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EAN : 9782246467014
333 pages
Grasset (27/10/1993)
3.61/5   18 notes
Résumé :

Militant communiste dans sa jeunesse, puis anti-stalinien, puis euro-communiste", puis ministre social-démocrate, dans le premier gouvernement Felipe Gonzalez, il a traversé toutes les sensibilités progressistes de l'Espagne d'hier et d'aujourd'hui. C'est de cette expérience, enrichie par l'usure quotidienne du pouvoir qu'il a entrepris de parler, dans ce nouveau livre sur le pouvoir, ses enjeux, ses déceptions. Il pose cependant ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Rappelons, pour ceux qui l'ignorent ou qui l'auraient oublié, que Jorge Semprun fut, de 1988 à 1991, ministre de la culture en Espagne dans un des cinq gouvernements successifs présidés par Felipe Gonzalez.
Dans ce "roman" (oeuvre plus autobiographique que fictionnelle), il nous fait part de son ressenti et en profite pour régler férocement ses comptes avec quelques pontes (Alfonso Guerra, Enrique Muica, ...) d'un PSOE dont l'hégémonie (démocratiquement acquise depuis 1982) sera finalement minée par la corruption, les pratiques clientélistes et une arrogance partisane de très mauvais aloi.
Admettons que cela puisse présenter quelque intérêt pour tout qui souhaite découvrir l'envers du décor ou revivre un pan d'histoire de ce grand pays européen.
Mais, comme il en a pris, avec le temps, de plus en plus l'habitude, l'auteur nous promène de souvenirs ou réminiscences narcissiques en digressions érudites voire pédantes sans guère se soucier de cohérence narrative.
C'est assez déroutant, plutôt insupportable, pour ne pas dire franchement ch....
Sachez aussi que Jorge Semprun ne fait pas dans la dentelle.
Résolument à charge contre celles et ceux qu'il méprise, il ne se montre, par ailleurs, que fort peu critique (bien au contraire) à l'égard notamment de la politique économique ultra libérale suivie par le PSOE dès son arrivée au pouvoir, initiée, imitée ou amplifiée par d'autres fossoyeurs de la sociale démocratie européenne tels que T. Blair, J. Delors, G. Schröder, M. Rocard,...
Anecdotique peut-être mais révélateur, J. Semprun évoquant F. Gonzalez qu'il adule, nous dit laconiquement : "Il a eu la vertu de saisir les nécessités du réel". Formule certes plus élégante mais tout aussi lapidaire et péremptoire que le fameux T.I.N.A. de M. Thatcher.
On est donc en droit de s'interroger : le "naturel social" de l'auteur précédemment occulté ne semblerait-il pas revenir au galop ?
Il m'a été, en tout cas, particulièrement difficile de supporter cette suffisance de classe, ce mépris condescendant à peine voilé de grand intellectuel imbu de lui-même, au-dessus de la mêlée, s'autocongratulant à tout-va et, pour finir, ce pesant réquisitoire qui en devenait insignifiant à force d'être excessif.
Et pourtant, j'apprécie énormément la prose de Jorge Semprun quand, "humble parmi les humbles, il nous apporte, entre autres, témoignage de son vécu d'adolescent déporté à Buchenwald et d'adulte dans la clandestinité anti-franquiste.
En l'occurrence, sa relative modestie, son parler-vrai peuvent nous interpeler, nous émouvoir et, au final, nous convaincre.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Les voitures se garaient le long du trottoir.
Il y eut un bruit de portières ouvertes et fermées à la volée, le déploiement des gardes du corps. Un peu plus loin, un envol titubant de pigeons, sous le soleil de juillet qui prenait la rue en enfilade, l’écrasant d’une lumière plombée.
Nous étions arrivés.
Je regardais autour de moi, je n’en croyais pas mes yeux. J’aurais pu éclater de rire, pas forcément de joie. Rire plutôt de l’absurde cocasserie de l’existence. Mais peut-être la coïncidence qui se manifestait ainsi n’était-elle pas absurde, ni cocasse. Peut-être était-elle lourde de sens, bien au contraire.
Car nous étions rue Alfonso XI, dans le quartier du Retiro. Du côté impair de la rue, juste en face de l’immeuble portant le numéro 12. Je regardais ce portail, les fenêtres du quatrième étage. Je savais ce qu’il y avait – ce qu’il y avait eu, du moins – derrière ces fenêtres. Je savais le nombre de pièces qu’elles éclairaient, la disposition de celles-ci le long de l’interminable couloir qui tournait à angle droit, au bout, pour s’aligner parallèlement à la rue Juan de Mena, transversale.
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[...] un journaliste espagnol m'a demandé, croyant m'embarrasser, d'un ton impertinent et péremptoire : "En tant que ministre de la Culture, ça ne vous fait pas honte que tous ces Picasso échappent à l'Espagne ?" J'ai répondu à ce jeune homme qui en est resté coi : "Ce qui me fait honte, en tant que ministre et qu'Espagnol, c'est que Franco soit resté si longtemps au pouvoir... C'est ça qui a chassé d'Espagne tant de Picasso..."
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Une conséquence de cette tranquille assurance identitaire était la conviction partagée par tous les Français intelligents et cultivés selon laquelle la France était la seconde patrie de tout le monde. La mienne, par exemple. Ça m'a toujours surpris, parfois avec un brin d'irritation, cette tranquille suffisance. Mais cette époque est révolue. La France, du moins par la voix de ses élites, se refuse aujourd'hui à être la seconde patrie de qui que ce soit ou de n'importe qui. Elle résiste à être terre d'exil et d'asile, par crainte d'y perdre son âme. L'esprit de la France a aujourd'hui de la difficulté, de la douleur même, à se concevoir dans l'universalisme de sa vocation. Il aurait plutôt tendance à s'enraciner et se calfeutrer dans sa différence.
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Hemingway avait beau faire, la mort rôdait dans son regard. Car il ne parvenait plus à écrire et il n'y a pas de pire façon de mourir pour un écrivain que de ne plus parvenir à écrire. C'est sa seule façon de mourir, en vérité : quitte à en devenir immortel. On peut survivre à la disparition du désir, sans doute. On ne peut pas survivre à la disparition de l'écriture quand on est écrivain.
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Celui, cependant, qui en Espagne a manié avec le plus grand raffinement, la plus grande perversité aussi, la référence à mes origines est un écrivain. Ce qui ne saurait étonner, les écrivains véritables étant toujours les plus raffinés et les plus pervers dans le maniement lottéraire du rapport aux origines.
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