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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je le confesse, je n'ai lu de George Sand que ce livre .Un comble si on regarde ma signature. Pourtant j'ai toujours eu une grande tendresse pour la Dame de Nohant, peut -être ai-je à mon insu été nourrie de ses morceaux choisis, ou imprégnée par la poésie de l'époque romantique?
Cette femme hardie a bien su choisir ses amis, c'est à dire ses anciens amants. Elle écrit ses souvenirs à l'âge mûr (du moins pour son époque) et du coup prend ses distances avec les sentiments.Une fois l'eau de rose évaporée, il reste un parfum plus tenace, l'odor di femina. Mais cette femme d'exception fut peut être aussi une mère difficile à supporter?Je relirai un jour son autobiographie avec cette question.
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Ce que j'aurais dû lire dans ma jeunesse, à puiser dans les classiques incontournables de toute bonne littérature, pour construire mon jugement, m'éveiller à l'esthétisme et à la juste éthique et sans doute parfaire l'érudition qu'on attend de tous potaches studieux, c'est maintenant, dans ce dernier tiers temps, ou quart temps de la vie que je l'entreprends...

Pensez-en ce que vous voudrez mais, personnellement je trouve que c'est bien ainsi parce que le regard que l'on pose sur la vie, enrichi des expériences faites dans le temps, apporte un éclairage ô combien plus objectif et plus nuancé sur ce qu'on lit de chroniques, de romans ou de biographies de personnages célèbres ayant pris place dans l'histoire de notre humanité, qu'à cette époque d'insouciance et de dispersions fantasques propre à l'adolescence boutonneuse.



Considérez que mon livre de chevet du moment « Histoire de ma vie » par George Sand m'a procuré une immense joie tant il est riche de descriptions ne se limitant pas aux seuls récits d'anecdotes mais de ce qu'en tant qu'âme profondément humaine, l'auteure a révélé en quantité et qualité de réflexions sur l'existence, la sienne en miroir de tant d'autres, contemporaines et familières qu'elle peint non seulement dans leurs petits travers mais aussi dans ce qu'elles possèdent de noble, d'élevé et d'enrichissant.

Avec sa sensibilité de femme, elle décrit ses états d'âmes sans jamais fondre dans des excès de sensiblerie. Faisant preuve d'une saine objectivité face à ses propres sentiments, aptitudes, et comportements, Georges Sand n'a de concession envers elle-même allant jusqu'à se décrire comme paresseuse, indolente, rebelle, capricieuse, souvent curieuse, sachant néanmoins se montrer réceptive à toutes impressions émanant du beau et du vrai. C'est d'ailleurs cette insatiable soif d'apprendre et de découvrir qui suscite son immense intérêt pour les autres et parmi ceux là, tous ces artistes qui ont brillamment auréolé ce XIX siècle matérialiste de leurs pensées les plus élevées, d'oeuvres d'art les plus interrogatives et romanesques à la fois, dans les domaines de la littérature, de la poésie, de la musique et de la peinture... George Sand a fait, puis tenu sa place, dans cette pépinière d'auteurs créateurs, composée en majorité d'hommes et pas des moindres...

Personnage nanti d'autant de dispositions contradictoires, Georges Sand pénètre la société de son temps avec une lucidité implacable sur les desseins de ceux qui gravitent dans les hautes sphères du pouvoir mais aussi d'une propension à la rêverie qui la fait entrer en parfaite communion avec les êtres les plus pourvus d'imaginations autant qu'avec les éléments de la prodigieuse Nature qui, à travers son oeuvre, semblent lui confier quelques de leurs étonnants secrets.

Femme du monde, investissant sans vergogne les salons de causeries littéraires, amie des arts et belles lettres, mécène prodiguant critiques savoureuses et acerbes, esthète à contre-courant des modes imposées, esprit indépendant ne pratiquant pas la langue de bois, George Sand affiche sans retenue ce qu'il y a de plus masculin dans sa féminité et de plus féminin dans son aptitude à se lier corps et âme à ceux dont elle s'éprend jusqu'à en être intensément amoureuse sans jamais se départir d'une candeur juvénile et une foi aveugle en l'autre qui confine parfois au mysticisme.



