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Corinna Gepner (Traducteur)
EAN : 9782368129623
544 pages
Charleston (16/08/2023)
4.21/5   70 notes
Résumé :
Cologne, 2015.

À quatre-vingt-trois ans, Greta vit confortablement dans un très bel appartement sur les bords du Rhin et même si elle aimerait voir son fils, célèbre reporter pour une grande chaîne de télé, plus souvent, elle ne manque pas d’occupations. Seulement, depuis quelque temps, elle ne se sent plus tout à fait dans son assiette, les mots lui échappent, les objets aussi parfois… Mais tout cela est bien normal à son âge, n’est-ce pas ?
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Critiques, Analyses et Avis (37) Voir plus Ajouter une critique
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Quand je choisis un livre, l'originalité de l'alliance époque historique-point de vue est souvent essentielle. Par exemple, un livre sur l'immédiat après seconde guerre mondiale n'a a priori pas grand chose à nous apprendre au vue de toute la littérature existante. Mais ce même livre, écrit du point de vue des "perdants" dans une ville tenue par l'armée occupante américaine, on sent l'intérêt revenir au galop. C'est ce qui explique en bonne partie mon choix de sélectionner ce livre dans la Masse Critique de rentrée et je remercie les éditions Les Ailleurs (quel joli nom !) et Babelio d'avoir validé ce choix !

D'abord dire le réel talent de l'auteur dans le fait de mener une narration sur plusieurs époques différentes. L'exercice est périlleux, et j'ai souvent observer des livres où une des parties (historique ou contemporaine) pâtissait de la comparaison avec l'autre, où on attendait avec impatience la fin de certains passages pour retrouver l'autre récit. Ce n'est pas du tout le cas ici, sans doute en bonne partie grâce à un choix payant : un personnage principal différent dans chaque époque: la mère dans sa jeunesse, le fils dans le présent. On est en totale empathie avec les deux personnages, par les épreuves subies par Greta dans le passé, par les recherches d'un Tom maladroit pour reconstruire le passé d'une mère dont la mémoire s'effiloche.

Maladroit en effet, car l'auteur ne ménage pas ses personnages. Elle ne les présente pas forcément sous leur meilleur jour (la Greta "contemporaine" est par exemple bien moins agréable), elle ne cherche pas à en faire des stéréotypes, elle les humanise en les complexifiant, en n'omettant pas du tout leurs défauts, en les exacerbant même parfois. Même les personnages secondaires sont fouillés, et cela permet également à l'auteur de retarder en face l'histoire allemande, en essayant de comprendre les mécanismes plutôt que de juger les personnes. C'est la meilleure des façons pour aborder le nazisme et ses implications sur toute la société allemande, montrer que ses théories nauséabondes ont forcément instillé leur poison sur l'après-guerre, la paix n'ayant pas pu faire disparaître des années d'éducation.

Le style n'est pas renversant, pas d'envolées lyriques ni de trouvailles époustouflantes. C'est le premier roman de l'auteure dont le passé solide de réalisatrice de documentaires à la télévision allemande mène quasi logiquement à un style plutôt journalistique. Mais cela permet aussi une évocation qui sonne juste des coulisses de la fabrication d'un journal télévisé par le biais de Tom, le présentateur vedette. Et une bonne gestion de la multiplication des sujets dans le récit, la maladie d'Alzheimer, le racisme, les rapports parent vieillissant-enfant pressé, l'actualité politique des migrants en miroir avec les mouvements de population d'après-guerre, mais surtout.... Non, je ne vous dévoilerait pas un des sujets phares du livre parce que l'auteur a pris la peine de construire son récit pour le faire doucement apparaître progressivement, pour que son arrivée ne soit pas une totale surprise mais un mystère, un secret de famille qui sort du brouillard hivernal.

