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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pour ceux qui me suivent un peu, vous savez que les « Coup de coeur ! », « Pépite ! » et autres « Une claque ! », ça n'est pas vraiment le genre de la maison. Et pourtant… En refermant Lake Success de Gary Shteyngart -traduit par Stéphane Roques-, les doigts me démangent pour débuter cette chronique…

En 2016, à l'heure où l'Amérique se plaît à s'auto-persuader que la crème renversée qui la mènerait d'une victoire annoncée d'Hillary vers une surprise Donald est improbable, c'est la vie de Barry Cohen qui bascule le temps d'une nuit new-yorkaise. Barry est riche, très riche, ultra-riche même, à la tête de son fonds d'investissement, rassuré par ses possessions : ses équipes, son gigantesque appartement, sa collection de montres aux prix indécents, sa femme Sheema et son fils Shiva.

Un équilibre pourtant au bord de la rupture : des positions capitalistiques en repli, les autorités boursières à ses basques, une épouse qui se découvre riche mais lassée et un fils diagnostiqué « différent » pour éviter de nommer une réalité pour laquelle Barry et Sheema ne sont pas prêts. Il suffit d'un soir, d'un dîner, d'un déclic… et Barry rompt.

Plaquant tout, d'un Greyhound à un autre, Barry va traverser l'Amérique en diagonale jusqu'à El Paso, à la recherche du « deuxième acte de sa vie », croisant dans les multiples étapes de son road-trip déjanté, ses improbables « prochains » : un dealer à haut potentiel, un jeune cartographe, une ancienne et accueillante fiancée. Travaillant plus que jamais ses approches sociales, comme au temps où, petit, il rêvait de Lake Success, la ville symbolisant tous les possibles, Barry demeure l'éternel incompris, clone triste du Gatsby de Fitzgerald qu'il admire tant. Barry est lourd, mais drôle, mais insupportable, mais maladroit, mais prétentieux… mais attachant quand même.

À l'opposé de la tendance littéraire contemporaine qui décrit à coups de romans successifs (et parfois, un brin redondants…), l'Amérique des laissés pour compte, Gary Shteyngart choisit une autre focale en s'intéressant à cette Amérique qui continue à flamboyer alors que tout vacille déjà ; qui se complait dans le déni d'une société de tous les excès au bord du chaos ; qui est déjà malade mais ne veut pas se l'avouer et ne s'en rendra compte qu'au petit matin d'un lendemain électoral de novembre 2016…

C'est drôle et terriblement pitoyable à la fois, léger et profond, et l'écriture de Shteyngart s'y adapte parfaitement, alternant des dialogues savoureux et enlevés avec des passages plus compacts et ardus, dans un ensemble qui sonne parfaitement juste. On pense à beaucoup d'autres livres en lisant Lake success, classiques ou contemporains, sans que jamais une comparaison ne saute aux yeux, preuve de la singularité et de la fraîcheur de cette belle découverte de début d'année.

