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EAN : 9782246828839
304 pages
Grasset (15/02/2023)
4.44/5   8 notes
Résumé :
« Règle 30 : il n’y a pas de filles sur Internet. » Cet adage qui circule sur certains forums depuis le début des années 2000 illustre l’accueil réservé aux femmes en ligne. Le monde numérique tisse nos vies à tous et pourtant, il a un problème avec la diversité : il l'oublie et l'agresse, jusqu’à menacer la démocratie. En analysant les ressorts de la haine en ligne, en dévoilant le sexisme et le racisme qui président au fonctionnement de l’industrie et en proposant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dans cet essai richement documenté, qui nous permet d'ailleurs grâce à la proposition de bibliographie tout aussi riche en fin de volume de continuer les découvertes sur ce sujet en amont, Mathilde Saliou nous présente ce qu'est être une femme dans un monde numérique.

Être une femme non seulement en tant qu'utilisatrice du numérique - forums, réseaux sociaux... -, mais aussi en tant que développeuse du numérique, directement ou indirectement - de ses premiers balbutiements à sa forme actuelle -, c'est avoir sa parole ou son rôle bien souvent minimisés, c'est voir des algorithmes renforcer des situations de harcèlement ou de violence sexistes, c'est connaître le risque, comme dans la vie réelle, de subir des violences au quotidien, dans un univers encore plus violent, où beaucoup se considèrent comme protégés par l'anonymat - bien relatif - de leurs écrans, et se permettent plus encore.

Être femme dans un monde numérique, c'est, pour contrecarrer le patriarcat blanc qui en est le principal fondateur officiel, le réinventer en un technoféminisme qui proposerait davantage d'égalité et de représentation de toutes et de tous, et ce qui est proposé succinctement, dans le dernier chapitre, après une mise en perspective beaucoup plus étendue, d'abord de l'histoire du numérique, puis de sa situation actuelle.

Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'avoir permis la découverte de cet ouvrage très clair, très intéressant, qui met le doigt, chiffres à l'appui, sur le problème de la masculinisation du numérique, pour mieux proposer des solutions, certes encore un peu trop utopiques, pour y pallier.
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Au début de l'ère informatique, les femmes, nombreuses dans l'aventure, faisaient les calculs fastidieux tandis que les hommes se gardaient le câblage et vissaient les boulons, selon la règle établie que les boulots assis, à base de crayon papier, ressemblant à ceux des secrétaires comptables et dactylos, étaient réservés aux femmes. Dans la première partie de l'ouvrage, Mathilde Saliou rappelle l'histoire chronologique des calculatrices, généralement mathématiciennes bosseuses et à fulgurances, d'Adélaïde Lovelace ou Hedy Lamarr, à nos créatrices actuelles de startups, en passant par Grace Hopper, inventrice de l'interface femme-machine comme on devrait dire (au contraire de ma première SSII dont les ingénieurs m'ont appris sans faiblir à dire "homme-machine"), puisque c'est elle a inventé le premier langage de compilation, le Cobol, permettant de programmer des machines en utilisant des commandes proches du langage humain, et langage intéressant par sa portabilité entre systèmes. Puis à un moment tout bascule : les machines étant devenues opérables et fonctionnelles, donc dépourvues du charme pionnier, les hommes arrivent à la programmation et, selon une méthode éprouvée, s'emparent des commandes, renvoient les femmes, et effacent les pionnières en arrangeant l'histoire à leur sauce, à base de "mythes du garage où tout à commencé", et en faisant de l'endroit une "zone de prédation" : si quelques obstinées s'y aventurent, c'est à leurs risques et périls. Elles doivent en plus, forcément, en adopter tous les codes virils, id est maltraitants.
Pendant le même temps, les débuts de l'Internet libertaire des pionniers se transforment insidieusement en zone publicitaire et marchande de siphonnage de données sous la houlette des gars "du garage" buveurs de soda et mangeurs de pizzas à clavier gras, tels les fondateurs de Facebook, Google, Microsoft, Amazon and Co, leveurs de fonds et bientôt milliardaires imposant leurs standards, enfermant les utilisateurs/trices dans des "rabbit holes", faisant leur beurre avec nos métadonnées extraites à coup d'IA, de deep et machine learning, imposant leurs systèmes propriétaires, à l'opposé des aspirations libertaires et coopérantes des débuts. En outre, la dématérialisation qu'on tente de nous imposer est une idéologie, appuyée par les "nudges" ces coups de pouce en forme de 'par défaut' qui vous conduisent insidieusement à consentir sans que vous en ayez conscience (les gros boutons rouges et verts de la loi RGPD par exemple, la case cochée par défaut échappant à votre vigilance du service des impôts vous faisant adhérer à la dématérialisation en créant un compte) ; il n'y a pas plus de dématérialisation que de beurre en broche, le papier étant remplacé par des serveurs gros consommateurs d'électricité ; la pseudo-automatisation qui rend les salariés obsolètes est en fait soutenue, permise par les petites mains du tiers-monde, les "forçats du clic" de l'économie informelle ou du bénévolat. La dématérialisation est l'obsolescence du salariat mais l'avènement d'une nouvelle forme d'esclavage. L'apprentissage machine est tissé de tous les préjugés humains aka masculins, puisque ce sont les hommes qui codent. Et le code c'est le pouvoir : il gère vos allocations familiales et chômage, il oriente en France les choix professionnels des lycéens, il suit le déplacement de vos colis en ligne et répond à vos réclamations, calcule vos impôts, entre autres. Attention donc, à force de laisser le pouvoir dans les mains masculines des prétendus petits génies no life, hackeurs de l'informatique, nous sommes en terrain dangereux. Il est temps que les généralistes, les imaginatifs, les personnes à capital culturel dont font en majeure partie les femmes, les intéressées par les sciences humaines et même par la philosophie, s'emparent rapidement du sujet. C'est la recommandation impérative de cet ouvrage. Sinon, il nous restera nos yeux pour pleurer. A LIRE.
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Hey les amis ! Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je ne suis pas très fan des essais. D'habitude, je suis plutôt réticente à ce genre d'exercice. Quand je lis un essai, j'ai toujours l'impression qu'on essaie de me donner un cours magistral et de me dire ce que je dois penser. Ça alourdit le texte et ça me donne l'impression d'être passif. Mais avec l'essai de Mathilde Saliou, c'est différent. Elle écrit de courts paragraphes percutants, elle souligne ce qui la choque, elle creuse le sujet sans imposer son avis. C'est un peu comme lire un article de journal bien construit. J'ai vraiment accroché à sa narration. Même si ça m'a pris du temps pour le lire, je voulais vraiment m'imprégner de la thématique, comprendre et m'approprier les informations. Je préfère prendre mon temps pour assimiler les idées plutôt que de simplement lire et passer à autre chose. Mathilde Saliou explore le technoféminisme à travers l'histoire, en remontant jusqu'à l'invention des ordinateurs. Elle met en lumière les inégalités de genre dans le cyberespace et les mouvements masculinistes qui en découlent. C'est vraiment intéressant et ça m'a donné envie de rendre Internet plus sûr pour tout le monde. Je recommande cet essai à tous ceux qui sont curieux d'en apprendre davantage sur ces sujets fascinants. Si vous êtes tentés, foncez ! 📚💡 #lecture #essai #technoféminisme #MathildeSaliou #internet #égalitédesgenres
Mon avis détaillé :