J'aurais bien aimé que l'éditeur ait la même prévention que celle que je manifeste avec vous... mais il était apparemment trop tentant de faire figurer ce sujet original dans le quatrième de couverture, le résumé pour la presse... J'évite habituellement de lire ces petits textes machiavéliques mais lors d'une Masse critique, on doit bien s'accrocher à certains éléments pour arrêter son choix parmi une bonne centaine d'ouvrages proposés ! J'aurais pu me contenter de critiquer les propensions au buzz mercantiliste des maisons d'éditions (avec un si joli nom pourtant...) mais je soupçonne une complicité dommageable de l'auteure, qui ne semble pas craindre le divulgâchis. En effet, au milieu du récit, elle évoque Homeland, une série en vogue en 2015, époque évoquée. Et elle révèle tranquillement un moment charnière de la série, sans y voir de problème. Et comme problème, il peut y avoir le fait que je sois parfois très en retard... et que nous regardions à la maison cette série ces dernières semaines... Vous le voyez arriver le problème ? .... Et bien non, heureusement, j'ai dépassé le moment évoqué par l'auteure... Mais vous comprendrez que pour le pourfendeur du spoil que je suis, l'éventualité qu'à quelques semaines près, cette révélation aurait pu être désastreuse m'a fait diminuer d'une demi-étoile la notation de ce livre que je vous recommande pourtant, pour le voyage qu'il nous offre dans des terres temporelles et géographiques que nous n'aurions jamais visité sans lui, avec une réflexion profonde sur les implications que cela amène sur notre époque.
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Juillet 2015, Tom Monderath, grand journaliste, très connu à Cologne et dans toute l'Allemagne, présente le journal télévisé de la soirée. Sa mère Greta Monderath, 83 ans, le regarde à la télé, elle trouve qu'elle ne le voit pas suffisamment, pourtant il n'habite qu'à 9 km, elle décide d'aller le rejoindre, monte dans sa BMW et démarre en flèche.

Le lendemain, on annonce à Tom, que sa mère est à l'hôpital, on la retrouvait confuse à 250 km de chez elle, le médecin, pense que c'est probablement de la démence. Mais son fils ne veut pas y croire, il essaiera de trouver un grand nombre d'explications, au fond de lui, il sait qu'elle a déjà eu des problèmes. C'est très compliqué pour Greta d'accepter certaines choses et de se souvenir des drames qu'elle a vécus.

Les années 1939-1945. PreuBisch Eylau, en Prusse orientale, Greta Schönaich, a 8 ans et vit avec sa soeur Josephine, dite Fine, son grand-père, Ludwig, sa grand-mère, Gusta, sa mère, Emma, son père, Otto. Endoctrinés, manipulés, par Hitler, la propagande, les deux soeurs et leurs parents croyaient au grand sauveur, interdiction de penser le contraire. Tout le monde n'avait pas le même avis dans la famille. Il fallait travailler et tout donner pour la patrie. « Greta apprit quelle était la grande mission qu'on avait confiée à son père : il faisait partie des trois millions de vaillants soldats envoyés combattre les sous-hommes soviétiques afin de procurer davantage d'espace vital à la race supérieure aryenne. »

Un matin, par moins – 40°C, les Russes étaient là, il fallait fuir, si on se perdait, on se retrouverait à Heidelberg, chez le frère à mamie Gusta. On suivra cette famille, avec leur désespoir, leur détresse, les épreuves, les chagrins, la misère. Nous voyons l'après-guerre par les yeux des Allemands. Greta et sa famille se retrouveront à Heidelberg, sous occupation Américaine. Ils connaitront, les privations, la faim, le froid, les GI américains, les clubs de jazz, mais la discrimination est partout, le racisme qui est malheureusement toujours là.

Je ne connaissais pas cette partie de l'histoire, le plus triste, c'est le destin de ces enfants nés d'une allemande et d'un noir américain. « Hier, d'autres enfants noirs sont partis de l'aéroport de Francfort pour rejoindre leur famille adoptive en Amérique. Grâce aux avions affrétés pour les « bébés bruns » à la demande de la journaliste américaine Mabel A. Grammer, des enfants sans père, nés d'une mère allemande et d'un GI noir, peuvent quitter les foyers qui les ont accueillis en Allemagne pour un avenir meilleur dans le pays de leur père, où ils bénéficieront d'un environnement approprié… »

Les femmes subissaient aussi cet ostracisme, du moment qu'elles fréquentaient un américain de couleur. Même entre soldats, pourtant ils combattaient ensemble.