Elle ne voulait pas briller mais être... tout simplement être... et elle fut bel et bien !...



Cette femme est enthousiasmante au-delà de toute séduction tenant à son charme naturel, elle vous transporte dans ses réflexions les plus intimes mais aussi les plus profondes, réflexions qu'aujourd'hui encore on peut considérer comme avant-gardistes méritant qu'on s'y attarde pour les méditer et en tirer la quintessence rigoureusement humaniste et la vocation disposant à l'action humanitaire…

Tombant sur ce passage je ne peux faire autrement que le faire paraître ici : un ensemble de quatre pages à lire attentivement et à méditer. Là, se situe l'extraordinaire perception de cette âme à vif qui scrute le monde dans ses moindres recoins physiques et métaphysiques, pénétrant de son esprit affranchi et ouvert, les arcanes de l'existence terrestre.


En fait, que nous révèle-t-elle dans ces lignes … la nature même de notre égocentrisme se faisant mousser face au marasme tenant aux événements douloureux, scandaleux et aux bassesses du genre humain. Y aurait-il une réelle félicité à se trouver juste et bon au milieu de ces monstruosités dont sont capables les hommes ? George Sand se moque de ces « pauvres coeurs » affligés, des natures bien pensantes et bienfaisantes qui perçoivent ce mal outrancier mais n'y font rien qu'à le subir et le dénoncer.

Comment se satisfaire d'un tel état de choses quand le mal dont on se défend d'être atteint nourrit la moindre de nos conversations sitôt que se trouvent réunies deux personnes ?

C'est bien là, le plus grand mal qu'à tant vouloir l'évincer pour soi, on s'en pétrit finalement jusqu'à l'insérer dans la moindre de nos réflexions…

Aux portes des religions et des croyances, la divinité ne nous est d'aucune aide pour nous déchainer de telles obsessions… « Si la foi triomphe de ses propres doutes, l'âme navrée sent les bornes de sa puissance se resserrer étroitement sur elle et enchainer son dévouement dans un si petit espace que l'orgueil s'en va pour jamais et que la tristesse demeure. »

Un peu plus loin on lit : « le seul égoïsme permis, c'est celui du découragement qui ne veut se communiquer à personne et qui, en s'épuisant dans la contemplation de ses propres causes, finit par céder au besoin de vivre, à la grâce intérieure peut-être ! »

Plus avant, George Sand avait écrit : « On se fatigue vite à se contempler soi-même… Nous n'arrivons à nous comprendre qu'en nous oubliant, pour ainsi dire en nous perdant dans la grande conscience de l'humanité » Une définition primordiale de la raison d'être et du bonheur à être qui nous mène hors de nous, nous poussant à vivre libéré de ce « quant à soi » égocentrique ; non pas "vivre pour être heureux" mais "être heureux de vivre". Toute quête du bonheur est vaine, le seul vrai bonheur consiste à vivre de ce qui émane de notre environnement : êtres et choses, de la conscience que nous avons de leur devenir devant bien plus nous préoccuper que notre propre devenir… mais, quelque lignes plus loin, elle rajoute : « C'est alors qu'à côté de certaines joies et de certaines gloires dont le reflet nous grandit et nous transfigure, nous sommes saisi tout à coup d'un invincible effroi et de poignants remords en regardant les maux, les crimes, les folies, les injustices, les stupidités, les hontes de cette nation qui couvre le globe et qui s'appelle l'homme. » retour sur la pseudo racine du mal « l'enfer c'est les autres » Bien avant Jean-Paul Sartre, George Sand l'ayant, ici, formulé autrement, souligne que la conscience du mal et des souffrances qu'il entraine, nous vient de ce que nous percevons à l'extérieur car cette conscience nous ne l'avons pas forcément de manière innée par une introspection qui nous fait plonger en nous-mêmes. le « connais-toi toi-même » passe nécessairement par le « qu'est-ce que les autres t'apprennent de toi »

Ne trouvons-nous pas là, 150 ans plus tôt, une brulante question en phase également avec les mentalités de notre temps présent où l'image que nous renvoient les autres de nous-mêmes a pris une importance extrême, où la connaissance de soi s'émousse au profit d'un narcissisme larvé, tant nous aspirons à être ce que par nature nous ne sommes pas en nous obligeant à nous couler dans le moule des conformités qui suivent modes ou tendances du moment.

