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Geneviève Leibrich (Traducteur)
EAN : 9782020484930
272 pages
Seuil (16/02/2001)
3.78/5   185 notes
Résumé :
Monsieur José, seul personnage de ce livre qui porte un nom, est un obscur employé de l’État civil. Il travaille dans l’immense bâtiment où sont conservées et mises à jour les archives des vivants et celles des morts. Il vit seul, dans un modeste logement contigu à la grande salle où les employés sont soumis à une stricte hiérarchie bureaucratique. Dans cet univers concentrationnaire, son seul passe-temps consiste à collectionner des renseignements sur les cents per... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (26) Voir plus Ajouter une critique
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Ouvrir un livre de José Saramago, c'est plonger dans une lecture unique , hors du temps et hors des sentiers battus. C'est ma troisième expérience , et toujours le même ressenti, même si la force de @L'aveuglement n'a pas été égalée ici.
Monsieur José travaille à l'état civil et dérobe de temps en temps la fiche d'une célébrité . sans y faire attention , il vole la fiche d'une inconnue qui l'obsède dès qu'il s'en aperçoit.

Monsieur José : le anti héro absolu : Célibataire , depuis sa naissance sans doute, sans intérêt pour quoi que ce soit si ce n'est ses fiches , fonctionnaire dans la plus grande définition du terme, il va être entrainé dans des aventures qui à son échelle auraient déboussolé Indiana Jones.
L'auteur aussi nous entraîne dans son expérience favorite, nous clouer à notre lecture , avec ses phrases interminables mais tellement bien structurées , avec ses dialogues incrustés dans le texte , où la majuscule symbolise le changement d'interlocuteur.
Cette langue est un tourbillon qui entraine le lecteur au delà de l'histoire , avec toujours des petites remarques croustillantes teintées d'humour qui tentent de rattacher au réel une histoire qui ne l'est pas mais dont la portée réflexive est immense .
C'est forcément brillant, cela peut dérouter voir dégouter. Pour moi, c'est une expérience que je renouvèle avec grand plaisir chaque année .
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Lire José Saramago c'est entrer dans un univers particulier, de par le style du prix Nobel, ses longues et très belles phrases, mais aussi son humour pince sans rire qui surprend le lecteur au coin d une page.
Son écriture humaniste et sa recherche de l identité, que l on retrouvent dans son oeuvre, nous emmènent à suivre un petit fonctionnaire de l état civil qui, pour une fiche mal rangée, va se mettre à enquêter sur la femme inscrite sur la dite fiche.
On a fait référence à kakfa pour cet ouvrage et il est vrai que l ambiance et la personnalité de l anti héros s y prêtent très bien.
L histoire commence un peu tard à mon avis, même si le début du livre permet de s imprégner des lieux et du comportement de monsieur José, célibataire collectionneur, comme de son caractère.
Toujours intelligent, réaliste, pas forcément optimiste, ce livre, comme " l aveuglément" est un magnifique plaidoyer de la vie.
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Un obscur fonctionnaire de l'état civil entreprend une recherche sur une femme dont il a par hasard manipulé la fiche. Une quête qui bouleversera complètement sa petite vie tranquille.

Le gratte-papier a cinquante ans, il travaille depuis des années au Conservatoire où sont gardés tous les noms des citoyens, les naissances, les mariages et les décès. Bien sagement dans ce bureau, il classe ou recopie inlassablement des fiches sous l'oeil d'une hiérarchie rigide.

C'est l'écriture de Saramago, avec ses pages bien pleines, sa rareté d'alinéas, même lorsqu'il y a des dialogues. C'est très dense et un peu rébarbatif au départ, mais lorsqu'on s'adapte au style, on découvre que c'est plein d'humour et d'ironie, avec aussi plein de sujets de réflexions.

Avec le héros du roman, on peut se demander le pourquoi de toutes nos tâches quotidiennes qui peuvent sembler bien absurdes. Et à quoi serviront toutes ces traces qui seront rapidement effacées après notre mort?