Bref, j'ai adoré, c'est vous dire si je le recommande !
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Il en a marre … de tout ou à peu près : marre de Seema, sa très belle femme d'origine indienne qui bat des cils devant le voisin écrivain, marre de son fils autiste, Shiva, qui hurle et se débat chaque fois qu'il tente de l'approcher, marre d'être poursuivi par la justice pour délit d'initié, marre enfin de voir sa vie se dérouler sans qu'il y participe vraiment…
Alors, une nuit, après une soirée bien arrosée, Barry Cohen, l'homme aux 2,4 milliards de dollars d'actifs sous gestion, laisse tout en plan, remplit son sac de sa collection de montres prestigieuses et saute dans le premier car Greyhound qui se présente en direction du Sud-Est : Baltimore, Richmond, Atlanta, Jackson, El Paso...
Voyager en Greyhound… Tout un programme qui ne manque pas de pittoresque pour notre richissime propriétaire d'un appartement luxueux à Manhattan : côtoyer la populace et ses odeurs de transpiration, d'urine, de hamburger, de bière, risquer de se faire piquer sa valise, sa carte bleue, son portable, crever de chaud ou de froid, avoir mal au dos, aux jambes, au cou... Il va falloir s'accrocher... Mais si c'est pour changer de vie, à 43 ans, ça vaut le coup… Faut foncer, découvrir des gens, des vrais, des Américains à qui on ne parle pas, voir un monde dont on ne soupçonnait même pas l'existence, vivre autre chose, de plus authentique, de plus fort et peut-être, si la chance est du bon côté, retrouver Layla, son amour de jeunesse… Peut-être sera-t-elle, elle aussi, prête à se lancer dans une nouvelle vie… Et s'ils trouvaient le bonheur, ensemble ? Et si, pour couronner le tout, Trump n'était pas élu ?
Il y a du Woody Allen dans ce Barry Cohen : plein aux as, mal dans sa peau, complètement schizophrène (avec deux belles obsessions à son actif : les montres ultracoûteuses et l'image d'une famille idéale incarnée par trois enfants se brossant les dents devant trois lavabos Duravit et « s'éclaboussant les uns les autres dans la félicité »), vivant plus ou moins bien son judaïsme, sa sexualité, sa famille, traumatisé par un père « nazi modéré » et nettoyeur de piscines (sans en avoir une lui-même…)
Il est souvent pitoyable de naïveté ce pauvre Barry, complètement décalé, bien déjanté, insupportable de médiocrité, de prétention, d'amour-propre et si faible, si touchant, si attachant… Ce petit road-trip en Greyhound semble lui faire découvrir le monde, the true life, l'Amérique : un Mexicain borgne, un jeune dealer, une belle noire aux cheveux blonds… Une Amérique des pauvres, des loosers, des marginaux…
Franchement, ce roman drôle, loufoque et, dans le fond, bien désespéré est vraiment irrésistible et nous apprend beaucoup sur un peuple de laissés-pour-compte usés jusqu'à la corde et qui a voté Trump pour se faire entendre.
Oui, Lake Success est certainement le grand roman américain de ce début d'année…
Je recommande !
(Et que je vous dise, entre nous, je me suis lancée dans le plat indien de la famille de Seema: le SAMBAR (ragoût d'okras, d'échalotes, de pois mung, cannelle, curcuma, tamarin (pas encore trouvé celui-là !), piments… Un délice…)
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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#Lake Success, #lecteurs.com
Héros ou lâche ? Barry, dans ce roman mille-feuilles, est tantôt l'un, tantôt l'autre et parfois les deux en même temps. Jusqu'il y a peu à la tête d'un fond spéculatif américain pesant près de 2,5 milliards de dollars, ce pavaneur américain qui n'existait que par ce qui s'exhibe, bascule dans une nouvelle dimension, une autre réalité. Sur un coup de tête, un coup de semonce et un coup au coeur, Barry décide de tout larguer et de s'embarquer pour un road-trip en autocar à travers l'Amérique profonde. Plongée au coeur d'un cortège de pauvretés souvent solidaires.
Abandonner toute sa richesse pour un retour mythique à Lake Success, lieu refuge enraciner dans sa mémoire sous toutes les couches d'exploitations et d'ingratitudes qui ont soudé sa vie… est-ce un acte héroïque ? profondément humanitaire ? digne d'admiration et de respect ? Pas tout à fait. Barry part sans son portefeuille, sa carte de crédit mais emporte avec lui un faux passeport et une valise de montres précieuses, toutes hors de prix mais négociables, même à la perte s'il échet. C'est que Barry veut fuir. le FBI qui le talonne pour délit d'initié et sa femme, riche, belle, encore aimée peut-être mais mère de leur enfant autiste avec qui Barry, maître du Monde de la finance, n'a jamais su échanger. Barry fait-il front face à l'adversité ou fuit-il lâchement ? Subtile ambivalence soigneusement entretenue par Gary Shteyngart qui distille dans son livre l'âme d'une Amérique douloureuse, pauvre et déboussolée par la possible arrivée à la Maison Blanche d'un fantoche sans morale et compétence pour diriger le pays.
Le personnage de Barry est inquiétant : sommes-nous à ce point menés par le nez par des spéculateurs sans morale ? Mais il est drôle, presque craquant lorsqu'il caricature à travers sa passion des montres et ses incroyables maladresses relationnelles, son incapacité à mesurer l'importance du temps à passer avec ceux qu'on aime et l'existence propre, souvent non conforme à nos rêves, que chacun a le droit et le devoir de défendre. Il est touchant enfin par les efforts qu'il déploie pour accéder à sa rédemption et, enfin, permettre l'épanouissement des autres. Et même si les problèmes moraux de la Justice restent sans solution satisfaisante, Barry, à travers ce road-trip, nous donne de voir et mieux deviner une galerie émouvante de personnages oubliés, laissés pour compte alors qu'ils constituent le ciment d'une nation américaine donnant de croire, encore un peu, en l'humanité.
