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sur 437 notes
Le soulagement l'emportant sur le chagrin lorsque son père succombe (enfin?) à dix terribles années de démence sénile, Kay se rallie à la résolution de Cyril, son mari. Hors de question de passer un jour à leur tour par une telle déchéance, d'encombrer leurs enfants et de peser sur le chancelant système de santé britannique : cette infirmière et ce médecin d'un hôpital public londonien se suicideront préventivement aux barbituriques dès que sonneront leurs 80 ans, dans trois décennies d'ici. Mais, quand survient la date fatidique, le passage de la théorie à la pratique s'avère bien plus compliqué que prévu…


On est alors en 2020 et le couple, toujours très actif et en parfaite santé, se déchire, à l'image de toute la société britannique, à propos du Brexit et du confinement. Est-ce bien le moment de partir ? En écho malicieux au titre original « Should I Stay or Should I Go » emprunté aux Clash, et sur le ton au vitriol avec lequel, de livre en livre, elle s'attaque au prêt-à-penser de tout poil, l'auteur décline la réponse en douze versions cyniquement jubilatoires, entrelacées de scènes familiales et de tableaux de la classe moyenne anglaise aussi justes que féroces.


Vieillesse précaire ou épanouie, entourage prévenant ou maltraitant, hospice sordide ou établissement haut de gamme inabordable : le livre sonde tous les sujets sensibles avec une joyeuse absence de retenue, pointant les irrationalités nées de nos terreurs face à la mort, soulignant les égoïsmes générationnels et cette étrange conviction que la décrépitude n'arrive qu'aux autres, s'aventurant dans la dystopie et la science-fiction pour explorer un futur post-cryogénisation ou les conséquences qu'aurait sur le monde la découverte d'un élixir de jouvence.


Il en résulte un texte original et décapant, souvent drôle, tendre aussi, pour une conclusion paradoxale et pourtant évidente : c'est son inévitable échéance qui donne toute sa valeur à la vie.

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Lorsque Lionel Shriver s'attaque à un thème, elle ne donne pas dans la demi-mesure ! Cette fois, elle aborde avec brio une période délicate de la vie, le grand âge.

Ses deux personnages principaux Kay et Cyril approchent de leur quatre-vingt printemps. le père de Kay a vécu une fin dégradante, et la résolution du couple, à l'initiative de Cyril est de se suicider lors de l'anniversaire des quatre-vingt un an de Kay. le Séconal est dans une petite boite au frigo, leur rappelant la résolution à chaque fois qu'il en ouvrent la porte.

Mais pour traiter ce sujet, Lionel Shriver ne s'en tient pas à un déroulé unique. Elle décline de multiples issues à cet engagement mutuel, n'hésitant pas à se projeter dans un avenir extrêmement lointain, dans la version où les époux ont choisi de se faire cryogéniser.

Ces alternatives variées permettent d'argumenter l‘affaire et réussissent de plus à ne pas plomber l'ambiance. Après tout, libre au lecteur de choisir son dénouement préféré.

Lionel Shriver n'hésite pas à s'auto-citer, par le truchement d'un échange entre les deux époux ! Cet artifice n'est pas le seul trait d‘humour présent dans ces pages .

Le roman est aussi l'occasion d'égratigner les options politiques récentes de l'Angleterre, à savoir le Brexit, sur lequel le couple s'oppose et de critiquer ouvertement le système de couverture sociale anglo-saxon, dont elle projette le futur avec un malin plaisir, et sur les conditions d'hospitalisation en psychiatrie, qui ne semblent pas avoir évolué depuis Family Life. Tout cela n'est pas sans conséquence sur la vie familiale . Il y a du Ken Loach derrière les propos de l'autrice.

Nous avons donc sous les yeux un roman foisonnant, imaginatif mais sérieux. Lionel Shriver m'a une fois de plus éblouie !

