[...] le matérialisme détruit la poésie, il réduit tout aux simples proportions de la réalité.
Adieu, Sténio, adieu, adieu, toi seul que j’ai aimé d’un amour noble et fort. Plains-moi, je vais vivre.
L’inertie, Sténio ! C’est le mal de nos cœurs, c’est le grand fléau de cet âge du monde. Il n’y a plus que des vertus négatives, nous sommes braves parce que nous sommes plus capables d’avoir peur. Hélas ! Oui, tout est usé, même les faiblesses, même les vices de l’homme. Nous n’avons plus la force qui fait qu’on aime la vie d’un amour opiniâtre et poltron. Quand il y avait encore de l’énergie sur la terre, on guerroyait avec ruse, avec prudence, avec calcul. La vie était un combat perpétuel, une lutte où les plus braves reculaient sans cesse devant le danger, car le plus brave était celui qui vivait le plus longtemps au milieu des périls et des haines. Depuis que la civilisation a rendu la vie facile et calme pour tous, tous la trouvent monotone et sans saveur ; on l’expose pour un mot, pour un regard, tant elle a peu de prix ! C’est l’indifférence de la vie qui a fait le duel dans nos mœurs. C’est un spectacle fait pour constater l’apathie du siècle que celui de deux hommes calmes et polis, tirant au sort lequel tuera l’autre sans haine, sans colère et sans profit. Hélas ! Sténio, nous ne sommes plus rien, nous ne sommes plus ni bons ni méchants, nous ne sommes même plus lâches, nous sommes inertes.
Je vous aime pour votre candeur, pour votre ignorance de toutes les choses que je sais, pour cette grande jeunesse morale dont vous êtes si impatient de vous dépouiller, imprudent que vous êtes !
Au cœur de l’homme les rêves ne manquent jamais, l’attente et le souvenir sont des trésors toujours ouverts.
Combien de fois, à l'entrée de la nuité, au lever de la lune, aux premières cl
Pourquoi faut-il souffrir toujours d'un désir de bien-être qui se révèle sous la forme du beau et qui plane dans tous nos rêves sans se poser jamais à terre?
Ce besoin d'épouser la terre et ses vulgaires intérêts qui tôt ou tard flétrit le coeur de l'homme et lui enlève son rêve de perfection.
La pitié est un sentiment voisin du mépris et la main qui soutient un ami chancelant s'engourdit bientôt.
Plus je vous vois, et moins je vous devine.
Vous me ballottez sur une mer d’inquiétudes et de doutes.
Vous semblez vous faire un jeu de mes angoisses. Vous m’élevez au ciel, et vous me foulez aux pieds. Vous m’emportez avec vous dans les nuées radieuses, et puis vous me précipitez dans le noir chaos!
Ma faible raison succombe à de telles épreuves.