Un passage particulièrement émouvant est la « prise de parole » de Shiva, ce fils autiste dont il a fallu éloigner le père pour qu'il grandisse, qui lors de sa bar-mitsva (rite juif du passage de l'enfance à l'âge adulte) aura des mots insoupçonnés pour ce « papa-oiseau » qui toujours s'envolait et s'éloignait de lui.
Un livre de réalités brutes, duperies, disputes, absences, fuites et ruptures tout autant qu'une histoire de refondation, renaissance et ouverture à un avenir digne de l'Homme.
Merci à Lecteurs.com et aux éditions de l'Olivier pour cette très belle découverte.
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J'ai adoré ce roman américain d'un auteur américain qui m'était totalement inconnu (je trouve cela rétrospectivement un peu scandaleux) jusqu'à ce que je découvre ce livre négligemment déposé dans une boite à livre par quelqu'un que je considère désormais comme un véritable bienfaiteur.
Barry, fringuant millionnaire new-yorkais, quitte femme (très belle) et enfant (lourdement handicapé) pour, après un pétage de plomb, s'en aller retrouver son amour de jeunesse dans le Sud. Sa femme, quant à elle, va vite se consoler dans les bras, enfin pas seulement, de son voisin intello.
A priori, on a l'impression d'avoir vu ce genre de personnage (par exemple chez McInnerney), mais ici justement on quitte New York et il y a vraiment un aspect livre de voyage, road book, plongée dans une Amérique profonde entre guillemets, et cela donne lieu à de très beaux chapitres d'une belle humanité.
le tout est très drôle, souvent, servi par une très belle écriture et j'ai relevé des dizaines de phrases remarquables.
Bref j'ai dévoré, j'ai découvert un nouvel auteur que je vais suivre dès que l'on m'aura dit vers quel titre je dois désormais me tourner !
Cela faisait en tout cas bien longtemps que je n'e m'étais pas autant régalé avec un roman américain aussi réjouissant, vivement le prochain !!
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Juste avant l'élection de Trump, Barry, le multimillionnaire gérant d'un fonds spéculatif à Manhattan ayant « des milliards de dollars d'actifs sous gestion », « pète les plombs » et entreprend, quasiment sans argent, un long périple de New York à la Californie en car Greyhound ; il laisse derrière lui son fonds qui traverse une mauvaise passe, sa femme et son fils autiste. ● C'est à la fois l'histoire d'une descente aux enfers, avec la découverte de la misère dans son pays et une incursion au Mexique, et celle d'une renaissance, car après son voyage initiatique, Barry ne sera plus le même. « Républicain fiscal modéré », comme il se qualifie lui-même, il va rencontrer les électeurs de Trump (comme l'a fait, semble-t-il, l'auteur, pour écrire son livre), lui qui, malgré une enfance modeste, est devenu un des privilégiés de la mondialisation et l'habitué de la sophistication new-yorkaise la plus poussée (cheffe à domicile, nounou philippine payée le salaire d'un cadre dirigeant, whisky japonais à 30 000 dollars la bouteille, collection de montres de plusieurs millions, etc.) Voici ce qu'au début du roman le héros s'entend dire : « Vous créez un monde où tout, hormis la plus grande richesse, est vu comme un échec moral. » La vie de ces gens est folle : « Il y avait des gestionnaires de portefeuille dans son fonds qui faisaient tellement d'heures sup qu'ils ne voyaient jamais leurs enfants. La fille de son chef du service Asie lui avait un jour demandé : ‘Papa, pourquoi tu vis ?' » Dans ces cercles, à New York, tout est organisé, depuis la plus tendre enfance, pour pouvoir entrer dans l'université la mieux à même d'ouvrir la porte d'une carrière dans la haute finance spéculative : « HYPMS. Harvard, Yale, Princeton, MIT, Stanford. Les bonnes écoles connaissent déjà le pourcentage de réussite de leurs élèves de maternelle à l'entrée de l'une de ces cinq facs. À Brearley, c'est 37 %. » Ces gens tirent profit de la décomposition du monde à laquelle ils participent : « Tu amasses des fortunes pendant que le monde s'écroule autour de toi. C'est même justement parce que le monde s'écroule autour de toi que tu gagnes des fortunes. » L'avidité est sans limites : « Peu de personnes cessaient de vouloir s'enrichir après avoir atteint la somme de cent millions, à moins de manquer fondamentalement d'ambition […]. » ● De tels livres constituent pour moi la preuve que le roman est supérieur à l'essai sociologique pour la description de la société. Il me semble que pour comprendre les raisons de l'élection de Trump et l'état actuel de décomposition de la société américaine, il n'y a pas mieux. « Malgré tout ce qu'ils feraient, ceux qu'ils aimeraient, ce qu'ils deviendraient, l'ombre de Donald Trump planerait sur une partie de leur vie. Il tenterait de les tirer vers le bas, à sa hauteur. C'était sa spécialité. […] Nous vivions dans un pays qui récompensait les pires citoyens. Nous vivions dans une société où c'étaient les méchants qui avaient le plus de chances de gagner. » C'est un livre que j'ai beaucoup aimé et que je conseille vivement. Il est en outre particulièrement bien traduit.
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New york 2016. Donald Trump et Hillary Clinton sont au coude à coude dans les sondages pour la course à la Maison Blanche.