Et on pourrait ajouter : à quoi servent toutes nos listes de livres, tous ces noms d'auteurs qu'on collige aussi religieusement…
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Des majuscules après des virgules, cette pratique orthographique m'aurait valu quelques biffures au stylo rouge de la part des professeurs de français qui ont exercé leur conscience professionnelle à tenter de me transmettre leur savoir. Il faut ne plus être en quête de bonnes notes aux examens ou des bonnes grâces de l'édition pour se permettre pareille liberté.

Aussi, à la fermeture de cet ouvrage, c'est son style d'écriture que je retiendrais plus volontiers que son intrigue. Peu convaincante, cette dernière m'a empoussiéré l'esprit à force d'exhumer des archives. L'épilogue est à l'avenant, plus un dernier souffle qu'un dénouement. Voilà qui confirme à mes yeux l'affirmation de Jean d'Ormesson selon laquelle c'est la forme qui fera le succès d'un ouvrage plus que le fonds.

La fluidité du style de cet ouvrage est en partie rendue par l'artifice qui consiste à enchaîner répliques et réparties dans de longues phrases ponctuées de virgules. Dialogues que Monsieur José, seul nommé parmi les protagonistes, tient non seulement avec ses interlocuteurs, mais aussi avec sa conscience, quand ce n'est pas avec le plafond de son logement de fonction misérable, lorsque celui-ci est institué en "oeil de Dieu".

"Tu voulais la voir, tu voulais faire sa connaissance, et ça, que tu le veuilles ou non c'est déjà aimer." Louable intention qui vaudra à cet ouvrage sa promotion en conte philosophique si l'on en croit l'assertion en quatrième de couverture. Cette qualification peine toutefois à sauver la quête de Monsieur José, fonctionnaire de l'archaïque Conservatoire général de l'État-civil, zélé jusqu'au jour où il extrait incidemment la fiche signalétique d'une femme, parfaitement inconnue de lui, mais dont il décide de partir à la recherche.

Quant à en connaître la raison ? le suspens peine à donner du souffle à une intrigue qui en outre souffre de longueurs. Voilà qui savonne la planche de l'ennui, en dépit d'un style agréable, ou peut-être grâce à lui, et me précipite sans coup férir dans les bras d'un autre ouvrage à qui je confierai mes espoirs d'évasion. Loin de la poussière des archives. Ce sera Dalva de Jim Harrison.
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N°475– Novembre 2010.

TOUS LES NOMSJosé Saramago *– le Seuil.



Cela commence plutôt bien puisque l'auteur, non sans un certain humour, caractérise la division hiérarchique du travail « Les préposé aux écritures doivent trimer sans répit du matin jusqu'au soir, tandis que les officiers d'administration travaillent de temps en temps, les sous-chefs de loin en loin seulement, et le conservateur presque jamais ... Imaginer le chef du Conservatoire en train de faire des heures supplémentaires équivalait à peu près à imaginer la quadrature du cercle ».



Celui dont il va être question est M. José, fonctionnaire du plus bas grade, employé au Conservatoire général de l'État Civil dont le rôle est de répertorier les vivants et les morts. Or ce monsieur n'a rien d'extraordinaire : la cinquantaine, célibataire solitaire, sans enfant, et pour occuper le peu de temps que lui laisse sa tâche de subalterne, il va se mettre à collectionner des articles de presse sur les cent personnalités les plus importantes du pays. Un jour, par hasard, il tombe sur le dossier d'une femme de trente six ans, divorcée, professeur de mathématiques et, sans qu'il y ait à cela la moindre explication va s'intéresser à elle. Lui, le petit fonctionnaire modèle, ponctuel, zélé et servile, qui n'a jamais enfreint le moindre article du règlement interne, qui a toujours mené à bien sa tâche sans jamais faillir, va, pour la retrouver, bouleverser ses habitudes, prendre des risques inconsidérés, détricoter la vie de son sujet, se livrer au détournement de quelques imprimés administratifs, falsifier des autorisations et même enfreindre la loi pour atteindre le but surréaliste qu'il s'est fixé. Et cela sans la moindre raison ... Las, sa quête sera vaine puisque la femme inconnue est morte mais il aura, à cette occasion réussi à être un autre homme au moins pendant ces quelques semaines pendant lesquelles il a voulu s'abstraire de cette condition de petit scribouillard courtelinesque aussi transparent que sont abstraites les identités que son emploi l'amène à gérer. Deviendra-t-il amoureux de cette femme désormais définitivement absente ? Il ira même jusqu'à consigner tout cela par écrit dans une sorte de journal intime, peut-être pour garder la mémoire de ce qui a été l'unique action importante de sa pauvre vie.