Encore un coup de coeur pour moi, La Poussière des souvenirs de Susanne Abel, un magnifique roman, une intense émotion jusqu'à la fin.
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Greta vit confortablement dans un très bel appartement à Cologne, elle ne s'ennuie pas mais elle aimerait voir plus souvent son fils Tom, célèbre reporter d'une chaîne de télé. Mais depuis quelques temps, les mots lui échappent, elle perd des choses… Mais à 83 ans, ce n'est pas très étonnant ! Ce qui la perturbe le plus, ce sont les images du passé qui affluent. Des images du passé qui la ramènent dans l'Allemagne de son enfance, de l'après-guerre, dans l'Allemagne des privations, de la faim et du froid, mais aussi des GI américains et des clubs de jazz, quand elle était encore une adolescente gaie, débrouillarde… et follement amoureuse. Greta comprend alors que le secret qu'elle gardait soigneusement enfoui lui échappe, la rattrape, il va falloir parler à Tom, mais, de quoi ? Tom se retrouve obligé d'enquêter sur le passé de sa mère. Ce résumé, c'est presque la quatrième de couverture (sans les dernières lignes de la quatrième de couverture qui en dévoilent trop).
En alternance nous passons de la période 2015-2016, avec un récit plutôt centré sur Tom et ses interactions avec sa mère, à la période 1939-1953. le traitement des deux périodes est très équilibré, et les découvertes de Tom habilement placées pour nous tenir en haleine. le lecteur a le plaisir de découvrir des parties du secret de Greta avant son fils, mais en même temps il se retrouve à se poser déjà de nouvelles questions.
C'est un premier roman tardif mais Susanne Abel, depuis longtemps réalisatrice de films documentaires, sait parfaitement intégrer beaucoup d'informations dans une trame narrative sans tomber dans le didactique. D'habitude je n'aime pas les histoires d'amour, mais en fait ce sont les romances et les grandes envolées lyriques que je n'aime pas. Là, l'histoire d'amour est traitée tout en sobriété.
Une autre grande qualité de l'auteur est d'avoir créé, y compris pour des personnages secondaires, des personnages à la psychologie complexe, sympathiques mais avec quelques défauts, ou détestables mais capables de moments de tendresse ou se révélant lors de moments difficiles. Aucun stéréotype, pas de manichéisme.
La seule chose qui m'a franchement déplu est la présence dans les dernières pages d'un cliffhanger un peu trop invraisemblable dont le roman aurait pu se passer.
Et aussi, un zéro pointé à la quatrième de couverture : l'auteur a super bien construit son roman pour faire découvrir progressivement au lecteur en même temps qu'à Tom le secret de sa mère, tout en multipliant les thèmes (la maladie d'Alzheimer de Greta, l'actualité des migrants contemporains en miroir des déplacements de population dans l'après-guerre, les relations entre parent vieillissant et enfant adulte actif et surbooké, les relations entre la population locale et les occupants en zone américaine, et bien sûr une belle histoire d'amour). Tous les thèmes sont traités de façon équilibrée, y compris en ce qui concerne le fameux secret. En trois lignes la surprise du lecteur est gâché. Remarquez, ça ne m'a pas vraiment gênée, ce n'est pas non plus un roman policier.
Un très beau premier roman sur des moments d'histoire peu traités et des thèmes peu habituels. Premier coup de coeur de l'année.
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« La Poussière des Souvenirs » est le dernier bijou paru dans la collection « Les Ailleurs » des éditions Charleston.
Ce roman captivant te transporte à travers le temps pour suivre le destin de Greta, une héroïne dont la vie s'étend de l'Allemagne d'après-guerre jusqu'aux États-Unis aujourd'hui.
Alors qu'elle atteint l'âge de 83 ans, les souvenirs de Greta commencent à s'estomper, tu vas découvrir les moments les plus poignants de son existence.

