C'est une carte pour chercheur d'or, une carte pour chasseur de trésor..
Une voix invite le héros, Marc, recru de fatigues, de solitude mais qui a retrouvé, avec l'amour, les mots qui un temps l'avaient abandonné, à la prendre, cette carte, à le chercher, ce trésor. A suivre la piste qui le mène à son enfance. D'abord. Premier trésor.
Elle est émaillée de lieux magiques, chargés d'émotions et parfumés d'aventure. Il y a la cité des Grands chênes, celle de Marc, et les autres aussi, les cités rivales, celle des Mûriers, celle des Mimosas, où les gosses se font des guerres pour rire et s'entendent quand l'aventure soudain les dépasse et qu'il faut faire front et protéger la belle en détresse. Il y a le château blanc des riches exploiteurs , le ranch des chevaux fous, les cabanes dans les arbres, le radeau d'Afrique, la grotte et les souterrains du ciel, et puis surtout la Frayère, la rivière magique.
Mais pour retrouver tout cela, les mots vont inviter Marc à faire la route à l'envers, à revenir dans la grotte par la mer, par l'intérieur, à retrouver les ombres chères de José, d'Agnès, à rouvrir ce qui était fermé, à dire ce qui était tu, à reprendre l'histoire pour l'enfant lointaine, à libérer l'eau vive, enfouie sous le béton...
Il y a du
Giono, du Bosco, du
Pagnol dans ce beau récit poétique et rétrospectif . Il est comme les forêts de roseaux, plein d'ombre, de lumière, de doux épis chevelus et de cruelles blessures..
Mais c'est bien plus qu'un récit d'enfance, tout imprégné de
Provence, qu'une initiation à l'âge adulte, à la découverte de l'amitié, de l'amour et des solidarités et des trahisons qui dessinent toute une vie...
C'est aussi un conte philosophique. Un conte sur la complétude, le salut par l'écriture. A travers les mots, l'enfant se réconcilie avec l'homme, l'exilé avec l'accueilli, le révolté avec l'apaisé, l'esseulé retrouve ses amis, le père sa fille.
Ce peut être un conte écologique aussi :celui de la Frayère, cette rivière côtière enfermée dans le béton , autrefois si fraîche, si libre..
Il y a tant d'entrées et de lectures qu'on pourrait craindre un récit lourd, encombré de signes et de symboles: pas du tout, le récit coule, fluide, charmeur, sensuel et bouleversant aussi.
Une écriture magnifique, d'une grande sensibilité.
Il FAUT lire le livre de
Jean Sera Montès. Il FAUT le faire connaître. Et l'éditer, vraiment. J'invite tous les amis babeliotes à retrousser leurs manches..
C'est un livre de chercheur d'or, mais pour nous, lecteurs, c'est une pépite..