Dans un style délibérément ironique, jubilatoire, luxuriant, malgré des phrases un peu longues et une mise en page qui rend parfois la lecture un peu délicate, l'auteur fait partager à son lecteur les rebondissements qui vont bouleverser le quotidien de ce vieux garçon pendant quelques temps, montrant tout à la fois les absurdités de cette administration kafkaïenne qui ne permet pas à un subalterne de prendre la moindre initiative, si petite soit elle, sans en référer à son supérieur, où la moindre réclamation prend des proportions monstrueuses, où les discours des chefs sont de minables péroraisons, et met en évidence la personnalité de ce pauvre homme. Son travail est toute sa vie, et il l'accomplit avec dévouement et abnégation sans s'apercevoir qu'il l'abrutit complètement. Pourtant, lui le vulgaire gratte-papier qui n'existe presque pas, va bénéficier d'une sorte de complicité inattendue du conservateur ! Ce dernier, inaccessible et protégé par des pratiques hiérarchiques d'un autre âge, va s'intéresser à lui, ne le considérant plus comme un être « taillable et corvéable à merci », respectant soudain sa personnalité.



Alors, roman à énigme baroque qui moque ce pauvre homme enfermé dans une administration déshumanisée et tentaculaire qui finirait peut-être par le broyer malgré cette tentative de donner un sens à sa vie, ou image en creux de chacun d'entre nous, coincé dans cette société du quotidien qui ignore l'homme et ne cherche qu'à l'avilir ? Elles ne sont pas si forcées que cela les évocations de ce monde du travail que la hiérarchie tronçonne et que les coutumes en usage dans dans ce bureau empreintent à la pratique de la délation et de suspicion entre collègues et de la flagornerie avec l'autorité. Est-ce que cette tentative de vouloir sortir de sa condition a donné à la hiérarchie l'occasion de s'intéresser à un agent qui a soudain voulu faire autre chose que son travail ? Que signifie ce coup de folie de ce petit employé couleur muraille qui choisi par hasard de mener des investigations aussi inutiles que l'est son travail au quotidien ? Qui est ce « monsieur José » (cette civilité lui donne quand même une certaine originalité dans ce récit) qui étrangement est le seul parmi les protagonistes pourtant importants de ce roman à porter réellement un nom (Je ne peux pas ne pas remarquer que l'auteur lui-même se prénomme ainsi, ce qui renvoie immanquablement au personnage de Joseph K du « Procès » de Franz Kafka, lui aussi poursuivi par l'absurde !) ? Que signifie ce berger facétieux qui, à la fin du roman s'amuse à mêler dans ce cimetière les pierres tombales ? L'auteur veut-il insister sur l'inutilité d'un travail improductif et impersonnel pourtant imposé par une hiérarchie aveugle et grisée par son pouvoir ? S'agit-il de dénoncer l'ambiance oppressante de ce bureau ? Que signifie cette attention du conservateur à son égard, paternalisme ou réelle complicité ?



L'auteur s'attache son lecteur tout au long du roman. Nous convie-t-il, sous couvert d'une fable, à nous interroger sur le concept même de l'identité, sur la solitude de l'existence, la place de chacun dans cette société, l'importance de son travail, le néant de la mort, la vanités des choses humaines, le destin ou la volonté d'exister que chacun d'entre nous possède en lui? A quoi sert un écrivain ? Probablement à être le miroir du monde dans lequel il vit, à renvoyer à son lecteur une image bien réelle de son univers quotidien ... et ce n'est peut-être pas là la moindre de ses qualités.



