AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782213631301
422 pages
Fayard (31/10/2006)
  Existe en édition audio
3.43/5   221 notes
Résumé :
Jacques Attali raconte ici l’incroyable histoire des cinquante prochaines années telle qu’on peut l’imaginer à partir de tout ce que l’on sait de l’histoire et de la science. Il dévoile la façon dont évolueront les rapports entre les nations et comment les bouleversements démographiques, les mouvements de population, les mutations du travail, les nouvelles formes du marché, le terrorisme, la violence, les changements climatiques, l’emprise croissante du religieux vi... >Voir plus
Que lire après Une brève histoire de l'avenirVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (22) Voir plus Ajouter une critique
3,43

sur 221 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
9 avis
2
0 avis
1
3 avis
Jacques Attali a rencontré, avec ce livre publié en 2006, un succès public et critique mérité.
Faussement modeste, l'ancien conseiller spécial de François Mitterrand nous livre sa « brève » histoire de l'avenir en quelques 400 pages dont la densité de contenu n'a paradoxalement d'égal que l'agrément qu'on prend à leur lecture.

Cet essai prospectif se présente – et l'auteur le reconnaît volontiers – comme « l'approfondissement de thèses développées au fil d'essais et de romans précédents » (p. 24). C'est ainsi que son premier tiers est un rappel un peu ennuyeux de l'Histoire du monde depuis la Préhistoire à nos jours. A l'Ordre rituel puis à l'Ordre impérial a succédé l'Ordre marchand. Cet Ordre s'organise autour d'un « coeur » et Attali nous raconte, comme il l'avait déjà fait il y a près de vingt ans dans "Lignes d'horizon" comment neuf coeurs se sont succédés depuis le XIIIème siècle : Bruges, Venise, Anvers, Gênes, Amsterdam, Londres, Boston, New York et enfin Los Angeles (en 1990, Attali croyait que le neuvième coeur s'installerait à Tokyo, mais le rebond de la puissance américaine, qu'on avait trop vite enterrée et les difficultés de l'archipel nippon le conduisent à relocaliser en Californie le « coeur » actuel).

Les deux autres tiers du livre sont plus captivants. Ils nous parlent de l'avenir et de la vie que nous y mènerons avec une extrême clarté. Là est à la fois la plus grande force et la plus grande faiblesse de cet exercice de futurologie : il se résume avec trop de facilité pour espérer se réaliser avec une telle simplicité.

Selon Jacques Attali, on assistera dans vingt ou trente ans au repli inéluctable de l'empire américain : « les Etats-Unis seront fatigués (…) Ils auront besoin de souffler, de s'occuper d'eux-mêmes, de restaurer leurs finances, de panser leurs blessures, d'améliorer le bien-être de leurs propres habitants. » (p. 231) Ce retrait laissera la place à un monde polycentrique que ne dominera plus aucun « coeur » : « le marché sera devenu assez puissant et le coût de l'échange de données assez faible pour que les membres de la classe créative n'aient plus besoin de vivre au même endroit pour diriger le monde » (p. 239).
Les États s'affaibliront ; le marché s'auto-régulera. S'installera ainsi un hyperempire dominé par une caste d'hypernomades. Cet ordre aura ses laissés-pour-compte : l'immense classe moyenne des nomades virtuels et surtout le lumpenprolétariat des infranomades qui ne se satisferont pas du sort qui leur est réservé. Aussi à l'hyperempire succèdera un hyperconflit dont Attali n'exclut pas qu'il puisse conduire à l'anéantissement de l'humanité. Mais, dans un splendide dénouement dialectique qui ne dit pas son nom, Attali espère que les tensions de l'hyperempire puis de l'hyperconflit se résoudront dans l'avènement de l'hyperdémocratie, fondée sur un nouvel équilibre entre le marché et la démocratie.

