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EAN : 9782322036905
234 pages
Books on Demand (07/07/2014)
4.5/5   4 notes
Résumé :
La République des Roseaux
Une histoire pour enfants racontée aux grandes personnes
232 pages Broché 14,90 € ebook 2,99€ Editions BOD ISBN 9782322035557
Tout s'est passé là, un immeuble HLM dans la banlieue de Cannes au lendemain de la guerre d'Algérie, où Agnès, 16 ans, enceinte et en cavale, a trouvé refuge. Jean-Louis, son petit ami, sur qui une bande de dangereux malfrats voudrait bien mettre la main, lui a confié un pistolet en lui demandan... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
C'est une carte pour chercheur d'or, une carte pour chasseur de trésor..

Une voix invite le héros, Marc, recru de fatigues, de solitude mais qui a retrouvé, avec l'amour, les mots qui un temps l'avaient abandonné, à la prendre, cette carte, à le chercher, ce trésor. A suivre la piste qui le mène à son enfance. D'abord. Premier trésor.

Elle est émaillée de lieux magiques, chargés d'émotions et parfumés d'aventure. Il y a la cité des Grands chênes, celle de Marc, et les autres aussi, les cités rivales, celle des Mûriers, celle des Mimosas, où les gosses se font des guerres pour rire et s'entendent quand l'aventure soudain les dépasse et qu'il faut faire front et protéger la belle en détresse. Il y a le château blanc des riches exploiteurs , le ranch des chevaux fous, les cabanes dans les arbres, le radeau d'Afrique, la grotte et les souterrains du ciel, et puis surtout la Frayère, la rivière magique.

Mais pour retrouver tout cela, les mots vont inviter Marc à faire la route à l'envers, à revenir dans la grotte par la mer, par l'intérieur, à retrouver les ombres chères de José, d'Agnès, à rouvrir ce qui était fermé, à dire ce qui était tu, à reprendre l'histoire pour l'enfant lointaine, à libérer l'eau vive, enfouie sous le béton...

Il y a du Giono, du Bosco, du Pagnol dans ce beau récit poétique et rétrospectif . Il est comme les forêts de roseaux, plein d'ombre, de lumière, de doux épis chevelus et de cruelles blessures..

Mais c'est bien plus qu'un récit d'enfance, tout imprégné de Provence, qu'une initiation à l'âge adulte, à la découverte de l'amitié, de l'amour et des solidarités et des trahisons qui dessinent toute une vie...

C'est aussi un conte philosophique. Un conte sur la complétude, le salut par l'écriture. A travers les mots, l'enfant se réconcilie avec l'homme, l'exilé avec l'accueilli, le révolté avec l'apaisé, l'esseulé retrouve ses amis, le père sa fille.

Ce peut être un conte écologique aussi :celui de la Frayère, cette rivière côtière enfermée dans le béton , autrefois si fraîche, si libre..

Il y a tant d'entrées et de lectures qu'on pourrait craindre un récit lourd, encombré de signes et de symboles: pas du tout, le récit coule, fluide, charmeur, sensuel et bouleversant aussi.

Une écriture magnifique, d'une grande sensibilité.

Il FAUT lire le livre de Jean Sera Montès. Il FAUT le faire connaître. Et l'éditer, vraiment. J'invite tous les amis babeliotes à retrousser leurs manches..

C'est un livre de chercheur d'or, mais pour nous, lecteurs, c'est une pépite..



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La République des Roseaux est un récit en trompe-l'oeil. Un récit qui se dérobe, joue à cache-cache avec son lectorat, ne se laisse jamais entièrement saisir. Un récit tapi derrière les roseaux qui veillent sur les personnages du roman, qui protègent, qui donnent de l'espoir et qui rassurent. Qui font oublier de grandir.

La République des Roseaux est une oeuvre qui oscille entre le conte, tantôt philosophique, tantôt initiatique. Son personnage principal, Marc, poursuit plusieurs quêtes.
Il veut que sa rivière « vagabonde [de nouveau] à sa guise » alors qu'elle croupit maintenant « dans cette espèce d'égout ». Ce ruisseau qui, comme un fil conducteur, fait le lien entre le passé et le présent. Cette image du temps qui détruit tout. Cette issue vers la mer, personnage à part entière du roman.
Il veut secourir Agnès, symbole de la pureté. Dans sa quête, il est entouré de nombreux personnages tout droit sortis d'un livre pour enfants. La sorcière (la Folle de la ferraille) ou encore le géant (M. Chalabert, le colosse débonnaire). Les enfants, Bite-tordue, La Réclame, Pleindespoir. José, dont l'impact sur Marc est renforcé par la si belle périphrase, « l'enfant aux flèches de marbre ». « Une bande de mômes [… ] avec le poids du monde pesant sur leurs épaules ». Un groupe d'enfants qui font de leur cité une République, qui opposent leur candeur à la cruauté du monde. Ce monde qui les dévore petit à petit comme l'ogre des contes.