Lien : https://lesparaversdemillina..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Si je commence par vous agiter sous le nez le fond du panier des mondes connectés, c’est pour en souligner quelques particularités qui sous-tendent toute la réflexion de cet ouvrage. La vie en ligne, comme le montrent les attentats et les émeutes numériques tout juste évoqués, n’a rien de virtuel. Le numérique et la vie hors ligne sont intrinsèquement mêlés, si profondément intriqués, même, trente ans après la création du Web, qu’il est urgent de cesser de les traiter séparément dans nos discours et nos conceptions sociales et politiques.
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L'autre erreur que nous avons faite, c'est de laisser cette petite minorité décider seule du présent et du futur qu'elle voulait pour nous. L'idéal d'efficacité et d'optimisation que ces technologies véhiculent n'est pas celui de la société dans son ensemble, mais bien celui spécifique à l'esprit start-up. Leurs employés sont une foule de jeunes hommes privilégiés, sans obligations familiales, associatives ou communautaires, qui s'autocongratulent de leur capacité à abattre un nombre invraisemblable d'heures de travail sans voir que leurs succès ne sont possibles que grâce à d'autres emplois souvent sous-payés, voire non payés. C'est aussi dans cet esprit qu'ils décident de la manière dont ils construisent leurs modèles algorithmiques (comme ils l'entendent), les résultats susceptibles d'être mis sur le marché (ceux qui leur plaisent), des secteurs de la société méritant d'être pris d'assaut par leurs inventions (tous), des données utilisables pour parvenir à leurs objectifs (toutes).
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Ici, c’est un site de voyage qui vous fait croire que trente-huit personnes regardent le même vol que vous, pour vous pousser à acheter des billets de peur qu’il n’y en ait bientôt plus. Là-bas, c’en est un autre qui colore le bouton « Tout accepter » en vert et le « Tout refuser » en rouge, manipulant l’internaute pressé mais soucieux de ses données pour qu’il clique, par erreur, sur le premier.
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À force de n'utiliser que des mannequins pensés à partir du poids et de la taille moyenne des hommes, les voitures sont 71 % moins sûres pour les femmes. En 2015, deux chercheurs ont démontré que les espaces de travail sont généralement trop froids de 5 °F pour que les femmes y soient à l'aise, car réglés à partir du métabolisme au repos d'un homme moyen. L'envergure des mains masculines est de 2 à 5 cm plus large que celle des mains féminines, ce qui désavantage 87 % des pianistes femmes dans leur carrière (les pianos standards sont construits pour des hommes) mais aussi les utilisatrices de smartphone, pour qui les derniers modèles de téléphones ne sont quasiment plus utilisables d'une seule main.
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Cela fait des millénaires que les femmes saignent chaque mois [...], mais seulement dix ans que l'on étudie sérieusement des maladies comme l'endométriose. [...] à l'heure actuelle, la douleur exprimée par les femmes est moins prise au sérieux que celle exprimée par les hommes, ce qui a aussi permis d'ignorer pendant des décennies les effets secondaires de la pilule contraceptive.
Alors qu'on tente de mettre au point des contraceptions pour hommes, on redécouvre les effets secondaires que subissent les femmes. Pour les hommes, ils sont pour le moment déclarés insupportables.
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Vidéo de Mathilde Saliou
22 févr. 2023 PARIS Mathilde Saliou présente son livre "Technoféminisme" paru chez Grasset.
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