Rosa de
Marcel Sel avait été mon coup de coeur de l'année 2017, j'attendais donc avec curiosité de lire le second roman de cet auteur.
Je n'ai pas été déçu, j'en ai aimé la lecture mais il n'a pas détrôné
Rosa.
Il y a 40 ans, François, un jeune soldat français est fait prisonnier par les Nazis et conduit dans un stalag en Mazurie, dans la Prusse Orientale. Il obtient de travailler chez un éleveur mais rapidement, ses connaissances musicales lui permettent d'accompagner au piano une Baronne et sa domestique.
Cette dernière, Élise, est au début admirative d'Hitler mais en viendra à le détester - elle le surnomme Wolf -
Elise et François tomberont amoureux.
le Quartier Général de Hitler est à proximité et Élise y sera réquisitionnée comme goûteuse.
le dernier souvenir que garde François d'
Elise est de l'entendre crier « Heil Hitler » alors qu'elle va être abattue par un soldat russe.
40 ans après, il entreprend de revenir en Mazurie, à présent polonaise pour comprendre ce cri.
À cet ancien amour se juxtapose l'histoire de Rita, l'épouse actuelle de François.
Difficile donc de tout décrire tant les épisodes sont nombreux et sans trop dévoiler...
La trame est ici tronquée par moi et je vous laisse la découvrir...
Il y a beaucoup de points communs avec le roman précédent de
Marcel Sel : la seconde guerre mondiale et ses atrocités, les viols, la mémoire et la recherche de la vérité, les régimes totalitaires.
L'on passe du passé au présent, de la Mazurie prussienne à la Mazurie communiste polonaise, de la guerre en France à une marche forcée vers le stalag.
L'on passe aussi de la voix de François à celle d'
Elise, ces deux personnages s'ignorent au début, se sentent attirés l'un par l'autre ensuite, s'aiment enfin mais restent néanmoins une énigme pour l'autre.
La guerre nous est montrée dans toute sa cruauté, certains épisodes de celle-ci sont éprouvants. Tous en sortent meurtris.
La genèse du régime nazi est bien narrée : on y voit pourquoi tant d'Allemands furent séduits, satisfaits de leur bien-être, et ont identifié leur pays à leur Führer et ce dernier s'est identifié à son pays.
La mémoire est omniprésente : elle justifie la recherche que fait François sur le comportement d'
Elise, puis sur le passé de Rita qui elle, amnésique, n'a plus de mémoire.
Belle description également de la RDA, de la Pologne et du régime communiste qui eux, veulent éradiquer la mémoire de certains faits.
Les régimes totalitaires sont bien décrits avec leur endoctrinement et leur bureaucratie.
À la lecture, je me suis revu traverser à l'époque les frontières d‘Allemagne de l'Est et de Pologne, de la surveillance dont tous les occidentaux faisaient l'objet.
Beaucoup d‘humanité également dans ce roman, on y assiste même à la rédemption d'un nazi fanatique.
La lecture du roman reste aisée malgré ces retours en arrière.
Dois-je encore préciser que je l'ai aimé ?
Une petite touche négative cependant : j'ai été souvent irrité par les notes de fin de page expliquant certains faits qui me semblaient connus de tous, mais ce ne sont que des notes de fin de page, je ne devrais sans doute pas m'en offusquer...