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3,74

sur 176 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Avez vous déjà eu l'idée d'offrir un éléphant ? Je parie que non, et pourtant, chez les rois recevoir en cadeau un éléphant, cela c'est toujours fait. le premier monarque, c'est Charlemagne, qui a reçu de la part du calife Haroum al Raschid, un éléphant blanc nommé Abul Abbas. Puis les deux Louis, IX et XI, et les deux Medicis, en ont reçu un.
Dans « le voyage de l'éléphant » José Saramago évoque Joao III du Portugal, et son épouse, Catherine d'Autriche, qui avaient envoyé un cadeau de mariage un peu mesquin à l'archiduc Maximilien d'Autriche en 1548.
Trois ans après, il est temps de marquer le coup.

Il faut un gros, un très gros cadeau.
Justement, un éléphant des Indes végète près de Lisbonne. Salomon.

Il est gentil, ce petit Dumbo, prêt à tout pour faire plaisir, doux , intelligent et affable.
Il se met en route, monte en bateau allègrement, se mouille les pattes dans la neige des Alpes, et continue hardiment.

Ce voyage entre Lisbonne et Vienne les amènent, chevaux, boeufs , éléphant et cornac, plus une dizaine d'aides pour les deux cent litres d'eau et les trois cent kilos de végétaux ingurgités par le pachyderme chaque jour…. Jusqu'à la basilique Saint Antoine de Padoue.
Un miracle serait le bienvenu, et vivement souhaité, il faudrait que Salomon s'agenouille devant le portail de la basilique.
Le « miracle » accompli, le cornac Subhro vend les poils de son éléphant, tout en remarquant que bien qu'en son pays il y ait pléthore de dieux et de démons, les européens prennent pour argent comptant les bienfaits de ces poils, avec une crédulité désarmante.

Eléphant et cornac seront rebaptisés, l'un Soliman le magnifique, l'autre Fritz par l'archiduc.

Il serait injuste de ne pas vous prévenir quant à la forme : Ni les noms propres, ni les noms de ville ne sont indiquées par des majuscules, et surtout pas le nom des rois. Pas non plus d'indication des dialogues, enchâssés dans le texte sans ponctuation; parfois une majuscule un peu imprévue nous intrigue et nous réjouit.

José Saramago utilise un langage un peu enfantin pour raconter ce voyage, dans lequel il insère des digressions sans rapport, ironiques , ne cachant pas son athéisme militant, et parfois aussi des remarques anachroniques, comme par exemple le fait qu'à la mort de Salomon deux ans après son arrivée à Vienne, on ne puisse en savoir la cause, prises de sang, radiographies du thorax , endoscopies, sans lesquelles les hommes ne peuvent trépasser de nos jours, mais qui n'avaient pas cours, et encore moins pour un animal.
S'agenouiller devant la basilique de Padoue ne lui a servi à rien, ses pattes sont coupées, quel symbole, après sa mort, pour y mettre parapluies et ombrelles.

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En cadeau de mariage, le roi portugais Dom João III offre au futur empereur autrichien Maximilien II l'éléphant Salomon qu'il a en sa possession depuis deux ans et dont il ne sait que faire. Commence alors un long périple pour le pachyderme et son cornac indien Subhro pour rejoindre Vienne depuis Lisbonne...

