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Alexandra Carrasco-Rahal (Traducteur)Delphine Valentin (Traducteur)
EAN : 9782743662592
176 pages
Payot et Rivages (13/03/2024)
3.82/5   20 notes
Résumé :
Un livre et une femme incroyables : María Sánchez, vétérinaire, poétesse, porte-parole de territoires et d'individus oubliés, déclassés, mal-aimés.
La Terre des femmes est un récit intime, familial, politique à sa manière, qui redonne leur place aux femmes dans le monde rural, à leurs mains, à leurs gestes. Une histoire de filiation et de destin. De transmission. Et un pas de côté pour réfléchir à nos propres vies.
Phénomène en Espagne, avec plus de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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La terre des femmes, donne la parole à ce monde rural, ce monde où la femme a trop longtemps été remisée à celle qui aide mais jamais reconnue comme ouvrière agricole au même titre que l'homme. L'auteure témoigne de cette population féminine au labeur, aux labours, aux fourneaux, à toutes les tâches quotidiennes sans jamais un seul salaire que celui de la peine, souffrance, mais jamais de la reconnaissance.
Elle braque la lumière sur cette sphère du silence, mais aussi de l'amour de la terre, d'une vie certes difficile mais sans doute bien meilleure qu'à la ville même si la modernité arrive à petits pas comptés, même si la femme n'a pas sa place dans les statistiques économiques car "oubliée" !
Voici donc un récit qui tente vers un essai de ce statut de la femme dans le monde rural, l'évolution de sa reconnaissance, sa bataille, son chemin de croix, appelez cela comme vous le ressentez, mais il aura fallu beaucoup d'année avant d'en arriver là.
Joli témoignage de sa famille d'une génération de vétérinaire de campagne , l'auteure reprend le flambeau et la plume pour nous livrer un récit sensible empreint d'une pointe de nostalgie mais d'une farouche envie de rétablir la condition de la femme et de la défendre.
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🪴Chronique spéciale #marsaufeminin 🪴

« Ils ne nous laissent pas parler, ne nous laisse pas choisir. »

María Sánchez, dans ce livre hybride entre récit intime et essai, nous partage le constat suivant: les femmes dans le milieu rural sont invisibilisées. Non seulement, elles sont empêchées de parler, mais même leurs faits et gestes sont niés. Au mieux, elles « aident »….LOL.
Pourtant, dieu sait que les femmes ont un rapport privilégié et étroit avec la terre. Elles ont à coeur de prendre soin. Soin de la terre, soin des animaux, soin du foyer, soin des hommes, soin des enfants. Mais parce qu'elles le font dans le silence, et sans rien en attendre en retour, leurs actions ne comptent pas aux yeux des hommes. Pire, ils minimisent leur rôle crucial et nécessaire. Et parce qu'elles n'ont pas le temps, d'écrire, de réfléchir à leurs places dans le politique, de (se) manifester dans quelques domaines que ce soit, elles font partie des « oubliées » de la société. Personne ne parlent d'elles. Personne ne raconte leurs labeurs, leurs prouesses, leurs dévouements, leurs bienveillances, leurs savoirs, leurs histoires, leurs amours…Personne ne met la lumière sur elles, alors que c'est elles qui nourrissent, travaillent, entretiennent, calment, réparent, soignent, aiment profondément leurs terres, la Terre. Et peut-être qu'en leur rendant un hommage aussi puissant et bouleversant María Sánchez rend aussi, La terre des femmes à nos aïeules trop discrètes. Et je la remercie pour cela. Je la remercie parce qu'elle donne du relief et de la profondeur au mot Sororité. Parce qu'elle relie toutes ces femmes autour d'un élément, la terre. Elle fait fleurir la poésie, le féminin, la vérité dans un champ de possible, où l'espoir est permis.
L'autrice part de ses photos personnelles, des portraits féminins de sa famille et de là, comprend qu'il lui manque tout un pan de transmission matrimoniale. Elle fait le choix de devenir vétérinaire, marchant ainsi dans les pas de son père et de son grand-père, mais en accomplissant sa vocation, elle comprend vite que les femmes dans le milieu rural ne sont pas reconnues. Petit à petit, à force d'exemples et de réflexions intimes, elle nous dévoile les prémices d'un féminisme propre au monde paysan. Et le combat colossal qu'elles vont devoir mener, pour ne serait-ce que faire entendre leurs voix…
J'ai trouvé cette lecture fascinante, et je la trouve parfaite pour faire rayonner son message en ce mois de Mars au Féminin. Ma grand-mère maternelle, s'appelait aussi Carmen, et le souvenir de son étreinte aimante, m'est revenue comme un baume, mais j'ai eu un foudroiement quand j'ai pris conscience, qu'effectivement moi aussi, il me manquait ses mots, son histoire, sa transmission. La terre espagnole m'appelle, vibre en moi, et dans les pages de la terre des femmes, tout m'a touchée dans l'intime. Nous manquons cruellement de récits au féminin en Espagne ou ailleurs, mais grâce à ce livre, nous pouvons comme le fait avec brio et sensibilité, María Sanchez, faire revenir la lumière sur La terre des femmes, et dans nos coeurs.
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« Un récit qui repose sur les traces. Sur les traces de celles qui ont esquinté leurs espadrilles en marchant et en travaillant, à l'ombre, sans bruit, et toujours seules, attendant que quelqu'un les reconnaisse et entreprenne de les nommer pour exister. »

