Lake success ou la course folle du trader à la dérive...
Ce thème a été traité dès 1987 par
Tom Wolfe dans son Bûcher des Vanités, et à plusieurs reprises depuis
Il y aurait peut-être une petite étude littéraire à faire.
C'est curieux, ou peut-être pas, la fascination qu'exerce cette profession cette profession où des gens sans talent particulier gagnent des sommes folles en se livrant à une activité qui ne présente aucune utilité, mais est gravement nuisible pour l'économie réelle et qui ne serait pas tolérée dans une société bien ordonnée. Mais ne faisons pas de politique...
Barry Cohen est un salaud innocent, innocent dans le sens où il a une parfaite bonne conscience ; il sent son empire vaciller suite à une transaction particulièrement immorale, au sens où elle en devient illégale. Dans un accès de panique, il abandonne en toute bonne conscience femme et enfant autiste pour se lancer dans une équipée sur les routes d'Amérique en empruntant les cars Greyhound, vagabond de pacotille à la recherche d'une rédemption au sein du peuple qu'il ne connait pas et s'imagine aimer, et aussi de son amour de jeunesse. Vous verrez ce qu'il advient de son aventure misérable, dont il se sort bien mieux qu'il le mérite ; on en est même content pour lui, à force de côtoyer un salaud, on se prend presque de sympathie pour lui.
L'action du livre est située en 2016, alors que l'Amérique attend dans l'espoir où l'épouvante, la première élection de Trump, comme l'Amérique de 2024 la seconde. Et ce n'est pas indifférent, car on y voit
combien ce pays est fissuré, divisé en deux clans irréconciliables ; et bien sûr cela n'a fait que croitre et embellir. Aujourd'hui cette dichotomie apparait dans un nombre croissant d'ouvrages, appartenant à des genres très différents ; je citerai
USA, la prochaine guerre civile, de
Stephen Marche (essai et prospective),
Et c'est ainsi que nous vivrons, de
Douglas Kennedy (anticipation à court terme, et jusqu'à
Holly, dernier roman de
Stephen King, auquel beaucoup de gens sur le site reprochent justement de trop parler de Trump ; nous le ferions sans doute, si nous étions américains.
On peut aussi penser que c'est Barry qui est responsable de cela aussi ; pas tout seul bien sûr
Il y a une phrase de J.B.S. Haldane que j'aime beaucoup (enfin, aimer...) : « Ce qui ne fut pas sera, et personne n'est à l'abri » ; elle me servira de conclusion