La République des Roseaux s'inscrit dans une littérature de l'oscillation. Entre l'ombre et la lumière. L'infiniment grand et l'infiniment petit. Les petits et les grands espaces. C'est une littérature de l'indécision, de l'insaisissable. « Le monde est une branloire pérenne » écrivait Montaigne.

La République des Roseaux n'est pas un livre. C'est une aventure où chacun doit trouver sa voie. Une aventure périlleuse où « il faut aller chercher [les choses] dans l'angle mort où elles se cachent ». Une aventure qui fait appel à tous nos sens. On y écoute le bruit de la mer mais le silence y est omniprésent. On s'y éclaire à la bougie car l'obscurité se referme rapidement derrière nous. On s'imprègne de l'odeur de l'eau qui court et de l'haleine de la mer. On y mange la mouna, « la brioche parfumée à la fleur d'oranger qui accompagnait traditionnellement les repas de Pâques dans la région d'Oran ».

La République des Roseaux, c'est la franchise. « Une aventure en grande partie inventée » qui dit le vrai. Un texte juste, authentique, tout en nuances. Une expérience qui ne laisse pas de marbre. Abyssale. Des niveaux de lecture indénombrables. Des questions et des réponses. Tout est là, prenez place sur le radeau mais sachez que le voyage ne sera pas de tout repos.
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Après une trentaine d'années d'absence, l'auteur, issu d'une famille rapatriée d'Algérie, revient Cité des Grands Chênes sur les lieux où il a passé une enfance heureuse. Il y découvre que presque tout a changé. On a construit partout. Il y a de nouvelles routes, de nouveaux immeubles, de nouvelles maisons et le pire pour lui, c'est que La Frayère, la jolie petite rivière qui serpentait dans le vallon et qui servait de terrain de jeux à tous les gosses du coin, a été domestiquée, bétonnée, corsetée et transformée en un infâme cloaque... « La vision des fiers roseaux de jadis s'est substituée à celle du goudron et des bâches de plastique », note-t-il avec un brin de nostalgie. Et les souvenirs un à un l'assaillent... La guerre d'Algérie et ses horreurs, Agnès, la grande, qui est enceinte et doit se cacher dans la cité, son petit ami Jean-Louis qui a subtilisé de l'héroïne à des malfrats locaux et la bande de gamins qui s'organise pour leur venir en aide...
« La République des roseaux » est un joli roman assez difficile à classer, ce qui est peut-être le signe distinctif d'une oeuvre originale. A la fois récit de souvenirs d'enfance, roman noir, conte philosophique, méditation poétique sur la vie, la jeunesse, la nature et l'amour, cet ouvrage possède une musicalité propre qui ne peut que séduire le lecteur. On y trouve des personnages hauts en couleurs bien dans l'esprit d'une époque révolue dont ne peuvent se départir d'une certaine nostalgie celles et ceux qui l'ont connue. On y trouve aussi le côté charmant d'une « Guerre des Boutons » provençale avec les affrontements entre la bande des Roseaux et celle de l'Olivier. Les premiers émois amoureux aussi touchants qu'émouvants. On ne s'ennuie pas à lire ce livre car les péripéties ne manquent pas : incendie, chevaux accidentés, bagarres, mort d'un enfant et j'en passe. le tout raconté de manière impressionniste, par petites touches qui laissent au lecteur toute sa part d'imagination. le style est fluide, agréable, impeccable. A lui seul, il justifie la lecture. Jean Sera-Montès est vraiment un auteur à suivre de très près...
Lien : http://lemammouthmatue.skyne..
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Je partage parfaitement les critiques que j'ai lues. J'ai aimé ce récit émouvant, plein d'humanité et de force. Les personnages y sont vrais, denses et on ressort de cette lecture meilleur parce qu'on a touché à de la vie profonde. le style est travaillé, aucune facilité dans l'expression. Il faut absolument que ce roman soit publié.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Pour retrouver le fil d'Ariane il faut que tu remontes au vent, sous l'odeur acérée des roseaux qui escortent votre marche. Il faut que tu reviennes sur le sentier qui part du petit pont, que tu reprennes ta place dans cette descente entre les ombres et la lumière pour sentir à nouveau le souffle de vos voix qui se décalent, par un effet d'écho, sous les coups redoublés du vent et du silence.
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Ce trait bleu pâle, à peine visible en bas d'une carte, est le seul lien avec ta vie et celle de ceux qui te furent chers un jour ou l'autre, et tu t'accroches à sa légende.
Tu l'as tissée toi-même, fil par fil, pour endormir ta fille quand elle était petite. Blottie sous sa couette, la petite t'écoutait en clignant des yeux, jusqu'au moment où sa tête roulait enfin sur l'oreiller.
(...)
Tu reprenais ton récit. C'est pour qu'elle s'y perde et oublie de grandir que tu dressais autour d'elle cette forêt de roseaux.
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Tu y reviens aujourd'hui, trente-cinq ans plus tard, de l'intérieur cette fois. Tu as descendu à l'envers toutes les marches du souterrain du ciel pour venir te cogner à ce mur de béton qui en condamne l'accès depuis toutes ces années.
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