Vétérinaire, fille et petite-fille de vétérinaires, dernière de multiples générations liées à la terre, María Sánchez est la première femme de sa famille à avoir un travail traditionnellement réservé aux hommes. Son quotidien de vétérinaire de campagne consiste à parcourir l'Espagne en camionnette dans un environnement à prédominance masculine. Dans cet essai personnel et poétique, l'autrice entend servir de porte-parole à toutes les femmes réduites au silence dans les champs espagnols, à toutes celles qui ont dû renoncer à l'éducation et à l'indépendance pour travailler la terre de leurs mains et prendre soin de leurs familles. Basé sur des histoires familiales, des réflexions sur la science et la littérature et de certaines problématiques qui ravagent les zones rurales d'Espagne (dépeuplement et oubli des villes, exploitation des ressources naturelles, non-respect des politiques environnementales ou conditions de travail dans les campagnes), « Terre de femmes » vient combler une lacune sur l'invisibilité des femmes, sur le féminisme souvent examiné par le prisme de celles qui vivent en ville. C'est quoi aujourd'hui être une femme dans la ruralité ? C'était quoi avant ?

Beaucoup d'autres thèmes sont abordés et nourriront votre réflexion dans cette vision réaliste de la vie à la campagne, loin des cartes postales bucoliques, mettant en lumière le danger de perdre à jamais des savoirs jusqu'ici transmis par des générations de femmes, par leur force, leur ténacité, leurs connaissances, leurs valeurs humaines, leurs savoir-être.
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María Sánchez est vétérinaire de campagne et écrivaine espagnole, née en Andalousie. La terre des femmes est un récit féministe, politique, familial souhaitant donner voix aux femmes paysannes et donner au monde rural la place qu'il mérite.

A la lecture du résumé, je m'attendais à un récit plus intime, où l'on découvrirait la vie des générations de femmes dont elle est issue, leur histoire, son métier de vétérinaire de campagne. Finalement, elle se sert de cela et de son histoire familiale pour poser les bases de sa réflexion, certes très intéressante et bien écrite, mais malgré tout légèrement redondante. A chaque chapitre, on s'en l'aube d'une idée nouvelle, pour revenir finalement vers les mêmes arguments et les mêmes conclusions.

Ce n'était donc pas tout à fait ce à quoi je m'attendais à la lecture de cet ouvrage. Malgré ça, il reste une très belle lecture ; la plume de María Sánchez est tellement poétique et le message est beau, fort. On la sent déterminée, passionnée et m'a donné envie d'aller moi-même à la rencontre de ces femmes paysannes, de les comprendre.

Ce livre est un texte fort à la mémoire du monde rural et de toutes ces femmes, que l'on taisait et tait encore, et qui y ont un rôle et un savoir-faire pourtant majeurs et indispensables.

« Un récit qui repose sur les traces. Sur les traces de celles qui ont esquinté leurs espadrilles en marchant et en travaillant, à l'ombre, sans bruit, et toujours seules, attendant que quelqu'un les reconnaisse et entreprenne de les nommer pour exister. »
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La terre des femmes de Maria Sanchez
Editions Rivages/Payot
Traduit par Aline Valesco

Je remercie les éditions Payot/rivages pour l'envoi de ce livre et pour la confiance qu'il me témoigne.
Merci également à Audrey Daragon.