Mais voilà, la connaissance de soi passe en grande partie par l'appréciation qu'ont les autres autour de nous, proches, moins proches et étrangers aussi…

La question est moins de savoir si je suis bête ou beau parce qu'untel et tel autre me l'ont dit que de savoir pourquoi ils me l'ont dit. Qu'est-ce qui fait qu'ils me jugent ainsi ?...



Pour se connaître, nous avons besoin de ces reflets ; si le miroir nous renvoi l'image de notre visage, l'âme, elle, aurait à se mirer dans d'autres âmes pour se découvrir et apprendre à se connaitre… Dans quels boudoirs de ce XIXe siècle romantique ne trouve-ton pas de psyché ?…

S'étant entouré d'âmes fortes et d'esprits talentueux, George Sand est, à n'en pas douter, l'un des plus sublimes reflets de son époque où, au matérialisme naissant et proliférant, s'oppose la quête de sa propre humanité à découvrir à travers les rapports entretenus avec quelques des plus brillants esprits de son temps...

Lien : http://www.mirebalais.net/20..
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Une longue, très longue lecture… mais un tel bijou qu'on ne peut s'en détacher. George Sand a réussi le magnifique pari de faire de son autobiographie un roman passionnant.
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C'est une autobiographie de George Sand. Elle y raconte sa vie intime, ses joies ou ses douleurs, sa vie littéraire, d'écrivain, ses rencontres (Balzac, Sainte-Beuve, Stendhal, Musset, Chopin), ses voyages.
Une autobiographie captivante.
Une écriture fluide, simple et raffinée.
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J'aime les livres de George Sand quoique je les trouve un peu "dépassés"parfois mais je tenais à mettre le focus sur son auto - biographie que j'ai lu il y a quelques années déjà mais que j'ai trouvé littéralement passionnante et que je vous recommande vivement. C'est d' ailleurs un de mes livre préfèrès.
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Edition établie, présentée et annotée par Brigitte DIAZ, édition 2004.