288 pages Belfond 19 janvier 2023
Traduction (Anglais) : Catherine Gilbert
#LionelShriver #NetGalleyFrance

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Should we stay or should we go?
Voilà le titre originel du dernier opus de Lionel Shriver, avec un petit clin d'oeil aux Clash, autrement plus piquant que ce banal titre en français A prendre ou à laisser.
L'idée de départ est excellente : sur la base de l'histoire de Cyril et Kay Wilkinson, couple de quinquagénaires britanniques qui passe le pacte de se suicider le jour de l'anniversaire des 80 ans de Madame, Lionel Shriver invente treize variantes. Les treize scénarios débutent à des moments différents de la vie des protagonistes et vont prendre différentes tournures, d'assez vraisemblables au départ, ils virent petit à petit au loufoque, à l'absurde, à la science-fiction, …
Différents curseurs sont actionnés par l'auteure, l'anniversaire de Kay tombe comme par hasard le 29 mars 2020, soit tout juste après la mise en place du premier confinement du covid-19, peu après l'avènement du Brexit, …
À partir de là, les chapitres s'enchainent, certains s'avèrent plus déjantés ou plus digestes que d'autres. J'avoue avoir eu parfois du mal à maintenir mon attention, en particulier lors des longues digressions consacrées au Brexit, ou de sujets parfois un peu trop étirés qui m'ont parfois fait décrocher ou de prédictions de science-fiction échevelées (en particulier dans le scénario de cryogénisation).
Si je salue l'imagination débordante et débridée de l'auteure, de nombreuses réflexions bien senties sur ce que signifie vieillir dans notre société, un humour piquant des plus savoureux, le tout me laisse une impression en demi-teinte car tout cela est un peu trop dilué, un plus petit nombre de scénarios resserrés et réalistes m'aurait semblé plus percutant et amené à un livre plus abouti.
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Vous vous souvenez sans doute de ce jeu animé par Arthur dans les années 2004-2010, également connu sous le nom de "jeu des boîtes". Il s'agissait de prendre ou de laisser le contenu de boîtes choisies successivement, et pouvant contenir aussi bien une forte somme que des clopinettes. Je ne sais pas si ce jeu a inspiré la traduction du titre de ce livre, mais pour ma part je préfère celui d'origine "Should we stay or should we go", même si le choix ici n'a rien à voir avec celui de la chanson des Clash.

Non, là on se pose la question de rester en vie après l'âge fatidique de 80 ans, au risque d'être un boulet à traîner pour ses enfants et une charge financière pour la société. On est en Angleterre, où le système de santé n'est pas aussi généreux qu'en France, même si on râle tout le temps contre la sécu chez nous. Et, accessoirement, ce titre fait aussi référence à une autre grande question qui s'est posée pour nos amis britanniques il y a quelques années : rester ou sortir de l'Europe ? Eh oui, ce fameux brexit, un des seuls sujets de discorde entre Kay et son époux Cyril, qui par ailleurs s'aiment de façon touchante, même s'ils se chamaillent régulièrement (tiens, ça me rappelle un couple que je connais bien...)

Au début de l'histoire, Kay et Cyril n'ont que 50 ans, mais le père de Kay vient de mourir après une longue maladie invalidante et particulièrement pénible pour l'entourage, cette saleté d'Alzheimer. Et sa mère sombre également dans une folie inexorable. Kay s'interroge sur sa propre future vieillesse, et Cyril s'inquiète du coût de leur future prise en charge pour le contribuable s'ils ne peuvent plus s'assumer. Et ils voient mal leurs trois enfants s'occuper d'eux dans ce cas, vu leur caractères respectifs. Et c'est là que naît l'idée d'un pacte, proposé par Cyril. Au soir des 80 ans de Kay, le 29 avril 2020, ils se suicideront grâce à une surdose de Séconal, un barbiturique puissant que Cyril, médecin peut aisément se procurer.

Voilà pour le pitch de base. Mais 30 ans, c'est long, et toutes sortes d'évènements positifs comme négatifs peuvent se produire. La santé peut se maintenir au top, ou se dégrader chez l'un ou chez l'autre. Des découvertes révolutionnaires peuvent changer le cours de la vie. On peut atterrir dans une résidence pour seniors de luxe, parce qu'on a été prévoyant, ou dans un affreux mouroir digne d'une prison, parce qu'on a claqué toutes ses économies, ou que l'Economie s'est effondrée. Ou tout simplement, on peut changer d'avis, seul ou à deux. Petit clin d'oeil supplémentaire, Lionel Shriver a choisi de faire tomber l'anniversaire de Kay juste après la proclamation du confinement pour cause de Covid.