L'exercice brillantissime auquel se livre Jacques Attali ne saurait laisser indifférent. On aura tôt fait d'en critiquer tel ou tel aspect, de relever des raccourcis trop rapides, de dénoncer son parti pris hyper-libéral et un happy end qui contraste avec la noirceur du reste du scénario. On ne pourra s'empêcher de suspecter Attali de s'être rêvé en futurologue omniscient, en nouveau Hari Seldon, le héros du cycle "Fondation" d'Isaac Asimov, dont les prévisions si elles venaient à se réaliser le hisseraient au rang d'un Hegel ou d'un Einstein.
Toutefois, qu'on soit ou non bluffé par autant d'assurance, qu'on aime plus ou moins "Brazil", 1984, "Blade Runner" ou "Les fils de l'homme" (de loin le meilleur film d'anticipation de ces dix dernières années) on trouvera dans les idées foisonnantes d'Attali matière à rêver (ou à cauchemarder ?) au monde de demain.
Commenter  J’apprécie          211
On commence par une ennuyeuse histoire de l'Histoire, en remontant jusqu'au premier homme sur terre, puis on apprend que l'Ordre marchand a toujours connu un "coeur", c'est à dire une ville ou une région mettant à profit les nouvelles technologies pour développer un marché. Ce "coeur" a toujours été côtier et s'est toujours déplacé vers l'ouest : Bruges au 13ème siècle et Venise au 14ème siècle pour les produits agricoles et matériaux, Anvers au 16ème siècle pour l'imprimerie, Gênes au 16ème siècle pour la finance, Amsterdam au 17ème siècle pour l'invention du bateau flûte, Londres au 18ème siècle pour la machine à vapeur, Boston au 19ème siècle pour le pétrole et l'automobile, New York au 20ème siècle pour le moteur électrique utilisé en agriculture, en industrie et en automobile, puis Los Angeles depuis les années 80 pour ses "objets nomades" : téléphones, ordinateurs, baladeurs et tout ce qu'on doit aux NTIC.
A propos des "objets nomades", Attali précise que c'est une "expression que j'ai introduite en 1985, bien avant que ces objets n'apparaissent, et qui, depuis lors, s'est installée dans de nombreuses langues". Modestie oblige.

Ce récit du passé prend un tiers du bouquin. Certains diront que c'est un mal nécessaire pour "prédire l'avenir", mais, personnellement, je me serais bien passée de ce déballage simpliste et superficiel de faits racontés trop légèrement (l'histoire est bien plus complexe que ça !) et sans aucune mention de références : Attali trouve comme par magie tous les arguments dont il a besoin pour tirer dans ses "leçons pour l'avenir" des lois universelles régissant le monde. Il ne cite pas ses sources, ni dans le texte, ni en note de bas de page, ni en bibliographie. J'aurais pourtant aimé savoir de quelle source, même en 2006, il tient cette vérité selon laquelle le nucléaire et le pétrole sont des secteurs clés de l'avenir.

Attali extrapole ses déductions au monde entier sans aucune considération des spécificités propres à chaque continent, pays, culture. Il prend des raccourcis monstrueux entre la cause et la conséquence et tire des "leçons à retenir" bien trop vite à partir d'arguments médiocres ou insuffisants. Illustration par le lien qu'il fait entre technologie, musique et sexualité en p.96 : "la pile électrique et le transistor rendent portables la radio et le tourne-disque. Révolution majeure car elles permettent au jeunes de danser hors des bals, donc hors de la présence des parents, libérant la sexualité, ouvrant à de toutes nouvelles musiques, du jazz au rock, annonçant l'entrée des jeunes dans l'univers de la consommation, du désir et de la révolte. Leçon pour l'avenir ; le lien entre technologie et sexualité structure la dynamique de l'Ordre marchand."

Ensuite, les deux derniers tiers esquissent la fin du "coeur" d'aujourd'hui (Los Angeles), le déclin imminent du champion américain et le tableau du monde vers 2050 : un Hyperempire (marché mondial unique sans démocratie, sans Etats ni nations) puis un Hyperconflit (une 3ème guerre mondiale), et finalement, une Hyperdémocratie (un retour de l'équilibre entre démocratie et marché).