A 42 ans, en 1847, George Sand commence "Histoire de ma vie" dont la rédaction prendra huit ans. Cette version élaguée vous évitera d'avoir à lire..., les quelques vingt volumes de l’édition complète originale !... Et cela me semble la meilleure façon d’aborder cette auteure majeure, les romans ayant plutôt mal vieillis... Sauf si on cherche à imager l’ambiance particulière du Berry au XIXème siècle, ce qui est mon cas, le berceau de ma famille se situant dans l’Indre avant que mon arrière-grand-père ne « s’expatrie » en Touraine.
On retrouve dans « histoire de ma vie » un condensé de leçon d’histoire de la fin du XVIIIe siècle et du début XIXe siècle... Selon George Sand « l’oubli est un monstre stupide qui a dévoré trop de générations ».
Dans cette version très élaguée du texte d’origine, le chapitre II a été totalement diminué du passage sur la généalogie de l’auteur. Qu’à cela ne tienne on peut retrouver ces pages admirables sur Gallica et c’est tant mieux pour l’espoir de lutter contre l’oubli en utilisant les outils nouveaux à notre portée immédiate.
On retrouve, ou découvre pour certains, le caractère bien trempé de George Sand, par exemple concernant le roi de Pologne, son ancêtre, « ce n’est pas un honneur bien rare d’avoir un peu de son sang dans les veines, car il eut, dit-on plusieurs centaines de bâtards ».
La généalogie de George Sand (Aurore Dupin de son vrai nom) est effectivement tout à fait étonnante et racontée de la plus belle des façons dans ce livre :
Marie-Aurore de Saxe est la grand-mère de George Sand. Elle est la fille de Maurice de Saxe, lui-même fils du roi de Pologne.
Une grand-mère qui a veillé à l’éducation de sa petite fille trop tôt orpheline de son père et dont la mère, n’appartenant pas à ce monde (fille de troupe de théâtre, une des plus basses « castes » de l’époque) a été vite rejetée et vaincue par les difficultés. Une grand-mère qui est décrite : « royaliste sans l’être », on ne renie pas ses origines si facilement !
Toute l’enfance d’Aurore est marquée par cette Marie-Aurore de Saxe, grande dame-aristocrate-croyante qui a fréquenté la société des lumières dont Buffon, dont Voltaire et qui se remaria avec Louis-Claude Dupin de Francueil (32 ans plus âgé).
"M. Dupin de Francueil, le même que Jean-Jacques Rousseau, dans ses Mémoires, et Mme d’Epinay, dans sa Correspondance, désignent sous le nom de Francueil seulement, était l’homme charmant par excellence, comme on l’entendait au siècle dernier."
Marie-Aurore avait déjà rencontré le grand Jean-Jacques chez Mme Louise Dupin nommée par l'auteure de Chenonceau (en fait elle a vécu à Chenonceau et n'a jamais porté ce nom), seconde épouse de son beau-père. Difficile de s’y retrouver, mais le plus important est de comprendre sur quel terreau fertile a poussé le génie de la future George Sand.
"Une autre preuve irrécusable que ma grand-mère eût pu revendiquer devant l’opinion publique, c’est la ressemblance avérée qu’elle avait avec le maréchal de Saxe, et l’espèce d’adoption que fit d’elle la Dauphine, fille du roi Auguste, nièce du maréchal, mère de Charles X et de Louis XVIII. Cette princesse la plaça à Saint-Cyr et se chargea de son éducation et de son mariage, lui intimant défense de voir et fréquenter sa mère."
George Sand (Aurore Dupin) a donc une branche de sa famille du côté du roi de Pologne et l’autre vers de grands argentiers, son arrière grand-père Claude Dupin ayant été un des hommes les plus riches de son temps – il avait ainsi pu acquérir de nombreuses propriétés dont le château de Chenonceau.
« ...Les généalogies plébéiennes ne peuvent lutter contre celle des riches et des puissants de ce monde. »
Ses fulgurances aident à comprendre, hier et encore aujourd’hui, le réel : « ...il y a, dans la vie des pauvres, des entraînements, des malheurs et des fatalités que les riches ne comprennent jamais et qu’ils jugent comme les aveugles les couleurs. »
C’est ça George Sand, un talent d’écrire et de comprendre car elle connaît l’un et l’autre monde. On la croit quand elle dit ne pas aimer la parole, elle qui a tant écrit dans sa vie.
Parlant de Balzac : « Son commerce était fort agréable, un peu fatiguant de paroles pour moi qui ne sais pas assez répondre pour varier les sujets de conversation ».
Une note de bas de page indique notamment que la correspondance de George Sand a été admirablement éditée par Georges Lubin (classique Garnier, 1964-1991, 25 volumes.....). Les écrits de George Sand se sont avant tout sa vie exceptionnelle, avec sa correspondance énorme, ses récits de voyage et ses romans.
Ce récit de sa vie depuis l’enfance est une première pour une femme !
Années riches d’émotions du couvent des anglaises de 14 à 16 ans, avec les diables, les sages et les bêtes... Devinez ! Elle sera très vite chef de file des diables... Avant une période mystique due à sa sensibilité hypertrophiée. Mais Jésus ne lui suffit pas, elle crée sa divinité qu’elle nomme « Corambar ».
Le seul voyage évoqué (les voyages à cette époque étaient plus compliqués et donc rares) est un « voyage aux Pyrénées ». À la vitesse du pas du cheval, ce n’est pas rien, et curieusement la première ville évoquée est Cauterets (c’est une ville où j’ai de superbes souvenirs de vacances, et encore je ne savais pas que j’étais sur les pas de George Sand !), cela donne sous « la plume » de George :
« Les blocs se penchent et surplombent. Le précipice se creuse, le gave s’enfonce et gronde... ».
On a une impression visuelle à travers les mots, ce que j’avais déjà éprouvé dans « le voyage à Majorque ». Les conditions même des voyages à cette époque devaient rendre le vécu plus dense, indépendamment du caractère de feu d’Aurore Dupin et de son jeune âge qui, déjà mariée depuis 3 ans, n’a pas 21 ans...
Cinq années après, elle rencontre au cours d’un séjour à paris où elle se rend de plus en plus souvent, Jules Sandeau, qui sera à l’origine de son pseudonyme.
J’ai aussi beaucoup apprécié le récit du début ou de la suite de liaisons qui sortiront définitivement Aurore du cercle des liens aristocratiques qu’elle avait commencé avec son premier mari, Casimir Dudevant (et dernier mari car Aurore sera une femme libre et vivra dorénavant sa vie au gré des rencontres artistiques et ses amours auront la seule particule qui vaille à ses yeux, le talent, que ce soit dans la peinture, la littérature, la musique, voire la politique mais version diable contre l’injustice et les sages de l’autorité).
« Ceux-là, en me connaissant, ne se sont plus étonnés du contraste d’un esprit si porté à s’assombrir et si avide de s’égayer ; je devrais dire d’une âme si impossible à contenter avec ce qui intéresse la plupart des hommes, et si facile à charmer avec ce qu’ils jugent puéril et illusoire ».

