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Klezmer tome 5 sur 5
EAN : 9782070649228
128 pages
Gallimard Jeunesse (21/08/2014)
3.88/5   12 notes
Résumé :
À Kishinev, en Moldavie, on empêche les Juifs d'Ukraine, de Russie et de Pologne d'enterrer leurs morts. Il faut d'abord qu'ils soient photographiés et que les images du pire massacre de Juifs jamais commis soient diffusées à travers le monde. Alors que Yaacov et Vincenzo sont mobilisés pour prendre le train qui se rend sur place avec des hommes armés, Tchokola persuade le plus grand poète juif de l'accompagner pour témoigner des horreurs perpétrées. Hava est aussi ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ambiance brumeuse dans ce tome qui clôt la série Klezmer.

Difficile de le nier, c'est du Sfar pure sucre. Tant dans le graphisme à la fois émouvant sur les gros plans des visages féminins - les Mona Lisa made in Joan Sfar ! - qui interpellent le lecteur et parfois vraiment brouillons, entre gribouillis d'enfants et délires sous emprise d'alcool.
Quant aux propos de ce tome, Joan Sfar donne de sacrés coups de griffes à deux de ses bêtes noires : la religion et la xénophobie. Les deux s'alimentant mutuellement comme il l'explique à la fin de son ouvrage. Et dans une certaine mesure, il faut bien avouer qu'il n'a pas complètement tort.

D'emblée, le titre fait référence au pogrom qui eu lieu à Kishinev en Ukraine et fut immortalisé (en plus des photos prises par l'armée comme des trophées...) par un très long poème de Chaïm Nahman Bialik : "La Ville du massacre". Poème qu'il a ajouté en annexe.

Pour rendre son propos plus léger, le père du Chat du rabbin use de son meilleur outil : l'humour; pour ridiculiser ces dangereux ignorants racistes. Et aussi des scènes parodiques de séries B, façon Quentin Tarantino. Heureusement d'ailleurs que notre inimitable gitan, Tchokola est là pour empêcher ces Juifs ashkénazes de se laisser aller à la morne mélancolie qui les caractérise.
Et bien sûr, comme c'est Sfar, on n'échappe pas à quelques paroles un peu crues... Mais, peut-être parce qu'il a fini ce tome le lendemain de la Saint Valentin : il nous parle aussi d'amour !

A l'issue de cette lecture, je pense que ce tome est le plus ambitieux, de plus réussi et le plus émouvant de la série. de par ce qu'il dénonce et, le plus appréciable, grâce à ce que Joan Sfar a su mettre de lui dans cet album.
Là où il y a de quoi désespérer : c'est qu'on se demande si la condition pour dénoncer les préjugés sur les communautés ethniques et religieuses n'est possible aujourd'hui que chez ceux qui détestent la religion ? Triste constat ...
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critiques presse (1)
BulledEncre
11 septembre 2014
La conclusion abyssale de cette série qui tonne comme un puissant réquisitoire esthétique contre l’atrocité xénophobe et l’ignominie absurde qui la conduit.
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[ Joann Sfar à la fin du volume ]


[Mes personnages] ne sont pas en Israël, car ça n'est pas mon histoire. J'aime Israël car une partie de ma famille vit là-bas. Mais ça n'est pas mon pays. Mes ancêtres ne viennent pas de Palestine. Je veux dire, ça fait plus de deux mille ans que mes ancêtres viennent d'Algérie, d'Ukraine, et avant ça, sans doute, tous venaient d'Espagne, mais sans doute aucun d'eux n'a jamais mis un pied en Palestine depuis la destruction du Temple de Salomon.
Mon pays, c'est la France. Le territoire où je me sen légitime, c'est l'Europe. Et klezmer. Et tous mes livres ne racontent rien d'autre : les Juifs qui ont eu le courage de rester en Europe ont fait un choix noble et digne.
J'écris pour rendre raison aux Juifs d'Europe. Ils avaient raison. Et beaucoup en sont morts.

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[ Joann Sfar à la fin du livre ]

En 1903, après Kishinev, après des milliers d'autres pogroms, les Juifs russes et polonais et austro-hongrois ont parfaitement compris que l'Europe veut les exterminer. Grâce au tsar, le message est limpide. On a compris que se russifier, se germaniser ou s'occidentaliser m'apaisera pas l'envie grandissante de massacre.

Alors il y a ceux qui partent. Dans des proportions comparables, ils vont vers l'Amérique du Sud, vers New York, et vers Israël. Le sionisme, c'est ça : se sauver où on peut. Cessons de présenter le sionisme comme une idéologie ou un rêve dominateur : c'est juste la panique des Juifs russes qui cherchent un endroit où on ne les massacrera pas.

[...]
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- Vous étiez donc prêt à ça pour survivre ? Leur raconter...
- Ce qu'ils rêvaient d'entendre. (...) Ils veulent nous haïr. C'est leur seul espoir. Ainsi, ils se font croire qu'il existe quelqu'un plus bas que leur bassesse. Ainsi, lorsqu'ils ont du malheur, ont-ils la satisfaction de dire "c'est la faute aux sales juifs". Alors si on suit votre solution, témoigner, parler avec pédagogie et espoir, ils vont tous nous exterminer. Même eux ça leur fera du chagrin. Plus de juifs sur qui fantasmer ! Qu'est-ce qui va leur rester, pour mettre leur haine ? Se battre entre eux ? (...) Croyez-moi, la seule solution, c'est de leur faire plaisir : je leur dis du mal de moi-même, et ils m'acceptent.
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- Votre cargaison ?
- Des youpins.
- Rrr...
- Je vous assure ça vaut rien.
- Fais-les descendre qu'on les coupe en morceaux.
- Non. C'est les miens.
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Maudits soyez-vous si vous propagez le mensonge d'un peuple juif jaloux de ses blessures et qui serait insensible au mal que l'on fait aux autres peuples. Ce que Bialik a décrit de Kishinev, c'est notre espèce rendue universelle par le malheur, la bêtise et la méchanceté. Kishinev, c'est Kigali. Et celui qui croit que les Juifs ne savent pas pleurer pour les autres peuples, à mes yeux, il est déjà mort.

(Joan Sfar)
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