Lorsque j'ai refermé ce livre, je m'étais tellement attachée à ses personnages, dont la ville d'Istanbul, magnifique personnage à part entière, que j'ai aussitôt plongé dans le roman suivant d'
Elif Shafak, ... que j'ai vite refermé pour attendre quelque temps, car bien sûr Istanbul est lovée autour de son écriture, mais c'est un univers chaque fois subtilement différent qui s'écrit dans cette oeuvre. J'ai tout autant adoré ses "petites voix intérieures" qui réapparaissent dans "
Lait noir" que les descriptions de plats et pâtisseries aux sonorités totalement incompréhensibles pour moi mais aux saveurs mystérieuses qui mettent l'eau à la bouche et rythment la vie des Stambouliotes. Quant à la force politique de ce roman, il réside dans l'approche très sensible du sujet du génocide qui sous-tend l'histoire contemporaine turque.
Elif Shafak part du coeur de la douleur, de l'histoire enfouie et niée des familles déchirées, et ouvre une brèche pleine d'espoir vers l'avenir.