PP : » Les maisons de nos grands-parents sont remplies de portraits. Ils nous observent derrière la vitre, on dirait qu'à tout moment ils pourraient se mettre à parler. »

Maria Sanchez nous livre un texte à mi-chemin de l'essai et de la biographie, dans lequel elle lève le voile sur la place des femmes dans la société rurale espagnole de ses aïeules.
Son ouvrage se dévore comme un roman, des phrases simples et percutantes qui donne à réfléchir et que l'on note de peur de les oublier, nous permettent de comprendre la vie de ces femmes.
Ces femmes qui n'ont eu d'autres choix que d'abandonner l'école et l'instruction pour accompagner leur père puis leur mari dans les champs ou dans les oliveraies afin d'accomplir le même travail qu'eux sans la même reconnaissance. Comme le disait l'auteure portugaise Agustina Bessa-Luis : »Je suis la soeur d'un fils unique » et c'est bien de cela dont il est question dans ce texte, véritable plaidoyer et déclarations d'amour à toutes ces femmes, mères, grands-mères, tantes, grands-tantes qui ont oeuvrées en silence, dans l'ombre, pour que tous puissent s'épanouir dans les foyers, sans que jamais ce sacrifice et ce labeur ne soit considéré et reconnu.

« Mais qui sont ceux qui racontent les histoires de femmes ? Qui se soucie de sauver nos grands-mères et nos mères de ce monde dans lequel on les a confinées, de cette chambre muette, miniature où elles sont réduites au rôle de camarades, d'épouses exemplaires et de bonnes mères ? »

Emma aime :
-La voix des femmes
-Les souvenirs des femmes
-Le combat des femmes

Lien : https://www.instagram.com/le..
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critiques presse (1)
LeMonde
22 juin 2020
L’écrivaine et vétérinaire Maria Sanchez célèbre les femmes de son monde, ouvrières discrètes d’une campagne ultrapatriarcale, dans un livre à mi-chemin entre l’essai et le récit intime.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ma grand-mère ne sait pas écrire mais elle s'occupe du potager toute seule. Recueillir les graines, les faire sécher, les conserver dans des petits pots au cellier. Les faire germer le moment venu. Savoir élever des poules, préparer les olives, faire des conserves, disposer correctement les pommes de terre sur un carton dans le grenier. Elle sait protéger un potager contre le froid, chauler les murs de sa maison. Gérer la coopérative et ses oliviers, tenir les comptes de la maison. C'est une femme forte et elle n'a jamais souffert de se retrouver seule. Quand j'ai quitté la maison, elle m'a préparé un trousseau de "femme indépendante", avec des tasses à café, des théières, des assiettes et des cafetières. Elle m'a offert un service à café de mon arrière-arrière-grand-mère Rosario, pour que je l'expose chez moi, que je me sente fière d'elles.

"Je te prépare et t'offre un trousseau, mais ce n'est pas la peine que tu te maries, tu te débrouilles très bien toute seule."
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Nul ne déteint la solution à quoi que ce soit. Nous avons besoin des uns des autres pour nous remettre en question, changer nos modèles de consommation, nos façons de voir, pour éveiller l'envie de conserver et non d'abandonner, pour se serrer les coudes plutôt que de se tourner le dos. Nous devons tendre la main, tous ensemble. C'est à nous qu'il revient de rendre possible un avenir durable et écologique. C'est dans les marges que couvent le changement, les lendemains, une autre forme de vie possible.
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Comment mettons-nous en lumière cette réalité qui n'entre pas dans les statistiques, qui n'est fidèlement reflétée nulle part ? Comment pouvons-nous la raconter ? Comment pouvons-nous rendre compte de ce dévouement inéquitable aux tâches ménagères et aux soins d'autrui ? Comme définir cette double journée de travail dans un système où chacun est partie prenante mais où, le plus souvent, ce sont uniquement les hommes qui ont le pouvoir de décision et qui récoltent les fruits de la production familiale ? Comment devenir le porte-voix et le soutien de ces femmes ? Comment revendiquer un féminisme rural ?
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Nous vivons dans un pays centralisé. Madrid commande. Les grandes villes prennent les décisions, dictent les normes, marquent le rythme. On dirait parfois que l'essentiel de la vie se déroule dans ces noyaux urbains. que le reste passe toujours au second plan, n'a pas d'importance, comme s'il pouvait se contenter de presque rien. Comme si ses habitants n'avaient rien à dire.
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Récemment, une amie m'a raconté un épisode vécu avec une de ses filles. Elle était en train de lire une histoire à sa cadette pour l'endormir, quand l'enfant s'est mise à la presser de questions sur sa mère. Puis sur la mère de sa mère, s'enquérant des mères des mères, à l'infini. Soudain, la petite se tait, comme si elle prenait de l'élan en respirant, puis demande : "Maman, et la première mère ? Qui c'est, la première mère de toutes ?"
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Video de Maria Sanchez (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Maria Sanchez
Maria Sanchez vous présente son livre "La Terre des femmes".
"L'écrivaine et vétérinaire Maria Sanchez célèbre les femmes de son monde, ouvrières discrètes d une campagne ultra-patriarcale." Le Monde des Livres
"Retenons donc le nom de cette jeune femme vive et curieuse." Le Figaro littéraire
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