Vous pouvez lire les autres articles de "mes livres essentiels" sur le blog "Bibliofeel" ou "clesbibliofeel". A bientôt !

Lien : https://clesbibliofeel.home...
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Amantine-Aurore-Lucile Dupin qui, la première osa écrire en liberté. A décrit l'amour et ses amours sans préjugés, a affirmé son indépendance jusqu'à choisir son nom de George Sand, tout comme elle a choisi sa vie et ses amants: Musset, Chopin, Liszt, Delacroix....et tant d'autres connus ou inconnus.
Une femme exceptionnelle engagée et diablement moderne pour son époque.

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La plume de George Sand: une merveille. Lecture facile, fluide, délicate, riche, passionnante. Cet ouvrage est un chef-d'oeuvre.

Certains passages ont mal vieilli cependant: Sand juge parfois les hommes de son temps en fonction de leur apparence physique - c'est très XIXe siècle.

On ne s'ennuie jamais, chaque chapitre nous raconte quelque chose d'intéressant. Sand aborde de nombreux thèmes différents.
Dans le dernier chapitre, l'auteur montre qu'elle avait une vraie conscience sociale.

J'ai adoré particulièrement 2 passages: celui sur son vécu au couvent, l'autre traite de Frédéric Chopin (mais elle le faisait déjà dans "Un hiver à Majorque".)

George Sand est un très grand écrivain. Elle possède un talent immense pour l'écriture. Sa vie, en outre, fut passionnée et passionante: elle a connu et fréquenté tous les "grands" de son temps.

Lisez ce livre, et vous tomberez assurément amoureux de G. Sand.
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"Yeux noirs, cheveux noirs, front ordinaire, teint pâle, né bien fait, menton rond, bouche moyenne, taille quatre pieds, dix pouces, signes particuliers, aucun." (p. 15) " Somme toute, avec des cheveux, des yeux , des dents et aucune difformité, je ne fus ni laide ni belle dans ma jeunesse, avantage que je considère comme sérieux à mon point de vue, car la laideur inspire des préventions dans un sens, la beauté dans un autre..." (p.14). Ainsi se définit l'auteur, économe de ses moyens, dans le style d'une fiche de police.