Pas de majuscules aux noms propres, pas de tirets ni de guillemets pour les dialogues... Même pas de point entre chaque prise de parole ! La lecture s'annonçait difficile. Et pourtant...
Et pourtant Saramago a une plume exquise, intelligente, pleine d'humour ; un style inimitable absolument brillant. Bien que ce roman ne soit pas au premier abord facile à lire, il est d'une grande beauté littéraire. L'histoire de l'éléphant Salomon/Soliman et du cornac Subhro/Fritz (un certain empereur est passé par-là pour changer les noms à sa guise) est attachante et prenante. Le travail de la traductrice (qui a quasi le monopole des traductions de Saramago et connaît donc parfaitement le style de la bête) est monumental, extrêmement réussi. Saramago joue avec le vocabulaire, les époques et les registres avec brio, fait sourire grâce à son sens de la formule unique et à son intervention en tant que narrateur/conteur qui fait des commentaires originaux et amusants.
Si les premières pages peuvent faire peur, le contenu ramène vite le lecteur sur l'autoroute du plaisir littéraire malgré quelques petites longueurs. J'ai trouvé en ce début d'année un nouvel auteur dont il me tarde de découvrir l'oeuvre un peu plus !
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Saramago nous parle d'un éléphant vivant au Portugal au XVIème siècle, à la cour du Roi. Après 2 ans de séjour, celui-ci va décider de l'offrir comme cadeau de mariage auprès de son cousin le duc Maximilien d'Autriche.

Salomon, « instrument politique de première grandeur », (p. 210), doit ainsi se rendre à Valladolid guidé par son fidèle cornac, Subhro, et tout un équipage assez peuplé, dont des chars à boeufs. le chemin sera long, compliqué, lent et son itinéraire sera bouleversé.

Ils vont croiser des gens émus de voir un éléphant pour la première fois de leur vie. Ce sera l'occasion d'échanges religieux, où j'ai apprécié de lire l'histoire de Ganesh à tête d'éléphant, dans la religion hindoue. C'était passionnant.

Saramago manie un humour constant. Il raille sans s'arrêter la façon dont l'homme fonctionne dans la société ou en politique. Ses acquis souvent incohérents, irrespectueux envers les animaux et la nature, … ainsi que d'autres artifices dont il a besoin pour qu'on honore sa puissance.

Salomon, lui, tout amour, ne ferait pas de mal à une mouche, et il subit les caprices de ses maîtres. Les moments qui décrivent la rencontre entre l'homme et l'animal sont des « instants poétiques », comme nous le dit l'auteur. Ce sont des passages émouvants.

Ce récit plein de dérision et de drôlerie, inventif, est écrit sans ponctuation. On suit les méandres de l'auteur avec bonheur, où il exprime ses opinions diverses, comme celles sur l'histoire au sens général, avec laquelle il joue beaucoup, ainsi que sur l'homme dans son rapport à la nature. Un livre instructif et passionnant.
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Que peux offrir un ROI (disant de Portugal) à un EMPREUR (d'Autriche par exemple) comme cadeau digne de sa grandeur ?

Quoi ? Un éléphant ?
Et voilà le pachyderme (qui vient de passer avec son cornac deux ans en total oublie dans la cour portugaise) en route vers Vienne.
Le roman décrit le voyage de l'éléphant et de son escorte à travers par la Castille, la côte Méditerranéenne, passant par Gênes et enfin emprunter la route des Alpes.
Le récit est très intéressant dans le sens où il expose les différentes relations qui lient le Roi, les militaires, l'église et les AUTRES ; mais que j'ai trouvé bizarre au tout début de lecture pour cause de structure (pas de paragraphes, pas de dialogues, peu de ponctuations...).
N'empêche que j'ai beaucoup aimé les personnages, et j'avais hâte de connaitre la fin. C'est une très belle découverte.
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Longtemps hésité entre 3 et 4 étoiles.
4 étoiles car l'histoire est passionnante : un road trip rocambolesque du Portugal à l'Autriche avec des personnages attachants et un éléphant fort sympathique.
3 étoiles parce qu'il a vraiment fallu s'accrocher pour la lecture : pas de paragraphes, pas de majuscules aux noms propres, les dialogues à la file sans tirets ni retours à la ligne...insupportable ! Et ca fait d'autant plus grincer des dents que l'histoire est géniale et l'auteur juste Prix Nobel, il peut faire ce qu'il veut !
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Unique auteur lusophone à avoir reçu le prix Nobel de littérature, en 1998, José Saramago est mondialement connu pour ses ouvrages « L'Aveuglement » (Seuil) ou « le Dieu manchot » (Albin Michel). Devenu la figure de proue de la scène littéraire portugaise contemporaine, là où Fernando Pessoa brillait dans la poésie, il étonne par des écrits originaux et tous très différents les uns des autres. Son tout dernier roman avant de décéder en 2010, « le Voyage de l'éléphant », racontait l'invraisemblable voyage d'un éléphant, le bien nommé Salomon, dans l'Europe du XVIe siècle.