Verdict : Hyperarnaque.

Ces prévisions délirantes sous-entendent que l'avenir est une redite du passé, une fatalité, qu'il suit des tendances mondiales observées dans le passé, comme si l'histoire ne pouvait que se répéter, indépendamment de la volonté et de l'effort des populations.
Attali prévoit l'avenir avec la certitude d'un actuaire en sciences exactes. Il n'émet pas d'hypothèses, il parle sans précaution d'un avenir certain. Quelle modestie ! D'ailleurs, il s'exprime au futur de l'indicatif, comme une voyante devant sa boule magique ...
Commenter  J’apprécie          194
Jacques ATTALI dresse ici une saisissante vision prospective du monde pour les 50 années à venir mais il pêche cependant par un vilain défaut : l'excès de certitude personnelle tant les hypothèses présentées ne sont pas sujettes à différents scenarii. Pourtant l'idée de départ cette épopée est plus que louable tant le siècle écoulé a vu des avancées technologiques majeures si l'on ne retient que l'automobile et l'informatique par exemple.

Il aborde ainsi des grandes thématiques contemporaines en faisant une grande narration historique sur l'évolution de l'humanité : les empires ; les enjeux liés au climat ; le nomadisme ; mes menaces terroristes, etc.

Pour l'auteur, il semble que le futur soit à considérer comme une inéluctable réédition du passé ; ses hypothèses sont sûres alors qu'il ne présente aucunement les sources auxquelles il a eu recours pour en venir à ce constat.

Bref, l'auteur se fait voyant sinon prophète dans cet ouvrage qui, s'il a de la profondeur, mériterait davantage de modestie de sa part.
Commenter  J’apprécie          261
Toujours un choix dans la bibliothèque du bateau. Cet ouvrage de Jacques Attali ayant été écrit en 2007 et évoquant des scénarios futuristes dont certains se dessinent à partir des années 2020 m'a semblé intéressant de mettre en perspective ses prévisions et la réalité. En résumé, il annonçait l'hyperempire, l'hyperconflit, l'hyperdémocratie, qui se mêleront, s'imbriqueront, le dernier couronnant l'évolution et la maturité des forces du marché dominant la planète. Une partie de ce qu'il envisageait est en oeuvre où va l'être prochainement pour autant la réalité semble affirmer d'autres de ses propositions. Sa construction théorique ne m'a pas convaincu, et les lois historiques qu'il décrit, me semble être sa propre interprétation de l'histoire a posteriori. Je ne crois pas qu'on puisse la prévoir complètement à partir du passé, X scénarios existent et ont une probabilité de survenir…
Commenter  J’apprécie          230
J'apprécie lire un essai qui se veut prospectif quelques années après sa parution. J'ai le plaisir, facile je le reconnais, de confronter celui qui ose se projeter dans l'avenir face à la réalité de ce qu'il avait imaginé. Je pense que ce type d'essai qui veut nous présenter le futur sous d'excellents hospices ou comme une apocalypse ne peut se lire sur l'instant.

Une brève histoire de l'avenir a été édité en 2006. Quatorze ans après, est-ce que Jacques Attali avait raison ? Était-il prophète ou charlatan ? Avait-il prévu le futur par une analyse pertinente ou s'était-il trompé ?

On dit souvent que l'avenir jugera. Dans le cadre de cet écrit de Jacques Attali, la réponse concernant ses projections, certains diront ses prédictions, est qu'il s'est en parti trompé et qu'il a en parti vu correctement l'évolution du monde.