L'auteure a imaginé une douzaine de scenarii en partant de ce pacte conclu entre les deux époux, et elle nous offre des histoires jubilatoires ou effrayantes, avec son humour grinçant et son écriture reconnaissable entre toutes. J'aime de plus enplus, même si, comme d'habitude, certaines digressions sur le fonctionnement du système de santé anglais ou l'économie du pays m'ont un peu fait soupirer. C'est son petit travers, mais je lui pardonne bien volontiers car non seulement le sujet m'a vraiment interpellée (je viens d'avoir soixante ans, et je me pose la question de continuer à vivre ou pas dans certaines situations), mais elle a l'art d'imaginer des développements très différents, mais pour laplupart plausibles. Bon, il y en a quand même deux ou trois où elle s'est fait plaisir en inventant des futurs assez rocambolesques...

Non, vraiment je ne regrette pas d'avoir cédé aux sirènes des retours enthousiastes de certain(e)s ami(e)s, même si j'ai mis du temps à terminer ma lecture pour cause de grosse fatigue ! Et maintenant, should I stay pour lire mon fil d'actu, or should I go pour aller faire un gros dodo ? That's the question !
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Kay et Cyril ont une cinquantaine d'années. Ils ont dû faire face au vieillissement de leurs parents qui a été éprouvant. le père de Kay, en particulier, est devenu totalement dépendant et insupportable. Quant à sa mère, elle semble bien suivre le même chemin. Les époux décident alors de se suicider le jour du 80e anniversaire de Kay et de profiter du reste de leur vie — et tant pis si leurs enfants n'hériteront de rien.

À partir de ce choix, l'auteur varie la suite de l'histoire : Kay change d'avis ou Cyril change d'avis ou ils changent d'avis tous les deux. le thème paraît clair : on ne peut pas prendre le contrôle de sa vie, mais est-ce si certain ?

Ce ne sont pas les seuls paramètres avec lesquels Lionel Shriver joue, elle joue aussi avec tout ce que pourrait réserver — ou non — notre avenir : sortie de la crise économique du Covid, flux migratoires, jeunesse éternelle, cryogénisation… et j'en passe. L'imagination de l'auteur semble sans limites. Sur un ton léger, elle en explore toutes les conséquences et nous met face à nos problèmes.

A l'exception d'une variation qui verra leur amour se déliter, leur amour les portera jusqu'au bout de leurs différents avenirs. Kay et Cyril sont très attachants, plus que leurs enfants, du moins dans certaines histoires.