Soucieux d'offrir à son cousin Maximilien, archiduc d'Autriche, un cadeau digne de son rang, le roi du Portugal João III décide de lui envoyer Salomon, un éléphant d'Asie oublié depuis des années dans un enclos crasseux aux portes de Lisbonne. En compagnie de son cornac, Salomon parcourt la longue route qui doit le mener à Vienne, en passant par la Castille, les Alpes ou encore Gênes. Aux intrigues de cour et aux querelles religieuses qui animent l'Europe d'alors, s'ajoutent désormais dans les conversations et rumeurs de l'époque, les différents épisodes ponctuant ce périple de Salomon qui va passionner les populations croisées sur son chemin.

Le voyage de cet éléphant de Lisbonne à Vienne est une histoire vraie et avait fait sensation à l'époque auprès des gens du peuple, puis décrypté par les spécialistes et historiens, il passionne désormais les lecteurs de José Saramago tant les péripéties sont racontées avec minutie et truculence.

Fasciné par le périple qui vit ce cadeau éléphantesque parcourir une partie du Portugal et de l'Espagne avant d'entamer la traversée des Alpes par le col du Brenner, José Saramago s'est longuement documenté avant d'entreprendre l'écriture de ce roman, et ça se ressent : l'écrivain prend un plaisir non dissimulé à décrire les mondanités et cette vie frivole de l'archiduc et de sa nouvelle épouse qui entourés par la garde royale, Salomon et son cornac, traversent un continent européen déchiré par les guerres civiles causées par le schisme religieux entre l'Église de Rome et la Réforme protestante.

Sous ses airs de roman historique, on comprend vite à la lecture des premiers chapitres qu'il s'agit davantage d'un conte philosophique - politiquement très incorrect - truffé de réflexions personnelles de l'auteur et de multiples anachronismes: notamment à Mantoue («célèbre pour de nombreuses et excellentes raisons, l'une d'elles étant un certain bouffon de la cour ducale, appelé rigoletto, dont les aventures seront mises en musique ultérieurement par le grand giuseppe verdi ») ou à Vérone (« décor choisi par william shakespeare pour sa most excellent and lamentable tragedy of romeo and juliet »).

Vous remarquez immédiatement un style qui déconcerte : l'auteur omet volontairement les majuscules aux noms propres et s'amuse avec une ponctuation qui s'affranchit de toute règle. Au-delà des premières pages nécessaires à l'adaptation, le lecteur réussit tout de même à être embarqué par l'élan romanesque qui émane de cette épi-évènement historique, prétexte aux réflexions personnelles de Saramago déguisées en un récit d'aventure et de voyage avec un pachyderme et son cornac comme personnages principaux. Les intempéries, le mal de mer, la faim, les tempêtes de neige sont autant d'obstacles que Salomon doit surmonter dans sa longue route vers un destin improbable.
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Faire étape et s'agenouiller devant la basilique de Padoue ne lui a servi à rien, ses pattes sont coupées, après sa mort, pour y mettre parapluies et ombrelles. Ce triste sort l'éléphant et ce qu'on en fait de lui peut surprendre, mais José Saramago met en exergue plutôt le chemin parcouru que la fin en soi.