En guise d'introduction, Attali nous propose un rapide survol de l'Histoire du monde de la préhistoire à nos jours. Son approche originale est de concevoir l'évolution de l'Homme comme une conséquence du nomadisme. C'est parce que nous voulons bouger en permanence, malgré notre sédentarité moderne, que certaines sociétés ou pays dirigent le monde. le nomadisme est l'essence du développement de l'esprit marchand. Cet esprit est à l'origine des empires de l'Antiquité puis des centres de pouvoirs qui ont succédé les uns aux autres depuis le Moyen-Age. Ces centres qu'il appelle coeurs ont apporté la révolution technologique et sociétale pour prendre la main sur le monde moderne : Venise, Bruges, Gênes, Anvers, Amsterdam, Londres, Boston et Los Angeles sont ces coeurs, dans l'ordre d'apparition.

L'exercice se complique quand Jacques Attali se projette. Il a bien vu ce nomadisme qu'il affectionne dans les objets connectés qui nous entourent, dans la montée des réseaux et les alternatives aux règles de vie classiques comme les start-up ou la volonté du consommateur de pouvoir décider et donc d'influer sur le développement des industries et des états. Cependant, il n'arrive pas à faire la part des choses. Il nous présente un tableau noirci au possible avec des hyper empires et des hyper conflits qui amèneront à l'avènement d'une hyper démocratie, qui présentée ainsi ne donne pas envie, pour achever son essai sur un optimisme utopique poussé à son paroxysme.

C'est un peu « too much ». Dommage, car de la pondération et une analyse approfondie auraient pu amener à une conclusion intéressante.
Commenter  J’apprécie          100

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
En 2050, un milliard d'habitants vivront dans cinquante villes d'Asie, chacune comptant plus de vingt millions d'habitants, voire pour certaines plus de trente millions.
Il faudra donc tripler ou quadrupler leurs infrastructures urbaines en 30 ans, ce qui se révélera dans la plupart des cas impossible en pratique.
Commenter  J’apprécie          130
Mes lecteurs assidus retrouveront dans ce livre l'approfondissement de thèses développées au fil d'essais et de romans précédents dans lesquels j'annonçais - bien avant qu'on en parle couramment - le basculement géopolitique du monde vers le Pacifique, l'instabilité financière du capitalisme, les enjeux du climat, l'émergence des bulles financières, la fragilité du communisme, les menaces du terrorisme, le surgissement du nomadisme, l'avènement du téléphone portable, de l'ordinateur personnel, d'Internet et autre objets nomades, l'émergence du gratuit et du sur-mesure, le rôle majeur de l'art, en particulier de la musique, dans la diversité du monde.

Les plus attentifs de ces lecteurs y verront aussi certaines inflexions dans ma pensée : elle n'est, fort heureusement, pas descendue du Ciel toute formée.
Commenter  J’apprécie          30
L'Asie entend libérer l'homme de ses désirs, tandis que l'Occident souhaite lui permettre d'être libre de les réaliser.
Commenter  J’apprécie          130
De siècle en siècle, l'humanité impose la primauté de la liberté individuelle sur toute autre valeur.
Commenter  J’apprécie          130
Aujourd’hui se décide ce que sera le monde en 2050 et se prépare qu’il sera en 2100. Selon la façon dont nous agirons, nos enfants et nos petits-enfants habiteront un monde vivable ou traverseront un enfer haïssant. Pour leur laisser une planète fréquentable, il nous faut prendre la peine de penser l’avenir, de comprendre d’où il vient et comment agir sur lui. C’est possible : l’Histoire obéit à des lois permette de la prévoir et de l’orienter
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Jacques Attali (9) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacques Attali
Emission de France Culture :Inégalitaire, trop compétitive ou trop laxiste, l’école française est aujourd’hui accusée de tous les maux. Entre le développement rapide des plateformes numériques, l'état inquiétant de l'enseignement public et la concurrence exigeante des modèles éducatifs internationaux, comment se réinventer ? Pour l'économiste et écrivain Jacques Attali, c'est "une question de méthode"
autres livres classés : économieVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (615) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3179 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..