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En 1991, à Londres, le couple composé de Kay et Cyril Wilkinson, la cinquantaine, assiste depuis dix ans à la déchéance progressive du père de Kay, et à sa mort, à cause de la maladie d'Alzheimer. Travaillant tous deux dans le domaine médical, puisque Cyril est médecin tandis que Kay est infirmière, ils ont l'habitude de ces maladies neurodégénératives, mais n'en redoutent pas moins d'en être eux aussi victimes. C'est alors que Cyril fait à son épouse une proposition inattendue : ils se suicideront lorsque Kay atteindra quatre-vingts ans, c'est-à-dire un peu après que Cyril lui-même sera arrivé à cet âge. Cyril n'a aucun problème pour se procurer les médicaments idoines, qui restent au réfrigérateur, dans une boîte à savon. Bien sûr, à cinquante ans, l'âge de quatre-vingts ans paraît très lointain. Mais un jour il arrive… Que feront-ils ? ● Lionel Shriver nous propose non pas une mais douze réponses à cette question, en douze chapitres dont la plupart sont vraiment très réussis. ● Pour ce suicide, Cyril a des tas d'arguments qu'il défend face à une Kay moins convaincue que lui : « As-tu remarqué que, dans la nature, on ne voit jamais d'animaux qui ont l'air vraiment vieux – des animaux voûtés qui perdent leurs poils et marchent avec difficulté ? Prenons le cerf, par exemple : il arrive à l'âge adulte, puis il garde plus ou moins le même aspect toute sa vie durant et ensuite, il meurt. On s'habitue à voir des gens très âgés mais on est aussi des animaux, or, chez les animaux, survivre dans un état de délabrement avancé est contre nature. […] On ne vit pas plus longtemps. On n'en finit pas de mourir ! […] [P]our conserver la maîtrise de sa fin de vie, il faut avoir la volonté de renoncer à une petite tranche d'une existence qui n'est pas encore pourrie. Sinon, c'est la dégringolade, les médecins et la famille prennent le relais et on est bons pour perdre cette partie de nous-mêmes qui réfléchit et qui agit. La fenêtre de tir qui nous permet d'exercer encore la maîtrise de notre vie est étroite. […] C'est la meilleure façon de tirer sa révérence, martela-t-il. À nos conditions, chez nous, quand nous sommes encore sains d'esprit et capables de nous reconnaître mutuellement, de nous embrasser pour nous dire au revoir. Avant que nous tombions dans la déchéance et l'humiliation. Avant de coûter un bras à nos compatriotes pour survivre à l'état d'imitations grotesques de ce que nous étions jeunes ou comme de simples outres à souffrances. Nous contrôlons nos destinées. Rappelle-toi ce qui est arrivé à tes parents. » ● Kay et Cyril ont trois enfants qui joueront un rôle dans les différentes suites proposées par l'autrice. Simon, l'aîné, est trader, conservateur bon teint et plutôt mou. Hayley (qui « à seulement quarante-huit ans, ressemble à un tonneau ») a obtenu un diplôme universitaire en spectacle vivant, mais ne doit sa relative prospérité qu'à un mari titulaire d'une chaire universitaire à University College. Enfin Roy mène une existence marginale, sans argent, et se drogue sans doute. ● L'enjeu principal du roman, le suicide du couple et ses alternatives, est doublé par le problème du Brexit, pouvant être considéré comme le suicide d'une nation (Lionel Shriver est américaine mais vit en Grande-Bretagne depuis plusieurs années). Cyril, qui se prétend « socialiste » (il dit quand même « j'en suis venu à me demander si je ne m'étais pas fait le chantre de la justice sociale surtout pour avoir une bonne opinion de moi-même… »), est farouchement pour rester dans l'UE, tandis que Kay, que le problème préoccupe moins, est plutôt pour partir. ● A cet égard, je suis d'accord avec mon ami Dominique (@Blok), qui écrit que le livre perd beaucoup dans la traduction de son titre « Should we stay or shall we go », qui se réfère à la fois au suicide et au Brexit, sans compter la référence à la chanson des Clash. Pourquoi ne pas l'avoir intitulé « Partir ou rester » ? ● En revanche, je suis en totale opposition avec la conclusion de Dominique, qui fait du suicide tel qu'envisagé par les protagonistes une « démission […] presque un déshonneur métaphysique ». Lorsqu'on a vu ses parents se dégrader lentement jusqu'à la complète déchéance, on n'a pas du tout envie de suivre le même chemin. Je comprends très bien qu'on veuille quitter ce monde avant cette descente fatidique à laquelle nous condamne la médecine moderne. Je milite d'ailleurs pour cela dans plusieurs associations. ● Pour revenir au roman, il faut insister sur son humour, car même si le sujet est grave le ton est guilleret et on s'amuse beaucoup. ● Je trouve tout de même qu'à partir de la moitié du roman, les scénarii proposés sont outranciers, que ce soit dans la description de l'hospice ou dans la science-fiction de la cryogénisation, et donc moins réussis. La fin en revanche redevient intéressante. ● Lionel Shriver a une finesse d'observation remarquable comme lorsqu'elle écrit : « Mais pour les personnes désespérément plus âgées comme Kay et Cyril, la progression inexorable des années était passée d'attendue à surprenante, de surprenante à invraisemblable, puis à sidérante jusqu'à ce que la date dans le coin gauche de leur Guardian quotidien se transforme en une manifestation de l'impossible. Vivre en 2010 apparaissait en soi à Cyril comme une expérience étrange et il restait persuadé, dans le même temps, que l'année en question n'appartenait qu'à la science-fiction. » C'est curieux comme moi aussi je me suis déjà dit que 2023 relève de la science-fiction. ● Il y a aussi, bien sûr, dans son livre, une épaisseur métaphysique : « J'ai mis un temps fou à me rendre compte que je ne comprends toujours pas à quoi rime tout ça, lança gaiement Kay. Je trouve difficile d'abandonner quelque chose quand on ignore encore ce que c'est. J'ai peut-être quatre-vingts ans, et je ne mérite peut-être pas de vivre plus longtemps, mais je n'arrive toujours pas à cerner ce que signifie être vivant et encore moins être mort. Je ne sais pas ce qu'est cet endroit, ou même s'il est réel, et encore moins ce qu'on est censés y faire et, si j'ai perdu mon temps, je ne peux toujours pas te dire ce que j'aurais dû faire à la place. Je ne sais pas plus qu'à cinq ans ce qui est important. Je continue d'avoir le sentiment qu'il y avait un truc à saisir, or j'aurais du mal à m'y atteler maintenant qu'il me reste (elle vérifia l'heure à sa montre) quatorze minutes ! » ● Elle va jusqu'à faire allusion au pari pascalien revisité : « On perd, point : on perd tout, toute notre mise. Gagner quelque chose ou perdre tout ? Comme disent les jeunes : ‘lol'. » ● Elle va aussi jusqu'à citer « cette Shriver », « hystérique », omniprésente « sur Radio 4 ». ● En conclusion, c'est un roman très agréable à lire, plein d'humour, que je conseille !
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Pas de surprise . Lionel Shriver m'a encore conquis , peut être presque autant qu'avec Kevin.
Le concept du livre est original : Kay et Cyril , autour de la cinquantaine , voit dépérir le père de Kay , ce qui pourrit la vie de tout le monde . Cyril , médecin , ne comprend pas l'acharnement thérapeutique et les coûts monstrueux qui en découlent pour le contribuable anglais. Aussi , décident ils de se suicider le jour du 80 ème anniversaire de Kay, une trentaine d'année plus tard. le rendez vous est pris.

