L'Uscoque, roman oriental d'inspiration vénitienne s'ouvre sur une conversation entre trois hommes, Asseim Zuzuf, Lélio et Beppa. Zuzuf leur raconte qu'il a connu Lord Byron, à qui il avait parlé d'un Uscoque, devenu plus tard sous la plume du poète, « Le Corsaire ». Il explique à ses compagnons ce qu'est un Uscoque, et leur narre ses aventures.
L'Uscoque de George Sand ne correspond pas aux pirates qui vivaient sur la côte adriatique au XVIème siècle pour fuir la domination ottomane. Il a pour cadre la Cité des Doges.
Giovanna, nièce du fortuné et puissant Morosini, est fiancée à Ezzelin, un riche aristocrate, mais lui préfère le ténébreux Orio Soranzo, un noble séducteur et épicurien ruiné épris de liberté, qu'elle épouse.
Soranzo s'engage aux côtés de Morosini contre les Ottomans. Il se replie sur les îles Curzolari où Giovanna le rejoint. Désireux d'avoir de leurs nouvelles, Morosini envoie Ezzelin qui échappe de peu à une attaque de pirates dont le chef est surnommé « l'Uscoque ». Il découvre que Soranzo ne combat plus contre les Turcs, mais qu'il est devenu un redoutable pirate assoiffé d'or…
Ce court roman, curieusement mis à l'Index par l'Eglise, nous emporte donc de Venise aux îles Ioniennes. Et même si on ne comprend pas les références aux campagnes militaires qui se sont déroulées bien avant (Morée…), ni aux Uscoques croates (que viennent-ils faire ici?) il se lit avec plaisir, essentiellement pour le personnage singulier de Soranzo, cruel héros brigand épris de liberté, fuyant les contraintes d'une société policée, plus torturé que le Conrad de Byron, à l'image d'une Venise sombre dépeinte dans le roman. Un héros sandien que l'on oublie pas, dans une Cité des Doges différente de celle évoquée dans Consuelo ou Leone Leonie.
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D’abord qu’est-ce qu’un Uscoque ? demandai-je au moment où l’honnête Zuzuf essuyait sa barbe et ouvrait la bouche pour commencer son récit.
— Ignorant ! dit l’abbé. Le mot uscocco vient de scoco, lequel, en langue dalmate, signifie transfuge. L’origine et les diverses fortunes des Uscoques occupent une place importante dans l’histoire de Venise. Je vous y renvoie. Il vous suffira de savoir maintenant que les empereurs et les princes d’Autriche se servirent souvent de ces brigands pour défendre les villes maritimes contre les entreprises des Turcs. Pour se dispenser de payer cette terrible garnison, qui ne se fût pas contentée de peu, l’Autriche fermait les yeux sur leurs pirateries ; et les Uscoques faisaient main basse sur tout ce qu’ils rencontraient dans l’Adriatique, ruinaient le commerce de la république, et désolaient les provinces d’Istrie et de Dalmatie. Ils furent longtemps établis à Segna, au fond du golfe de Carnie, et, retranchés là derrière de hautes montagnes et d’épaisses forêts, ils bravèrent les efforts réitérés qu’on fit pour les détruire. Vers 1615, un traité conclu avec l’Autriche les livra enfin sans appui à la vengeance des Vénitiens, et le littoral de l’Italie en fut purgé. Les Uscoques cessèrent donc de faire un corps, et, forcés de se disperser, ils se répandirent dans toutes les mers, et grossirent le nombre des flibustiers qui, de tout temps et en tous lieux, ont fait la guerre au commerce des nations. Longtemps encore après l’expulsion de cette race féroce et brutale entre toutes celles qui vivent de meurtre et de rapine, le nom d’Uscoque demeura en horreur dans notre marine militaire et marchande. Et c’est ici l’occasion de vous faire remarquer la distance qui existe entre le titre de corsaire donné par lord Byron à son héros, et celui d’uscoque que portait le nôtre. C’est à peu près celle qui sépare les bandits de drame et d’opéra moderne des voleurs de grands chemins, les aventuriers de roman des chevaliers d’industrie ; en un mot, la fantaisie de la réalité.
Des lettres inédites de la célèbre écrivaine, révélant des échanges inconnus avec de grandes personnalités du XIXe siècle. Un livre exceptionnel !
Lettres réunies et présentées par Thierry Bodin.
Ces 406 nouvelles lettres retrouvées couvrent presque toute la vie de
George Sand, depuis ses quinze ans jusqu'à ses derniers jours. La plupart,
du court billet à la longue missive, sont entièrement inédites et viennent
s'ajouter au corpus de sa volumineuse correspondance. D'autres, dont on
ne connaissait que des extraits, sont ici publiées intégralement pour la
première fois.
Plus de 260 correspondants — dont une cinquantaine de nouveaux — sont
représentés, des moins connus aux plus illustres, comme Barbey d'Aurevilly,
Hector Berlioz, Henri Heine, Nadar, Armand Barbès, Eugène Sue, Victor
Hugo, Louis Blanc, Eugène Fromentin, Jules Favre, Pauline Viardot, la
Taglioni, ainsi que les plus divers : parents, familiers, éditeurs, journalistes
et patrons de presse, acteurs et directeurs de théâtre, écrivains, artistes,
hommes politiques, domestiques, fonctionnaires, commerçants, hommes
d'affaires...
On retrouve dans ces pages toute l'humanité et l'insatiable curiosité de
l'écrivain, que l'on suit jusqu'à ses toutes dernières lettres, en mai 1876,
quelques jours avant sa mort.
Les auteurs :
George Sand (1804-1876) est une romancière, dramaturge et critique littéraire française. Auteure de plus de 70 romans, on lui doit également quelque 25 000 lettres échangées avec toutes les célébrités artistiques de son temps.
Thierry Bodin est libraire-expert en lettres et manuscrits autographes. Ses
travaux sont consacrés au romantisme français, en particulier Honoré de Balzac, Alfred de Vigny et George Sand.
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