AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782910435882
155 pages
L'Esprit des Péninsules (30/09/2000)
4/5   2 notes
Résumé :
Intrigue nouée autour d'un mystère, parodie de contes populaires ou Bildungsroman, ce récit fait le portrait d'un nouveau type humain : l'inquiet multiculturel. Le narrateur, tout d'abord curieux du destin d'un grand-père turc décédé à Berlin au cours des années vingt, s'enfonce dans les strates successives de l'Histoire. D'un génocide à l'autre, il ne peut que s'interroger : "L'oubli serait-il un crime plus grave que l'acte ?". En arrière-plan se découvre un questi... >Voir plus
Que lire après Parenté dangereuseVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Sacha, d'origine juive allemande par sa mère, juive et turque par son père, vit à Berlin. Sa mère n'a jamais voulu qu'il apprenne le turc pour favoriser son intégration en Allemagne. Ses parents décédés, il se met à la recherche des raisons énigmatiques du suicide de son grand-père paternel en 1936, prétexte à la recherche de sa propre identité et d'aspects méconnus de ses origines turques. c'est l'occasion pour la narrateur et pour l'auteur de revenir à l'histoire de l'empire ottoman, au rôle qu'a joué celui-ci dans les relations germano-turques, à la difficile, voire impossible intégration des Juifs en Allemagne et à leur éternel rôle de victime, à celle aujourd'hui des Turcs dans ce même pays, à la définition de l'étranger, la perte de repères et le sentiment d'insécurité suite à la chute du Mur.
L'auteur, d'origine turque, arrivé en Allemagne à l'âge de neuf ans, est lui-même en quête de ses origines, de son identité . Ses réflexions lui donne l'espoir d'un destin optimiste pour l'intégration des Turcs en Allemagne et pour une relation triangualire apaisée entre Juifs, allemands et Turcs, mais aussi entre chrétiens, juifs et musulmans.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Plusieurs générations de Juifs allemands se sont longeument penchées sur la question de savoir dans quelles conditions temporelles et matéreilles un Juif peut se défaire de son judaïsme pour devenir un Allemand à part entiére. L'éclaircissement de la peau et des cheveux, la germanisation de la langue et des croyances n'avaient pas délivré les Juifs de la maladie juive ramenée d'Egypte. Pour pouvoir s'intégrer, les Juifs avaient dû assumer la question lancinante que la société allemande leur posait sans cesse. Après avoir raffiné cette question, ils l'avaient transmise. Puis elle leur était revenue. Et ainsi de suite. Cet échange a perduré jusqu'à ce que la question soit libellée sous une nouvelle forme pour devenir : "A partir de quand l'Allemagne sera-t-elle débarrassée des Juifs ?"
Dans l'Allemagne actuelle, Juifs et Allemands ne sont plus corps à corps. Une nouvelle situation s'est fait jour qui correspond parfaitement à mon origine et à ma situation personnelles. L'Allemagne est le théâtre d'une conversation à trois entre Allemands, Juifs et Turcs, entre chrétiens, juifs et musulmans. La dichotomie judéo-allemande pourrait bien délivrer les deux parties, tant les Allemands que les Juifs, de leurs tyraumatismes passés. Encore faudrait-il qu'ils acceptent la présence des Turcs. De leur côté, les Turcs d'Allemagne devraient prendre conscience de l'existence des Juifs, sans les réduire à un simple chapitre du passé allemand auquel de toute façon ils ne peuvent plus prendre part mais en y voyant plutôt un chapitre du passé allemand qui est aussi le leur. C'est l'absence des Juifs qui provoque la dichotomie entre Turcs et Allemands. Les Turcs marchent dans les traces des Juifs d'antan.
Commenter  J’apprécie          10
Ce genre d'attitude me semble relativement fréquente chez les victimes du nazisme. En dépit de la haine qu'ils ont voué au régime nazi, ils ne se sont jamais laissé aller à haïr l'Allemagne ou à maudire le peuple allemand dans son ensemble. Comportement peu ou prou semblable à celui dune famille dont l'un des membres a mal tourné. Consternation, honte, on voudrait arriver le plus vite possible à tourner la page. Les victimes ont toujours vécu complètement seules avec leur deuil. Tout à l'inverse des Juifs que la catastrophe a fait retourner en Allemagne. Nombre d'entre eux ont fait de leur judéité une profession. Ils ont parlé. Ils voulaient que jour après jour, la conscience des Allemands reste disponible, prête à encaisser les accusations. De mémorial en mémorial, ils ont voyagé, ils ont prononcé des discours, ils ont rassemblé des gens autour d'eux. La mémoire était la lingua franca qui les unissait tous. Mais au fons, ils sont restés seuls, eux aussi. Souvent, ils étaient les seuls survivants de toute leur famille. Et certains allaient jusqu'à se reprocher le simple fait d'avoir survécu. Quel que soit leur point de chute, ils étaient étrangers.
Commenter  J’apprécie          10
Après une interminable errance dans le labyrinthe du deuil, nous avons enfin compris ce qui nous manque. Il a bien fallu se rendre à l'évidence : nous sommes en deuil de quelque chose dont la perte est encore fraîche. Les victimes sont mortes. Les bourreaux sont vivants. Nous ne sommes plus capables de mémoire. Nous sommes en deuil de la mémoire. Pour les bourreaux, aucune victime n'a survécu. Tous les survivants sont des bourreaux. C'est sur cette base que se construit la réconciliation entre bourreaux et victimes. Le deuil masque aux personnes endeuillés la cause de leur deuil. On désigne ce phénomène sous le nom d'"affliction". Au nom de l'affliction, bourreaux et victimes se retrouvent dans un deuil commun.
Commenter  J’apprécie          20
En Allemagne, on ne connaît que la forme allemande de l'antisémitisme. Comme s'il s'arrêtait aux frontières de l'Allemagne. Comme s'il n'avait pas existé en Pologne, en Russie, chez les Grecs, les Arméniens, les Bulgares, les Roumains. L'effondrement de l'empire ottoman a été perçu comme une terrible catastrophe, autant pour les Juifs que pour les Turcs. Ni les uns ni les autres ne pouvaient compter sur une puissance protectrice qui aurait pu faire rempart contre les persécutions. Les chrétiens étaient potentiellement antisémites et par-dessus le marché, ils conservaient un souvenir précis de la cohabitation harmonieuse entre Juifs et Turcs dans l'empire ottoman.
Commenter  J’apprécie          20
Dans mon entourage, les gens se sentaient de plus en plus mal dans leur peau. Un peu comme si la chute du Mur, considérée comme l'effondrement du vieil ordre des choses, n'était pas seulement libératrice. Sans mur, on ne se sentait plus protégé. L'identité est devenue un "ersatz" de sécurité. On se fige, on se fixe, on fixe l'autre, on fixe ses origines pour déterminer le rapport de proximité ou de distance qu'on entretiendra avec l'autre. Les murs, on s'y heurtait partout, ils étaient invisibles et c'est la chute du Mur qui les avait érigés. Le monde était devenu plus complexe, les chemins plus embrouillés. Avant, on aurait pu s'abandonner en toute quiétude à ses instincts ludiques, on se serait senti à l'aise même quand on faisait fausse route, le mur vous protégeait du précipice.
Commenter  J’apprécie          10

autres livres classés : littérature turqueVoir plus

Autres livres de Zafer Senoçak (1) Voir plus

Lecteurs (4) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3191 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}