Les douze autres chapitres proposeront au lecteur différents scenarii, permettant à l'auteure d'appliquer sa grande capacité à analyser notre société et même à se projeter dans le futur .

La question fondamentale du livre est de savoir s'il vaut mieux achever sa vie de son plein gré , quitte à perdre quelques moments de bonheur , ou prendre le risque de confier son destin à la chimie et aux médecins et donc à finir en n'étant plus tout à fait soi. Très vaste question intemporelle à laquelle Lionel Shriver propose différents points de vue et attitudes , permettant de mettre en exergue les petits vices de chacun , l'égoïsme ou encore tout simplement le pragmatisme.

C'est toujours bien écrit , les traits toujours un peu grossis, le thème de l'immortalité y est abordé avec autant d'intelligence que n'a pu le faire Saramago dans les intermittences de la mort. Et toujours ce petit humour corrosif , que l'on pourrait qualifier ici de "So British" puisque l'Angleterre est le théâtre des évènements.

Et puis si la question centrale du vieillissement occupe une grande partie du récit, le Brexit , les migrants ou encore , comme dans chaque roman de façon diffuse, l'addiction légère à l'alcool sont d'autres thèmes abordés.

Encore une grande réussite.
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Que la thématique du livre n'effraie pas les lecteurs, on rit beaucoup dans ce roman !
Kay et Cyril, couple très uni, décide lors de leur anniversaire de 50 ans, qu'ils se suicideront ensemble pour leur 80 ans (la boîte de pilules attend dans le frigidaire).
Pourquoi ? Pour épargner à leurs enfants leur déchéance (expérience du père de Kay qui a eu Alzheimer pendant dix ans), pour ne pas coûter d'argent à la société (ils ont tous deux une profession médicale), pour ne pas finir dans un mouroir, pour éviter la tristesse de survivre à l'autre,...

Mais ils ont 80 ans en mars 2020, et le contexte est difficile : confinement à cause du Covid et tractation pro et anti-Brexit (nous sommes en Grande-Bretagne).
Leur décision va-t-elle être inflexible ?
L'auteur choisit astucieusement de nous proposer douze scénarios différents, comme douze variations musicales sur un thème...

