Sans point d'interrogation, l'ouvrage de
Jean-Louis Servan-Schreiber pose question. Constat implacable, nous pourrions ne retenir que deux faits relatés par le livre : « le seul adversaire des riches est la fiscalité. Celle-ci ne pourra obtenir de résultats significatifs que lorsqu'il y aura une véritable fiscalité mondiale. On en est loin. »
Et ce que dit
Thomas Piketty dans
le Capital au XXIe siècle : « Il est donc probable que l'inégalité redevienne la norme au XXIe siècle, comme elle l'a toujours été dans l'histoire. » Ainsi l'idéal du christianisme en Occident, et celui de la Révolution française magnifiée par la devise égalitaire de la République n'ont-ils pas d'avenir. D'autant un pays d'histoire plutôt catholique comme la France qui semble peu armé pour survivre dans ce monde où les riches ont gagné, lit-on entre les lignes.
Si les riches ont « des besoins », les chômeurs réalisent, eux, qu'on n'a pas besoin d‘eux. « Les salariés sont remplaçables, (…) dans un espace confiné », tandis que « les riches sont à l'aise dans un espace mondialisé (…) sans la moindre entrave. »
De même,
Servan-Schreiber est-il libre, et dans cet essai a-t-il présenté la situation, sans fards, et elle heurte, mentalement, enfin si l'on n'est pas riche. Sa conclusion est plus nuancée, avec un peu d'espoir, mais s'il a renoncé à la politique (relisons cette tirade terrible des Renards pâles, mise en miroir), où se trouve le salut d'un monde qui chante, enivré, l'air de Gounod : « le Veau d'or est toujours debout ! » ?
(paru dans Blake 62)
Lien :
http://tmblr.co/Z4Dxcn1EvXrJj