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Citations sur Le Vide, tome 1 : Vivre au Max (64)

L'ivresse que ressentait Fournier deux secondes plus tôt n'existe plus. Elle n'existera plus jamais. D'ailleurs, dans cinq mois, lorsqu'il se sera remis de sa dépression nerveuse, il donnera sa démission et se cherchera un travail tranquille et monotone, du genre pompiste ou commis de vidéo-club. Son couple éclatera enfin et sa conjointe le quittera, le laissant seul pour les vingt-huit années qui lui resteront à vivre, à se rappeler que ce soir-là, le soir où il avait cru que sa vie prendrait enfin un sens, il était arrivé trop tard.
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— J’ai rien à dire.
Devant l’air déçu de son collègue, Fournier hausse une épaule et engage sa voiture dans la rue des Érables, parfaitement déserte à cette heure. Aucun doute là-dessus : Lapointe est sûrement le coéquipier le plus bavard qu’a connu Jean-Guy Fournier en vingt-deux ans de carrière dans les forces de l’ordre. Ce ne serait pas si grave s’il parlait de choses intéressantes, mais non ! Depuis quinze minutes, il ne fait que déblatérer sur la perception qu’ont les jeunes des policiers. Fournier veut bien l’écouter même s’il trouve le sujet assommant, mais de là à participer ! Malgré tout, Lapointe, du genre entêté, tend une seconde perche :
— Allez, Jean-Guy, tu as bien une opinion là-dessus ! Par exemple, ces ados qu’on vient tout juste d’appréhender, tu as bien senti leur mépris envers nous, non ?
— Oui, oui…
— Tu crois pas que ça vient d’une espèce de cercle vicieux qu’on se complaît à entretenir, autant nous, les flics, que les jeunes ? Comme si c’était un pattern tellement enraciné dans notre culture qu’on ne songe même plus à le remettre en question ou même à le modifier !
Fournier, fixant la route devant lui, se retient de soupirer. Il n’y échappera pas, il doit dire quelque chose. C’est le seul moyen pour que Lapointe lui foute la paix. Il finit donc par laisser tomber :
— Tant que les jeunes agiront comme des cons et feront tout pour nous faire chier, les choses changeront pas.
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- Non, non... Faites pas ça ! Si vous me tuez, vous... vous irez en enfer !
Maxime eut un renfrognement singulier, le reflet d'une immense tristesse traversa le fiel de son regard et il marmonna :
- Nous y sommes déjà.
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L’extraordinaire, par définition, ne peut se prolonger dans le temps. Le quotidien l’érode, à coups de répétitions qui lui arrachent une couche de vernis à chaque passage, jusqu’à faire disparaître ses cinq premières lettres.
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Le XXe siècle, siècle du progrès et des droits humains? Vraiment? C'est sans doute pour cette raison que les génocides se sont suivis avec une régularité presque cynique. Génocide arménien en 1915, puis juif pendant la seconde guerre mondiale, puis cambodgien à la fin des années soixante-dix...
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Il veut dire que le gouvernement, ici, est si misérable que, pour attirer les sociétés, il leur donne un « congé fiscal ». Pendant cinq ans, aucun impôt à régler, aucune taxe foncière et toutes dépenses payées. Bref, le pays se saigne pour elles en se disant qu’après le congé en question, elles paieront enfin, comme toute compagnie responsable… Sauf qu’au bout de cinq ans, soit elles vont dans un autre pays du tiers-monde, soit elles ferment et, sans changer de place, ouvrent sous un autre nom, pour avoir à nouveau droit au congé fiscal.
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Ce soir-là, deux millions huit cent cinquante mille spectateurs voient François et Nadia réaliser leur rêve. Trois mois plus tard, il n’y a personne chez François qui, seul dans sa grande maison, pleure sur une photo de sa fille. Comme il n’y a personne chez Nadia, à l’exception de Frimousse, son bichon maltais, qui observe avec curiosité sa maîtresse pendue dans le salon.
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Ce n’était pas la première fois qu’il découvrait une télé-réalité, mais cela le consternait tout autant chaque fois. Et ce qui le déprimait encore plus, c’était la popularité grandissante de ces effarantes inepties. Qu’est-ce qui peut bien pousse quelqu’un à aller bouffer des vers de terre devant une caméra ?
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Il reconnut plusieurs noms : Dalida, Dédé Fortin, Patrick Dewaere, Romy Scheider, Ernest Hemingway…
- Virginia Woolf, grande écrivaine ! clamait Lavoie. Kurt Cobain, méga-vedette rock ! Romain Gary, écrivain majeur du XX° siècle ! Des gens célèbres, qui avaient le succès et la gloire, qui avaient du talent ! Et pourtant, ils ont choisi la mort !
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Drouin exposa les plaintes émises par le gérant : cris, coups, grabuge divers. L’homme se voulut rassurant : tout allait bien maintenant. Pierre remarqua une valise ouverte dans un coin, d’où sortaient des vêtements, un pantalon propre, une robe élégante. Sur le miroir pendait une cravate, des souliers en cuir étaient alignés à côté du bureau. Puis il observa la femme, dépeignée, toujours immobile, les mains sur le visage, comme si elle voulait se faire oublier.
— Il vous a frappée ? demanda Pierre.
C’était la première fois qu’il parlait depuis l’arrivée au motel. Une voix sèche, plus mature que celle d’un gars de vingt-cinq ans mais pas très chaleureuse. Une voix qui constatait, sans plus.
Elle leva enfin la tête, découvrant le reste de son visage et, par la même occasion, sa lèvre supérieure enflée. Un pot-pourri d’émotions confuses envahit son visage, mais celle qui ressortait le plus était le désir de parler. Pourtant elle baissa la tête et marmonna :
— Non… Non, tout va bien…
— Vous voyez ! s’écria l’homme. Laissez-nous tranquilles, maintenant !
Amer, Drouin évalua les dégâts autour de lui : un miroir éclaté, une petite table brisée, un tableau cassé en deux sur le sol… L’homme lui assura qu’il allait payer pour tout ça.
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