L'histoire s'ouvre sur une jeune Greta fuyant l'avancée des Russes, aboutissant finalement dans un camp d'accueil à Heidelberg.
Les jours de marche et les expériences traumatisantes marquent le début de sa lutte pour la survie dans l'Allemagne d'après-guerre. C'est à Heidelberg qu'elle se lie d'amitié avec Bob, l'un des soldats d'occupation des GI, une amitié qui aura des conséquences inattendues.

Parallèlement, nous suivons Tom, le fils de Greta.
Il se débat avec les soucis de sa mère et des conflits professionnels croissants.

Le contexte historique est celui de l'Allemagne d'Après-Guerre et les Brown Babies
Le roman s'ouvre sur une Allemagne ravagée après la Seconde Guerre mondiale, où les forces américaines occupent le territoire allemand.
Les premières années après la guerre ont été une période de chaos, de privations et de reconstruction pour l'Allemagne.
Les villes étaient en ruines, la population était affamée, et les Allemands devaient faire face aux conséquences de la dénazification et à l'occupation étrangère.
Cette période tumultueuse de l'histoire allemande sert de toile de fond au destin de Greta et de sa famille.

Un élément crucial du contexte historique est la situation des « Brown Babies » (bébés métis) en Allemagne d'après-guerre.
Ces enfants sont nés de mères allemandes et de pères américains noirs, des soldats GI qui étaient en Allemagne pendant l'occupation.
Le roman met en lumière le racisme et la discrimination auxquels ces enfants étaient confrontés.
Les « Brown Babies » ont été souvent ostracisés, et ils ont fait l'objet de politiques d'adoption, notamment pour être envoyés aux États-Unis où ils étaient censés avoir une meilleure vie.

L'autrice, Susanne Abel, souligne la manière dont ces enfants ont été traités et les préjugés raciaux auxquels ils ont dû faire face, malgré le fait que leurs pères avaient combattu pour les États-Unis pendant la guerre.

Outre le contexte historique, le roman plonge profondément dans la vie personnelle et familiale de Greta.
Tu en apprends beaucoup sur sa famille, notamment son grand-père, sa grand-mère, ses parents et sa soeur Josephine, surnommée Fine.

Le contexte familial est marqué par l'endoctrinement de l'idéologie nazie, la propagande et la croyance en la suprématie aryenne. La famille de Greta est représentative de la manière dont de nombreux Allemands ont été conditionnés à l'époque, dans un régime totalitaire où il était interdit de penser différemment.

La fuite de Greta et de sa famille depuis la Prusse orientale, à travers un pays dévasté par la guerre, est décrite de manière très authentique.
Les épreuves qu'ils traversent, le désespoir, la détresse, la misère, et les conditions de vie difficiles sont autant d'éléments qui contribuent à façonner l'histoire et à renforcer ton empathie envers les personnages.

Le roman explore également des thèmes intemporels tels que le racisme et le sexisme.
Malgré la fin de la guerre, le racisme demeure présent dans l'Allemagne d'après-guerre, notamment à travers la discrimination subie par les « Brown Babies » et les femmes qui fréquentaient des soldats américains de couleur.

Le roman te rappelle ainsi que même après avoir vécu les horreurs du nazisme et de la suprématie aryenne, les préjugés raciaux et la discrimination ne disparaissent pas aussi facilement.

Greta est le personnage central de l'histoire.
Le roman suit sa vie depuis son enfance en Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale jusqu'à son grand âge aux États-Unis.
Elle est le reflet de la génération qui a vécu ces temps troublés et les conséquences de la guerre.
Greta est une femme forte et courageuse, qui a dû faire face à d'innombrables difficultés, de la fuite depuis la Prusse orientale à la vie sous l'occupation américaine à Heidelberg.
Son personnage évolue considérablement au fil de l'histoire, passant par un large éventail d'émotions, de la répression à l'endurance, du détachement à la panique.
Elle est un symbole de la résilience humaine face à l'adversité.

Tom est le fils de Greta et un journaliste renommé en Allemagne.
Son attitude arrogante et son égoïsme en particulier dans ses relations avec sa mère et ses collègues m'ont fortement agacée. Cependant, son personnage apporte une évolution au récit, car il cherche à comprendre le passé de sa mère et les mystères qui l'entourent même si pour moi, son histoire d'amour n'était pas nécessaire.