On passe du rire au drame dans ces scénarios où l'on voit successivement toutes les images du grand âge.
Que nous réserve la vieillesse ? Seniors en grande forme comme dans les publicités, mort à petit feu dans un Ehpad, sérénité retrouvée, dépression, …
C'est avec un ton brillant, incisif, avec un humour souvent sombre, très anglais, que Lionel Shriver mène son roman.
Malgré quelques petites longueurs, elle mène le récit avec beaucoup de vivacité jusqu'au point final.
Que fait la société du grand âge, et que faisons-nous pour notre grand âge...
Mélancolie et humour se mêlent dans ce roman très réussi 
!
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J'aime beaucoup Lionel Shriver, la femme, son oeuvre, son mari (batteur de jazz...) etc...Sur ce coup là je ne serai pas vraiment objectif, mais franchement, ce livre est incroyable! Objectivement génial !!
L'histoire est simplissime: à la cinquantaine, un couple londonien font le pacte de se suicider...à 80 ans. Lui est médecin généraliste dans le public, travailliste et farouche opposant au Brexit. Elle est infirmière et vient de subir l'Alzheimer terrible de son père pendant une douzaine d'années abîmées par la maladie.
Ils ne veulent pas devenir des légumes à la charge de la société et de leur famille.
Voilà le point de départ de 12 scénarios (scénari) différents...
Lionel Shriver est étincelante dans ce "A prendre ou à laisser" d'anthologie.
Elle (Lionel) est expatriée en Angleterre depuis quelques années et là voilà plus britannique que...Jonathan Coe par exemple.
Son humour mordant, décapant, ses fulgurances , son imagination débordante rendent les différents récits passionnants et tordants. Les différentes occurrences qui sont autant de réflexions sur la vieillesse du couple, des individus, des sentiments, des systèmes de production et de santé.
Douze occurrences , douze histoires, douze possibilités donc.
C'est hilarant et en même temps prodigieusement angoissant.
Vous feriez quoi vous, dans la même situation ?

Lionel Shriver, vous l'avez compris, ne se contente pas de faire rire, elle fait grincer les dents et ne nous épargne pas. Elle passe au vitriol tous les aspects sociétaux de la prise en charge du grand âge en occident.
A 64 ans l'autrice est dans une forme éblouissante. Pour le moment. Tout comme moi (!) Alors elle ose se/nous questionner : Comment souhaitons-nous vieillir, comment s'y préparer et s'y prépare-t-on jamais ?
Un petite potion létale ???
A prendre ou à laisser les amis!
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En 1991, Kay et Cyril ont la petite cinquantaine. le père de Kay vient de mourir des suites de la maladie d'Alzheimer : après une rapide déchéance, durant plus de 10 ans, il a phagocyté la vie de ses proches, et plus particulièrement celles de son épouse et de sa fille. Pendant la soirée qui suit cet enterrement, Cyril (médecin) propose à Kay (infirmière) un pacte pour éviter de finir de la même façon : quand ils auront tous les deux quatre-vingts ans, ils se suicideront ensemble. À partir de ce thème, Lionel Shriver va broder douze suites en forme de variations qui lui permettent de décliner douze motifs différents avec humour et brio.
***
J'ai trouvé l'illustration de couverture parlante. Dans À prendre ou à laisser, la manière d'aborder la vie va conditionner en partie les événements selon qu'on perçoit le verre plein ou le verre vide. Il est vrai que le dessin peut tout simplement faire allusion au goût de Kay pour le vin rouge… le rôle du pessimiste râleur est le plus souvent dévolu à Cyril, mais pas toujours, et parfois, les deux se rejoignent dans une implacable mauvaise foi. le caractère des trois enfants adultes du couple semble aussi grandement influencé par le comportement des parents dans telle ou telle occasion, même s'ils gardent tous certains traits de caractère d'une variation à l'autre. Leur vie se module selon l'importance accordée à l'argent et au statut social, selon l'engagement professionnel, selon le charisme de l'un ou de l'autre, selon celui qui joue le meneur, etc., et selon les événement qui surviennent, évidemment. On comprend que l'autrice réside maintenant en Angleterre : Cyril, plus encore que Kay, se révèle « so British »…
***
La construction en variations permet à l'autrice de conserver l'intégralité de certains passages et d'en moduler certains autres. On se retrouve donc parfois avec deux « possibles » dont les deux premiers paragraphes sont identiques, par exemple, ou encore dont un seul minuscule élément change, bouleversant ainsi la suite de l'aventure. Par ailleurs, le roman est fortement ancré dans le présent : il sera question de Brexit, de pandémie, de confinement, de pollution, de pénurie d'eau, de réchauffement climatique, d'immigration, de chômage, de système de santé, etc., et d'horribles maisons de retraite, pour riches comme pour pauvres, dans lesquelles on se retrouve, d'une manière ou d'une autre, dépossédé de sa propre vie bien avant la mort ! Ne vous y trompez pas : le sujet n'est pas gai, mais paradoxalement, la patte de Lionel Shriver, son humour décapant, sa manière de présenter toujours argument et contre-argument, bref, tout son talent ressort ici et fera naître plus d'un sourire et, pourquoi pas, quelques éclats de rire.
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