Face aux dessinateurs de mangas qui sortent 48 pages en 2 semaines et face aux dessinateurs de comics qui sortent 48 pages en 2 mois, il est difficile de fidéliser un public avec des dessinateurs de bandes dessinées qui font 48 pages en 2 ans… Donc de plus en plus d'éditeurs ont opté pour la formule gagnante de la collection thématique où interviennent plusieurs auteurs (les puristes crient à l'hérésie, mais il fallait bien trouver une solution pour ne pas dépérir encore davantage face à la concurrence). C'est dans cette optique qu'après la collection "Sept" les éditions Delcourt ont continué à dégainer avec la collection "Jour J" dédié aux uchronies !
(mais il y a un truc chiant avec cette dernière, c'est qu'à chaque nouveau tome ne sait pas s'il s'agit d'un one-shot ou la première partie d'une minisérie)
Dans ce tome 2, intitulé "Paris, secteur soviétique", le point de divergence est sans doute autant l'échec du D-Day que le retournement de la situation française : ce n'est pas l'Amiral Darlan qui est assassiné par les services secrets britanniques, mais c'est le Général de Gaulle qui est assassiné par les services secrets américains… du coup, avec l'enlisement de l'offensive alliée à Stalingrad sur Saône, euh pardon Lyon, c'est aux tanks de Joukov et non à ceux de Leclerc que les FTP parisiens ouvrent les portes de ce qui va devenir la capitale de la RDF : la République Démocratique Française…
Décembre 1951, la France et Paris remplacent l'Allemagne et Berlin IRL, et entre les Rive Gauche sous protection américaine et Rive Droite sous protection russe les grandes puissances se livre au Grand Jeu, au plutôt à des jeux de miroirs. Jacques Saint-Elme est envoyé en secteur soviétique pour collaborer avec l'adversaire sur un affaire de Serial Killer : l'occasion est trop belle pour cet OSS 117 de récupérer des informations stratégiques et d'exfiltrer ses contacts traquée par la mystérieuse « Chinoise ». Mais il doit en faire une affaire personnelle, et il se retrouve vite sur la piste du Docteur Petiot protégé par le camarade Beria…
J'avoue que l'intrigue est un peu confuse, puisque finalement on ne saura jamais entre le maître et l'élève qui était le nouveau Jack l'Eventreur, et on n'a pas toutes les infos sur les manipulations de Moscou pour se débarrasser des brebis galeuses, ou sur les manipulations de Washington pour obtenir son casus belli, ou sur le jeu de dupes de la course aux armements et de la désinformation… Dans tous les cas le héros est perdant car bouc émissaire désigné pour les deux camps !
Qu'importe, l'important c'est le second degré développé :
- c'est un plaisir que d'être plongé dans une histoire très référencée qui n'hésite pas à emprunter Au "Troisième Homme", "Aux 39 Marches", à "Citizen Kane", à "M le Maudit", à "L'Ennemi public", aux "Passagers de la nuit", au "Quai des Orfèvres", à R"azzia sur la Schnouf", le tout avec un ton franchouillard à la Michel Audiard particulièrement plaisant donc on se retrouve dans un truc entre le Gorille vous salue bien, Nathalie, agent secret, et Les Tontons flingueurs… C'est génial ! ^^
- c'est un plaisir que de retrouver dans l'ombre de Charles de Gaulle Thorez, Mitterrand, Debré, Pasqua, Camus, Sartre, Aragon, Duras, Lino Ventura, ou Mémé Guérini et Lulu la Nantaise, dans un camp ou dans un autre, voire dans les deux… C'est génial ! ^^
J'ai bien aimé les dessins de Gaël Séjourné, qui a bien su croquer le côté jamesbondien de Saint Elme et le côté femme fatale de Tentation, mais l'encrage et la colorisation trop artificielle m'ont un peu sorti du bon kif… Dommage, mais j'ai passé un bon moment de Série B quand même !
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J'ai moins aimé ce deuxième tome du Jour J. Cette fois-ci, l'uchronie porte sur le fait que le débarquement en Normandie a été un échec. L'intrigue met en scène un tueur, mais elle est plutôt difficile à comprendre.
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FANTASTIQUE !
L'idée originale, je me répète par rapport à ma critique du premier tome, prend encore plus d'ampleur dans ce deuxième volume qui met Paris à la place du Berlin de la guerre froide. Et si l'URSS avait libéré l'Europe occidentale avant les Alliés ? Hypothèse très réaliste qui fait froid dans le dos...
Une série très originale et brillament réalisée. A découvrir !
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Quitte à coucher avec les boches, autant avoir la cuisse patriotique ! Elles entrent dans des bordels pour officier, les saoulent, les baisent, et leur tirent les vers du nez… A la Libération, elles sont décorées et quittent le métier… Je leur propose des postes dans les services spéciaux. Elles acceptent… Elles aiment s’infiltrer… Et elles ne doivent plus coucher… enfin, pas systématiquement…
- Alors même au pays du socialisme triomphant on a des protections individuelles !? Quelle atroce déception !???
- Il faudra beaucoup de temps pour changer le genre humain… Figurez-vous que j’ai même demandé à Sartre de faire un papier dans son journal, mais il a refusé… « Il ne faut pas désespérer la classe ouvrière… »
- C’est vrai, la pauvre, dans l’état dans laquelle elle se trouve !... Quasi au bord du suicide !... Vous auriez l’air de quoi après, sans classe ouvrière ni rien ?...
- Même nos billets sont imprimés à Washington ! Si de Gaulle était là…
- Mais votre général fou est mort au-dessus de la Méditerranée en 45 ! On ne refait pas l’Histoire Emile !...
- Avouez que cela vous arrange…
- Quelle ingratitude ! De Gaulle était impossible ! Roosevelt ne pouvait pas le supporter ! Mais s’il avait vécu plus longtemps, je vous l’accorde, les choses auraient été sans doute différentes et peut-être moins faciles pour nous.
- Vous vous souvenez de ce qu’avait dit Churchill à votre de Gaulle : « entre vous et le grand large, nous choisirons toujours le grand large… » Les cousins mènent la danse…
- Alors faites en sorte que la musique s’arrête !
- On n’arrête pas ce genre d’orchestre…
- La Troisième Guerre Mondiale ! Vous êtes tous fous !
- Nous devons frapper les premiers. Dans 6 mois les Russes disposeront de fusées de longue portée et se sera trop tard ! Ils appellent ça « l’équilibre de la terreur », et le monde ne pourra pas vivre en équilibre très longtemps…
- C’est dingue le nombre d’ex-FFI ces derniers temps, on se demande comment les Allemands ont fait pour tenir aussi longtemps.
- Je suppose que c’est de l’humour…
- Allez savoir…
"Jour J, qui a tué le président ?", Fred Duval, Jean-Pierre Pécaud, Colin Wilson, éditions Delcourt
Conseil lecture de la bande dessinée par Stéphane Nappez, co-fondateur de l'association Baraques Walden.
Entretien mené à l'Abbaye de Jumièges (département de la Seine-Maritime)
Vidéo : Paris Normandie