Le roman explore également les membres de la famille de Greta, y compris son grand-père Ludwig, sa grand-mère Gusta, ses parents Emma et Otto, ainsi que sa soeur Fine.
Le contexte familial est marqué par l'endoctrinement de l'idéologie nazie et la croyance en la suprématie aryenne.
Chacun de ces membres de la famille est touché par la guerre et l'occupation américaine d'une manière ou d'une autre.

Bob est un soldat GI américain que Greta rencontre pendant l'occupation d'Heidelberg.
Leur amitié a des conséquences inattendues, et son rôle dans l'histoire réserve des surprises.
Bob joue un rôle clé dans l'histoire et contribue à explorer certains des thèmes du roman, y compris l'amour et les relations interraciales.

Les « Brown Babies » sont les enfants nés de mères allemandes et de pères américains noirs pendant l'occupation américaine en Allemagne d'après-guerre.
Le roman révèle les difficultés auxquelles ces enfants étaient confrontés en raison de leur origine métisse, ainsi que les politiques d'adoption visant à les envoyer aux États-Unis.

L'autrice, Susanne Abel, parvient à donner vie à ces personnages de manière authentique, en explorant leurs émotions, leurs luttes et leur évolution tout au long de l'histoire. Chacun de ces personnages joue un rôle important dans la trame narrative et contribue à la richesse de l'histoire.

Dans « La Poussière des Souvenirs », Susanne Abel utilise le contexte historique pour raconter l'histoire de Greta et de sa famille, tout en explorant des thèmes universels tels que l'amour, la résilience, et la persistance du racisme.
Cette combinaison d'éléments personnels et historiques fait de ce roman une lecture très forte en émotion et j'ai aussi appris beaucoup de faits.
Elle t'invite également à réfléchir sur les leçons de l'histoire et sur la manière dont elles se répercutent dans notre monde contemporain.

L'autrice, Susanne Abel, m'a séduite par son style narratif à la fois simple et authentique.
Elle réussit à dépeindre avec justesse les tourments de Greta face à la démence, une représentation poignante et touchante de cette réalité.
Greta Monderath, l'héroïne du récit, est un personnage complexe et émouvant.
Sa gamme d'émotions, de la répression à l'endurance, du détachement à la panique, du dynamisme au traumatisme, est tout simplement remarquable.
Le récit est enrichi par des détails sur les privations, la faim, le froid, les GI américains et les clubs de jazz, mais aussi par une description percutante de la discrimination et du racisme omniprésents.
L'histoire d'amour tragique de Greta ajoute une dimension supplémentaire au roman, laissant une empreinte indélébile sur toi, lecteur.

Susanne Abel réussit à nous immerger dans un pan méconnu de l'histoire, en abordant notamment le sort des « bébés bruns, » ces enfants nés de mères allemandes et de pères GI afro-américains.
Ce récit bouleversant t'invite à réfléchir sur les préjugés, les injustices et les traumatismes qui perdurent.

« La Poussière des Souvenirs » est un livre qui mérite d'être lu.
Il émeut, il instruit, il te rappelle les leçons de l'histoire que nous ne devrions jamais oublier.

Susanne Abel t'offre une oeuvre poignante et captivante qui mérite une place de choix dans ta bibliothèque.
Lien : https://unesourisetdeslivres..
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Coup de coeur pour ce superbe roman qui m'a bouleversée et m'a permis de découvrir un pan de l'Histoire que je ne connaissais pas.

L'auteure nous entraîne dans le passé de Greta. Nous la suivons durant la guerre, puis dans la fuite de sa famille, avant de la retrouver à Heildeberg sous occupation américaine. J'ai été touchée par son destin, par son courage et sa force. Elle a su faire face à diverses difficultés, toujours en serrant les dents et en pensant à ses proches. Il est très intéressant de voir les évènements du côté allemand, ayant trop l'habitude de voir la seconde guerre mondiale à travers le regard des Alliés.