Barry Cohen, riche quadra new-yorkais, directeur de fonds spéculatifs sous la menace d'un procès pour conflit d’intérêts, vient de compredre que son fils "différent" est en fait un enfant autiste. Son mariage avec Seema, jeune femme beaucoup plus jeune que lui semble sombrer. Entre crise existentielle et crise de la quarantaine, Barry n'est pas au mieux dans sa vie...

Il décide de tout quitter. Jette ses cartes bleues et son portable. S’offre une virée en Greyhound (sorte de flixbus local) à la découverte de son pays pour retrouver son premier amour de la fac qui vit désormais à El Paso, ville du sud-ouest américain située dans l'État du Texas, à la frontière du Nouveau Mexique...

Avec son cynisme et son humour déjà découverts dans ses précédents romans, Gary Shteyngart nous fait ici le portrait d’une Amérique contrastée et totalement déboussolée à la veille de l’élection de Donald Trump. Il nous entraîne dans un road-trip original d'un Américain qui passe de la richesse à la pauvreté en découvrant finalement ce qu'est la vie...

Une belle découverte grâce à lecteurs.com et les éditions de l'Olivier que je remercie chaleureusement!
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D'une erreur de casting faire un coup de coeur.
Les quatrième de couv' lus en diagonale - quand je les lis - a ceci de risqué : penser plonger dans un univers, ici du #naturewriting, et me retrouver ailleurs, en l'occurrence dans un roadtrip décadent et décalé.
C'est l'histoire d'un golden boy new-yorkais qui décide de tout plaquer, femme (splendide), enfant (autiste sévère) et boulot (du genre qui l'a rendu multimillionnaire). Il monte dans un car low-cost longue distance et, à force de péripéties, s'embarque dans l'aventure d'une vie.
Ça faisait bien longtemps que je ne m'étais pas autant attachée à un personnage masculin. Un type gentiment pathétique dont la crise existentielle se propage à mesure qu'il traverse les Etats-Unis de l'ère pré-Trump. le voyage, truculent, révèle ce que l'homme et le pays ont de pire et de meilleur - et embarque complètement le lecteur.
L'auteur m'a rappelé John Irving tant il jongle tranquillement entre tragique et comique - et fait réfléchir sur l'état du monde sans qu'on le voit venir.
Un roman picaresque moderne offrant un savoureux portrait de l'Amérique. Peut-être même un futur classique.
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C'est le visage labouré par les ongles acérés de Seema, son épouse, et de Novie, l'employée de maison, que Barry grimpe dans un car de la compagnie Greyhound à destination d'El Paso pour y retrouver Layla, son amour de jeunesse.
Ce New-Yorkais quadragénaire espère bien trouver « refuge en Amérique » et se libérer « du sombre carcan de sa propre existence » qui se résume à une femme qui ne l'aime plus, à un fils autiste, « enfant-roi au regard absent », à un superbe appartement sis à Manhattan et à un fonds spéculatif qu'il dirige mais qui est au bord de la faillite. Avant de partir, il n'oublie pas d'embarquer ses montres de luxe auxquelles il voue une passion obsessionnelle.
A la veille de l'élection présidentielle qui va porter Donald Trump au pouvoir, le « Fils du Nettoyeur de Piscines » devenu millionnaire et qui s'est rêvé écrivain va rencontrer quelques spécimens de marginaux et de déclassés. Parmi eux, un dealer avec lequel il songe à s'associer pour créer un « Fonds Urbain pour les Montres » ! Alors que Seema se consacre à son fils handicapé et prend pour amant son voisin Luis, le « Tolstoï guatémaltèque », Barry plonge dans l'Amérique profonde. Ce Gatsby des temps modernes qui essaie de rattraper le temps perdu en sortira-t-il meilleur ? C'est à cette question que répond ce formidable roman tragi-comique qui souligne combien le rêve américain est un leurre. Dans la lignée de Bret Easton Ellis, de Tom Wolfe et de Jay McInerney, Gary Shteyngart a composé un récit sur un pays qui est en train de basculer dans la vulgarité. C'est aussi, a contrario, une ode à la littérature américaine qui s'est toujours interrogée sur les travers du pays.
En suivant Barry dans son périple vers la rédemption, on s'amuse beaucoup et on est souvent ému par cet homme maladroit qui veut bien faire comme comprendre ce fils si différent de l'enfant parfait qu'il avait imaginé.
Et comme l'écrivait Francis Scott Fitzerald, « C'est ainsi que nous avançons, barques à contre-courant, sans cesse ramenés vers le passé. »

