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EAN : 9789864011803
Chapitre.com - Impression à la demande (01/01/2014)
4.17/5   3 notes
Résumé :
Cet ouvrage est une réimpression à l'identique de l'édition originale numérisée par Gallica. Il est possible qu'il présente quelques défauts dus à l'état de l'ouvrage et au procédé de numérisation.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Lettre XVIII
Ma situation est douce, et je mène une triste vie. Je suis ici on ne peut mieux ; libre, tranquille, bien portant, sans affaires, indifférent sur l'avenir dont je n'attends rien, et perdant sans peine le passé dont je n'ai pas joui. Mais il y a dans moi une inquiétude qui ne me quittera pas ; c'est un besoin que je ne connais pas, que je ne conçois pas, qui me commande, qui m'absorbe, qui m'emporte au-delà des êtres périssables... Vous vous trompez, et je m'y étais trompé moi-même : ce n'est pas le besoin d'aimer. Il y a une distance bien grande du vide de mon cœur à l'amour qu'il a tant désiré ; mais il y a l'infini entre ce que je suis, et ce que j'ai besoin d'être. L'amour est immense, il n'est pas infini. Je ne veux point jouir ; je veux espérer, je voudrais savoir ! Il me faut des illusions sans bornes, qui s'éloignent pour me tromper toujours. Que m'importe ce qui peut finir ? L'heure qui arrivera dans soixante années est là tout auprès de moi. Je n'aime point ce qui se prépare, s'approche, arrive, et n'est plus. Je veux un bien, un rêve, une espérance enfin qui soit toujours devant moi, au-delà de moi, plus grande que mon attente elle-même, plus grande que tout ce qui se passe. (…)
Accident éphémère et inutile, je n'existais pas, je n'existerai pas : je trouve avec étonnement mon idée plus vaste que mon être ; et, si je considère que ma vie est ridicule à mes propres yeux, je me perds dans des ténèbres impénétrables.
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Lettre XXI
Il fait de bien beaux jours et je suis dans une paix profonde. Autrefois j'aurais joui davantage dans cette liberté entière, dans cet abandon de toute affaire, de tout projet, dans cette indifférence sur tout ce qui peut arriver.
(…)
Vous qui connaissez mes besoins sans bornes, dites-moi ce que je ferai de la vie, quand j'aurai perdu ces moments d'illusions qui brillaient dans ses ténèbres comme les lueurs orageuses dans une nuit sinistre ? Ils la rendaient plus sombre, je l'avouerai, mais ils montraient qu'elle pouvait changer, et que la lumière subsistait encore.
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1er fragment, 5ème année
L'homme ne saurait désirer et posséder sans interruption, comme il ne peut toujours souffrir. La continuité d'un ordre de sensations heureuses ou de sensations malheureuses, ne peut subsister longtemps dans la privation absolue des sensations contraires. La mutabilité des choses de la vie ne permet pas cette constance dans les affections que nous en recevons ; et quand même il en serait autrement, notre organisation n'est pas susceptible d'invariabilité.
Si l'homme qui croit à sa fortune ne voit point le malheur venir du dehors à sa rencontre, il ne saurait tarder à le découvrir dans lui-même. Si l'infortuné ne reçoit pas de consolations extérieures, il en trouvera bientôt dans son cœur.
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Lettre XLIV
Très inquiets et plus ou moins malheureux, nous attendons sans cesse l'heure suivante, le jour suivant, l'année suivante. Il nous faut à la fin une vie suivante. Nous avons existé sans vivre ; nous vivrons donc un jour : conséquence plus flatteuse que juste. Si elle est une consolation pour le malheureux ; cela même est une raison de plus pour que la vérité m'en soit suspecte. C'est un assez beau rêve qui dure jusqu'à ce qu'on s'endorme pour jamais. Conservons cet espoir : heureux qui l'a ! Mais convenons que la raison qui le rend si universel n'est pas difficile à trouver.
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Lettre XLVIII
Je ne vois rien de certain, si ce n'est peut-être l'inévitable incertitude de ce que les hommes voudraient connaître.
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Lettre LXXI
S'il est une chose dans le spectacle du monde, qui m'arrête quelquefois, et quelquefois m'étonne : c'est cet être qui nous paraît la fin de tant de moyens, et qui semble n'être le moyen d'aucune fin : qui est tout sur la terre, et qui n'est rien pour elle, rien pour lui-même : qui cherche, qui combine, qui s'inquiète, qui réforme, et qui pourtant fait toujours de la même manière des choses nouvelles, et avec un espoir toujours nouveau des choses toujours les mêmes : dont la nature est l'activité, ou plutôt l'inquiétude de l'activité : qui s'agite pour trouver ce qu'il cherche, et s'agite bien plus lorsqu'il n'a rien à chercher : qui, dans ce qu'il a atteint, ne voit qu'un moyen pour atteindre une autre chose ; et lorsqu'il jouit, ne trouve dans ce qu'il avait désiré, qu'une force nouvelle pour s'avancer vers ce qu'il ne désirait pas : qui aime mieux aspirer à ce qu'il craignait, que de ne plus rien attendre : dont le plus grand malheur serait de n'avoir à souffrir de rien : que les obstacles enivrent, que les plaisirs accablent ; qui ne s'attache au repos que quand il l'a perdu : et qui, toujours emporté d'illusions en illusions, n'a pas, ne peut pas avoir autre chose, et ne fait jamais que rêver la vie.
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Lettre LXXVIII
Venir, s'élever, faire grand bruit, s'inquiéter de tout, mesurer l'orbite des comètes ; et, après quelques jours, se coucher là sous l'herbe d'un cimetière : cela me semble assez burlesque pour être vu jusqu'au bout.
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Quel homme aura le droit d'exiger le bonheur sur une terre où presque tous s'épuisent tout entiers seulement à diminuer leurs misères.
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Je ne me révolte pas, je sors.
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Chaque jour, en naissant à une nouvelle vie, souviens-toi que tu as résolu de ne point passer en vain sur cette terre. Le monde s'avance vers son but. Mais toi, tu t'arrêtes, tu rétrogrades, tu restes dans un état de suspension et de langueur. Tes jours écoulés se reproduiront-ils dans un temps meilleur ? La vie se fond toute entière dans ce présent que tu négliges pour le sacrifier à l'avenir : le présent est le temps, l'avenir n'en est que l'apparence.
Vis en toi-même, et cherche ce qui ne périt point. Examine ce que veulent nos passions inconsidérées ; de tant de choses, en est-il une qui suffise à l'homme ? L'intelligence ne trouve qu'en elle-même l'aliment de sa vie : sois juste et fort. Nul ne connaît le jour qui doit suivre : tu ne trouveras point de paix dans les choses ; cherche-la dans ton cœur.
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Entraîné dans une activité expansive ; avide de tout aimer, de tout soutenir, de tout consoler ; toujours combattu entre le besoin de voir changer tant de choses funestes et cette conviction qu’elles ne seront point changées, je reste fatigué des maux de la vie, et plus indigné de la perfide séduction des plaisirs, l’œil toujours arrêté sur l’immense amas des haines, des iniquités, des opprobres et des misères de la terre égarée.
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