Fût-il roman, conte ou épopée historique, ce récit est en tout état de cause insolite, réjouissant et instructif. Mais – sublimé par une fin surprenante – c'est aussi l'opportunité pour l'auteur de glisser quelques réflexions philosophiques et sociologiques de grande acuité.
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Il faut d'abord que je fasse un aveu. Parmi tous les critères que j'applique plus ou moins consciemment lorsque je choisis un roman, il en est un qui consiste à me protéger d'un contenu disons, trop cérébral, en feuilletant le livre pour m'assurer que le texte en est suffisamment aéré. Des chapitres et des paragraphes bien sûr mais aussi et peut-être surtout des tirets de dialogue, indices rassurants, annonçant que l'intrigue n'est pas qu'un long monologue intérieur mais qu'elle met aussi en scène des personnages qui vivent et interagissent.

Voilà, c'est dit: Je ne suis qu'un lecteur léger et superficiel. C'est pourquoi, par exemple, je n'ai pas encore osé m'attaquer à Zone de Mathias Énard qui serait, à ce que l'on dit, un superbe roman tout en intériorité mais sans aucune aspérité, aucune pose. J'y reviendrai peut-être…

Donc, si ce n'est qu'il est porté par une critique fort élogieuse, rien ne me disposait à m'intéresser non plus au dernier roman de José Saramago, le voyage de l'éléphant, dont l'écriture est également tout d'une pièce...

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Un vrai régal plein de truculence je vous le conseille vivement . Saramago a vraiment un style très personnel et très facile à lire. Je me suis beaucoup amusé! L'improbable périple de cet éléphant pour aller du Portugal à la capitale autrichienne est un vrai roman d'aventure imaginé à partir d'un fait historique
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On me l'avait recommandé ! J'en mourrais d'envie, mon premier Saramago...
Je ne suis pas déçu du voyage. Oups! Pardon, mais je ne suis pas un éléphant :-)
Dès les premières phrases on mesure toute la différence entre le Musso et le Saramago, peut-être pas dans l'intrigue mais dans cette capacité à organiser les mots pour les faire chanter et sonner.
Par ailleurs, certain(e)s critiques se sont offusqués de l'usage (absence) de la ponctuation et des majuscules aléatoires. Et pourtant, cet exercice de style démontre que cela ne nuit en rien à la compréhension. Quel triste constat d'ailleurs.
Tout cela pour conclure que ce fait historique romancé est bien divertissant car traité sur un ton humoristique et je vous invite à le découvrir.
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1551, avec comme toile de fond, le déplacement de Salomon l'éléphant, cadeau du Roy d'Espagne à son cousin l'archiduc Maximilien d'Autriche, qui va réaliser le long périple à la phénoménale distance de Lisbonne à Vienne, pour se rendre chez son nouveau maître.

A pied bien sûr, et à son rythme bien entendu, précédé de sa garde de soldats cavaliers armés, servi par sa suite assurant sa maintenance (charriots entiers de fourrage, cuves d'eau conséquentes), et guidé par son dévoué cornac qui l'a fidèlement accompagné depuis son lointain pays d'origine.

Alors, le pourquoi, le comment, le but, sont d'évidents prétextes au récit des caprices royaux, ducaux, des croyances religieuses et populaires, des réactions de toutes les classes sociales, des cachotteries voire duperies religieuses, des sournoises querelles militaires;
et, tout autant, le récit des confrontations entre classes sociales qui généralement n'ont pas cette habitude, entre modes de vie différents, climats opposés, entre coutumes ancestrales et souhaits d'ouverture, entre ignorance volontaire d'autrui et désir de le connaître.
Melting-pot dans lequel, seuls les villageois enthousiastes semblent épargnés, tellement naïvement admiratifs qu'ils sont de l'éléphant.

Enfin, semblable à la musique qui accentue, souligne, révèle, guide, escorte voire chaperonne une action cinématographique, le style, accompagne les joutes verbales et physiques en un impertinent pied de nez à la bienséance littéraire : majuscules, ponctuation, y manquent, autant qu'y fleurissent les digressions.

Ces dernières, certaines savoureuses, peuvent en effet, l'une ou l'autre page, finir par provoquer l'ennui : on a envie de revenir au plus vite vers Salomon.
Mais jamais cependant l'ensemble ne manque de clarté ni de compréhension.
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