On ne peut pas être de tous les combats , on ne vivrait plus. L'important, c'est d'en choisir quelques uns et de les mener jusqu'au bout.
De toute façon, le plus important n'est pas de trouver un sens à la vie, mais à la nôtre.
L'extraordinaire, par définition, ne peut se prolonger dans le temps. Le quotidien l'érode, à coups de répétitions qui lui arrachent une couche de vernis à chaque passage, jusqu'à faire disparaître ses cinq premières lettres.
"Sachant que votre vie est finie, que pour vous tout est terminé de toute façon, seriez-vous prête à le faire, pour une dernière satisfaction, pour un ultime moment de bonheur? Le feriez-vous?"
Comment toutefois trouver un moteur lorsque le désir d'aider son prochain s'est transformé en mépris ?
- Alors, si tout va mal, c'est de notre faute?
- C'est la faute à qui, sinon? rétorqua Lavoie en levant à nouveau les bras. Aux autres? Mais quels autres? Nous sommes les autres!
- Pourquoi on ne se rend compte de rien, alors? Parce qu'on est cons?
- Non, on n'est pas cons, répondit Lavoie. Mais on ne veut pas réfléchir! On n'en a pas envie! Déjà qu'on travaille sept à dix heures par jour, on ne se fera pas chier à réfléchir en plus! Faisons comme tout le monde, à la place! Écoutons les mêmes conneries que tout le monde, mangeons la même merde, achetons les mêmes cochonneries et pensons tous la même chose! C'est plus simple! C'est rassurant! Et pendant un certain temps, ça marche! On se croit heureux parce qu'on est ce qu'on nous dit d'être! Et on y croit, n'est-ce pas? N'est-ce pas?
(...)
- Ça marche, mais pour un temps seulement, reprit Lavoie. On finit par se rendre compte d'une chose abominable : même si on remplit notre vie de futilités, de mouvements vains et d'activités insipides, elle devient de plus en plus vide.
Ils vivent les mêmes expériences que les participants, mais par procuration, répond Lavoie sans chercher à esquiver. Ce n'est pas tout le monde qui aurait le guts de faire l'amour en parachute ou de plonger dans une rivière au volant d'une voiture. Ces idées-là fascinent sûrement beaucoup de personnes ! De voir des gens les réaliser à la télé, ça donne au spectateur une sorte de contentement, ça crée une complicité. Comme au cinéma. On se met à la place du héros. Pourtant, personne dénonce le cinéma, alors pourquoi on dénonce les reality shows ?
On ne peut pas être de tous les combats, on ne vivrait plus. L'important, c'est d'en choisir quelques-uns et de les mener jusqu'au bout.
Il ne souhaitait pas que cette adolescente se tue ; il songeait seulement que, si elle le faisait, cela pourrait être quelque chose d'intéressant à observer.
Vivre au Max est un reality show nouveau genre. Et dans reality show, il y a le mot réalité. Et dans la réalité, il y a la mort, absurde et incompréhensible. Nous en avons eu une terrible démonstration ce soir. Mais Eric nous a quittés en toréador. Je ne prétends pas que c'est ce qu'il aurait souhaité et, d'ailleurs, nous ne le saurons jamais. Mais aussi ironique que cela puisse paraître, il est mort en accomplissant son rêve. Alors que des millions de gens meurent avec le regret de ne jamais l'avoir accompli.