À travers son destin, l'auteure nous en apprend plus sur les Brown Babies, ces bébés nés de mères allemandes et de pères GI afro-américains. Nous y découvrons la façon dont ils étaient traités et le racisme ambiant. Les mères de ces petits n'étaient pas mieux vues... je suis révoltée à la fin de cette lecture, comment pouvait-on les traiter comme ça alors que l'on avait vu les horreurs engendrées par le nazisme et leur folie de "supériorité de la race aryenne" ?

J'ai également été estomachée de lire une fois de plus ce que subissaient les personnes noires aux Etats-Unis et ici notamment les soldats. Ils ont combattu pour leur patrie, ont connu une liberté en Europe qu'ils n'avaient jamais eu chez eux et une fois retournés au pays se sont retrouvés à nouveau confrontés à la ségregation et au racisme.

L'auteure a joué avec nos émotions à maintes reprises et en tournant la dernière page, je n'ai pu m'empêcher d'avoir la larme à l'oeil et la gorge nouée. Que de destins brisés et d'amours contrariées !

Décidément, cela fait deux lectures coup sur coup qui me mettent hors de moi !

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
- Il n’a pas fallu plus de trois jours pour qu’on se perde les uns les autres.
- Quoi ? Tu t’es retrouvée toute seule ? s’étonne Tom, qui l’observe du coin de l’oeil.
- Non, j’étais avec papy. Ma mère et Gusta ont été enlevées par les Russes. Tu sais ce qu’ils faisaient aux femmes...
Greta poursuit son chemin. Ils passent entre les brise-lames recouverts de coquillages et chaque fois, elle s’accroche à la main de Tom.
Les questions se bousculent dans sa tête. Pourtant, lui, l’interviewer professionnel, n’ose rien demander, de crainte de détruire la magie de l’instant. Jusqu’à ce qu’il n’y tienne plus.
- Et toi ? Est-ce qu’ils t’ont ... enlevée ?
Greta secoue énergiquement la tête avec un air malicieux.
- Ils me prenaient pour un garçon.
- Mais tu avais déjà presque quinze ans. Tu étais si en retard que ça pour ton âge ?
- Papy m’avait coupé les cheveux avec son couteau bien aiguisé. La boule à zéro. Et puis j’étais habillée en homme. J’avais bien observé la façon dont les gars se comportaient. Marcher jambes écartées, cracher au bon moment…
Elle lui montre comment elle s’est exercée : faire bruyamment remonter les glaires, les accumuler dans sa bouche, puis les expulser en décrivant la plus grande courbe possible.
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Surprises, Greta et Fine se retournèrent vivement, laissant échapper la tablette. Au-dessus d'elles se dressait un gigantesque gaillard, qui les regardait de ses yeux marron foncé. Il avait une énorme bouche, un nez large, une peau noire luisante.
Greta n'avait jamais rencontré semblable individu. Les seules images qu'elle avait vues de ces sauvages considérés comme des sous-hommes, c'était en cours de théorie raciale. Son cœur se contracta, elle se sentit blêmir et crut qu'elle allait s'évanouir.
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Il s'approcha de la fenêtre avec sa fille dans les bras, repoussa le rideau et regarda le ciel.
- Tu vois cette étoile claire ? demanda-t-il en essuyant les larmes de Greta.
Elle renifla et scruta le ciel.
- Oui.
- C'est Vénus, l'étoile du soir. Et tu sais quoi ? À partir de demain, tu me l'enverras. J'attendrai chaque soir sa venue, où que je sois.
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Dans une note de novembre 1950 adressée à tous les bureaux du service d'aide à l'enfance, à l'organisation catholique Caritas et à la Mission intérieure protestante, le ministère de l'Intérieur demande à ces organismes de prendre position sur la question de la "déportation des enfants noirs métis vers l'Afrique".
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Il savait qu'entre 1945 et 1955, il y avait eu en Allemagne près de 68 000 enfants illégitimes nés de soldats des armées d'occupation alliées et de femmes allemandes.
Une bonne moitié d'entre eux avaient un père américain.
Mais on ne s'est intéressé qu'aux 4 800 qui se distinguaient par leur couleur de peau.
Page 462
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