Je suis en train de relire
Terre des Hommes et je suis surprise de découvrir, dans ce roman, une écriture proche de celle du Petit Prince: je veux parler de cette poésie du du désert, son silence, ses dunes, ses nuits, cette vision onirique de la traversée des ciels, et de ces reproches silencieux faits à ces fonctionnaires poussiéreux, sérieux à côté desquels il s'assoit tous les matins en prenant le tram le conduisant à l'aérodrome de Montaudran, ces hommes aux préoccupations petites qui ont oublié leurs rêves d'enfant.
le Petit Prince prend lentement naissance dans le coeur de Saint-Ex, dirait-on.
Comme presque tout le monde, j'ai aimé ce récit poétique à chaque relecture, parfois plus que d'autres sans que la fréquence ne soit en cause.
Enfant, j'adorais également l'envers du livre, cette partie qui s'intitule "et si c'était par la fin que tout commençait...", cette rubrique d'activités et de lectures que proposait un temps les
Folio Junior, et je serai dans l'impatience le jour où mes enfants découvriront eux-mêmes ce livre, en espérant que ce soit avant celle des multiples adaptations qui en ont été faites, pour qu'ils en aient d'abord la poésie, et je trouve merveilleux qu'il existe ainsi des livres qui relient les enfants aux adultes, tous deux lecteurs au même titre du même récit.
Malgré tout ça, je finis ma critique - qui n'en est pas vraiment une!- par un bémol, un point que je regrette: je suis entre autres respnsable de la petite bibliothèque d'une école de FLE, et j'essaie de l'alimenter aussi bien de classique que de moderne, suivant mes propres goûts et les suggestions qui me sont faites, les deux ne correspondant pas forcément. Bien entendu,
le Petit Prince figure dans cette sélection, et sans surprise, c'est ce petit livre que la majorité des étudiants, nationalités et âges confondus, réclament tout de suite, et il va sans dire que si la bibliothèque était équipé de dix exemplaires du petit Prince et rien de plus, elle tournerait de même.
le Petit Prince est LA littérature française pour beaucoup de non-francophones!
Tout ça pour en venir au fait que par toute cette médiatisation constante,
le Petit Prince me sort actuellement par les yeux et je regrette d'avoir la sensation de perdre de cette intimité qui lie parfois un lecteur à son livre, comme c'est le cas avec ces
oeuvres très belles victimes de leurs succès.