EXTRAITS
- Barry était un républicain modéré et son père un nazi modéré.
- Mais j'ai fait de la route, j'ai appris à connaître l'Amérique.
Lien : http://papivore.net/litterat..
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Énorme coup de coeur !

Barry, directeur d'un fonds spéculatif à Manhattan, pète les plombs et entreprend de traverser les USA à bord du mythique bus Greyhound (qui est, comme ceux qui l'ont déjà pris le savent, crade et inconfortable au possible). Il quitte son monde ultra-sophistiqué et hyperconnecté pour plonger dans l'Amérique “d'en bas”, celle des crackheads et des déclassés qui s'apprêtent à voter pour Donald Trump. Son drame personnel — un fils “différent” et un mariage en train de péricliter — fait écho à celui d'une nation en pleine décomposition.

Barry est attachant, émouvant et complexe, à la fois trader et capable de purs élans d'altruisme. Il veut aider tous ceux qu'il croise, mais ne sait pas vraiment s'y prendre. Il faut dire qu'il a très nettement des traits autistiques. Et puis sa femme ne cesse de critiquer son activité tout en profitant de sa fortune...

J'ai adoré absolument tout dans ce roman. L'histoire, intelligente et bien ficelée — impossible de s'arrêter. L'écriture, efficace et incisive. le mélange d'humour cinglant et de pure émotion, mais jamais pathétique ni larmoyant. J'ai eu autant envie de hurler de rire que de pleurer ! Bien plus qu'un énième récit d'une crise de la quarantaine, c'est un roman épique, politique, et psychologique. Un roman sur l'autisme et la difficulté d'être parent. Et un vrai roman d'amour.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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L'action du livre se situe en 2016, et l'évocation de Trump en tant que candidat fait partie des préoccupations des personnages. A travers la crise existentielle de Barry, et son road trip en bus Greyhound, tous les thèmes sont abordés : élites new-yorkaises, bas de l'échelle sociale, diversité des états américains, frontière mexicaine, immigrés de deuxième génération, et ils dépeignent la réalité des États Unis, juste avant Trump.
Je suis sûre que l'auteur avait en tête que son livre paraîtrait l'année des élections. J'ai particulièrement apprécié l'histoire de Barry, personnage que l'on se plaît à détester au départ mais dont on comprend qu'il a été façonné par son pays, poussé à cocher toutes les cases pour grimper le plus haut et répondre au rêve américain, tout en respectant le standard et la pression de sa communauté d'origine. Et même si les États sont Unis, on sent poindre le ressentiment et la violence, qu'une étincelle pourrait déclencher. Finalement, cette semain, Biden est élu et on sent que tout un peuple va souffler et se reconstruire.
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