Non, le défi était d'entrer dans la mécanique opaque du crime, de la comprendre, de la dépasser et de la casser ! Un jeu. Un jeu perpétuel. Le criminel lui-même devait s'amuser aussi, pourquoi pas ?
On peut avoir peur d'arriver en retard quelque part, peur de ne pas être à la hauteur d'une situation, peur du ridicule, qu'il soit arrivé un accident... Mais la terreur, la vraie, si intense qu'elle n'est supportable qu'à court terme, n'existe que dans l'incertitude, dans l'inconnu, dans l'éventualité du pire... Le moment le plus atroce pour l'homme qui tombe en bas d'une falaise...doit être ce bref instant où il vacille et tente de reprendre son équilibre. Pendant la chute, le sentiment prédominant et sans doute le fatalisme, ou l'abandon, ou les deux. Mais les quelques micro-secondes durant lesquelles cet homme se demande s'il va basculer ou non doivent-être saturées d'une terreur pure.
Mais comme vous avez choisi le vide, alors créons le vide !
La télévision pourrait être un outil tellement influent, tellement efficace. Et l'on préférait abrutir les gens... Non, en fait c'était le contraire : la télévision était insignifiante pour répondre aux désirs de ses auditeurs. Elle confirmait le néant. Elle est un miroir qui reflétait le vide, et ce, à la grande joie de tous.
Il y a deux étapes dans la vie : la première est celle où l'on vit dans le vide …
… et la deuxième est celle où l'on s'en rend compte. Quand on arrive au bout de la seconde étape, on comprend que la mort est la seule issue.
- Si elle était vivante, je serais avec elle et tout serait plus simple...
Le cœur de Pierre se tordit comme un morceau de cellophane jeté au feu. Disait-elle cela pour lui faire mal ou le pensait-elle vraiment ? Ce n'était pas la première fois qu'elle utilisait ce genre de chantage émotionnel et cela le meurtrissait chaque fois. Mais cette nuit, il y avait quelque chose de plus résigné dans sa voix, dans son attitude même.
Dans la tête de Pierre, les cris redoublent d'ardeur, gonflent et se multiplient, comme si dans son âme hurlait la totalité du genre humain.
On finit par se rendre compte d'une chose abominable : même si on remplit notre vie de futilités, de mouvements vains et d'activités insipides, elle devient de plus en plus vide.
L'erreur, quand vole, c'est de vouloir aller le plus haut possible, alors que juste au-dessus de l'horizon, on peut planer partout et voir les choses d'un point de vue unique.
Il va retrouver son boulot, son quotidien, son train-train. Son monde. Où tout est tellement plus simple.