Dans l'Histoire de ma vie, George Sand, à la différence de Saint Augustin et de Rousseau, n'entend pas "raconter sa vie comme un roman", mais plutôt "parler sans ordre et sans suite, tomber même dans beaucoup de contradictions" (p. 9), "par la forme de ce laisser-aller de mon esprit" (p.10). Il y a du Montaigne - qu'elle ne cite pas - dans sa manière de s'intéresser aux idées et aux sentiments plus qu'aux faits. Les amateurs de révélations sur ses amours et ses moeurs en seront pour leur frais. Elle explique simplement et de manière convaincante l'intérêt de s'habiller en homme, autant par économie que par commodité : " Au reste, pour n'être pas remarquée en homme, il faut avoir déjà l'habitude de ne pas se faire remarquer en femme" (p.339). Passionnée, les portraits de ses admirations comme de ses amours donnent des pages d'anthologie.
Le père, bien plus que la mère, retient et cristallise l'amour et l'admiration de la fille. Officier, aide de camp de Murat, il s'embarque avec femme et enfant dans la désastreuse campagne d'Espagne, en 1808. C'est en famille qu'ils traversent l'Espagne dévastée, tenaillés par la faim, curieux équipage voyageant en charrette qui écrase des cadavres sur les champs de bataille traversés (p. 68) : les horreurs de la guerre, selon Goya ! A son retour d'Espagne, le voyage se fait en bateau de Fontarabie à Bordeaux. Mais dans l'estuaire de la Gironde, la chaloupe se met à couler, abordant le rivage in extremis. le papa, bel officier, dirige la manoeuvre de sauvetage de sa famille, des passagers et de la diligence sous l'oeil ébloui de sa fille (p. 71) : "Mon père ce héros au regard si doux" comme écrira le grand poète national un demi-siècle de légende plus tard !
La petite fille modèle est mise à l'école dans un couvent. Ce qui vaut les plus belles pages de son livre. Elle veut devenir sainte, au prix de sa santé. Sa crise de mysticisme, qu'elle analyse finement, est modérée par un sage confesseur jésuite qui la dissuade d'entrer dans les ordres et l'invite à prendre l'air : "Je vous donne pour pénitence de retourner aux jeux et aux amusements de votre âge. Dès ce soir, vous courrez au jardin comme les autres, au lieu de vous prosterner à l'église en guise de récréation" (p.247). L'effet est immédiat. La jeune Aurore organise des spectacles au couvent, fait rire les soeurs et même la supérieure avec les pièces qu'elle écrit, et se met en tête de prêcher la révolte, pour rire...
Elle quitte le couvent à regret pour la maison de Nohant, qu'elle ne quittera plus, et où elle reviendra toujours, pour son plus grand bonheur.
A travers l'histoire de sa vie, c'est aussi l'histoire de son temps qui retient l'attention dans son récit . A travers ses ami(e)s Balzac, Flaubert, Sainte Beuve, Musset, Chopin, Delacroix, Marie Dorval, mais aussi Lamennais, Pierre Leroux et tous les visiteurs de Nohant - où l'on s'amuse aussi beaucoup - c'est tout le XIXe siècle qui défile en portraits ciselés. Il y a un fil chronologique dans ce récit écrit entre 1847 et 1854, publié en 1885. Il ne donne donc qu'un aperçu de la vie de l'auteure, morte en 1876, vingt ans plus tard !
Il reste donc beaucoup à découvrir sur George Sand, passionaria de la Révolution de 48, devenue versaillaise, contemptrice des horreurs de la Commune.
Reste à lire les 20 volumes de son livre dans le texte original.
Quatre pieds, dix pouces = 1m 47. Petite femme et grand écrivain !
Lien : https://diacritiques.blogspo..
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C'est un livre attachant, profond et plein de la vivacité de son auteur, de ses enthousiasmes, de ses galères (pour employer un mot anachronique mais très exact) et du récit d'une jeunesse étonnante aux affections contrastées. On découvre avec beaucoup d'intérêt comment Aurore, qui aimait grimper aux arbres et sauter du haut des meules de foin, contrairement à toutes les petites filles de son milieu, puis a désiré vivre seule et arpenter Paris à sa guise, a basculé dans George avec évidence. L'ensemble est un régal.
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