A chacun d'apporter sa réponse.





* Prix Nobel de littérature 1998.

©Hervé GAUTIER – Novembre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Citations et extraits (46) Voir plus Ajouter une citation
Contrairement à ce que l'on croit généralement, sens et signification n'ont jamais été la même chose, la signification saute immédiatement aux yeux, elle est directe, littérale, explicite, fermée sur elle-même, pour ainsi dire univoque, tandis que le sens est incapable de rester tranquille, il fourmille de sens seconds, tiers et quarts, aux directions irradiantes qui se divisent et se subdivisent à perte de vue en rameaux et ramilles, le sens de chaque mot ressemble à une étoile qui projette des marées vives dans tout l'espace, des vents cosmiques, des perturbations magnétiques, des malheurs.
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José glissa peu à peu vers une immense paix intérieure, troublée seulement parfois par des petites incursions irresponsables de feux follets, capables de mettre n'importe qui au bord d'une crise de nerfs, quelle que soit sa force d'âme ou sa connaissance des rudiments de la chimie organique. Finalement, notre timoré monsieur José fait preuve ici d'un courage que les nombreuses vicissitudes et angoisses par lesquelles nous l'avons vu passer avant ne permettaient pas d'attendre de sa part, ce qui prouve une fois de plus que c'est dans les situations les plus difficiles que l'esprit donne la mesure authentique de sa grandeur. Vers l'aube, engourdi par les frayeurs, réconforté par la douce chaleur de l'arbre qui l'enveloppait, monsieur José s'endormit tranquillement tandis qu'autour de lui le monde resurgissait lentement des ombres hostiles de la nuit et de la clarté ambiguë d'un clair de lune qui prenait congé. Quand monsieur José ouvrit les yeux, il faisait déjà grand jour. Il était gelé, l’amicale étreinte végétale ne devait être qu'un autre rêve trompeur, sauf si l'arbre, jugeant accompli le devoir d'hospitalité auquel tous les oliviers sont obligés de par leur nature même, l'avait relâché avant l'heure et abandonné sans recours à la froidure de la fine brume qui flottait très bas au-dessus du cimetière.
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… la mémoire, qui est chatouilleuse et n’aime pas être prise en défaut, tend à combler les oublis avec des versions fallacieuses de la réalité, lesquelles ressemblent plus ou moins aux faits dont elle a gardé un souvenir aussi flou que la trace du passage d’une comète.

(Points, p. 195-6)
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… on ne peut jamais avoir de garanties fermes sur ce que l’on voit, les apparences sont fort trompeuses, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’on les appelle les apparences…

(Points, p.261)
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Vous allez retourner à vos collections de personnages célèbres... Non je ne crois pas... Quand on réfléchit bien, leur vie est toujours pareille, elle ne change pas, ces gens apparaissent, parlent, se montrent, sourient aux photographes, sont constamment en train d'arriver ou de partir..... Par moi. Vous, moi et tous, nous nous montrons aussi, nous parlons aussi, nous sortons aussi de chez nous et nous y rentrons, parfois même nous sourions, la seule différence c'est que personne ne fait attention à nous...
peu importe au Conservatoire si pendant tout ce temps là nous avons été heureux ou malheureux. Le bonheur et le malheur sont comme les gens célèbres, ils vont, ils viennent, l'ennui avec le Conservatoire général c'est qu'il ne veut pas savoir qui nous sommes, pour lui nous ne sommes qu'un papier
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Videos de José Saramago (80) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de José Saramago
Charlotte Ortiz, traductrice de "Traité sur les choses de la Chine" de Frei Gaspar da Cruz (ouvrage à paraître) nous fait le plaisir de nous parler de deux livres importants pour elle. "L'aveuglement" de José Saramago, roman parlant d'une pandémie ... elle vous en dira plus et, "Européens et japonais, traité sur les contradictions et les différences de moeurs" de Luís Froís où il est question, entre autres, de genre, de cuisine et de belles perspectives ;) !
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