), pour améliorer la fiscalité mondiale et à sa façon combattre les inégalités. Ce combat dure depuis la nuit des temps, ce qui me laisse craindre que cette lutte continuera à être de tous les instants. Il y a encore un long chemin à parcourir mais l'on peut espérer que d'autres technocrates prendront la relève…
Des avancées ont été accomplies mais je m'interroge sur cet argent taxé des multinationales reversé aux États… S'en servira-t-on pour l'intérêt du peuple ou grossira-t-il les poches d'autres riches ?
Et cette hausse des prix qui n'en finit pas actuellement, nous à qui on avait promis que l'augmentation des taxes des entreprises n'impacterait pas le consommateur. On peut toujours nous servir l'excuse de la guerre en Ukraine, mais l'on peut tout de même s'interroger si nous ne sommes pas plutôt les victimes de représailles des multinationales rancunières…

D'un côté je reste sceptique, de l'autre je reconnais avoir appris beaucoup de choses (sans que ce livre prétende vouloir faire de son lecteur un expert en matière fiscale et politique internationale).

Je ne peux cependant fermer la boucle sans m'épancher sur un sentiment qui m'a saisi au cours du début de ma lecture (l'introduction m'avait plongé dans un désarroi complet, heureusement qu'elle était courte!). Ces changements aussi louables soient-ils m'ont fait penser aux voitures électriques. Il n'est au fond pas question de résoudre le réchauffement climatique. Il s'agit de poursuivre notre train de vie et notre économie abusives en offrant une alternative au consommateur culpabilisé tout en maintenant la construction et la distribution de voitures carburant au pétrole. Pour le coup, les multinationales amassent un double bénéfice… tout en doublant l'impact écologique. L'extraction des minerais servant aux batteries (lithium et autre métaux rares), en plus d'aggraver la déforestation, empoisonnent les mineurs sous-payés. L'évacuation du traitement des métaux lourds s'infiltrent dans le sol (contaminant les cultures qui se retrouvent dans nos assiettes), les nappes phréatiques, rivières et océans, détruisant la faune et la flore que nous sommes supposés préservés… C'est ça la voiture verte ?

Je vais achever cette longue tirade toutefois par ce petit extrait qui m'a convaincu et me fait respecter les efforts déployés par l'auteur ainsi que ses nombreux collaborateurs fiscalistes et économistes de l'ombre, journalistes d'investigation, employés de banque et cabinets d'avocats spécialisés dans l'offshore qui ont risqué leur vie et leur carrière pour livrer des documents à la presse qui ont largement contribué au succès de ce bouleversement historique menacé par les tempêtes géopolitiques mais qui survivra tant que des gens avisés continueront de croire et de se battre pour lui.

«Il est sans doute plus facile d'adopter une posture critique, de dénoncer les injustices et de rejeter avec colère tout compromis, comme insuffisant. J'ai pris le parti de croire que les progrès étaient possibles, d'aider à les faire advenir. C'est un pari plus compliqué ! Molière ne s'y est pas trompé en donnant à Alceste le beau rôle, celui du Misanthrope. J'ai toujours quant à moi préféré celui, peut-être plus fade, de son ami Philinte qui, en acceptant la réalité, était plus à même de la changer.»
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« Paradis fiscaux » porte en sous-titre « comment on a changé le cours de l'histoire ». L'intitulé de l'ouvrage résume clairement son objet : présenter les quinze années du travail de l'auteur, Pascal Saint-Amans, au sein de l'OCDE en tant que Directeur fiscal. Créée en 1948, l'OCDE était chargée de la mise en oeuvre du programme du Plan Marshall. L'organisation est actuellement un centre d'analyse économique et regroupe 38 pays (riches et puissants pour la majorité). Pascal Saint-Amans s'attache à retracer le long parcours de l'institution qui a permis de lever le secret bancaire, lutter contre l'évasion fiscale et imposer les multinationales à un taux minimal partout dans le monde. La crise boursière de 2008 convainc les autorités que le moment est venu de réguler la finance mondiale. Les scandales touchent les paradis fiscaux ; la mondialisation a creusé les inégalités et détourné des centaines de milliards de dollars. L'auteur présente avec clarté le long chemin des négociations avec les instances internationales (ONU, Union Européenne, G7, G20 …), avec les états soucieux de conserver leurs prérogatives (Etats-Unis, Chine..). Pascal Saint-Amans garde un recul lucide devant l'ampleur de la tâche, aux avancées contestées, aux formulations alambiquées. Il épargne au lecteur une plongée dans la complexité de la finance. le livre permet d'appréhender des échelles de valeur inconnues aux dimensions planétaires, sources de tensions géopolitiques.
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*****Livre reçu dans le cadre de la masse critique "Non fiction" de juin 2023*****
Par ma profession, je m'intéresse "naturellement" aux questions d'optimisation, de fraude et d'évasion fiscales ...
J'ai trouvé ce livre sincère, abordable et intéressant.
L'auteur s'attache à y retranscrire sa perception de ce que furent les 20 dernières années de son métier de "diplomate fiscal".
Les scandales bancaires, les crises financières, budgétaires et sociales, les élections nationales, la crise sanitaire, les menaces de guerres économiques furent autant de jalons, d'écueils et de nouveaux élans d'une épopée laborieuse.
L'auteur y relate avec lucidité et modestie ses succès et ses échecs dans sa croisade contre les paradis fiscaux, les transferts de bénéfices et la concurrence fiscale délétère.
Les protagonistes ne sont autres que l'OCDE, l'ONU, l'UE, le G7,le G20, Les USA, les pays émergents ... les multinationales et géants du numérique.
Chercher un accord dans ce contexte mouvementé avec de tels intervenants ne pouvait que donner un bon bouquin et je l'ai lu.

Merci à Babelio et aux Editions Seuil pour cette lecture agréable !
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Reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique du mois de Juin 2023

Etant avocate en droit fiscal, j'étais plus que ravie de recevoir ce livre dont la thématique m'intéressait forcément.

Le style d'écriture est simple, efficace et permet d'appréhender facilement des sujets assez complexes pour qui a déjà un peu le nez dedans.

Au fil des chapitres nous suivons la progression des discussions de l'OCDE et de la mise en place d'un réel système fiscal international dont on peut voir aujourd'hui des applications pratiques.

J'ai beaucoup apprécié ce livre qui a permis de saisir les rouages de la mise en place d'accords internationaux et les enjeux politiques et pratiques se cachant derrière des systèmes d'imposition que l'on peut voir régulièrement.

Petit bémol, je ne suis toutefois pas certaine que pour un pur novice de la matière souhaitant découvrir cet aspect, le livre soit aisé à comprendre.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il est sans doute plus facile d’adopter une posture critique, de dénoncer les injustices et de rejeter avec colère tout compromis, comme insuffisant. J’ai pris le parti de croire que les progrès étaient possibles, d’aider à les faire advenir. C’est un pari plus compliqué ! Molière ne s’y est pas trompé en donnant à Alceste le beau rôle, celui du Misanthrope. J’ai toujours quant à moi préféré celui, peut-être plus fade, de son ami Philinte qui, en acceptant la réalité, était plus à même de la changer.
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La diplomatie requiert d’être plus inventif et plus subtil, plus tordu diraient les observateurs critiques.
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